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Colloque international sur l’anthropologie africaine

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  • Colloque international sur l’anthropologie africaine

    Pour ce colloque organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), du 1er au 4 juillet prochains, dans le cadre du Festival culturel panafricain, 60 anthropologues en provenance de 24 pays du continent, mais également des amis de l’Afrique, ont répondu présent à l’invitation de l’Algérie.

    Hier matin à l’auditorium du complexe Laâdi-Flici, la ministre de la Culture Khalida Toumi a déclaré, dans une brève allocution, que les travaux du colloque international sur l’anthropologie africaine sont ouverts, tout en rappelant : “L’Algérie est un lieu géométrique de la culture africaine et pour la survie des cultures que vous (les anthropologues, ndlr) êtes appelés à débattre durant quatre jours : sur la culture qui se vit, qui se dit et qui se réfléchit. Vous êtes là afin de pérenniser ce qui fait l’âme inaliénable de l’Afrique. L’Afrique est une culture millénaire, un passé partagé et un destin commun.” Le responsable du comité scientifique de ce colloque, qui se poursuivra jusqu’au 4 juillet prochain, Kamel Necib, a déclaré : “J’ai le plaisir de voir l’Afrique des anthropologues et des intellectuels.” Présidée par le directeur du CNRPAH, Slimane Hachi, la séance inaugurale à laquelle a assisté la ministre de la Culture était un hommage à quatre éminents anthropologues africains : l’ancien chef d’État kenyan Jomo Kenyatta, l’écrivain et anthropologue malien Ahmadou Hampaté-Bâ, l’écrivain et anthropologue algérien Mouloud Mammeri et l’historien et anthropologue sénégalais Cheikh Anta Diop. La nationalité de ces quatre personnalités importe peu, puisque c’est leur rendement et leur apport à la recherche africaine et à l’anthropologie qui importent. Le destin de ces hommes ordinaires au parcours extraordinaires s’est greffé et est lié à celui de tout un continent, lui laissant ainsi un héritage inépuisable.

    L’anthropologue Kojo Opoku Aidoo a ressuscité le temps d’une communication (en anglais) Jomo Kenyatta, en évoquant sa valorisation de la culture et son apport au développement du nationalisme africain. Le critique littéraire, largement influencé par l’anthropologie, Bouni Djialo Mamadou, Malé s’est intéressé de son côté à Ahmadou Hampaté-Bâ. Il a raconté dans sa communication l’héritage important qu’a laissé Hampaté-Bâ et la maturité de ses prises de position. “Ahmadou Hampaté-Bâ a placé la tradition au cœur de la polémique avec sa vision dynamique.

    Il a démontré que considérer la tradition comme étant figée est un leurre, car la tradition figée peut être utilisée contre les Africains eux-mêmes.

    Conscient de l’impact de l’oralité, le combat d’Hampaté-Bâ a été la reconnaissance des traditions orales comme objet de recherches et d’analyse”, considère-t-il.

    De son côté, le chercheur Abdoulay Njong a lu une communication écrite pas Mme Diop sur le parcours et l’apport de Cheikh Anta Diop. D’autre part, le chercheur Mourad Yellès a évoqué la mémoire et l’apport de l’anthropologue et écrivain algérien Mouloud Mammeri.

    Une relation particulière liait les deux hommes puisque Mammeri était une sorte de mentor pour Mourad Yellès qui a déclaré dès l’entame de sa communication : “Rendre hommage à Mouloud Mammeri, c’est se placer au cœur des débats. Son apport à l’authenticité et la culture maghrébine et africaine est incontournable et trop souvent mal perçu.” Le combat de Mouloud Mammeri était axé sur deux choses : la vocation pédagogique et l’entreprise ou la dimension poétique.

    Selon M. Yellès, “Mouloud Mammeri est une figure emblématique de l’intellectuel critique : c’est un intellectuel de la crise”. Pour expliquer cet axiome, l’orateur s’est référé à Julia Kristeva qui écrivait dans l’essai critique La traversée des signes sur ce qu’elle a appelé la pratique signifiante”. Pour étayer son propos, Mourad Yellès explique : “ La constitution et la traversée des signes, c’est la mise en procès du sujet parlant dans un contexte de crise (une révolution, une rupture). C’est un passeur de savoir et un métisseur de signes et de symboles.” Mouloud Mammeri a allié deux démarches : scientifique et intellectuelle et ce, pour mieux appréhender les sujets parlants. Et c’est ce qui fait de lui un intellectuel critique.

    Sa démarche passe par 4 étapes, 4 niveaux de signes ou encore 4 paradigmes : le paradigme sociopolitique qui implique au signe acculturation, rapport dominant/dominé, rapport tradition/ modernité. Le second paradigme est le signe éthico-normatif et qui implique identité et réflexion sur le savoir ainsi que le concept de “tamousniou”. Le 3e signe c’est le scientifique ou encore épistémologique et qui s’intéresse à la relation entre Orient/Occident ou alors celle du savoir.

    Et enfin, le dernier signe – et pas des moindres —, le poétique et qui comprend le statut des langues, l’étude des corpus, l’analyse de la biographie, l’autobiographie et l’ethnographie. “L’anthropologie que propose Mammeri est une anthropologie participante entre poétique et scientifique”, appuie M. Yellès, qui a également considéré : “Dda Mouloud était un passeur de savoir. Il ne se situe pas dans l’instant mais la dure temporalité du chaos créateur.” Place ensuite à la première séance autour de la culture immatérielle africaine.

    Par Liberté
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