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La Russie adepte de la diplomatie du carnet de chèque

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  • La Russie adepte de la diplomatie du carnet de chèque

    C'est ce qu'on pourrait appeler la diplomatie du carnet de chèque. Bien qu'elle ne soit pas épargnée par la crise, la Russie cherche à maintenir ou étendre son influence à l'étranger en accordant des prêts et des aides à d'anciennes républiques soviétiques et d'autres pays.

    La Russie a accumulé des réserves d'argent grâce à ses richesses énergétiques, et utilise cette manne pour tenter de retrouver son ancien statut de superpuissance. Malgré la crise qui affecte l'économie russe, Moscou s'est lancé dans une offensive de charme diplomatique en promettant des prêts et des aides au Belarus, au Kirghizistan, à la Moldavie et à l'Arménie.

    Le Kremlin, qui cherche à conserver son influence traditionnelle sur les pays l'ancien bloc soviétique, a passé des accords énergétiques cruciaux avec ses voisins et envisage de prêter des milliards de dollars à l'Ukraine et à la Serbie. Et la Russie tente de s'opposer à l'influence occidentale dans ce qu'elle considère comme son "pré carré".

    Reste que la domination russe est de plus en plus contestée dans la région de l'ex-URSS, comme l'illustre le cas du Turkménistan. Ce pays d'Asie centrale, doté d'immenses réserves de gaz naturel, se trouvait jusqu'à récemment dans le giron de Moscou. Mais la crise est passée par là, affectant les relations entre le Turkménistan et le géant du gaz russe Gazprom, qui a dénoncé des contrats passés avec le pays pour l'achat de gaz turkmène. Le pouvoir turkmène a ensuite accusé Gazprom d'avoir saboté un gazoduc entre les deux pays, ce que la compagnie russe a nié.

    Profitant des tensions entre Moscou et Ashgabat, la Chine a proposé le mois dernier un crédit de 4 milliards de dollars au Turkménistan et a accepté d'acheter la future production d'un nouveau gisement gazier. L'Occident courtise également le Turkménistan en lorgnant sur son gaz.

    "La Russie est de plus en plus confrontée à la Chine dans des zones qu'elle considère comme sa zone d'influence", explique Chris Weafer, un analyste de la société Urilsab. "La Russie a été accusée de ne pas tenir ses promesses alors que la Chine se montre très appliquée dans le respect de ses engagements."

    Le Belarus commence également à regarder vers d'autres pays, en l'occurrence ceux de l'Union européenne. Des négociations entre Minsk et Moscou sur l'octroi d'une dernière tranche de 500 millions de dollars d'un prêt de 2 milliards de dollars se sont récemment achevées dans un climat tendu. Le président autoritaire du Belarus, Alexander Loukachenko, a accusé Moscou de poser une précondition politique à cette aide: la reconnaissance par son pays de l'indépendance des provinces géorgiennes séparatistes de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, seulement reconnues par la Russie et le Nicaragua à ce jour.

    Toutefois, le Belarus devra peut-être se résoudre à s'entendre avec Moscou. Le pays reste en effet très dépendant économiquement de la Russie, et a des relations encore limitées avec l'Occident, même s'il est depuis peu membre d'un "Partenariat oriental" avec l'Union européenne.

    De son côté, le Kirghizistan, qui envisageait de ne plus louer aux Etats-Unis sa base aérienne de Manas, cruciale pour les opérations militaires américaines en Afghanistan, a finalement fait marche arrière. Cette reculade a suscité l'ire de Moscou, qui avait accordé un prêt de 2 milliards de dollars au gouvernement de Bichkek, à condition semble-t-il qu'il cesse de louer la base aux Américains.

    "La Russie commet toujours la même erreur", juge Alexander Konovalov, président de l'Institut d'évaluation stratégique. "Elle met ses voisins face à un choix: soit vous êtes avec l'Occident, soit vous êtes avec nous."

    Certains pays ont trouvé un équilibre entre les deux. Le Kazakhstan mise ainsi à la fois sur la Russie, la Chine et l'Occident sans voir ses relations se dégrader réellement avec Moscou. "Dans un monde multipolaire, les pays qui ne sont pas de grandes puissance ont le choix", souligne Sam Greene, directeur adjoint du Centre Carnegie à Moscou. "Ils vont diversifier leurs relations. Je pense que la Russie s'en rend compte."

    Mais jusqu'ici, note-t-il, le Kremlin a cherché davantage à "conserver des restes du passé que de construire quelque chose pour l'avenir". Une stratégie à courte vue qui pourrait être risquée, selon les analystes.

    "Une fois que vous commencez à construire des relations fondées sur l'aide financière, vous devez continuer à offrir cette aide", explique Chris Weafer. "Si un jour vous ne pouvez plus faire un chèque, quelqu'un d'autre le fera."

    source : AP
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