Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Tensions entre Hans et Ouïghours en Chine

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Tensions entre Hans et Ouïghours en Chine

    La tension restait très vive mardi dans la province du Xinjiang (ouest de la Chine), où des membres de la communauté ouïghoure ont manifesté contre les arrestations qui ont suivi les violences ethniques de dimanche au cours desquelles au moins 156 morts ont été tuées et 828 blessés. Les autorités locales ont décrété un couvre-feu.

    Le couvre-feu prendra effet mardi à 21h00 locales jusqu'à 8h00 mercredi matin, selon Chine nouvelle. Il a été décidé pour "éviter un nouveau chaos", selon Wang Lequan, chef du parti communiste du Xinjiang, cité par l'agence.

    Mardi, des manifestants, bloquaient la route principale de la région, aux abords de la capitale locale, Urumqi, faisant face aux forces de l'ordre. Ces nouveaux heurts se sont produits sous les yeux des journalistes, qui étaient venus se rendre compte de la situation aux alentours d'Urumqi, où des centaines de véhicules et de magasins ont été attaqués dimanche.

    Les protestataires réclament la libération de leurs maris et enfants, soit 1.434 personnes arrêtées par la police chinoise après les violentes émeutes qui ont éclaté dimanche entre Ouïghours et Hans, selon Chine Nouvelle.

    Plusieurs personnes ont été attaquées par des Ouïghours près de la gare d'Urumqi, tandis qu'un millier de jeunes Hans arpentaient les rues munis de massues en scandant "Défense du pays!". Ces jeunes ont tenté d'entrer dans un quartier ouïghour, avant d'en être empêchés par la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène. Signe des tensions actuelles, des Hans se sont armés dans certains quartiers, en vue d'éventuelles attaques d'Ouïghours.

    A Urumqi, vile où les émeutes ont commencé, plusieurs centaines de policiers des forces paramilitaires chinoises, armés de fusils-mitrailleurs, de matraques et de boucliers, patrouillaient mardi dans les rues de la ville. Les communications entre téléphones portables sont bloquées, ainsi que le réseau social en ligne Twitter et d'autres sites Internet.

    La commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, s'est déclarée mardi alarmée par le nombre de victimes enregistrées depuis dimanche, et a appelé les autorités chinoises ainsi que les dirigeants des diverses communautés à faire preuve de retenue.

    A Ankara, des heurts ont brièvement opposé plusieurs centaines de manifestants Ouïghours et turcs à la police devant l'ambassade chinoise dans la ville. La Turquie accueille une importante communauté ouïghoure, ethnie turcophone.

    Le gouvernement turc a par ailleurs convoqué au ministère des Affaires étrangères un haut diplomate chinois pour obtenir "des informations sur les événements et pour exprimer la sensibilité et la préoccupation de la Turquie" face à la situation dans le Xinjiang, a-t-on appris auprès du ministère.

    Les émeutes ont éclaté dimanche, en marge d'une manifestation de 1.000 à 3.000 musulmans ouïghours -majoritaire dans cette région-, demandant justice pour deux membres de leur communauté, tués le 25 juin dernier, lors d'une bagarre dans une usine du sud de la Chine avec des membres de l'ethnie han, majoritaire dans le reste de la Chine.

    Les représentants de la communauté ouïghoure en exil ont condamné ces violences. De son côté, le gouvernement chinois a accusé les Ouïghours exilés d'avoir planifié ces "crimes violents, organisés et prévus, fomentés et dirigés depuis l'étranger".

    Si les Ouïghours, qui mènent une campagne séparatiste depuis de nombreuses années, sont majoritaires dans le Xinjiang, ce n'est plus le cas à Urumqi, aujourd'hui principalement peuplée de Hans, du fait des récentes vagues d'immigration orchestrées par le gouvernement chinois.

    Les violences de dimanche à Urumqi font écho à celles qui avaient fait 22 morts l'année dernière à Lhassa, la capitale du Tibet, après une manifestation de moines. Pékin avait accusé le dalaï lama d'avoir encouragé ces troubles depuis son exil en Inde.

    source : AP

  • #2
    «Les Ouïghours sont détestés des Chinois»


    INTERVIEW - Pour le sinologue Jean-Luc Domenach, les émeutes d'Urumqi résultent avant tout de la main-mise de Pékin sur le Xinjiang, une province que les Ouïghours musulmans se disputent avec les Hans chinois.


    Sinologue, Jean-Luc Domenach est directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales (CERI). Auteur de nombreux ouvrages sur la Chine, il a récemment publié «La Chine m'inquiète» (éd. Perrin, 2008).


    Les émeutes du Xinjiang mettent aux prises les Ouïghours et les Hans. Qui sont-ils ?
    Les Hans forment l'ethnie chinoise majoritaire et sont environ 10 millions dans la province du Xinjiang, tandis que les Ouïghours sont environ 8 millions et sont une population musulmane d'origine turque [arrivée en Chine au 8e siècle, ndlr]. Les Ouïghours se plaignent de la colonisation du Xinjiang par les Chinois, qui a commencé dès le XVIIIe siècle et qui a été relancée par les communistes depuis 1949.

    Pourquoi les Ouïghours et les Hans s'affrontent-ils aujourd'hui ?
    Il y a déjà eu de très nombreuses révoltes de la part des Ouïghours, notamment au début et à la fin des années 60 et au début des années 90, parce que leur sentiment identitaire est particulièrement fort. En fait, il y a un esprit de résistance des Ouïghours depuis que les Chinois les Hans colonisent le Xinjiang. Dans les années 1940, il y a même eu une République ouïghoure du Turkestan, indépendante de la Chine. Aujourd'hui, cette résistance est d'autant plus forte que les Ouïghours ont le sentiment que la progression de l'économie chinoise se fait à leurs dépens et facilite une domination croissante des Chinois sur leur population.

    Que représente le Xinjiang pour Pékin ?
    Cette région constitue un véritable enjeu de sécurité publique pour les autorités chinoises, puisqu'il s'agit d'un très vaste espace, situé au centre d'une zone très fragile près du Tadjikistan, du Kirghizstan ou de l'Ouzbékistan, et où se font notamment les essais nucléaires chinois.

    Les liens que Pékin dresse entre les Ouïghours et le terrorisme islamiste sont-ils crédibles ?
    Absolument pas. Ce sont des histoires. Pour beaucoup de pouvoirs en place, il est toujours facile d'établir un lien entre les résistances ethniques et le terrorisme. En réalité, seuls quelques Ouïghours ont intégré les rangs d'al-Qaida, mais il s'agit de cas extrêmement minoritaires. En général, les Ouïghours sont d'ailleurs d'un islam très modéré.

    «La répression risque d'être épouvantable»

    Peut-on dresser un parallèle entre les troubles au Xinjiang et les émeutes au Tibet en 2008 ?
    Il y a en effet plusieurs points communs. D'abord en ce qui concerne le retentissement médiatique international actuel, et puis il y a le même décalage entre ce modeste peuple ouïghour et les un milliard trois-cents millions de Chinois. La répression risque d'être épouvantable. Néanmoins, il y a une différence majeure, c'est que les Ouïghours sont beaucoup plus dangereux que les Tibétains. Premièrement parce qu'ils sont très bagarreurs et très organisés, ce sont de vrais guerriers ! Et deuxièmement parce que, contrairement à ce qui existe chez les Tibétains, il y a parmi les Ouïghours de vraies élites ainsi qu'une vraie diaspora à travers le monde.

    Est-ce que les Chinois comprennent cette révolte ouïghoure ?
    Les Ouïghours sont détestés en Chine. Un peu comme les gens du voyage chez nous, ils ont une mauvaise réputation, ils sont souvent accusés d'être des brigands, des voleurs… Du coup, je ne suis pas sûr qu'il y ait une grande solidarité envers les Ouïghours de la part des Chinois, et notamment de la part de la jeunesse chinoise, qui connaît actuellement une véritable explosion de nationalisme.
    La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

    Commentaire


    • #3
      et voila les experts patentés occidentaux qui veulent nous faire pleurer sur le sort des oighours, je me demande si ce n'est pas liés à des préparatifs pour attaquer l'iran avec l'aval de la chine pour laquelle on fermerais l'oeil sur problèmes internes

      Commentaire


      • #4
        Ca n'a rien de pleurnicherie. Ce qu'il dit est totalement vrai et vérifié. Après les Ouighours doivent rester dans une Chine unie et indivisible mais pour ça la Chine doit leur accorder un statut spécial réel et non pas cette autonomie à deux balles à laquelle ils ont droit avec leur lot de répression.

        Les musulmans doivent soutenir ces population non pas contre la Chine mais en aidant la Chine à mieux les comprendre. Ils doivent investir dans ces régions pour protéger le tissu social de se disloquer et empêcher les Hans de coloniser ces territoires comme ils le font actuellement avec le Tibet.

        La Chine est une mosaïque culturelle et sociale fragile qu'il faut préserver, car son éclatement déstabiliserait le monde entier.
        La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

        Commentaire


        • #5
          Munis de bâtons, de pelles et de machettes, des milliers de jeunes Hans, la principale ethnie chinoise, ont arpenté les rues d'Urumqi, mardi, dans un esprit de revanche après les violences de dimanche. Crédits photo : AFP REPORTAGE - Dans le Xinjiang, les combats interethniques se poursuivent. Plus de 20.000 policiers ont été appelés en renfort.

          Les scènes de violence se poursuivent mercredi dans la capitale régionale du Xinjiang, malgré l'important dispositif militaire et policier. Dans un geste sans précédent, le président chinois Hu Jintao a écourté son voyage au G8 en raison de la gravité de la situation.
          Il est toujours effrayant de voir une ville tout entière prise d'une boulimie de violence, d'une soif de vengeance semblant gagner chaque habitant comme un fulgurant virus. Dans le centre d'Urumqi, mardi, on ne pouvait voir un passant sans, à la main, un rude bâton, une barre de fer, un couteau ou un hachoir. Des Hans, la principale ethnie chinoise, désireux de se protéger ou se «venger des Ouïgours» les ayant attaqués dans la nuit de dimanche à lundi. Moins de trente-six heures après ces sanglantes émeutes qui auraient fait au moins 156 morts et plus de 1 000 blessés, la tension était toujours vive dans la capitale du Xinjiang.
          La rumeur courait plus vite que les torrents des montagnes qui entourent la ville. On signale ici ou là des bandits ouïgours. Dans le centre commercial Wangfujing, par exemple, devant lequel arrivent en trombe trois camions bourrés de soldats armés de fusils d'assaut. Rien. Fausse alerte. Qu'importe, des groupes d'autodéfense se constituent au pied de chaque immeuble, à chaque carrefour. Même les jeunes filles se promènent avec, qui un tuyau de métal à la main, qui un bout de bois, avec la même frénésie d'imitation que pour le dernier téléphone portable à la mode.
          Une bande de jeunes gens armés d'hétéroclites massues s'avance dans la rue Jie Fang Beilu. «Hans, unissez-vous» scandent-ils. «Il faut casser du Ouïgour, c'est à notre tour d'attaquer», dit un jeune homme de 18 ans environ. Des journalistes étrangers sont insultés, menacés de mort. Le groupe gonfle. Ils sont bientôt 150, 300, 600 et finissent par se diriger vers un quartier ouïgour. Quelques échoppes sont saccagées. Les forces de l'ordre, qui n'ont jamais cherché à désarmer les civils, utilisent finalement des gaz lacrymogènes pour les faire battre en retraite. «Rentrez chez vous, contentez-vous de défendre vos maisons et laissez-nous faire notre travail, crie un officier, ne vous en faites pas, on procède à beaucoup d'arrestations, là derrière.»

          Plus de 20 000 policiers en renfort

          Des arrestations, il y en aurait déjà eu plus de 1 400, selon les autorités. Et c'est cela qui a suscité une nouvelle poussée de fièvre mardi dans le quartier ouïgour de Liuda Shichang, devant la presse amenée sur les lieux. D'une ruelle, sort un groupe de plusieurs dizaines de femmes, pleurant et criant «Rendez-nous nos hommes !» L'une d'elles montre une vidéo sur son téléphone, où l'on voit des policiers chinois fouiller des maisons. «Ils ont emmené les hommes de 18 à 30 ans», dit-elle. Des hommes arrivent et la foule réunit vite plus de 200 personnes.
          Les photographes mitraillent une vielle femme qui marche seule face aux blindés en s'appuyant sur sa canne. Le face-à-face va durer une heure, les manifestants étant cernés d'un côté par les hommes en treillis camouflés de la police armée populaire, équipée de blindés légers, et de l'autre par les forces spéciales de la police en tenue noire. Selon l'agence Chine nouvelle, plus de 20 000 hommes ont été envoyés en renfort au Xinjiang. Un début d'échauffourée, puis, les policiers laissent une porte de sortie à la foule pour qu'elle se disperse.
          À côté d'une concession automobile appartenant à des Hans et entièrement brûlée, un quincaillier raconte avoir vu 300 Ouïgours débarquer vers 20 heures dimanche et s'attaquer à tout ce qui était han - magasins, voitures puis passants.

          Blocage d'Internet et des télécommunications

          Tout avait apparemment commencé quelques heures plus tôt sur la place du Peuple, par une marche d'étudiants protestant contre l'indifférence des autorités chinoises face au lynchage de deux travailleurs migrants ouïgours dans le sud de la Chine, le 26 juin dernier. Faisant suite à la dispersion de la manifestation par la police, des groupes d'Ouïgours se seraient alors attaqués à la communauté han dans plusieurs quartiers. Avant d'être à leur tour sévèrement réprimés. Mardi, les autorités ne pouvaient fournir de bilan différencié des victimes hans ou ouïgoures.
          «L'incident du 26 juin était un simple problème d'ordre public, qui a été résolu, affirmait mardi Li Zhi, patron du PC d'Urumqi, et il a été exploité par les organisations ouïgoures de l'extérieur.» Il affirme avoir des preuves d'une mobilisation des manifestants par Internet puis par QQ, une sorte de MSN chinois, dans les deux jours qui ont précédé les violences. L'homme fort de la ville a ainsi justifié le blocage d'Internet et des communications téléphoniques avec l'étranger par la nécessité d'éviter la propagation des troubles. Sur un plan moins virtuel, Urumqi était mardi placée sous couvre-feu à partir de 21 heures. Pour Li Zhi, la région est clairement en train de vivre «ses plus graves événements depuis soixante ans».


          Photo ici:

          http://www.lefigaro.fr/international...me-urumqi-.php
          La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

          Commentaire

          Chargement...
          X