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Reportage: Dans les camps du Polisario

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  • Reportage: Dans les camps du Polisario

    Dans les camps du Polisario

    Des campements au siège de l’«ennemi», en passant par le fameux Mur, reportage inédit au Sahara.

    Sous un soleil de plomb, Abidin, 9 ans, enfile son cartable sur le dos et prend le chemin de l’école. Il est 16h. Les portes de son établissement ouvriront dans une demi-heure. Son école se trouve à une dizaine de minutes du «campement 27 février» où il vit avec ses parents dans une maisonnette de 3 chambres, en brique de terre. Comme tous les écoliers des campements du Polisario, Abidin fréquente l’école deux fois par jour. Les cours matinaux débutent à 7h30, avant que la chaleur ne devienne insupportable, et prennent fin vers 12h00. Le cours est entrecoupé d’une pause d’une demi-heure. «Comme ma maison est loin, mes amis et moi trouvons refuge sous un abri moins exposé au soleil, en attendant la reprise des cours», raconte cet enfant au teint mat et au regard vif. Le soir, les enfants quittent les bancs de l’école à 19h. Malgré leur jeune âge, les enfants sahraouis connaissent par cœur les chansons patriotiques, apprises à l’école. Ils sont prêts à les scander à tout moment. Mais il suffit d’un petit tour aux campements, où les graffitis à la gloire de la «patrie» et de la «liberté» sont légion, pour comprendre le degré d’engagement de chacun, tous âges confondus. Le système éducatif dans les campements est inspiré du modèle algérien. Le week-end commence jeudi après-midi et prend fin le vendredi soir. Seule exception, la langue étrangère des écoliers sahraouis est l’espagnol. Une langue qu’ils maîtrisent dès les premières années de l’école. A l’heure des classes, aucun enfant ne déambule dans les campements. Non seulement à cause de la canicule mais parce que l’enseignement est important dans les camps des réfugiés. D’ailleurs, à l’exception de la première génération de Sahraouis, difficile de tomber sur des illettrés. «Nous avons fait de l’éducation notre cheval de bataille», explique Khadija, institutrice. A défaut de collèges et de lycées aux campements, Abidin sera obligé, dans trois ans, de quitter le cocon familial, direction Alger. Il marchera sur les traces de ses deux sœurs aînées dont l’une sera bientôt magistrate, «après des années de dur labeur et de longues nuits sans sommeil», précise Khadija, sa mère. Celle-ci n’a pas fait de longues études. Elle a dû se contenter d’un baccalauréat pour répondre à l’appel du «devoir».

    «La révolution était à ses débuts et les campements avaient besoin d’instituteurs pour former les nouvelles générations. La mienne a rempli cette tâche», précise-t-elle.

    Salma, la quarantaine à peine entamée, est rentrée illico presto aux campements après avoir décroché sa licence en psychologie de l’université d’Alger. Cette mère de deux enfants, passionnée de cuisine marocaine, est très active dans les associations des campements. Sa cadette, une architecte diplômée des universités cubaines, n’a pas dérogé à cette règle. Les étudiants sahraouis ayant fréquenté les universités russes, algériennes, libyennes, cubaines et même syriennes savent que la destination finale n’est autre que… les campements. Ils sont architectes, magistrats, médecins, infirmiers, avocats et même archéologues... Les règlements veulent que la plupart d’entre eux travaillent sans contrepartie salariale. Car, mis à part le budget de fonctionnement alloué à chaque ministère s’élevant à 400 euros par mois, aucun fonctionnaire ne perçoit, en effet, de rémunération.

    Existence précaire

    «Seuls les ministres disposent de quelques privilèges comme la voiture de fonction avec chauffeur, sinon on est tous égaux ici. Malheureusement, certains en abusent», relate Salma. Les femmes sahraouies abordent les sujets politiques avec une grande aisance comme s’il s’agissait d’une conversation portant sur la vie normale. D’ailleurs, la politique est le pain quotidien des Sahraouis. Accroupie devant des ustensiles pour préparer le thé, Salma reconnaît de bonne grâce l’ouverture démocratique au Maroc. Elle dit avoir suivi, en versant de chaudes larmes, le récit du bagnard Ahmed Marzouki sur la chaîne Al Jazeera, la station favorite des Sahraouis, sur laquelle ils ont les yeux rivés matin et soir.

    L’élection de Mohammed Abdelaziz à l’issue de chaque congrès ne semble pas les déranger. Selon Salma, l’heure d’une démocratie en bonne et due forme n’a pas encore sonné. «Nous sommes conscients que notre système est défaillant à plusieurs niveaux. Mais notre hantise pour le moment est de retrouver notre liberté. Nous nous essayons à la politique afin que nous soyons fin prêts le jour J». Pour appuyer ses dires, elle n’hésite pas à faire des comparaisons avec un modèle qu’elle juge similaire : «Nous ne voulons pas d’élections qui mèneront à des tueries comme c’est le cas en Palestine». De son propre aveu, Salma admet l’existence d’émeutes dans les campements, «mais à caractère social», insiste-t-elle. Elle ne cesse de répéter que «le conflit ne disparaîtra pas avec Abdelaziz ou un autre président. Il y aura toujours des personnes pour porter le flambeau et continuer la lutte. Cela est dans nos veines». Solidarité oblige, sa sœur vient à sa rescousse en racontant comment les campements se sont soulevés lorsque les responsables du Front ont accepté le Plan Baker. «On a cru qu’ils avaient changé leur fusil d’épaule», affirme Salma. Les deux femmes plongent dans le passé. Salma revient sur les conditions de vie dans les camps, précaires et pénibles. «Avant, toutes les tentes du campement mangeaient, matin et soir, le même plat, constitué principalement de fèves, de lentilles ou de haricots blancs selon l’arrivage de l’aide humanitaire. C’était surtout des denrées alimentaires avec une longue date de péremption, sans saveur ni goût». Son visage bascule et ses yeux s’assombrissent en évoquant ces souvenirs. «Je me demande comment on a pu tenir le coup durant ces 30 années. On a du mal à le croire», soupire-t-elle. Elle explique que la dureté de la vie aux campements a poussé quelques Sahraouis à rendre le tablier et rallier le Maroc. Rancunière ? Salma leur trouve même des excuses, «il faut du courage et une foi inébranlable pour surmonter ce supplice et ne pas abdiquer».

    Un verre de thé bu d’une traite suffit pour chasser les mauvais souvenirs. Salma retrouve sa vivacité. «Aujourd’hui, notre quotidien s’est nettement amélioré. Nous avons un réfrigérateur, une télé et même une parabole. Nous habitons des maisons sommairement construites mais relativement plus confortables que les tentes», souligne-t-elle. Certaines maisons disposent même de douches, alimentées par des cuves à eau en zinc, entreposées par-ci par-là, dans les camps, et approvisionnées quotidiennement par des camions-citernes, des donations des multiples associations espagnoles dévouées à la cause des Sahraouis. Ces dons affluent des quatre coins du globe. En témoignent les centaines de conteneurs disséminés en tous lieux, surtout à Rabouni, le quartier général et administratif du Front.

  • #2
    Une aide salutaire
    A l’entrée de Rabouni se dresse un point de contrôle, tout comme à chaque campement. Les deux personnes montant la garde ne sont pas armées. La plupart d’entre eux sont des jeunes vêtus d’un treillis militaire. A la vue des voitures officielles, ils improvisent un salut militaire avant de céder le passage. Les administrations sont quasi désertes. Leur façade ne porte aucun nom. Ce sont des bâtiments en murs décrépis et en toiture en tôle d’où se dressent un drapeau et des antennes de liaison. Même si les édifices ressemblent davantage à des ruines qu’à des administrations, le Polisario tente, tant bien que mal, de gérer ses affaires comme un «Etat». Ce sont ces administrations-là qui ont réussi à braquer les projecteurs du monde entier sur la cause des Sahraouis. Sur place, l’image des étrangers faisant leurs emplettes dans les petites échoppes de Rabouni ou négociant le prix d’un objet artisanal avec un vendeur sahraoui montre à quel point le Polisario a réussi à courtiser la société civile occidentale. Laquelle n’hésite pas à se rendre à son chevet pour exprimer sa solidarité. Les conteneurs des aides humanitaires éparpillés un peu partout dans les campements, les bus aux plaques d’immatriculation étrangère sillonnant les pistes cabossées pour assurer les liaisons entre les campements, et le bal des ONG qui dispensent argent et conseils sont là pour le rappeler. Certains épris de la cause ont même élu domicile aux campements. C’est le cas de Miriam, une jeune espagnole de 24 ans. Elle supervise un projet financé par sa région, portant sur l’environnement et la gestion des déchets. Cela fait deux ans qu’elle est en immersion dans la société sahraouie. «J’adore mon travail et les gens sont très chaleureux ici», affirme-t-elle en hassani. Sa compatriote Blanca, 25 ans, chapeaute un projet agricole. Sa mère et sa petite sœur, des Madrilènes, lui rendent souvent visite. Dans leurs valises, elles ramènent toujours des présents pour les enfants des campements. Eux aussi repartent avec des cadeaux de la région.
    L’aspect sanitaire et écologique bénéficie lui aussi du soutien des organisations internationales. Presque tous les campements disposent d’un hôpital ou, à défaut, d’un dispensaire. «Avant, les patients étaient envoyés à Alger. Cela nous coûtait cher. Aujourd’hui, nous avons le matériel nécessaire et des convois médicaux, toutes spécialités confondues, viennent dispenser des soins à la population», indique Mohamed Fadel, responsable de l’hôpital national, un natif de Laâyoune qui rêve de revoir sa ville natale. Des autonomies espagnoles et allemandes continuent à s’investir financièrement dans le domaine sanitaire. D’ailleurs, la plupart de ces établissements portent le nom de leurs donateurs en guise de reconnaissance. A l’hôpital du «campement 27 février», quelques patients déambulent dans le seul couloir de ce petit établissement sanitaire, certes un poil délabré mais propre. Le chef, Mohamed Yahdi Semlali a 48 ans. Ex-infirmier, il a gravi les échelons avant de prendre les commandes de cet établissement en 2002. «Avant, on réchauffait les seringues qu’on utilisait pour soigner plusieurs patients. Aujourd’hui, nous avons des seringues jetables. Les choses se sont beaucoup améliorées», explique-t-il avec un brin de fierté. Soudainement, ses yeux deviennent humides à l’évocation de la première fois qu’il a revu ses parents après 30 ans de séparation, grâce au programme des visites familiales entre le Maroc et le Front, sous l’auspice de la Minurso. «Une rencontre forte en émotions», décrit-il.

    Dans une petite pièce au fond d’un couloir sombre et mal éclairé, des patientes bavardent, à haute voix. Mohamed s’enquiert de leur état. L’une d’elles parle le dialecte hassani avec un fort accent marocain. Il y a deux ans, cette femme a rejoint, en compagnie de son frère, les campements en fuyant le Maroc. «C’est ici que se trouvent toute ma famille et mes proches», se justifie-t-elle. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de rejoindre les camps ? Perplexe, elle esquive la réponse. Elle préfère plutôt s’attarder sur les plats marocains qu’elle perfectionne. Les autres pièces sont rudimentaires. Une femme qui vient de mettre au monde un enfant est allongée sur un matelas à même le sol, dans une salle où un écriteau en espagnol indique Parto (qui signifie accouchement en espagnol). Le lit de son bébé est à sa droite. Malgré l’obscurité de la pièce, la nouvelle maman affiche un large sourire : c’est son premier bébé.

    Dehors, le soleil est à son zénith. A cette heure-ci, il n’y a pas âme qui vive dans les campements, hormis quelques véhicules 4x4 qui défient la canicule sur les pistes cabossées et des chèvres pâturant en toute sérénité, faisant fi de la chaleur. D’ailleurs, cette espèce constitue la seule faune de la région. Excepté ces quelques signes de vie durant la journée, la vie tourne au ralenti dans les campements : Le mercure affiche des températures caniculaires atteignant 55 degrés et la torpeur gagne les corps et les esprits. L’été, les réfugiés désertent les camps pour une destination plus clémente comme Tifariti où le thermomètre baisse d’une poignée de degrés. Mais la vie continue avec quelques réajustements. En parfaits bédouins, les Sahraouis ont réussi à s’acclimater : «Les administrations ouvrent leurs portes aux aurores, vers 6h du matin et ferment à 10h du matin, une tranche horaire supportable», note Ghalli, un jeune père de famille travaillant pour une ONG basée à Rebouni. Le reste de la journée, les gens se réfugient chez eux où ils ont aménagé des pièces avec plusieurs ouvertures pour créer des courants d’air. Les mieux lotis lèvent le voile pour Tindouf, ville militaire algérienne, située à 25 kilomètres de Rebouni, chez un parent ou quelque cousin lointain. Là-bas, les constructions sont en béton et la vie y est moins rude, avec de l’eau courante à domicile et des ventilateurs. Une oasis pour les réfugiés des campements. Tindouf est aussi un centre commercial où se ravitaillent les quelques petites échoppes qui commencent à fleurir dans les campements.

    Les espions de Sa Majesté
    Une fois aux camps, on comprend mieux pourquoi le Maroc et le Polisario déploient d’énormes efforts pour étancher la soif de la machine de propagande. Les «piques» véhiculées par la radio du Front ne sont destinées à personne d’autre que «l’ennemi». Car sur le terrain, ce style pompeux et creux des médias du mouvement révolutionnaire cède la place à un discours réaliste de la part de la population. Les deux parties savent que l’une comme l’autre s’épient, en guettant la moindre bourde de l’adversaire pour lui infliger l’estocade. Dans cette guerre, les deux chaînes de Laâyoune et de la RASD se livrent quotidiennement à des guerres médiatiques sans merci. Dans les campements, la plupart des Sahraouis sont scotchés à la télévision de Laâyoune. «C’est dans l’espoir de voir nos proches et avoir des nouvelles d’eux», assure cette mère dont une bonne partie de la famille est à Laâyoune. «Les Marocains nous imitent», affirme le wali du camp de Dakhla. «Nous étions les premiers à organiser un festival de cinéma, et pour nous contrecarrer ils ont calqué le concept. C’est toujours la même histoire. Nous organisons notre congrès, ils répliquent avec la célébration de l’anniversaire du CORCAS le même jour…». D’après ce responsable, ces «coïncidences» de timing ne sont pas le fruit du hasard. «Parfois, des manifestations se déclenchent ici et juste après et avant même que la manifestation ne prenne fin, la radio marocaine annonce déjà un soulèvement dans les campements». Des espions, le wali est conscient de leur existence, «comme nous en avons aussi», assure-t-il.

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    • #3
      (suite et fin)

      Une population de plus en plus jeune
      Le soir, les campements retrouvent un soupçon de vie. A Smara, un camp situé à une heure de route de Rebouni, des gamins courent dans tous les sens. La fournaise a cédé la place à un vent frais. Le refrain d’un tube résonnant d’une voiture à la vitre baissée, conduite par un jeune, déchire le silence des lieux. Sur une colline, des jeunes forment des petits cercles. Les garçons sont vêtus à l’occidentale de blue jeans et de grosses ceintures, des chemises moulantes, de tee-shirts ou de jerseys. Les jeunes filles, quant à elles, portent des tenues traditionnelles aux couleurs flashy. Les deux sexes ne se mélangent pas mais se scrutent mutuellement. «Je préfère les demoiselles de Laâyoune et de Dakhla. Elles sont élégantes et ouvertes d’esprit, contrairement à celles des campements, inabordables et hautaines», lance, amer, Mohamed, un jeune homme de 24 ans, étudiant en Lybie. Il a découvert le charme des Sahraouies grâce à des visites effectuées fréquemment à Laâyoune et Dakhla, en tant que «touriste». Comme la majorité des Sahraouis, une partie de sa famille est de l’autre côté du Mur. Muni de son passeport mauritanien, il accède au Maroc, rend visite à sa famille mais assure ne jamais partir au-delà de Laâyoune. Mohamed n’est pas une exception. Ils sont nombreux à effectuer ce déplacement clandestin. «C’est très beaux, là-bas, particulièrement la plage, laquelle est à des encablures de la ville», décrit-il, émerveillé. Pourquoi ne pas y vivre ? «Hors de question. Jamais avant que le conflit ne soit résolu», tranche-t-il sur un ton ferme. La conversation s’anime. «Nous porterons les armes s’il le faut. Mais nous n’accepterons pas la soumission», lance son ami, un étudiant à Cuba, occupé à suivre du regard les jeunes filles avant de participer à la discussion. Abandonner les campements est considéré comme un déshonneur pour ce jeunes. Dans les camps de réfugiés, la majorité de la population a moins de 25 ans. En l’absence de tout moyen de distraction, restent quelques cybers où l’on peut chatter avec des étrangers. Mais à l’exception de Rebouni et le «campement 27», les autres baraquements souffrent de l’absence de couverture téléphonique en raison de leur éloignement de Tindouf.

      De temps en temps, des manifestations culturelles se tiennent sous la houlette du Front, avec la participation de quelques stars internationales qui viennent égayer les soirées mortifères des Sahraouis, avant de plier bagages, laissant derrière eux des souvenirs immortalisés sous forme de clichés. Ces derniers alimenteront par la suite les sites du Polisario.

      Si la jeunesse de la population est un élément démographique très apprécié sous d’autres cieux, aux campements les jeunes commencent à devenir une source de tension. «Des infractions mineures surgissent au sein de la société sahraouie car la population est de plus en plus jeune et surtout désœuvrée», révèle Salak, un jeune magistrat exerçant au tribunal du camp de Dakhla. Les affaires traitées par ce jeune juge diplômé de l’Institut algérien de magistrature se résument à des délits de vol et des litiges commerciaux. «Nous sommes, par essence, une société très conservatrice et respectueuse. Nous réglons nos différends entre nous, sans recourir aux tribunaux. Notre juge suprême est la personne la plus âgée de la famille», étaie t-il.

      Au sein de cette société, il est vain de chercher des cas de violence conjugale, d’abandon familial ou de maltraitance à l’égard des femmes. «Nous devons tout à nos femmes. Elles ont réussi à solidariser la famille, à éduquer nos enfants dans le strict respect de nos coutumes et à entretenir l’espoir pour continuer la lutte», souligne El Ghalli. L’homme qui ose manquer de respect à sa compagne est banni du clan. La gestion de la vie quotidienne est une affaire de femmes. Plusieurs projets financés par l’aide internationale sont confiés à la gent féminine. «Les associations étrangères misent tout sur les femmes sahraouies car elles savent que c’est un pari gagnant», indique Mahjouba, laquelle gère une auto-école, un projet financé par une ONG italienne. Elles ont investi avec brio le champ social et tentent de conquérir l’arène politique.

      Viva la presidente
      Les femmes sahraouies ont leur place dans les instances dirigeantes du Front. La plus en vue est Khadija Hamdi, ministre de la Culture et «première dame» depuis 30 ans. Elle est la femme de Mohamed Abdelaziz. Le verbe et le regard fermes, Khadija Hamdi n’esquisse aucun sourire en parlant. De la rigidité mêlée de spleen émane de son visage. «Nous avons toujours sollicité la présence de femmes marocaines lors des forums à l’échelle internationale mais elles se rétractent toujours à la dernière minute, sans doute par peur d’être malmenées par le régime marocain». Le ton est donné. Avant d’occuper ce poste, Khadija Hamdi était à la tête de l’Union nationale des femmes sahraouies. Son portefeuille ministériel, elle l’a décroché à travers son entrée en fanfare au secrétariat national, sorte de bureau politique et la plus haute instance de la RASD. Cet organisme est élu tous les quatre ans par les 2 000 délégués du congrès, eux-mêmes élus par la population des campements.

      L’instance compte 33 membres dont trois sont des «élus des territoires occupés». Toutefois, leur identité reste occultée pour des raisons de sécurité. La compagne de lutte et la mère des trois enfants de Mohamed Abdelaziz enchaîne les visites aux pays amis du mouvement révolutionnaire et multiplie les sorties médiatiques. La dernière en date avait pour cible la France que Khadija Hamdi a vivement critiquée pour son «alignement sur les positions du Maroc». Mais les attaques à l’égard de la première dame sahraouie ne manquent pas. On lui reproche de se servir de ses liens conjugaux pour occuper des postes de responsabilités. «Cela fait 30 ans qu’elle cumule les casquettes», martèle cette jeune femme. Pour faire taire les langues et prouver son «indépendance», elle n’hésite pas à marquer ses distances avec sa moitié. «Nous n’abandonnerons jamais la lutte même si Mohamed Abdelaziz décide de rejoindre le Maroc. Nous continuerons sans lui», assure-t-elle. Si la majorité des officiels du Front utilisent un langage subtil pour aborder les relations entre le Maroc et le Polisario, Khadija Hamdi n’y va pas de main-morte. «Nous ne voulons pas faire partie du patchwork culturel et social que le Maroc cherche à façonner avec notre présence. Nous refusons de compléter ce beau tableau», renchérit-elle. La femme du président ne mâche pas ses mots : «Le Maroc n’a-t-il pas peur de la guerre ? L’Etat marocain ne craint-il pas la reprise des hostilités armées ? Vous, les
      Marocains, n’êtes-vous pas inquiets par ce conflit?». Ses interrogations pullulent. Seulement, aux campements comme au Maroc, personne n’est dans le secret des dieux, même si les -très pieux- bédouins ne désespèrent pas. «Hassan II a reconnu l’Etat mauritanien à la dixième année de son règne. Nous espérons que l’Histoire se répétera avec Mohammed VI», confie Mahfoud Ali Baiba, le négociateur en chef et président du Parlement. Rêveur ? Aux campements, tous les signes qu’envoie la providence, même en filigrane, sont bons pour maintenir l’espoir, ranimer les troupes et nourrir la fibre patriotique. Cela dure depuis 34 ans déjà.

      Amal Lahbabi Baba Ali
      Lundi 13 Juillet 2009

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      • #4
        Car, mis à part le budget de fonctionnement alloué à chaque ministère s’élevant à 400 euros par mois, aucun fonctionnaire ne perçoit, en effet, de rémunération.
        Je savais que le polisario crevait la dalle mais pas à ce point là!!!!!!!

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        • #5
          Article connexe:

          Tifariti, l’Eldorado du Front

          Derrière ses apparences sereines et ses paysages à couper le souffle, Tifariti est une caserne à ciel ouvert, une vraie poudrière prête à exploser à tout moment.


          Zone tampon pour le Maroc, territoire libéré pour le Polisario, les appellations désignant cette zone militaire ne manquent pas. A première vue, Tifariti est une localité paisible située à 383 kilomètres de Rabouni. Difficile d’imaginer qu’elle a été le théâtre de guerres sans merci. Pourtant, quelques «vestiges» rappellent ces faits d’armes, comme ces baraques en ruines, détruites par l’aviation marocaine et qui trônent encore au centre de la localité. Pour atteindre Tifariti, il faut prendre la direction du sud. Le trajet est long, périlleux et le désert s’étend à perte de vue. Pour affirmer sa souveraineté sur ce territoire, le Polisario plante un drapeau avec les acronymes de la RASD (République arabe sahraouie socialiste et démocratique) gravés sur une colline. En face, un tank que le Polisario prétend avoir pris à l’armée marocaine est exhibé comme un trophée. Sinon, Tifariti reste un territoire quasi fantomatique.

          Certes, il a retrouvé un semblant de vie le jour où les dirigeants du Polisario ont décidé de tenir leur congrès annuel à Tifariti, à partir de 2004. Le Mur, cette fortification longue de 2500 km, construite par le Maroc pour se protéger des attaques de la guérilla sahraouie, est accessible après un trajet de deux heures au cœur d’un paysage lunaire. Le 4x4 est le seul véhicule capable de dompter une route hostile. Avant d’atteindre le Mur, un premier poste de surveillance émerge au pied d’une montagne rocailleuse. Il est composé de petites pièces : l’une sert de dortoir et la deuxième de cuisine. Une bouteille d’un litre et demi d’eau minérale marocaine attire l’attention. D’autres bouteilles sont posées à même le sol à l’intérieur de cette cuisine de fortune. «La patrouille de la Minurso nous offre ces bouteilles lors de son passage», explique, un peu perplexe, le soldat responsable.

          Far far West
          Au fur et à mesure que le 4x4 avale les kilomètres, le Mur devient visible à l’œil nu, comme une ligne qui se dessine au gré des montagnes et des vallées. Nous sommes à 2,5 kilomètres de «Rabt», nom donné par les Sahraouis à la muraille. Les soldats sahraouis connaissent par cœur les habitudes des militaires marocains. Selon eux, à chaque déplacement du roi, l’armée chérifienne annonce l’état d’urgence au Mur. La présence des militaires sahraouis a éveillé la sentinelle marocaine. A travers les jumelles, on les voit, à leur tour, surveiller leurs adversaires. Le 4x4 emprunte un circuit différent sur le chemin du retour. De miniscules fortifications en pierre, servant naguère de remparts pour les soldats et aujourd’hui effritées et abandonnées rompent la monotonie de ces étendues désertiques. Derrière un amas de rochers se dresse une compagnie militaire. La zone totalise six bataillons, éparpillés un peu partout dans ce désert indocile. La caserne est érigée sur un vaste champ où sont alignés des chars, quatre sur chaque flanc. Les véhicules blindés sont minutieusement drapés dans des haillons verts. Sans résistance, les soldats cèdent à la demande de voir de près cet arsenal militaire. D’une capacité de 11 personnes, l’engin renferme encore des missiles soigneusement gardés à l’intérieur. «Ces chars sont toujours d’attaque, c’est de la performance russe», lance l’un des soldats, comme pour démentir l’effet de l’âge sur ces machines.

          Nombre de ces soldats se sont déjà essayés à la guerre alors que les jeunes sont fraîchement recrutés et ne retiennent de cette période que les histoires racontées par les anciens. Cependant, jeunes ou vieux partagent le même discours enflammé quand ils évoquent un éventuel retour à la guerre. A les entendre parler, on les croirait compter les jours…

          Guerre et paix
          Plus loin, au détour des rochers, des jeeps militaires sont garées en position d’attaque. «Nous avons fait la paix plus que la guerre. En acceptant le statu quo, nous trahissons la mémoire de nos combattants». L’auteur de ces propos est Aïssa Ali Moussa, le cheikh des Tidrarine et chef de la 2e compagnie. Agé d’une soixantaine d’années, Aïssa est un ancien soldat de l’armée espagnole doublé d’un ex-cheikh ayant participé au processus d’identification. Sa compagnie compte dans ses rangs des jeunes âgés d’à peine 22 ans. Vêtus de leurs treillis militaires, ils ressemblent plus à des enfants qu’à des soldats. Pourtant, quand l’un d’eux parle, un jeune au look branché avec des lunettes noires et des bottes bien cirées parle, son discours ressemble à celui d’un vétéran. «Nous périrons pour notre terre, c’est mille fois mieux que de mourir à petit feu».

          Les langues de ses frères d’armes commencent peu à peu à se délier : «La trêve profite au Maroc, lequel continue à spolier les richesses du Sahara. Vous croyez que c’est facile pour moi d’apprendre que mes enfants se font matraquer par la police marocaine au Sahara et que je sois incapable d’agir». Aïssa observe un moment de silence que les autres soldats respectent en baissant les yeux, avant d’enchaîner : «Si demain Mohamed Abdelaziz s’aventure à trahir la cause, nous marcherons sur son cadavre et nous continuerons la lutte avec nos armes et nous tomberons au combat», poursuit-il. Les propos du chef attisent le patriotisme d’un soldat assis à sa gauche. Ce dernier n’hésite pas à saisir un fusil, en clamant «vive la lutte, vive la patrie». A la sortie de Tifariti, des soldats marocains et sahraouis sont enterrés dans un cimetière où sont également enterrés ceux qui sont tombés lors des différentes batailles.

          Après le cessez-le-feu, le cimetière admet aussi des morts civils. Sur l’une des tombes sont déposés un sac à main, des lunettes, une canne… des objets ayant appartenu à la défunte. Sur d’autres, des flacons d’eau de Cologne. Hormis ces petits détails, les tombes se ressemblent toutes. Seules celles des derniers arrivés portent les noms des occupants. Aucune plaque tombale sur les plus anciennes sépultures en sable. Ils sont tous des soldats anonymes.

          Amal Lahbabi Baba Ali
          Lundi 13 Juillet 2009

          Commentaire


          • #6
            A l’heure des classes, aucun enfant ne déambule dans les campements. Non seulement à cause de la canicule mais parce que l’enseignement est important dans les camps des réfugiés. D’ailleurs, à l’exception de la première génération de Sahraouis, difficile de tomber sur des illettrés. «Nous avons fait de l’éducation notre cheval de bataille», explique Khadija, institutrice.
            et ca se passe dans les camps de réfugiés Sahraouis? Qu'en serait-il s'ils avaient des classes climatisées et un pays indépendant avec une économie?

            Bravo!

            Commentaire


            • #7
              Dans une petite pièce au fond d’un couloir sombre et mal éclairé, des patientes bavardent, à haute voix. Mohamed s’enquiert de leur état. L’une d’elles parle le dialecte hassani avec un fort accent marocain. Il y a deux ans, cette femme a rejoint, en compagnie de son frère, les campements en fuyant le Maroc. «C’est ici que se trouvent toute ma famille et mes proches», se justifie-t-elle. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de rejoindre les camps ? Perplexe, elle esquive la réponse. Elle préfère plutôt s’attarder sur les plats marocains qu’elle perfectionne. Les autres pièces sont rudimentaires. Une femme qui vient de mettre au monde un enfant est allongée sur un matelas à même le sol, dans une salle où un écriteau en espagnol indique Parto (qui signifie accouchement en espagnol). Le lit de son bébé est à sa droite. Malgré l’obscurité de la pièce, la nouvelle maman affiche un large sourire : c’est son premier bébé.


              Je me rappelle quand j'ai acheté la version papier du magazine, j'avais bien ri à cette remarque.

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              • #8
                et ca se passe dans les camps de réfugiés Sahraouis? Qu'en serait-il s'ils avaient des classes climatisées et un pays indépendant avec une économie?
                en meme temps ils sont 2 personnes....n'exagérons rien.

                Commentaire


                • #9
                  et ca se passe dans les camps de réfugiés Sahraouis? Qu'en serait-il s'ils avaient des classes climatisées et un pays indépendant avec une économie?
                  mmm, ce sera Cuba... avec El Presidente Marrakchi?

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                  • #10
                    mmm, ce sera Cuba... ?
                    juste à côté, chet le voisin de ce que tu appèlles Cuba, il ya des parents qui, au lieu d'encourager leurs enfants d'aller à l'école, ils les incitent à aller tenter la chance en Europe! Dernièrement sur une Télé j'ai vu des enfants marocains qui font le sport ( le Marathon) dans les Djebels avant d'arriver aux classes, si celles-ci sont disponibles bien évidemment!!

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                    • #11
                      En même temps ce n'est pas aussi facile de gérer quelques milliers d'habitants cloisonnés et des millions d'habitants.
                      Mais si le socialisme a eu quelque chose de bon, c'est d'arriver à faire lire et à soigner le plus grand nombre, ça c'est sûr. C'est sûrement tout ce que ça sait faire malheureusement.
                      La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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                      • #12
                        Je savais que le polisario crevait la dalle mais pas à ce point là!!!!!!!

                        Rodmaroc


                        ................................

                        Tu veux dire les populations des camps car les pontes du Polisario , eux,courent les palaces quant ils ne se prélassent pas dans leurs villas aux Iles Canaries et à la costa del sol.

                        400 euros c'est juste pour payer les cigares de Mohamed Abdelaziz

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                        • #13
                          juste à côté, chet le voisin de ce que tu appèlles Cuba, il ya des parents qui, au lieu d'encourager leurs enfants d'aller à l'école, ils les incitent à aller tenter la chance en Europe!
                          J'espere que tu ne parles pas des harragas, parce qu'au nord de la Cuba africaine, des milliers de jeunes tentent leur chance aussi pour atteindre les cotes italiennes ou francaises.

                          Dernièrement sur une Télé j'ai vu des enfants marocains qui font le sport ( le Marathon) dans les Djebels avant d'arriver aux classes!
                          Yup dernierement a la tele j'ai vu des enfants qui vont a l'ecole avec le ventre creux... aux US... En gros le polz assure la scolarite et la formation en exilant des jeunes loin de leur famille a vie a Cuba ou bienen formant a l'algerienne des jeunes dogmatisés et idéologisés pour leur expliquer par la suite qu'il faut travailler... gratuitement... Pchakh, j'adore le communisme. tout est bonpour berner la populasse. Pendant ce temps, El marrakchi et sa femme se paient le n-ieme appartement a la Costa del sol...

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                          • #14
                            ces campements sont comme une infection pour l algerie.tot ou tard les sahraouis se retoureneront contre les algeriens.

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                            • #15
                              ces campements sont comme une infection pour l algerie.tot ou tard les sahraouis se retoureneront contre les algeriens.
                              Ils ne le realisent pas..encore... pourtant les poz le disent a toute occasion

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