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Esthétique des mosquées et vieilles pierres à Constantine

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  • Esthétique des mosquées et vieilles pierres à Constantine

    En Algérie, par une sorte d’autocensure, imposée uniquement par le caractère violent de notre relation avec la religion, il est rare que l’on s’aventure dans la critique des lieux du culte. Sacralisés à l’excès malgré leur hideuse esthétique, ils essaiment à travers nos villes et villages par la seule pression de groupuscules de faux dévots organisés en associations caritatives.

    C’est d’ailleurs ainsi que s’édifie, dans l’anarchie urbaine, une mosquée chaque jour et qu’au pied des immeubles de nos cités, le moindre espace vert est récupéré grâce à la complicité de la puissance publique. Indifférenciés par leur architecture, ces temples destinés au divin demeurent pour la plupart à l’état de carcasses au moment où ils ouvrent leurs portes aux prières des croyants. Or, il ne s’agit pas de voir dans cette absence de somptuosité esthétique un signe d’humilité dans la foi.

    Bien au contraire, une telle indigence de la beauté signifierait plutôt que l’intérêt primordial dans chaque lieu de culte demeure l’embrigadement par la religiosité. Loin et même en totale contradiction avec l’Islam tranquille de nos aïeux, les récentes mosquées finissent toujours par devenir des officines pour imprécateurs à l’opposé de la prédication pédagogique du passé.

    C’est justement à partir de ce constat amer qu’il nous a semblé utile de revisiter les vieilles pierres religieuses de Constantine afin de mettre en exergue ce que nous avons le plus perdu dans le domaine du sacré. Celui du sens du beau indiscutablement attaché à la définition de tout ce qui est divin spirituellement. Retour donc sur les lieux d’une certaine foi paisible…

    S’il l’on admet que la ferveur religieuse se mesure, entre autres, au nombre de minarets érigés, alors Constantine occuperait une place privilégiée. Qualifiée dans les chroniques d’il y a deux siècles de «ville aux cent mosquées», son nom est depuis resté associé à un certain rigorisme religieux. Souvent abusivement. Même si l’on fait abstraction de l’état actuel de la pratique religieuse, identique un peu partout avec ses hérésies et ses tartufferies, il reste que par le passé, Constantine avait connu un épanouissement très grand de la diffusion de la religion.

    Il suffit pour cela de faire le recensement de génération en génération de grands bâtisseurs de mosquées. A la gloire de Dieu ou pour leur postérité personnelle, les beys de la cité se sont, chacun à sa façon, illustrés durant leur règne en parrainant un ouvrage.

    Plusieurs de ces mosquées, aujourd’hui disparues, portaient la marque d’un goût artistique sûr, affirment les mémorialistes. Leur disparition fut essentiellement le fait de la barbarie des Français qui saccagèrent les lieux de culte avec souvent l’onction de l’Eglise. Il est vrai que la conquête coloniale ne fut pas seulement l’apanage des soudards. Placée sous le signe du «sabre et du goupillon», elle s’inscrivait dans l’esprit des croisades avec son cortège de profanations.

    Constantine et ses mosquées en subirent tous les outrages de cette intolérance. Et si une infime partie du patrimoine cultuel en a échappé, cela ne fut dû qu’à la résistance des population locales excédées. De Djamaâ-el-Kebir à la mosquée de Souq-el-Ghezal en passant par Sidi-Kettani, Sidi- Lakhdar ou Sidi-Abderrahmaneel- Qaraoui, la ville garde encore de cet âge d’or quelques édifices pour témoigner de l’art musulman dans la région. Mais ce patrimoine se trouve aujourd’hui en piteux état, subissant régulièrement des «outrances» architecturales suggérées par des gestionnaires des habous, remarquables surtout par leur ignorance crasse en la matière.

    Cependant, à côté de ces mosquées patinées ayant survécu au temps, combien d’autres ont-elles définitivement été rasées ?

    Constantine à la veille de la colonisation en comptait des dizaines. Au hasard de la lecture des archives, nous avons retrouvé les traces de leur implantation. La «carte du culte» de la cité ayant été profondément modifiée sous l’incessante pression des urbanistes européens, il ne restait qu’à imaginer…

    Constantine, deuxième ville du pays en 1830 et capitale d’une province non encore soumise, sera dès 1837, date d’occupation de la ville, érigée en place forte. Les remparts seront renforcés et pourvus d’un chemin de ronde, et toutes les constructions de La Casbah seront entièrement démolies pour faire place à une forteresse comprenant des casernes d’infanterie et d’artillerie ainsi que la prison militaire.

    Certaines demeures spacieuses telles Dar-Ben-Baba (actuellement Hammam- Bencharif) et Dar-Boubaâya, encore existantes à ce jour, seront réquisitionnées et serviront de casernement aux zouaves. Dans une région hostile où l’insurrection faisait partie du quotidien, les colonisateurs ne voulurent pas construire la ville coloniale en dehors des remparts, à l’instar de beaucoup de villes du Maghreb. Et pour des raisons évidentes, ils l’édifièrent à l’intérieur même des murs.

    Dès 1837, ils décidèrent la démolition totale de la ville, c’est-à-dire tous les quartiers de la partie haute (La Casbah et Tabia) pour la construction de la ville européenne. Seuls le palais du bey Ahmed, qui servira de résidence au général de division, et la mosquée Hassan-Bey, reconvertie en cathédrale, en échapperont. Tout le tissu urbain (maisons, résidences, administrations) disparaîtra, et zaouias et mosquées par dizaines ne seront pas épargnées également. C’est ainsi que l’on peut citer de nombreux lieux de culte qui ont disparu à jamais et dont quelques-uns font encore partie des vagues réminiscences des vieux Constantinois.

    Un peu plus d’un quart de siècle plus tard, vers les années 1860-1870, la colonie européenne, devenue plus importante et toujours cantonnée à l’intérieur des murs de la ville, se mit en quête de nouveaux espaces. Elle procédera alors à une deuxième série de démolitions, dont la plus importante sera le percement de la rue qui porte aujourd’hui le nom de Ben M’hidi : un rude coup au Vieux- Constantine. Cette voie, la plus importante de la vieille ville, partant de Bab- El-Oued pour rejoindre Bab-el- Kentra, coupant la grande mosquée (Djemâa-el-Kebir dont il a fallu refaire la façade) et traversant la ville de part en part, nécessitera la démolition du quart de la cité et la population autochtone sera encore une fois refoulée vers ce qui reste ainsi de la vieille ville.

    D’autres quartiers, d’autres maisons, d’autres rues et d’autres mosquées et zaouias disparaîtront à tout jamais. C’est ainsi que Sidi-Abdelhadi (à l’entrée de l’exrue Nationale), Sidi-el-Khezri (près de la porte d’El-Kantara) et Sidi Hidane (près d’Ech-Chatt) laisseront la place à des bâtiments européens. Ernest Mercier, un ethnologue local, poussera le cynisme jusqu’à écrire que des «hôtels à trois étoiles ont remplacé les mosquées délabrées». Ainsi, la démolition de dizaines de mosquées n’était pas «purement mercantile» mais s’inscrivait dans une stratégie d’acculturation et de déracinement de la population. D’autres mosquées situées en dehors des quartiers démolis n’ont pas échappé, elles aussi, à la destruction.

    Il en fut ainsi de Djamaâ- Rahbet Es-Souf où l’on étudiait le droit et la théologie, démolie pour être reconvertie en hôpital civil puis en couvent de religieuses chrétiennes. Sidi M’hamed El-Djeliss sera transformée en école primaire (ex-école Jules-Ferry), ainsi que Djamaâ-El-Djouza ( ex-école Condorcet) et Sidi-Chegfa (ex-école Arago). Sidi-Remah et Sidi-Saffar seront transformées en écoles de filles. Sidi-Sebaini et Sidi-Ali El Quafci subiront le même sort. Sidi-Yasmine fera place au service médico-social et zaouiet Sidi Telmçani servira de couvent aux sœurs du «bon secours».

    Près de la moitié des lieux de culte ont disparu à tout jamais en un laps de temps très court. Mais plus d’une cinquantaine ont survécu jusqu’à nos jours. Or l’état dans lequel ils se trouvent pose avec acuité la gestion du patrimoine et sa préservation.

    Par Boubakeur Hamidechi, Le Soir

    NB : cet inventaire commenté n’a pas pu être possible sans le conseil et l’érudition de M. Mohamed Bensegueni, un vieil universitaire constantinois dont la connaissance des lieux de cette ville est notoirement reconnue. Qu’il trouve ici l’expression de notre gratitude.

  • #2
    "Journaliste"

    Sacralisés à l’excès malgré leur hideuse esthétique, ils essaiment à travers nos villes et villages par la seule pression de groupuscules de faux dévots organisés en associations caritatives.
    Franchement, le type qui a écrit ce torchon est un imbécile de premier ordre !

    En quoi la sacralite d'un lieu est-elle en relation a son aspect esthétique ? Les plus belles mosquées seraient-elles plus "sacrées" que les moches ? Et embellir une mosquée la rendrait-il plus sacrée qu'elle ne l'était la veille ?

    Sinon, ce que cet imbécile omets d'observer, c'est que chez nous le souci de l'esthétique voir la conscience en matière d'urbanisme laisse a désirer, et cela n'a absolument rien a voir avec le sacre ou le profane des lieux, mais une simple question de bon ou mauvais gout et de moyens, sans oublier le savoir faire que la colonisation a détruit.

    En un mot, je dirais qu'il y'a de forte chance que la maison que cet imecile habite, que ce soit une villa ou un appartement dans un immeuble, soit aussi moche que ces mosauees qui semblent lui empoisonner l'existence, encore plus inachevee que le plus primaire des chantiers.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Je trouve qu'il est importanat de rectifier, il n'est pas un imbécile, bien au contraire. Personnellement je lui tire châpeau, il a osé parler et dénoncer ce que beaucoup d'autres gens n'oseraient. Il n'a ni profané ni porté atteinte à ce qui est sacré. Il a été objectif.
      Franchement, ce qui est beau ne nécessite pas forcément des moyens extraordianires. La preuve est qu'il existe des lieux de culte bâtis avec simplicité mais pourtant beaux à voir.
      Si on doit bâtir, on doit bien le faire sinon rien.
      Selon moi, cette négligence de l'ésthétique peut être expliquée. L'état qui doit accepter ou refuser les plans des nouvelles mosquées s'en moquent. Pourquoi? Qu'est-ce une mosquée pour l'état? C'est un lieu où on peut contenir les jeunes chômeurs dégoutés. Désormais si tu n'as pas de quoi te payer un café rends-toi à la mosquée.
      Mais ce n'est pas ça le culte à ce que je sache.
      Je deviens paranoïaque pour certains mais en réalité j'ai appris des choses dont je ne soupçonnais guère l'existence.

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      • #4
        "Si on doit bâtir, on doit bien le faire sinon rien."
        l'acte de bâtir est banal au pays il nya qu"as voir les nuées de batisses a pertes de vues , mais malheureusement et très souvent pas bien .............
        et justement cela ( le bien faire ou l'art de le faire) fait hisser l'acte de bâtir vers l'architecture , art totalement absent dans notre cadre urbain et d'ailleurs c'est le lot de tous les autres art .
        "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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