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L'autre face de Tikjda

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  • L'autre face de Tikjda

    A peine une dizaine de kilomètres nous séparent de la station climatique de Tikjda, et pourtant un tout autre paysage, non moins panoramique s'offre à nos yeux : le lac artificiel créé par le barrage de Tilesdit.

    Ce dernier s'étend sur 12 kilomètres. Ici, nous sommes sur la rive sud du barrage, toujours dans la commune d'El-Esnam. Une commune agréablement gâtée par Dame Nature, pourrait-on dire, car avec Tikjda et le site de Tilesdit, les opportunités de loisirs et de tourisme ne manquent pas. Le tout est d'attirer les potentiels investisseurs. Sur ce point, l'APC d'El-Esnam ne semble justement avoir ménagée aucun effort, comme l'atteste cette piste fraîchement réalisée avec les moyens du bord et avec le volontariat organisé par l'APC. Une piste qui relie Taourit Amar à la berge de ce lac. Une volonté pour les élus locaux d'en faire une zone de loisirs, de culture et de sports.

    El-Esnam est une commune située à une dizaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya. Longeant la RN 5, le chef-lieu communal offre aux visiteurs l'apparence d'une ville tranquille mais qui ne reflète nullement les trésors dont elle dispose à travers ses sites naturels d'une rare beauté éparpillés sur 11 593 hectares, dont 60% sont composés de tissu forestier. Pour l'automobiliste qui emprunte régulièrement la RN 5, El Esnam, ce sont des champs de blé, d'orge et de patates à perte de vue car les plaines fertiles du plateau d'El-Esnam ont une réputation ayant largement dépassée les frontières de la wilaya. Cette commune abrite 13 193 habitants selon les chiffres du dernier recensement de la population, dont un taux de chômage qui dépasse les 40%. A travers les différents villages et bourgades de cette commune à l'instar du village agricole Abbas Boudjenane, de Legulib, d'Ouled Makaci, d'Elverdi, de Tourirt Amar, ou d'Eddhous, des centaines de jeunes errent à la recherche d'un hypothétique emploi. Nassim est l'un d'entre eux; il paraît pourtant plus dynamique que la plupart des jeunes chômeurs. Dans ses mains, plusieurs portables qu'il cherche à revendre. En lui demandant s'il s'agit là de son activité principale, il nous avouera avoir touché à tous les petits jobs, mais que maintenant il a fait son choix.

    ''Je suis gardien de parking à Bouira-Ville, c'est un petit boulot qui rapporte bien, mais je sais que cela ne durera pas. Je n'ai d'autre choix que de m'engager dans l'armée pour éviter de sombrer dans la délinquance'', nous dira d'emblée ce jeune homme âgé à peine d'une vingtaine d'années, qui nous confiera que ses aînés n'ont pas eu plus de chance que lui. ''Tous mes frères ont quitté El- Esnam, il n’y avait pas de travail pour eux, aujourd'hui ils se sont installés dans plusieurs wilayas du pays et ils ont réussi à faire leurs vies.'' Pour lui, et tant d'autres comme lui, les loisirs, il n'en connaît pas. Travailler est une préoccupation qui meuble leurs journées monotones qui se suivent et se ressemblent.

    Les infrastructures en question

    A la sortie ouest de la ville d'El-Esnam, une immense bâtisse fraîchement érigée aux abords de la RN 5. Un édifice flambant neuf destiné à accueillir les jeunes chômeurs de la localité. Construit dans le cadre du programme présidentiel des 100 locaux commerciaux par commune, cette infrastructure demeure éternellement vide. Interrogé à ce sujet, le premier magistrat de la commune nous dira que seuls 27 locaux ont déjà été attribués, les autres locaux le seront selon les demandes qui parviendront à l'APC. Les jeunes de cette localité ne semblent pas ''emballer'' à l'idée de créer une activité commerciale en cet endroit si l'on juge le peu d'engouement enregistré par l'administration.

    Pour les infrastructures sportives, la commune dispose de 3 salles de sports et de culture. Une salle polyvalente, une salle OMS et un centre sportif de proximité. Une bibliothèque sera prochainement réceptionnée au courant du mois prochain.

    La santé en berne

    En évoquant le secteur de la santé avec M. Hellal, le premier magistrat de la commune, ce dernier nous apprendra qu'un centre de santé et 4 salles de soins sont actuellement en service. ''Le centre de santé est dans un état de vétusté remarquable, en hiver, la pluie s'infiltre, le médecin et le dentiste souffrent de cette situation.'' Dans la foulée, le maire nous dira qu'un médecin et un dentiste pour une population de 13.193 habitants ont un taux de couverture assez faible, ''toutefois heureusement que des privés ne rechignent pas à s'installer à El-Esnam'', dira M. Hellal. Cependant, la bourgade de Tiâassassine situé sur le versant montagneux ne dispose toujours pas de salle de soins, une carence qui peut parfaitement être comblée par l'aménagement d'une salle de soins au sein de l'école primaire qui pourrait soulager cette population estimée à 600 âmes. Jusqu’à présent, les habitants de Tiâassassine se rabattent sur Haïzer, localité limitrophe pour bénéficier de soins.

    L'éducation

    Deux CEM, et neuf écoles primaires sont répartis à travers le territoire de la commune d'El-Esnam, et il est prévu à la prochaine rentrée scolaire la réception du nouveau lycée. Pour les écoles n'ayant pas de cantines scolaires au nombre de trois, le problème sera résolu à partir du mois d'octobre. ''En plus des quatre cantines existantes, trois seront réceptionnées à partir de la rentrée, ce qui fera 7 cantines pour soulager les potaches de la commune.'' A noter que l'ensemble de ces établissements scolaires a bénéficié de programme de réhabilitation et de réfection.

    L'aménagement urbain

    Une des rares communes à avoir bénéficié d'une enveloppe conséquente concernant l'aménagement urbain est bel et bien la municipalité d'El-Esnam. Et là encore, le résultat commence à se voir. L'AEP, l'assainissement, la réfection des trottoirs, la voirie, l'éclairage public et le revêtement des routes sont en phase de relooker entièrement, non seulement le chef-lieu communal mais aussi les autres villages. ''Les différents quartiers qui ont bénéficié de l'aménagement urbain se sont totalement métamorphosés, un nouveau visage de cette ville sera prochainement visible dès l'achèvement des travaux'', nous confiera un élu. Un constat visible et dans plusieurs quartiers on peut même remarquer l'installation de nouvelles niches à ordures avec les mentions de recyclage, destinées aux déchets plastiques et en verre. Pour l'AEP, des enveloppes considérables ont été débloquées afin de faire couler l'eau dans les robinets de chaque foyer. Mais toujours est-il que les multiples ruptures de canalisations enregistrées çà et là font que l'alimentation en eau connaît de sérieuses perturbations. En effet, lors de la visite du ministre des Ressources en eau, dans la daïra de Bechloul, les responsables de l'ADE avaient promis à M. Sellal que la commune d'El-Esnam bénéficierait de l'AEP à partir du barrage de Tilesdit “H 24” à partir de samedi. La visite du ministre s'étant effectuée le 6 mai dernier, de nombreux samedis se sont écoulés et la population d'El-Esnam attend toujours l'eau ''H24''. Pour le 5 juillet prochain, on annonce que ce sont les habitants d'Ouled Makaci qui bénéficieront de l'AEP du barrage de Tilesdit. Un autre problème se pose avec acuité sur le réseau AEP. Il s'agit des canalisations en amiante, en acier et en PVC qui sont enterrés au centre-ville d'El-Esnam. Un véritable danger pour la santé publique et qui devrait être rapidement pris à bras-le-corps par les services concernés pour éviter un drame prémédité.

    En matière de gaz naturel le taux de pénétration par foyer est estimé par les responsables de l'APC entre 75 et 80%. Toutefois, en évoquant le sujet avec le P/APC, ce dernier révèlera que le taux de pénétration par région ne dépasse pas les 60%. ''Il existe encore de nombreux foyers ou le gaz est inexistant, c'est le cas des habitants de Taourit Amar et d'Ouled Makaci. Cependant, l'APC vient de bénéficier de Programme quartier et lotissements sociaux (PQLS ), soit une extension possible sur une distance de 7 km. En 2007, l 'APC a bénéficié d'un programme d'électrification rural conséquent pour les localités de Tighermine et d'Ath Haggoun. ''Un projet qui n'a toujours pas été réalisé à ce jour.

    Néanmoins, ce projet aurait pu contribuer à faire revenir les populations qui ont fui leurs villages durant la décennie noire. Un retour qui n'est pas près d'avoir lieu dans les conditions actuelles et ce, en l'absence de commodités les plus rudimentaires, nous fera savoir un des villageois contraint à l'exil. ''Nous aurions pu rejoindre nos villages situés sur l'autre rive du barrage de Tilesdit, si les autorités publiques avaient pensé à la réalisation d'un pont, mais en l'absence de cet ouvrage indispensable nous ne pouvons faire un détour de plusieurs kilomètres en nous rendant vers Haïzer pour rejoindre nos maisons'' déclarera Ammi Moh, ''réfugié à El-Esnam'' comme il se plaît à se qualifier lui-même.

    La commune d'El-Esnam, depuis la mise en eau du barrage de Tilesdit se retrouve effectivement scindée en deux parties. Pour contourner le barrage et en l'absence d'un pont, les habitants des villages et bourgades situés sur l'autre rive doivent faire un immense détour en passant par Haïzer. Des kilomètres qui ne sont pas forcément à la portée de toutes les bourses et qui ont des répercussions financières et économiques assez importantes.

  • #2

    Un bidonville en plein cœur d'El Esnam


    A quelques mètres de la RN 5, bien à l'abri des regards des automobilistes et des visiteurs, un bidonville salit l'image de la commune. Erigé durant la décennie noire, ce bidonville a été salvateur et salutaire pour de nombreuses familles ayant fui leurs villages. Actuellement, 85 familles ont été recensées dans ces baraques de fortune et même le RHP prévu pour reloger ces familles s'avère inadéquat et insuffisant.

    Le logement fait défaut

    En nous entretenant avec le maire d'El-Esnam, nous apprendrons que le souci majeur de l'APC demeure la demande sans cesse grandissante en matière de logements. ''Près de 800 dossiers de logements ont été enregistrés au niveau de la daïra de Bechloul, un nombre impressionnant auquel nous ne pouvons faire face avec le peu de moyens mis à notre disposition'', déplore M. Hellal qui appuiera ses dires par d'autres chiffres : ''150 logements sociaux et 100 logements RHP nous ont été attribués. Très peu d'autant plus que le ministre de l'Habitat Nouredine Moussa nous avait promis 200 logements RHP, mais seuls 100 nous ont été accordés. Même l'habitat rural est en attente et plus de 80 demandes restent insatisfaites. Il serait souhaitable que les autorités débloquent un programme spécial pour satisfaire la demande de nos concitoyens. Le problème de logements reste une entrave qui ne peut se régler sans l'aide et sans les efforts des autorités de wilaya.''

    Sortir de l'anonymat

    L'investissement dans la région d'El Esnam demeure désiré autant par les jeunes que par les autorités locales. Les potentialités en matière d'investissement sont multiples, et même si Naftal compte s'installer dans la région prochainement pour y installer un dépôt régional de stockage et de distribution de carburants, d'autres investisseurs gagneraient à se manifester auprès de l'APC. Rien que pour la zone de Taourirt Amar, sur les berges du lac Tilesdit, les opportunités d'investissement ne manquent pas. Les sports nautiques, tels la voile, l'aviron ou encore la location de pédalos sont autant d'activités qui peuvent permettre la création d'emplois et par là même approvisionner les caisses du Trésor public et de l'APC. Une commune qui veut sortir de l'anonymat pour révéler au grand jour la face cachée de Tikjda.

    Par La Dépêche de Kabylie

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