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L’Asie, berceau de l’ancêtre commun aux singes et aux hommes?

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  • L’Asie, berceau de l’ancêtre commun aux singes et aux hommes?

    La découverte d’une mandibule de 37 millions d’années relance le débat sur l’origine de l’ancêtre des primates anthropoïdes.

    Si les ‘arrières grands-parents’ de l’homme moderne sont originaires d’Afrique, il n’en est peut-être pas de même pour ses ‘arrières arrières grands-parents’, autrement dit l’ancêtre commun entre la lignée humaine et les singes. La découverte d’une mandibule vieille de 37 millions d’années en Birmanie relance le débat sur les origines asiatiques des primates anthropoïdes.

    Les origines de l’Homo sapiens se fondent en effet avec celles des singes anthropoïdes, groupe qui rassemble aujourd’hui les chimpanzés, gorilles et macaques d’Afrique, les orangs-outans et gibbons d’Asie, ainsi que les singes à queue d’Amérique du sud. (1)

    La découverte d’un gisement exceptionnel de singes anthropoïdes vieux de 30 millions d’années en Egypte, dans le désert du Fayoum, près du Caire, a suggéré dès le début du XXème siècle que l’ancêtre de ces primates était africain. Hypothèse remise en cause de plus en plus sérieusement depuis les années 90 par la mise au jour de spécimens anthropoïdes âgés de 35 à 40 millions d’années en Birmanie, en Thaïlande et en Chine. Et si ces primates étaient plutôt originaires d’Asie?

    La mâchoire inférieure d’un spécimen baptisé Ganlea megacanina, découverte près de Bagan, en Birmanie, fait pencher la balance de ce côté, selon l’équipe de Jean-Jacques Jaeger, de l’Université de Poitiers et ses collègues de l’Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, qui ont participé aux fouilles aux côtés du paléontologue américain Christopher Beard (Carnegie Museum of Natural History, Pittsburgh). Ils publient un article dans les Proceedings of the Royal Society B (datés juillet 2009).

    Le fossile doit son nom à l’imposante canine qui permettait à ce primate de casser des fruits à coque pour se nourrir de leurs graines, expliquent les chercheurs français du CNRS. Ce mode atypique d’alimentation se retrouve aujourd’hui chez les singes sakis d’Amérique du sud et contribue à classer ce spécimen dans la famille des premiers singes anthropoïdes, selon Laurent Marivaux et Jean-Jacques Jaeger.

    Ganlea megacanina ferait partie de la famille des Amphipithecidés, des singes anthropoïdes asiatiques qui possédaient des caractéristiques plus avancées que leurs contemporains africains. Il s’agit d’un groupe aujourd’hui éteint qui a sans doute joué un rôle important dans l’évolution des primates anthropoïdes -même si d’autres fossiles, plus complets, seront nécessaires pour confirmer l’origine asiatique de l’ancêtre.

    Par Sciences et Avenir

  • #2
    Une dent relance le débat sur les origines de l'homme

    Qu'on exhume, dans une forêt d'Asie, les restes fossilisés d'un mammifère et c'est toute l'histoire de nos ancêtres qu'il faut envisager de repenser. Ainsi de ce fragment de mâchoire d'un petit primate - baptisé Ganlea megacanina - vieux de quelque 37 millions d'années et découvert en novembre 2008 dans le centre de la Birmanie. Selon ses "inventeurs", qui en publient la description et l'analyse dans la dernière édition de la revue Proceedings of the Royal Academy, ce nouveau fossile appuie l'hypothèse d'une origine asiatique de l'un des deux principaux rameaux de l'ordre des primates. Celui qui évoluera bien plus tard vers Homo sapiens.


    Pour le béotien, la preuve peut sembler ténue : elle ne tient qu'à la forme d'une canine. Mais, pour les auteurs de la découverte, c'est un indice qui ne trompe pas. Il montre que Ganlea megacanina, qui devait avoir l'aspect d'un petit singe arboricole d'environ trois kilos, "disposait d'une dentition adaptée pour percer la coque, dure, de certains fruits tropicaux afin d'en consommer le coeur", explique Jean-Jacques Jaeger (université de Poitiers), coauteur de la découverte. Or le développement de ces grandes canines est l'une des plus anciennes caractéristiques acquises par ceux des primates qui évolueront vers le genre Homo.

    Il faut savoir que l'ordre des primates se divise schématiquement en deux grandes catégories : les strepsirrhiniens et les anthropoïdés. Les principaux représentants du premier embranchement sont les lémuriens actuels qui, parmi les primates, présentent les traits les plus archaïques. Quant aux anthropoïdés, ils regroupent notamment les singes, les hominoïdes (gorilles, orangs-outangs, chimpanzés) et les hommes. Or les lémuriens actuels ne disposent pas de ces grandes canines ; celles-ci sont l'apanage des anthropoïdés.

    Découvrir en Asie un primate pourvu de cette dentition au cours de l'Eocène supérieur (il y a 37 millions à 33 millions d'années) suggère, du coup, l'origine asiatique des anthropoïdés. "Voilà encore une douzaine d'années, il était impensable pour la majorité des paléontologues que cette origine puisse se trouver ailleurs qu'en Afrique", dit Jean-Jacques Jaeger. Les découvertes d'anthropoïdés au Fayoum, en Egypte, réalisées par le paléontologue américain Elwyn Simons, semblaient enraciner les anthropoïdés en Afrique. Avec, là aussi, des fossiles très anciens, remontant à 36 millions à 37 millions d'années. Mais, depuis une douzaine d'années, de nombreux spécimens d'Amphipithecidæ - membres de la même famille que Ganlea megacanina - ont été découverts en Birmanie, en Thaïlande et au Pakistan.

    Inclure les Amphipithecidæ dans les anthropoïdés pose donc question : les singes et les hommes viennent-ils d'Afrique ou d'Asie ? Les canines de megacanina ne tranchent pas la question. Le paléontologue Marc Godinot (Muséum national d'histoire naturelle) dit ainsi accueillir ces travaux et leurs conclusions avec "beaucoup de scepticisme". Selon certains chercheurs, les spécimens retrouvés en Asie pourraient en effet n'être que les représentants d'une famille éteinte dont les traits auraient été similaires à ceux développés en Afrique par les anthropoïdés. Tandis que ceux-ci se seraient développés sur le continent africain, d'autres primates, confrontés en Asie à un environnement similaire, auraient acquis des caractéristiques morphologiques identiques, avant de s'éteindre sans descendance, selon un phénomène de "convergence" de deux processus évolutifs.

    "Il faut se méfier des conclusions tirées de l'analyse des caractères dentaires, prévient Marc Godinot. En effet, les lémuriens actuels ne disposent pas de grandes canines, mais certains adapiformes (primates n'appartenant pas aux anthropoïdés) ont, malgré tout, des dents un peu comparables, quand bien même elles ne sont pas aussi importantes..."

    Tout, dans cette affaire, ne se résume pas à une simple canine. Sur l'ensemble des spécimens apparentés à Ganlea megacanina, d'autres caractères comme l'astragale ou les incisives spatulées semblent les rattacher aux anthropoïdés. "On peut avoir de la convergence sur un trait adaptatif, mais avoir de la convergence sur plusieurs caractéristiques devient très improbable", explique M. Jaeger. Mais, pour M. Godinot, aucun des traits décrits chez Ganlea megacanina et ses cousins asiatiques ne suffit à les placer de manière certaine d'un côté ou de l'autre de l'embranchement : du côté des singes et des hommes, ou du côté des lémuriens...

    La même question s'est récemment posée avec la médiatisation d'"Ida", un fossile de primate découvert en Allemagne et vieux de plus de 45 millions d'années, qui s'est avéré ne pas appartenir aux anthropoïdés, mais à une lignée de primates européens éteinte il y a environ 30 millions d'années. Comment éteindre le débat ? En découvrant d'autres fossiles. "C'est sur les caractères de l'oreille moyenne et ceux de la fermeture post-orbitaire que sont reconnus sans ambiguïté les anthropoïdés", assure Marc Godinot.

    Derrière ces discussions sur l'origine géographique des hommes et des singes apparaît, en filigrane, le débat sur le rôle de l'Asie dans l'ensemble des mécanismes évolutifs qui ont mené au genre Homo. Le consensus qui prévaut aujourd'hui est que son évolution tardive s'est faite en Afrique. Mais de nombreuses questions demeurent ouvertes sur les époques les plus hautes. "L'origine des ancêtres de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis, vieux de quelque 7 millions d'années et découvert au Tchad en 2001) est aujourd'hui inconnue, dit ainsi Jean-Jacques Jaeger. On ne lui trouve pas d'ancêtres en Afrique. Et il n'est pas exclu que ceux-ci puissent avoir été originaires d'Asie."

    Par Le Monde

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