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SEDDOUK OUFFELLA (BÉJAÏA): Cheikh Aheddad retrouve les siens

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  • SEDDOUK OUFFELLA (BÉJAÏA): Cheikh Aheddad retrouve les siens

    Cheikh Aheddad est décédé au même titre que ses deux fils, lors du soulèvement d’El Mokrani en 1871

    Des milliers de personnes venues des quatre coins du pays ont pris part hier à la cérémonie de réinhumation organisée hier après-midi à Seddouk Oufella.

    Dans le message adressé par le président de la République aux participants à cette cérémonie et lu par son conseiller Rachid Aïssat, Abdelaziz Bouteflika a rendu un vibrant hommage au symbole de la résistance nationale et «spirituelle». Etait présent, également, à cette cérémonie, le secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidine. Cela en plus des autorités communales et de wilaya, des représentants du mouvement associatif local et national, des zaouyate du pays qui étaient également au rendez-vous avec l’histoire Exhumés d’un cimetière de Constantine le mercredi dernier, les ossements de Cheikh Aheddad et de son fils Aziz ont été transférés le lendemain jeudi à Seddouk Oufella où une cérémonie religieuse de réinhumation a été organisée hier après la prière du vendredi.

    Depuis des mois, le village natal de ce symbole de la résistance nationale faisait l’objet d’une attention particulière des autorités à travers la commission installée à cet effet. Une attention, qui s’illustre à travers les profonds travaux de réparation, notamment du siège de la zaouïa et construction d’un mausolée. Cheikh Aheddad est décédé au même titre que ses deux fils, lors du soulèvement d’El Mokrani en 1871. Si la tombe du premier a été retrouvée à l’instar de celle de son père, il n’en est pas de même pour celle du deuxième qui demeure inconnue. Il s’agit de cheikh M’hand, pour qui une tombe vide a été érigée aux côtés de son frère et de son père, au niveau du mausolée.

    C’était le 8 avril 1871, à Souk ElDjemâa (Seddouk), au milieu d’une foule composée de plusieurs personnes, que Cheikh Aheddad a déclaré la guerre à l’occupant français.

    Seddouk Oufella, son village natal est riche en enseignements en la matière. Ce petit village accroché aux montagnes des Biban est aujourd’hui la Mecque des autorités locales et de wilayas ainsi que du mouvement associatif, les organisations et de toute la population. La maison familiale de Cheikh Aheddad renferme encore «takhelouith n’cheikh» la cellule où il menait une vie d’ascète et de reclus. Ce site historique a fait l’objet de restauration, Des visiteurs viennent en ces lieux faire la ziara sollicitant la baraka du cheikh pour la guérison. C’est dans cette petite pièce qu’il fut arrêté par les Français en 1871. Il avait alors 80 ans passés et il était pratiquement paralysé et avait beaucoup de difficultés à se déplacer. Ni son grand âge encore moins son statut de guide spirituel de la tarika Rahmania et ses ennuis de santé n’avaient empêché les colons français de l’emprisonner pour le rôle éminent qu’il a joué lors de l’insurrection de 1871 à côté, bien sûr, de Hadj M’hamed El Mokrani. Né en 1790 à Seddouk Oufella, Mohand Améziane Ahaddad a fait ses études à Imoula (commune de M’cisna) auprès du cheikh Al Rabia Bemouhoub puis en haute Kabylie chez le cheikh Arab Nth Irathen et à Aït Samaïl, zaouïa du fondateur de la Rahmania.

    Cheikh Aheddad a payé de sa vie son engagement pour son pays. A Seddouk, chef-lieu de commune, en face du siège de l’APC, une statue le représentant a été érigée sur une place publique. C’était à Souk El-Djemaâ, le 8 avril 1871, s’adressant à une foule de plusieurs milliers de personnes, il décréta le djihad contre l’occupant français.

    150.000 fidèles le suivront dans le soulèvement, c’était alors l’insurrection. Il sera arrêté, jugé et condamné à cinq ans de prison à Constantine en 1873. Face au juge, il répondit «Vous me donnez cinq années, Dieu ne m’accorde que cinq jours.» Au cinquième jour de son emprisonnement, il décéda dans sa cellule pour reposer au cimetière de Sidi Mabrouk. Jusqu’à son exhumation mercredi dernier, sa tombe a toujours fait l’objet de dévotions quotidiennes.

    Cheikh Aheddad avait deux fils. Ils étaient encadreurs de l’insurrection de 1871. Ils commandaient les tribus dans des batailles dans la vallée de la Soummam et aux portes de Bougie jusqu’à juin 1871. Devant le tribunal qui le jugeait après son arestation Cheikh Aziz répondit: «Je suis originaire du village Aourir Ihadaden de l’aârch Ath Mansour (Akfadou), voisin de l’aârch Ath Oughlis. Ma famille est répartie à travers tous les aârchs qui entourent Seddouk (Soummam) où mon père, cheikh Mohand Améziane, a dirigé une zaouïa de la tarika Rahmania. Je suis descendant du peuple qui vivait sur cette terre au temps des Romains. Je suis musulman...»

    Cheikh Aziz était convaincu qu’il traduisait la passion de tous les hommes qui ont combattu avec lui. Cheikh M’hand et Cheikh Aziz ont été déportés en Nouvelle-Calédonie. Aziz fut maintenu éloigné du pays. Le 22 août 1895, à l’âge de 55 ans, Aziz Aheddad décède à Paris. Venu de Djeddah au mois de juin réclamer la restitution des terres de sa famille, il s’éteignit au domicile de son ami. Ses amis se cotisèrent pour rapatrier la dépouille en Algérie. Une autre version réfute la mort naturelle de Aziz. Il fut de nouveau emprisonné à Paris avant de mourir.La dépouille de cheikh Aziz était arrivée par le port d’Alger.

    La peur d’un autre soulèvement s’il venait à être enterré chez lui à Seddouk en Kabylie où la confrérie Rahmania était toujours très puissante et où le ressentiment envers les Français encore très vif, il a été inhumé à Constantine aux côtés de son défunt père, au cimetière de Sidi Mabrouk.

    Depuis hier, le symbole de la résistance nationale, le chef spirituel, repose parmi les siens. De nombreux ouvrages ont été consacrés à cet homme de grande valeur.

    L'Expression

  • #2
    Enfin les honneurs rendus à un héros de l'histoire de l'Algérie.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

    Commentaire


    • #3
      Cheikh Aheddad réinhumé dans la terre de ses ses aïeux

      Les ossements de cheikh Aheddad, leader spirituel, et de son fils Azziz, général, chef militaire du soulèvement de 1871, ont été réinhumés, hier, à eddouk-Oufella, à Takoubets-n-Rahmane (la coupole de la miséricorde) en présence de milliers de gens. Placée sous le haut patronage du président de la République, la cérémonie combine une intense densité historique, religieuse, militaire et politique.

      Une tombe symbolique est réservée à cheikh Mhand, autre fils d’Aheddad, lui aussi chef militaire de l’insurrection.

      Après la grande prière du vendredi, les trois catafalques sont levés. Le chant national est entonné. Un descendant du cheikh, puis Saïd Abadou, secrétaire-général de l’ONM, prennent la parole. Un représentant de la présidence de la République donne lecture d’une lettre de Bouteflika. Une formation de l’armée rend les honneurs aux héros de 1871. Drapés de l’emblème national, les trois cercueils seront ensevelis suivant un cérémonial militaire. 137 ans plus tard, c’est la troisième "wassiya" (testament) des fameuses "Sept wassaya" du cheikh par laquelle il recommande d’être enterré au cimetière de ses aïeux, qui se réalise.

      Jeudi, un cortège composé de seize bus et d’autres véhicules arrive à Constantine pour ramener les cercueils du cheikh et de ses deux fils. Les ossements de cheikh Ahddad et de son fils Aziz ont été exhumés, la veille, du cimetière principal de Constantine en présence des autorités locales de la wilaya, une délégation de Bejaïa, des représentants des affaires religieuses et des moudjahidine, de la Sûreté nationale et de la Protection civile.

      Un cercueil symbolique à été consacré à cheikh M’hend dont la tombe n’a pas été retrouvée. Vers 10 heures le cortège arrive à Takrietz . Un véhicule de la Protection civile devance une longue file de bus tous ornés du drapeau national. Le cortège solennel marque un petit arrêt à Seddouk-Centre où une grande foule occupant les trottoirs de la route principale attend déjà son passage. Avant de poursuivre son chemin vers le village de Seddouk-Oufflla, le véhicule de la protection civile s’arrête à l’entrée du village.

      Les éléments de la sûreté en force avec les membres du comité du village chargé de l’organisation tentent de contenir la foule et d’ouvrir un passage. Après un moment, les trois cercueils sont débarqués. Il sont transportés sur les épaules jusqu’à Ahkam-Lkhouan, la maison des adeptes. Celle-ci est complètement restaurée pour l’occasion. Les cercueils sont exposés et devant chacun d’eux un grand tableau représentant le héros qui repose à l’intérieur, pour permettre aux autorités présentes, à la famille du cheikh, aux visiteurs mais aussi à la population de se recueillir devant les cercueils à tour de rôle, avant leur transfert pour la réinhumation au mausolée cheikh Belhaddad.

      A l’école primaire les organisateurs et les chargés de la restauration sont à pied d’œuvre pour servir le déjeuner aux visiteurs. En fait, les préparatifs pour le transfert des ossements ont commencé depuis bien longtemps. C’est dans le cadre d’un programme recommandé par le président de la République que la maison des Khouan a été restaurée et rénovée tout en gardant son ancienne architecture. C’est désormais un vrai monument.

      Outre la réalisation d’un mausolée baptisé Cheikh Belhaddad, d’une architecture moderne portant des touches originales, le mausolée qui constituera la demeure éternelle du cheikh et de ses deux fils est un vrai chef-d’œuvre. La fontaine où le cheikh faisait ses ablutions, Takhlouit, la cellule monacale où il s’isole pour psalmodier le Coran et écrire, l’ancienne mosquée du village ont été toutes restaurées, de nouvelles pistes et issues ont été ouvertes et godronnées. La ville de Seddouk n’est pas en reste, car elle aussi a connu des travaux d’aménagement notamment tout au long de la route principale traversant la ville. Un comité d’organisation est créé au village de Seddouk-Ouffla pour veiller au bon déroulement de l’évènement.

      A Seddouk, une cellule d’accueil est constitué au niveau de la mairie pour s’occuper de l’accueil et de l’orientation des délégations venant de différentes wilayas du pays. Quatre sites d’une capacité totale d’environ 1 300 lits ont été consacrés pour héberger les visiteurs. A Seddouk-Ouffla, 500 lits ont été préparés aussi pour la même raison. De plus, pas moins de 50 bus venant de différentes communes de la wilaya sont chargés d’assurer le transport et les déplacements des visiteurs pendant ces quatre jours.

      Le retour du cheikh est un événement qui a suscité l’intérêt de toute la presse nationale écrite, audio et audiovisuelle ; la télévision nationale, à elle seule, a dépêché trois équipes représentant trois chaînes de télévision nationale. Des émissions radio et de télé ont été réalisées sur place. Pour faciliter la communication, des brochures sur le programme et la vie ainsi que le combat du cheikh ont été distribuées par le comité du village.

      Riche et à la hauteur de l’événement, a été l’exposition qui a été préparée à la cour du mausolée. Outre les tableaux représentant le cheikh et ses deux fils et d’autres retraçant des scènes de combats, des manuscrits inédits et authentiques sont exposés pour la première fois au public de la région. Certains viennent de la bibliothèque de la zaouïa Rahmania et des bibliothèques des disciples du cheikh. Entre autres manuscrits du cheikh sur le soufisme, un dictionnaire kabyle-arabe, des qassidate (poèmes) en kabyle écrites par les disciples du cheikh louant ses qualités et son combat, en plus d’objets appartenant au cheikh.

      Seddouk Ouffela est perché au pied du mont Achtoug dominant la vallée de la Soummam et les villages de Tibouamouchine et Seddouk. Les couleurs de l’emblème national sont mises en relief et un impressionnant mausolée est construit afin de réinhumer les ossements du cheikh Aheddad et de son fils, Aziz, rapatriés de Constantine.

      Les aïeux de cheikh Aheddad ont comme origine la région d’Ath Mansour, située sur le mont El Bibane, non loin de Boudjelil et Tazmalt. La famille s’est déplacée à Akfadou, une partie a habité Tifra et l’autre s’est installée à Imoula pour exercer le métier de la forge. Vers la fin du XVIe, le grand père du cheikh s’est déplacé de Imoula vers Seddouk Oufella toujours dans le but d’exercer le métier familial, la forge. Cheikh Aheddad de son vrai nom, Mouhand Ameziane Aheddad, est né vers 1790 dans une famille de quatre garçons. Après un passage par l’école du village, Mohand Ameziane fait la zaouïa de cheikh Arab Ouelmouhoub à Imoula puis la zaouïa de Cheikh Ben Arab à Larbaa Nath Irathen et enfin la zaouïa de Kachlouta à Ath Smail créé par cheikh Mohamed ben Abderrahmane, connu sous le nom de Boukabrine "l’homme aux deux tombeaux ", le fondateur de la Tariqa Rahmania.

      Après ce long périple a travers la Kabylie le cheikh est rentré à Seddouk Ouffella, il y fonda une famille et se consacra à l’enseignement dans la médersa qu’il a ouverte. De son mariage il eut deux enfants, Mhand et Aziz. L’appel a la guerre, déjà éclatée à Medjana, à l’initiative de Mohamed El Mokrani depuis le 16 mars, est proclamé le samedi 8 avril 1871 à Seddouk, un jour du marché. C’est au village de Takaâtz que cheikh Aziz a rassemblé les troupes sous son commandement et celui de son frère Mhand. Après presque 230 combats et 33 batailles aussi importantes les unes que les autres, Cheikh Aziz est fait prisonnier à Ain Lhamam, le 24 juin 1871, dans une bataille l’opposant aux troupes du général Lallemand. Son frère aîné Mhand est emprisonné deux jours après, près de Béjaia, par les troupes d’un allié de la France. Leur père, est arrêté chez lui par le général Saussier, le 13 juillet.

      Des historiens considèrent cette insurrection comme le plus grand soulèvement populaire armé avant celui de 1954. Le procès des insurgés eut lieu à Constantine du 10 mars au 21 avril. La particularité du procès c’était la répartition des accusés par plusieurs chefs d’inculpations et les faits sont présentés comme simples crimes du délit de droit commun, se résumant aux vols, pillages, meurtres.

      Cheikh Aheddad est mort au cours de mois où sa sentence est prononcée, son fils Aziz est déporté à mille lieues de sa patrie à Nouméa en Nouvelle-Calédonie d’où il parvient à s’extraire après des péripéties qualifiées, hier, de "quasi légendaires" par le président Bouteflika.

      Le cheikh décède le 29 avril 1873, après 85 ans d’existence sans s’éloigner de l’intérêt national, la liberté. 137 ans après sa mort, son vœu d’être enterré dans la terre de ses aïeux est désormais satisfait.

      Par La Dépêche de Kabylie

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      • #4
        Cheikh El Haddad représentera pour toujours le symbole de résistance d'un peuple libre prêt à payer le prix fort pour défendre sa dignité et sa liberté. Qu'il repose en paix parmi les siens dans un vaste paradis.

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        • #5
          Un digne fils de la Kabylie ce cheikh Aheddad! Puisse Dieu le récompenser pour les grands sacrifices qu'il s'est consentis pour sa patrie l'Algerie.

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