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Racont'Arts Bouzeguène: Aux portes de l’Afrique, la Kabylie

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  • Racont'Arts Bouzeguène: Aux portes de l’Afrique, la Kabylie

    «Wizgan a vibré au son de macahu, que mon conte soit long et beau. Il était une fois la Kabylie aux portes de l'Afrique.»

    Cet extrait de poème de F. Ousmer, peint sur les murs de tajmaât du village de Bouzeguène, donne un aperçu sur ce qui a marqué la 6e édition des Racont'Arts, dédiée cette année au continent africain sous le slogan «Aux portes de l’Afrique, la Kabylie», organisé à Bouzeguène par la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques de Tizi-Ouzou du 29 juin au 4 juillet.

    Wizgan a, en effet, vibré au rythme de l'art sous toutes ses facettes et du riche programme mis en œuvre et concrétisé à 80% par les organisateurs. Tout y était : théâtre, cinéma, récitals de poésie et de chants, visites des sites villageois, nuits de contes africains, spectacles de rue, carnaval et interventions de l’artiste Denis Martinez, partenaire du président du festival, Ahcène Metref, derrière cette idée de générer des actions tendant, avec la participation des populations, à socialiser la culture dans la wilaya de Tizi-Ouzou avec très peu de moyens, les artistes et autres intervenants partageant humblement le quotidien des villageois de Kabylie. Ainsi, croquer une tomate avec un bout de galette et s’asseoir ou dormir à même le sol, se produire dans les rues dans une atmosphère de partage, constituent des moments de convivialité et une originalité pour les artistes. Denis a peint tajmaât de Bouzeguène avec comme support un poème, Jeddik, de Mehenni Amroun qui traite de la question identitaire.

    Renvoi des artistes étrangers

    Seul couac enregistré : le renvoi des artistes étrangers trois jours après le démarrage du festival par les services de sécurité au motif qu’ils n’auraient pas d’autorisation. Une décision dénoncée vivement par le président du comité de village qui a déclaré que ces étrangers étaient pourtant les hôtes du village. Parmi eux, les Africains, Jean Mabala, congolais, Bangoura Karakomoro, un authentique grio africain de Guinée, Jean-Claude Charly Matéla, peintre calligraphe, animateur culturel dont c’est la première visite en Algérie, déjà sollicité par la radio et la télévision, et dont le travail devait faire connaître la peinture africaine à un public de 3 à 99 ans. Il s’était dit enchanté par l’accueil en Algérie et à Bouzeguène. Il y avait aussi un photographe allemand, un groupe de musiciens italiens, Christine Alvarez, poétesse espagnole, Suzanne Gouhot artiste peintre, Sylvie Vieville conteuse et comédienne... Tous venus, selon les organisateurs, de leurs pays au titre d’artistes indépendants.«Le conte, c’est l’inverse de tout ce qu’on essaye de nous faire croire.»Les impressions recueillies auprès des artistes étrangers à leur arrivée traduisent cette volonté de connaître la culture locale et d’enrichir le festival. Sylvie Vieville, conteuse et comédienne ayant à son actif vingt-cinq ans de spectacles et qui a déjà participé au Festival du conte d’Oran, a dit toute son admiration de se retrouver dans ce petit coin d’Algérie, la Kabylie : «Honorer la vie, c’est prétentieux, mais on ne doit pas oublier qu’on est vivant, d’où la nécessité de parler de la vie et de la chance qu’on a d’être sur terre. Le conte, c’est l’inverse de tout ce qu’on essaye de nous faire croire.»

    Raconter des histoires du patrimoine algérien

    Encore une conteuse étrangère, Véronique Lagny Delatour, venue spécialement de France pour raconter des histoires du patrimoine algérien. Cette artiste, ex-grand reporter qui a déjà participé au Salon du livre à Riad El-Feth où elle a raconté des histoires qui ont plu, et qui a créé une édition dont la première était consacrée au patrimoine oral, est venue raconter des histoires du patrimoine oral algérien. Pour cette artiste à la verve non entamée qui s’insurge contre le gâchis du patrimoine oral, rien ne vaut le discuter vrai. S. Gouhot, artiste peintre, a eu quant à elle le temps d’exposer la première partie de la série poésies d’Afrique constituée de 60 toiles imprégnées des poètes originaires d’Afrique. Ce projet, explique-t-elle, a germé au festival Racont’Arts 2006 après la rencontre d’un jeune poète, Noufel Bouzeboudja, qui présentait une première publication «pensées pensantes ». Cette œuvre l’avait immédiatement plongée dans un champ de significations très riche et ouvert qui autorise une liberté picturale.

    Les contes du terroir algérien

    Les conteuses algériennes étaient également présentes. Mme Lafi A. du cercle Rêv’Arts d’Alger, reprend des contes du terroir pour créer des contes pour enfants selon la thématique choisie. Ceci dans la perspective de faire rêver les adultes et les enfants. La conteuse poétesse Djazia Aït-Kaki qui a déclamé des poèmes avec Hamid Aouameur, directeur du théâtre Jean Sénac à Marseille lors de l’ouverture du festival, a présenté des chants et des contes. Remarquable fut aussi l’interprétation d’une pièce théâtrale pour enfants présentée par des comédiens en herbe de l’association Numidia d’Oran qui ont enchanté les présents, tout comme la chorale de Ath-El qassem (Boghni).

    Procession nocturne avec 1200 bougies

    La troupe Diwan de Blida dont le directeur artistique Bahaz Mohamed, ravi de l’hospitalité des Bouzeguénois, se réjouit pour sa part de l’audience en Kabylie de la musique Gnawi. Son spectacle de rue a été suivi par 1 200 personnes brandissant des bougies allumées. Deniz, complice de Metref dans ce festival, estime quant à lui que ce fut un honneur pour lui d’avoir travaillé dans ce village qui a fait preuve d’un grand esprit de partage en facilitant la tâche aux organisateurs auxquels ils ont apporté aide et assistance.
    Faire des choses extraordinaires avec des idées simples

    En prise à une grande émotion à la clôture du festival, le président trouve merveilleux les gens et le village avec ses maisons anciennes symboles de repères. Ceci même si les organisateurs et les présents sont restés sur leur faim après le départ des étrangers. Interrogé sur le bilan de cette 6e édition, le président du festival soutient que ce projet est en constante évolution et que sa réussite est le résultat de l’implication de tous les villages. Faire des choses extraordinaires avec des idées simples est la particularité de ce festival pluridisciplinaire conclut-il.

    Par S. Hammoum, Le Soir
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