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L’Algérie achètera t'elle des quotas de pollution ?

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  • L’Algérie achètera t'elle des quotas de pollution ?

    Il faut être spécialiste pointu de la question des changements climatiques pour ne pas s’étonner devant l’information donnée par le P-DG d’Air Algérie. Cette compagnie est concernée par la directive européenne qui plafonne les émissions de CO2 pour tous les avions au départ ou à destination d'aéroports européens.

    Cette directive autorise les compagnies aériennes à échanger leur surplus de «crédits de pollution» sur le «marché européen du carbone» à compter du 1er janvier 2012. Autrement dit, les compagnies aériennes qui dépasseraient leurs quotas d’émission doivent en acheter sur le marché européen du carbone. On pensait que l’Algérie, non impliquée par les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre contenus dans le protocole de Kyoto, ne pouvait que vendre sur ce marché et non pas acheter.
    L’Union européenne a décidé que les émissions de CO2 des avions devront être limitées en 2012 sur le territoire européen à 97% de leur niveau de 2005 puis à 95% de ce niveau sur la période 2013-2020.

    Naturellement, cette directive qui était en gestation depuis quelques années, plus précisément septembre 2005, ne plaît pas aux transporteurs aériens. En 2007, en prévision de cette directive, l'assemblée de l'OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) avait débattu des «mesures à prendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie aérienne qui devrait accroître de 4,6 % annuellement d'ici 2025».

    D'après l’OACI, «le secteur aérien représente 2% des émissions totales de GES et devrait passer à 3% en 2050». Ces émissions, tient à rappeler l’OACI, «ne sont pas comptabilisées dans les bilans de réduction de gaz à effet de serre des pays industrialisés en vertu du protocole de Kyoto». Mais, visiblement, l’OACI n’a pas réussi à infléchir la volonté de la Commission européenne. Celle-ci a réussi à intégrer les compagnies aériennes dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre (SCEQE). De ce fait, l'impact du système pourrait être limité de 75%, selon certaines études. Pour faire face à cette nouvelle obligation, les compagnies aériennes pourront avoir recours au commerce de quotas d'émissions, mais également améliorer les normes techniques.

    D’autres «ficelles» sont recommandées par le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement). «Par exemple, lit-on dans un de ses documents, des études montrent que si tous les passagers aériens voyageaient avec moins de 20 kg de bagages et qu'ils achetaient le reste de leurs articles dans une boutique hors-taxe, à leur arrivée, cela réduirait les émissions mondiales de gaz à effet de serre de deux millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) chaque année».

    Autres arguments donnés par le PNUE : un seul vol transatlantique aller-retour rejette autant de gaz qu'une auto pendant une année ; sur de courtes distances, les voyages aériens produisent environ trois fois plus de CO2 par passager que le train. En général, les avions engendrent de 2 à 3% des émissions planétaires de gaz à effet de serre.

    Il faut savoir que dans le cadre de leur contribution à la protection de l’environnement, en particulier la lutte contre les changements climatiques, des organismes privés ou gouvernementaux européens recommandent à leur personnel l’utilisation du train au lieu de l’avion. Le mardi 13 mai 2009, à l’hôtel Aurassi, le bureau du conseil d'administration du PNUE s’est réuni en vidéo conférence avec des personnes qui se trouvaient à Alger, à Nairobi, Belgrade et New York. Cette réunion était importante, elle a eu pour but d'étudier les résultats, le suivi et la mise en œuvre des décisions adoptées par la 25e session du conseil d'administration du PNUE/Forum ministériel mondial qui s'est déroulé du 16 au 20 février 2009 à Nairobi. La présence de l'Algérie était indispensable, elle est vice-présidente de ce conseil d'administration. Pourtant, tout ce beau monde – ministres et experts – n’a pas eu besoin de prendre l’avion et faire un long voyage pour discuter et décider. La vidéo conférence a suppléé parfaitement au déplacement. C’est une façon d’éviter des émissions de gaz à effet de serre. Est-ce que la quantité de GES épargnée par les officiels algériens durant cette vidéo conférence a été quantifiée ?

    Peut-on la «monnayer» au profit d’Air Algérie qui est, au moins pour une partie des trajets, le transporteur des délégations officielles ? Ce qui est sûr, c’est que, quelque part, dans les rouages de l’Etat algérien, quelqu’un a dû se réjouir de l’économie en devises faites par le pays grâce à la vidéo conférence. Un exemple à encourager.


    Par la Nouvelle République
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