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    Jour de fête
    par El-Guellil
    Allah yarhamou, il est mort un Cinq Juillet. Un jour de vents de changements. Un jour de Fête de la Jeunesse, mais il ne fut pas enterré, faute de fric.

    Il trouva la porte de l'entreprise fermée et la bouche de ses enfants ouverte. Il vendit alors les meubles qu'il avait achetés à la coopérative. Puis les bijoux de sa femme. Il tenta de vendre son âme sans trouver preneur.

    Alors, il se retourna vers ses amis qui le vendirent contre un sourire d'excuses. Alors, il se donna le luxe d'être indigné, puis constata que c'était vraiment du luxe. Alors, il écrivit des lettres ouvertes pour les journaux fermés sur leurs nombrils. Puis il attendit. Alors, il signa des pétitions à défaut de chèques. Puis marcha dans les rues avec les autres pour revendiquer, puis tout seul, pour oublier. Puis il pleura. Mais cela ne changea rien à la couleur du ciel. Puis il s'assit au seuil de sa maison en retard de paiement. Et il repensa. Que faire quand que faire est brûlé ? Puis il commença ses châteaux d'Espagne avec un jeu de cartes usé. Puis il fuma sa dernière cigarette et proféra son dernier blasphème. Sur ses quatre enfants, deux étaient scolarisés. Les deux autres étaient en salle d'attente. Puis il visita les cimetières. Et il s'interrogea pourquoi les morts ne parlent pas. «Ô mort, échangeons pour un instant, pour un instant seulement, nos deux existences. Ainsi, tu pourras sentir le poids de ma misère», dit-il dans un accès d'amertume philosophique. Le mort préféra garder le silence.

    Alors, il vendit des cigarettes. Mais la pénurie était plus rapide que la fortune. Alors, il songea au grand Sud. Mais le grand Sud était pour les étrangers. Puis il pensa mettre fin à ses jours, mais cela ne mettait pas fin à sa misère. On n'ira pas tous au Paradis.

    Alors, il alluma une bougie à l'occasion du 5 Juillet et brûla sa mémoire, ses fiches de paie, ses souvenirs, sa douleur de ce cher pays où l'on compresse comme l'on respire, et où l'on respire comme pour la dernière fois.

    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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