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Omar l’imposteur
La presse française n’avait pas assez de mots pour décrire ce jeune Sénégalais qui a fui son Dakar natal pour rejoindre clandestinement l’Eldorado européen.
Pour les journalistes, Omar Ba, c’était « l’Africain qui lutte contre l’immigration », « l’empêcheur d’émigrer en rond », ou mieux « la voix des sans voix »… Télés, radios, journaux, magazines, blogs, Omar a écumé les médias pour raconter son odyssée : celle d’un harrag sénégalais qui a bravé le désert, l’océan, la mer pour enfin atterrir en France. Mais voilà, une fois sur place, Omar a déchanté. La France, ce n’est pas le paradis. La France, c’est plutôt la clandestinité, la précarité, la misère, la rue... Bref, l’enfer. Cette odyssée poignante, Omar l’a longuement narrée dans un livre sorti en 2008 et intitulé : « Je suis venu, j’ai vu, je ne crois plus. » Auparavant, le jeune homme de 29 ans avait déjà commis un autre ouvrage au titre percutant : Soif d’Europe. Le témoignage d’un clandestin. Omar Ba, c’est un peu Ibn Batouta des temps modernes. Le Sénégalais raconte qu’entre 2000 et 2002, il a tenté tous les moyens et exploré toutes les voies, même les plus illégales, pour tenter de rejoindre l’Europe. Il quitte son patelin à bord d’une pirogue pour accoster en Mauritanie, ensuite aux îles Canaries. De là, il débarque à Ceuta et Melilla, au Maroc. Plus tard, ses pérégrinations l’amèneront en Espagne puis enfin à Paris. Il s’y installe quelques mois, mais se fait expulser vers la Mauritanie. Tenace, le brave homme retente sa chance, cette fois en traversant le désert vers la Libye qu’il quittera clandestinement pour l’île de Lampedusa, au large de l’Italie. En 2003, il parvient finalement à gagner la France. Cinq ans plus tard, il couche ses aventures sur papier pour délivrer un message à tous les harraga d’Afrique : « Ne venez plus ! L’Europe est traîtresse. » Tout cela est émouvant, poignant sauf que le récit est pure invention. Omar a tout inventé. Il n’a jamais été en Mauritanie, ni au Maroc, encore moins en Libye ou à Lampedusa. Il n’a pas bravé la mer, l’océan, le désert comme il n’a pas non plus couché dans les rues de Paris dans le froid et la neige. La vérité est qu’entre 2001 et 2003, Omar était étudiant à l’université de Saint Louis, au Sénégal. Il est arrivé en France en 2003 avec un visa étudiant. Pendant deux ans, il suivra des cours de sociologie à Saint-Étienne avant de s’inscrire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris. C’est un journaliste du quotidien Le Monde qui a démasqué le conteur imposteur.
La presse française n’avait pas assez de mots pour décrire ce jeune Sénégalais qui a fui son Dakar natal pour rejoindre clandestinement l’Eldorado européen.
Pour les journalistes, Omar Ba, c’était « l’Africain qui lutte contre l’immigration », « l’empêcheur d’émigrer en rond », ou mieux « la voix des sans voix »… Télés, radios, journaux, magazines, blogs, Omar a écumé les médias pour raconter son odyssée : celle d’un harrag sénégalais qui a bravé le désert, l’océan, la mer pour enfin atterrir en France. Mais voilà, une fois sur place, Omar a déchanté. La France, ce n’est pas le paradis. La France, c’est plutôt la clandestinité, la précarité, la misère, la rue... Bref, l’enfer. Cette odyssée poignante, Omar l’a longuement narrée dans un livre sorti en 2008 et intitulé : « Je suis venu, j’ai vu, je ne crois plus. » Auparavant, le jeune homme de 29 ans avait déjà commis un autre ouvrage au titre percutant : Soif d’Europe. Le témoignage d’un clandestin. Omar Ba, c’est un peu Ibn Batouta des temps modernes. Le Sénégalais raconte qu’entre 2000 et 2002, il a tenté tous les moyens et exploré toutes les voies, même les plus illégales, pour tenter de rejoindre l’Europe. Il quitte son patelin à bord d’une pirogue pour accoster en Mauritanie, ensuite aux îles Canaries. De là, il débarque à Ceuta et Melilla, au Maroc. Plus tard, ses pérégrinations l’amèneront en Espagne puis enfin à Paris. Il s’y installe quelques mois, mais se fait expulser vers la Mauritanie. Tenace, le brave homme retente sa chance, cette fois en traversant le désert vers la Libye qu’il quittera clandestinement pour l’île de Lampedusa, au large de l’Italie. En 2003, il parvient finalement à gagner la France. Cinq ans plus tard, il couche ses aventures sur papier pour délivrer un message à tous les harraga d’Afrique : « Ne venez plus ! L’Europe est traîtresse. » Tout cela est émouvant, poignant sauf que le récit est pure invention. Omar a tout inventé. Il n’a jamais été en Mauritanie, ni au Maroc, encore moins en Libye ou à Lampedusa. Il n’a pas bravé la mer, l’océan, le désert comme il n’a pas non plus couché dans les rues de Paris dans le froid et la neige. La vérité est qu’entre 2001 et 2003, Omar était étudiant à l’université de Saint Louis, au Sénégal. Il est arrivé en France en 2003 avec un visa étudiant. Pendant deux ans, il suivra des cours de sociologie à Saint-Étienne avant de s’inscrire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris. C’est un journaliste du quotidien Le Monde qui a démasqué le conteur imposteur.