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Miséres de la spéculation sur les militaires .

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    Misères de la spéculation sur les militaires
    par Kamel Daoud
    Pour être ridicule en journalisme, c'est simple : attendre la veille du 05 Juillet, parler d'une liste de nouveaux généraux, spéculer sur la retraite des anciens généraux, regarder le regard du Président du moment et sa façon de distribuer les galons, et se lancer dans un vaste périple probabiliste sur le «jeu de pouvoirs», l'équilibre des armes, les géographies des nominations et la puissance des muscles moteurs de la Présidence. C'est l'illusion mondaine des dizaines et des dizaines de 05 Juillet depuis l'Indépendance, où l'on nomme des généraux, scrute les intentions du Président en CDD du moment, réforme l'armée pour se défendre d'elle, sans que rien n'arrive d'autre que ce qui nous arrive depuis toujours. C'en est devenu une mœurs indigène, acceptée par tous, que de croire lire l'avenir dans la distribution des galons et croire à une révolution de Palais par anniversaires interposés. A la fin, seul le peuple théorique a compris l'essentiel à cause de la routine : nommer des généraux qui nomment un Président, ou l'inverse, est une formule qui est arrivée à l'usure et n'intéresse plus que le voyeurisme professionnel. Celui qui croit que l'armée s'est trompée en choisissant le Président et celui qui croit que le Président se trompe en choisissant ses nouveaux généraux. L'avenir n'étant pas dans les listes, tout le monde est piégé par ce spectacle qui aurait eu un sens presque intéressant sous Boumediene, mais qui n'est plus qu'une parade sous la gouvernance de l'ennui réformiste. Alors, primauté du militaire sur le civil ou primauté du civil sur le militaire ? Réponse : «les Libanaises de Rotana sont-elles mariées ?». Pourquoi ? Parce que c'est être encore dupe que de croire qu'un Président peut conquérir ses pouvoirs par nomination des généraux aux lieu et place d'élections propres et honnêtes. Et c'est être sot que d'oublier qu'il s'agit de la primauté des urnes sur les nominations. Et c'est être un indigène que d'attendre du nouveau avec une cérémonie qui date de cinquante ans.

    Au fait, tout le paradoxe est sous les yeux à chaque sortie de promotion civile ou militaire à l'occasion du 05 Juillet : une armée de généraux élus sous le regard d'un président nommé. Alors qu'il devait s'agir du contraire. La seule nouveauté promise est la nomination d'une femme Général. Mais, là aussi, ce n'est pas une nouveauté : pour les Algériens sexistes, chaque homme marié depuis trois ans, avec trois enfants, en a un à la maison.

    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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