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Le récit du calvaire de Camille au procès de Cheb Mami

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  • Le récit du calvaire de Camille au procès de Cheb Mami

    La procureure de la République du tribunal correctionnel de Bobigny a requis sept ans d'emprisonnement et le maintien en détention de Mohamed Khelifati, alias Cheb Mami, jeudi 2 juillet. Le chanteur franco-algérien, âgé de 42 ans, surnommé le prince du raï, répondait de "violences aggravées" sur son ancienne maîtresse, Camille, 43 ans [le prénom a été modifié], qu'il avait tenté de contraindre à avorter en août 2005 à Alger.

    "Je lui demande pardon, je regrette", a lancé le chanteur – qui encourait dix ans de prison et 150 000 euros d'amende – avant la suspension de l'audience vers 23 heures. Le jugement devait être rendu vendredi 3 juillet.

    Six ans de prison et un mandat de dépôt ont aussi été requis contre Michel Lecorre, alias Lévy, ex-manageur de M. Mami, âgé de 56 ans, qui comparaissait pour les mêmes motifs. Huit et dix ans d'emprisonnement ont, enfin, été requis à l'encontre d'Hicham Lazaar, 27 ans, et d'Abdelkader Lallali, 42 ans, soupçonnés d'avoir été les exécutants en Algérie. Ces deux derniers étant absents du procès: la procureure Ophélie Champeaux a requis la délivrance de mandats d'arrêt.

    Camille, journaliste-photographe spécialisée dans la musique raï, qui a entretenu une liaison avec Cheb Mami en 2004-2005, a expliqué avoir été amenée de force puis séquestrée dans la villa du chanteur, et y avoir fait l'objet d'une tentative de curetage. Elle a dit avoir été droguée par Hicham Lazaar, bras droit de Michel Lecorre à son arrivée dans la capitale algérienne lors d'un voyage professionnel organisé par ce dernier le 28 août 2005, avant d'être remise, groggy, à Abdelkader Lallali, l'homme de confiance de M. Mami en Algérie.

    "PIÉGÉ PAR TOUT LE MONDE"

    En juillet 2005, elle avait annoncé sa grossesse au chanteur, qui n'en voulait pas et avait vainement tenté de la convaincre d'avorter en France puis en Angleterre, argent et menaces à l'appui.

    "Il y avait une pièce avec un matelas par terre, a raconté la jeune femme à la barre. J'ai été insultée : “Sale chienne, ******, t'as fauté”, m'a dit Abdelkader. Ils m'ont lancé sur le matelas et m'ont arraché le pantalon. Ils me tenaient. Il y avait deux femmes : une à califourchon appuyant sur mon ventre, une qui me faisait saigner. On me faisait des piqûres régulièrement, on m'a grattée, mis la main dans le vagin. Ça a été ça toute la nuit."

    Relâchée au petit jour, persuadée d'avoir perdu son bébé, la jeune femme a assuré son reportage le surlendemain sans porter plainte en Algérie où M. Mami était réputé proche du pouvoir. Sa fillette, qui a 3ans aujourd'hui –elle est née par césarienne en bonne santé– , a survécu grâce à la position rétroversée de l'utérus de sa mère.

    Durant l'audience, M. Mami avait avoué en pleurs sa "faute grave", sans cesser de se présenter comme un homme "piégé par tout le monde". Par Camille d'abord, cette "relation périodique", a-t-il dit, avec laquelle il a pourtant toujours refusé d'utiliser des préservatifs. Par son manageur, qui a proposé le traquenard algérois, par Abdelkader Lallali encore : l'homme de la villa qui aurait envoyé le chanteur "à l'hôtel Hilton" tandis qu'il se chargeait de l'avortement. Piégé enfin par "[sa] culture et [sa] religion", qui ne souffre pas les enfants illégitimes. "C'était la honte pour moi", a déclaré Cheb Mami, père d'une fille de 11 ans issue d'un premier mariage et d'un garçon de bientôt un an depuis son remariage, en septembre 2006, avec une Algérienne alors âgée de 19 ans.

    Mis en examen en octobre 2006 et incarcéré trois mois en France, M. Mami avait été libéré sous caution de 200000 euros avant de fuir en Algérie en mai 2007. Il a été arrêté à l'aéroport d'Orly, lundi 29 juin, alors qu'il revenait volontairement pour le procès, et incarcéré à la prison de la Santé à Paris. "Ma mère était malade, ma famille me manquait, ça vaut plus que ma carrière, s'est justifié le chanteur, jeudi. J'ai pété un plomb et je suis parti avec un passeport français périmé, mais j'ai toujours voulu revenir pour le jugement. Dans ma tête, c'était une liberté provisoire."


    Par Patricia Jolly, Le Monde
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