Jeune Afrique : Vous avez célébré, le 8 juin dernier, le deuxième anniversaire de votre réélection à la tête de l'Etat dans un contexte particulier, marqué par le décès d'Omar Bongo Ondimba mais aussi par les interrogations sur votre volonté supposée de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat...
Amadou Toumani Touré : Effectivement, la nouvelle du décès d'Omar Bongo Ondimba a constitué un grand choc pour moi. J'ai un profond respect pour l'homme et le dirigeant. C'était quelqu'un de généreux, de très ouvert, qui savait mettre à l'aise son interlocuteur. On pouvait parler de tout avec lui. J'ai perdu un aîné et un ami. Quant aux supputations des uns et des autres sur ma volonté ou non de m'accrocher au pouvoir, je n'y peux rien...
Les révisions constitutionnelles sont en vogue sur le continent. Votre homologue et voisin nigérien Mamadou Tandja semble vouloir passer en force pour se maintenir au pouvoir. Envisagez-vous de réviser la Loi fondamentale malienne ?
Je n'ai pas de commentaire à formuler sur la situation au Niger ou ailleurs en Afrique. J'ai d'excellentes relations avec le président Tandja, et tout ce que je souhaite c'est que nous préservions la paix dans ce pays frère et voisin. Je me contenterai donc de parler du Mali en répétant ce que j'ai déjà dit : la Constitution est très claire sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. Et aucun article de notre Loi fondamentale ne peut être modifié sans référendum.
Quelle que soit la méthode pour y parvenir, allez-vous briguer un troisième mandat en 2012 ?
Franchement, aujourd'hui, ce débat n'a pas lieu d'être. Je n'ai jamais exprimé ce souhait et ai déjà prouvé que je savais quitter le pouvoir...
Quel bilan faites-vous de ces sept années à la tête de l'Etat ?
Ma plus grande satisfaction, c'est l'apaisement du débat politique.
Au plan économique, nous n'avons traversé que des épreuves. Quatre mois à peine après mon investiture [le 8 juin 2002, NDLR], une grave crise a éclaté en Côte d'Ivoire. Le Mali s'est trouvé subitement coupé d'Abidjan, son principal port d'approvisionnement et d'évacuation de ses produits d'exportation à hauteur de 70 %. Notre pays a tenu le choc grâce aux efforts du gouvernement et des opérateurs économiques maliens. Le contexte de ma réélection en 2007 est aussi marqué par la crise alimentaire, aggravée plus tard par la flambée du prix du pétrole. Toute l'Afrique a été éprouvée, et les pays enclavés encore plus. Mais dans ces moments difficiles, l'Etat a assumé son rôle et a pu maintenir le rythme de réalisation des projets et programmes contenus dans le Projet pour le développement économique et social [PDES]. Nous avons ainsi investi plus de 358 milliards de F Cfa dans les infrastructures.
Le niveau de la dette intérieure du Mali inquiète. Certains avancent le chiffre de 150 milliards de F Cfa. Comment en est-on arrivé là ?
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Le montant de notre dette intérieure approche en fait les 100 milliards de F Cfa. L’Etat a engagé d'importants chantiers, indispensables faut-il le rappeler, soutient un certain nombre de prix, dont celui des hydrocarbures, et a accepté de se priver d'importantes recettes, sous forme de taxes, notamment dans le secteur agricole. Mais cette situation, conjoncturelle, reste sous contrôle.
Les grèves se multiplient, les magistrats, les enseignants ou les étudiants défilent régulièrement dans les rues de Bamako. Comment expliquez-vous l'expression récurrente de ce malaise social ?
Dans le contexte économique actuel, ces tensions me semblent normales. Malgré nos efforts pour contenir les prix, pour réduire les effets désastreux engendrés par la crise ou pour réformer des secteurs, comme l'éducation, en déshérence depuis des décennies au Mali, nous n'avons pas surmonté toutes les difficultés. Mais nous concentrons nos actions sur cette demande sociale qui s'exprime. Elle a un coût, mais la paix sociale n'a pas de prix.
Vos détracteurs vous reprochent justement une gestion à court terme. Tout comme ils vous reprochent d'engager l'Etat dans un grand nombre de chantiers d'infrastructures dont il n'aurait pas les moyens...
J'accepte les critiques. Nous avons pu commettre des erreurs, même si ce ne sont pas celles que vous venez d'énoncer. Nous sommes en train de les corriger. Mais nous gérons l'urgence comme le long terme, avec les moyens à notre disposition.
Comment voyez-vous la présidentielle de 2012 ? Avez-vous un dauphin ou un favori ?
Il faudrait déjà savoir qui sera candidat... Plus sérieusement, en 1992, j'ai remis le pouvoir à celui que le peuple malien a désigné lors d'une élection démocratique [Alpha Oumar Konaré, au pouvoir jusqu'en 2002, NDLR]. Je ferai la même chose en 2012. «La demande sociale a un coût, mais la paix sociale n'a pas de prix».
Vous avez organisé, en novembre 2008, les Etats généraux contre la délinquance financière et la corruption. L'arrestation du vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, qui incarne cette lutte contre la corruption, est devenue une véritable affaire d'Etat. Cela ne ternit-il pas l'image de votre pays ? A travers ces Etats généraux, nous avons surtout voulu reconnaître qu'il s'agissait d'un véritable problème au Mali et que nous avions beaucoup à faire en la matière. Ce n'est pas si courant sur le continent. Concernant le vérificateur général et pour la compréhension de vos lecteurs, il me semble utile de préciser que l'Etat n'a pas engagé de poursuites contre lui. Il s'agit, et je le regrette profondément, d'un conflit de travail qui a opposé M. Sidi Sosso Diarra à une partie du personnel du Bureau du vérificateur général, [en l'occurrence deux magistrats qui ont refusé leur mise en disponibilité et à qui Sidi Sosso Diarra a interdit d'accéder à leurs bureaux, NDLR]. Ces derniers ont porté plainte avec constitution de partie civile devant un juge d'instruction. C'est un problème entre ses employés et lui, qui n'est donc franchement pas de nature à remettre en cause la lutte contre ce fléau. Le Bureau du vérificateur général est ma création et il continuera d'exister tant que je serai au pouvoir. «Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue».
Les récents succès de l'armée malienne contre les troupes d'Ag Bahanga et l'exil en Libye de ce dernier signifient-ils la fin de la rébellion touarègue ?
Il ne faut pas confondre la bande d'Ag Bahanga avec la communauté touarègue. Je récuse la notion de problème touareg s'agissant des derniers événements dans le nord-est de Kidal. Les acteurs de l'attaque du 23 mai 2006 contre le camp militaire de Kidal [revendiquée plus tard par Ag Bahanga et son Alliance du 23 mai pour le changement, NDLR] n'ignoraient pas les sacrifices consentis en faveur des régions du Nord. J'ai invité les Maliens au calme et à la sérénité, en insistant sur le caractère minoritaire de cette contestation armée. De la même manière, je me suis engagé à trouver une solution politique à la crise, malgré le ressentiment d'une large frange de nos compatriotes qui ont estimé, à juste titre, que rien ne justifiait le recours aux armes. Sous l'égide du facilitateur algérien, le président Abdelaziz Bouteflika, l'accord d'Alger a été signé le 4 juillet 2006. Depuis, le processus de paix se consolide. Mais je reste convaincu que la paix définitive se gagnera par le développement.
Le rôle de la Libye dans cette affaire semble assez trouble...
Je n'ai jamais ressenti d'autre volonté chez les Libyens que celle de nous aider.
Deux épisodes sont venus démontrer récemment qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] constituait une menace de plus en plus sérieuse. Un otage britannique, Edwin Dyer, a été exécuté le 31 mai et un officier de l'armée malienne assassiné à son domicile le 10 juin, à Tombouctou. Comment comptez-vous y répondre ?
Cette menace était déjà largement perceptible avant mais, là, nous avons atteint un point de non-retour. Sur notre territoire, nous avons lancé, cinq jours après l'assassinat du lieutenant-colonel Lamana, des opérations militaires d'envergure contre toutes les bases d'AQMI dont nous avions connaissance. Avec succès. Maintenant, les salafistes d'AQMI bénéficient de complicités : trafiquants de cigarettes ou de drogue en provenance d'Amérique latine, passeurs de clandestins, etc. Et la zone concernée est si vaste et si complexe à surveiller que nous ne pouvons résoudre ce grave problème sans la coopération des autres pays concernés. Un problème global nécessite des réponses concertées.
A ce propos, vous avez proposé, en septembre 2007, l'organisation d'une conférence régionale sur la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Pourquoi tarde-t-elle tant à voir le jour ?
Tous les chefs d'Etat de cette région qui s'étend de la Mauritanie au Soudan sont acquis à l'idée de la tenue d'un tel sommet. Une réunion des ministres des Affaires étrangères, appuyés par des experts, s'est déjà tenue à Bamako. Tous les documents devant être soumis au sommet ont été élaborés. Nous allons fixer dans les prochaines semaines une date pour la rencontre des chefs d'État en tenant compte des agendas des uns et des autres, ce qui n'est pas une mince affaire, croyez-moi... Nous souhaitons la présence de tous, ce qui explique en grande partie le fait que nous mettions du temps à l'organiser.
Existe-t-il des divergences entre les pays concernés, comme l'Algérie, la Libye, le Niger, le Tchad ou la Mauritanie ?
Non, aucune. Nous faisons les mêmes analyses. Qu'il s'agisse du problème lui-même ou des solutions à apporter.
Le Mali est devenu le pays où sont libérés les otages kidnappés en Algérie, en Tunisie ou au Niger. Cela vous vaut quelques inimitiés. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de laxisme ?
Mais nous sommes sur le terrain, en train de nous battre ! En quoi est-ce faire preuve de laxisme ? Nous jouons notre rôle pour sauver ces vies, utilisons nos réseaux et nos connaissances. Peut-être cela n'a-t-il pas été bien compris dans certains milieux. Mais je le dis haut et fort : nous n'avons jamais porté de valises ni versé de rançon. Parole d'officier.
Quels rapports entre-tenez-vous avec votre prédécesseur Alpha Oumar Konaré depuis son retour au Mali ?
Ils sont excellents. Je ne le vois pas assez souvent, parce je ne veux pas le déranger. Je sais qu'il pense la même chose pour avoir exercé la charge de chef d'Etat. Mais à chaque fois que nous en avons l'occasion, nous restons des heures à discuter. Comme des chefs d’Etat mais aussi comme un aîné et son cadet.
Amadou Toumani Touré : Effectivement, la nouvelle du décès d'Omar Bongo Ondimba a constitué un grand choc pour moi. J'ai un profond respect pour l'homme et le dirigeant. C'était quelqu'un de généreux, de très ouvert, qui savait mettre à l'aise son interlocuteur. On pouvait parler de tout avec lui. J'ai perdu un aîné et un ami. Quant aux supputations des uns et des autres sur ma volonté ou non de m'accrocher au pouvoir, je n'y peux rien...
Les révisions constitutionnelles sont en vogue sur le continent. Votre homologue et voisin nigérien Mamadou Tandja semble vouloir passer en force pour se maintenir au pouvoir. Envisagez-vous de réviser la Loi fondamentale malienne ?
Je n'ai pas de commentaire à formuler sur la situation au Niger ou ailleurs en Afrique. J'ai d'excellentes relations avec le président Tandja, et tout ce que je souhaite c'est que nous préservions la paix dans ce pays frère et voisin. Je me contenterai donc de parler du Mali en répétant ce que j'ai déjà dit : la Constitution est très claire sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. Et aucun article de notre Loi fondamentale ne peut être modifié sans référendum.
Quelle que soit la méthode pour y parvenir, allez-vous briguer un troisième mandat en 2012 ?
Franchement, aujourd'hui, ce débat n'a pas lieu d'être. Je n'ai jamais exprimé ce souhait et ai déjà prouvé que je savais quitter le pouvoir...
Quel bilan faites-vous de ces sept années à la tête de l'Etat ?
Ma plus grande satisfaction, c'est l'apaisement du débat politique.
Au plan économique, nous n'avons traversé que des épreuves. Quatre mois à peine après mon investiture [le 8 juin 2002, NDLR], une grave crise a éclaté en Côte d'Ivoire. Le Mali s'est trouvé subitement coupé d'Abidjan, son principal port d'approvisionnement et d'évacuation de ses produits d'exportation à hauteur de 70 %. Notre pays a tenu le choc grâce aux efforts du gouvernement et des opérateurs économiques maliens. Le contexte de ma réélection en 2007 est aussi marqué par la crise alimentaire, aggravée plus tard par la flambée du prix du pétrole. Toute l'Afrique a été éprouvée, et les pays enclavés encore plus. Mais dans ces moments difficiles, l'Etat a assumé son rôle et a pu maintenir le rythme de réalisation des projets et programmes contenus dans le Projet pour le développement économique et social [PDES]. Nous avons ainsi investi plus de 358 milliards de F Cfa dans les infrastructures.
Le niveau de la dette intérieure du Mali inquiète. Certains avancent le chiffre de 150 milliards de F Cfa. Comment en est-on arrivé là ?
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Le montant de notre dette intérieure approche en fait les 100 milliards de F Cfa. L’Etat a engagé d'importants chantiers, indispensables faut-il le rappeler, soutient un certain nombre de prix, dont celui des hydrocarbures, et a accepté de se priver d'importantes recettes, sous forme de taxes, notamment dans le secteur agricole. Mais cette situation, conjoncturelle, reste sous contrôle.
Les grèves se multiplient, les magistrats, les enseignants ou les étudiants défilent régulièrement dans les rues de Bamako. Comment expliquez-vous l'expression récurrente de ce malaise social ?
Dans le contexte économique actuel, ces tensions me semblent normales. Malgré nos efforts pour contenir les prix, pour réduire les effets désastreux engendrés par la crise ou pour réformer des secteurs, comme l'éducation, en déshérence depuis des décennies au Mali, nous n'avons pas surmonté toutes les difficultés. Mais nous concentrons nos actions sur cette demande sociale qui s'exprime. Elle a un coût, mais la paix sociale n'a pas de prix.
Vos détracteurs vous reprochent justement une gestion à court terme. Tout comme ils vous reprochent d'engager l'Etat dans un grand nombre de chantiers d'infrastructures dont il n'aurait pas les moyens...
J'accepte les critiques. Nous avons pu commettre des erreurs, même si ce ne sont pas celles que vous venez d'énoncer. Nous sommes en train de les corriger. Mais nous gérons l'urgence comme le long terme, avec les moyens à notre disposition.
Comment voyez-vous la présidentielle de 2012 ? Avez-vous un dauphin ou un favori ?
Il faudrait déjà savoir qui sera candidat... Plus sérieusement, en 1992, j'ai remis le pouvoir à celui que le peuple malien a désigné lors d'une élection démocratique [Alpha Oumar Konaré, au pouvoir jusqu'en 2002, NDLR]. Je ferai la même chose en 2012. «La demande sociale a un coût, mais la paix sociale n'a pas de prix».
Vous avez organisé, en novembre 2008, les Etats généraux contre la délinquance financière et la corruption. L'arrestation du vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, qui incarne cette lutte contre la corruption, est devenue une véritable affaire d'Etat. Cela ne ternit-il pas l'image de votre pays ? A travers ces Etats généraux, nous avons surtout voulu reconnaître qu'il s'agissait d'un véritable problème au Mali et que nous avions beaucoup à faire en la matière. Ce n'est pas si courant sur le continent. Concernant le vérificateur général et pour la compréhension de vos lecteurs, il me semble utile de préciser que l'Etat n'a pas engagé de poursuites contre lui. Il s'agit, et je le regrette profondément, d'un conflit de travail qui a opposé M. Sidi Sosso Diarra à une partie du personnel du Bureau du vérificateur général, [en l'occurrence deux magistrats qui ont refusé leur mise en disponibilité et à qui Sidi Sosso Diarra a interdit d'accéder à leurs bureaux, NDLR]. Ces derniers ont porté plainte avec constitution de partie civile devant un juge d'instruction. C'est un problème entre ses employés et lui, qui n'est donc franchement pas de nature à remettre en cause la lutte contre ce fléau. Le Bureau du vérificateur général est ma création et il continuera d'exister tant que je serai au pouvoir. «Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue».
Les récents succès de l'armée malienne contre les troupes d'Ag Bahanga et l'exil en Libye de ce dernier signifient-ils la fin de la rébellion touarègue ?
Il ne faut pas confondre la bande d'Ag Bahanga avec la communauté touarègue. Je récuse la notion de problème touareg s'agissant des derniers événements dans le nord-est de Kidal. Les acteurs de l'attaque du 23 mai 2006 contre le camp militaire de Kidal [revendiquée plus tard par Ag Bahanga et son Alliance du 23 mai pour le changement, NDLR] n'ignoraient pas les sacrifices consentis en faveur des régions du Nord. J'ai invité les Maliens au calme et à la sérénité, en insistant sur le caractère minoritaire de cette contestation armée. De la même manière, je me suis engagé à trouver une solution politique à la crise, malgré le ressentiment d'une large frange de nos compatriotes qui ont estimé, à juste titre, que rien ne justifiait le recours aux armes. Sous l'égide du facilitateur algérien, le président Abdelaziz Bouteflika, l'accord d'Alger a été signé le 4 juillet 2006. Depuis, le processus de paix se consolide. Mais je reste convaincu que la paix définitive se gagnera par le développement.
Le rôle de la Libye dans cette affaire semble assez trouble...
Je n'ai jamais ressenti d'autre volonté chez les Libyens que celle de nous aider.
Deux épisodes sont venus démontrer récemment qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] constituait une menace de plus en plus sérieuse. Un otage britannique, Edwin Dyer, a été exécuté le 31 mai et un officier de l'armée malienne assassiné à son domicile le 10 juin, à Tombouctou. Comment comptez-vous y répondre ?
Cette menace était déjà largement perceptible avant mais, là, nous avons atteint un point de non-retour. Sur notre territoire, nous avons lancé, cinq jours après l'assassinat du lieutenant-colonel Lamana, des opérations militaires d'envergure contre toutes les bases d'AQMI dont nous avions connaissance. Avec succès. Maintenant, les salafistes d'AQMI bénéficient de complicités : trafiquants de cigarettes ou de drogue en provenance d'Amérique latine, passeurs de clandestins, etc. Et la zone concernée est si vaste et si complexe à surveiller que nous ne pouvons résoudre ce grave problème sans la coopération des autres pays concernés. Un problème global nécessite des réponses concertées.
A ce propos, vous avez proposé, en septembre 2007, l'organisation d'une conférence régionale sur la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Pourquoi tarde-t-elle tant à voir le jour ?
Tous les chefs d'Etat de cette région qui s'étend de la Mauritanie au Soudan sont acquis à l'idée de la tenue d'un tel sommet. Une réunion des ministres des Affaires étrangères, appuyés par des experts, s'est déjà tenue à Bamako. Tous les documents devant être soumis au sommet ont été élaborés. Nous allons fixer dans les prochaines semaines une date pour la rencontre des chefs d'État en tenant compte des agendas des uns et des autres, ce qui n'est pas une mince affaire, croyez-moi... Nous souhaitons la présence de tous, ce qui explique en grande partie le fait que nous mettions du temps à l'organiser.
Existe-t-il des divergences entre les pays concernés, comme l'Algérie, la Libye, le Niger, le Tchad ou la Mauritanie ?
Non, aucune. Nous faisons les mêmes analyses. Qu'il s'agisse du problème lui-même ou des solutions à apporter.
Le Mali est devenu le pays où sont libérés les otages kidnappés en Algérie, en Tunisie ou au Niger. Cela vous vaut quelques inimitiés. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de laxisme ?
Mais nous sommes sur le terrain, en train de nous battre ! En quoi est-ce faire preuve de laxisme ? Nous jouons notre rôle pour sauver ces vies, utilisons nos réseaux et nos connaissances. Peut-être cela n'a-t-il pas été bien compris dans certains milieux. Mais je le dis haut et fort : nous n'avons jamais porté de valises ni versé de rançon. Parole d'officier.
Quels rapports entre-tenez-vous avec votre prédécesseur Alpha Oumar Konaré depuis son retour au Mali ?
Ils sont excellents. Je ne le vois pas assez souvent, parce je ne veux pas le déranger. Je sais qu'il pense la même chose pour avoir exercé la charge de chef d'Etat. Mais à chaque fois que nous en avons l'occasion, nous restons des heures à discuter. Comme des chefs d’Etat mais aussi comme un aîné et son cadet.
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