Mardi, 14 Juillet 2009
Ce n’est pas pour expliquer les données techniques du projet Nador West Med, aussi gigantesque soit ce projet, que Karim Ghallab, ministre de l'équipement et du transport, est allé à Casablanca, à la rencontre des responsables de la presse et que trois de ses collègues du gouvernement -la ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Amina Benkhadra, le ministre de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami et, last but not least, le ministre de l'économie et des finances, Salah Eddine Mezouar- étaient présents à cette rencontre. C’est pour en expliquer la portée.
Nador West Med, c’est le Maroc qui « sort la grosse artillerie » en Méditerranée.
Après Tanger Med 1 et Tanger Med 2, ce 3ème complexe portuaire intégré qui sera érigé dans le prolongement des deux autres, sur la façade méditerranéenne, côté oriental, confirme une vision globale, des ambitions et une démarche que quatre ministres n’étaient pas de trop à détailler.
Certes, le projet Nador West Med est encore plus ambitieux que Tanger Med 1 & 2, tant sur le plan des infrastructures que sur le plan des objectifs qu’il s’est assignés. Il est encore plus innovant, dans le sens où il prévoit -grandes nouveautés- un port hydrocarbure, des capacités de stockages et une activité export. Ce que ne prévoyaient pas les complexes Tanger Med. Mais au-delà de ces prouesses, propres au complexe, il y a des challenges propres, eux, au pays tout entier. C’est ce qu’ont expliqué les quatre ministres.
Les challenges ? « D’extrême intérêt », dira Karim Ghallab, « hautement stratégiques », ajoutera Amina Benkhadra, «déterminants pour notre compétitivité », renchérira Ahmed Reda chami, « vitaux pour notre positionnement », conclura Salah Eddine Mezouar. Résumons-les (pour le détail, voir, ci-contre, les explications de chaque ministre).
Le Maroc a d’abord l’intention d’exploiter sa façade maritime de façon optimale. Il a pour objectif de développer son économie en captant toutes les opportunités qu’il aurait pour attirer les investisseurs, créer de la valeur et créer de l’emploi. Or, non seulement les complexes portuaires de la Méditerranée le lui permettent, mais ils lui permettent également d’anticiper la sortie de crise internationale et d’améliorer substantiellement son positionnement, à l’échelle mondiale.
Ainsi par exemple, pour ce qui est du positionnement, après la réalisation du port Tanger Med, le Maroc est passé, selon l'indice de connectivité de la CNUCED, du 78ème rang mondial en 2004 au 33ème rang en 2008. Aujourd’hui, il se classe 2ème en Afrique (après l’Egypte), loin devant l'Algérie, la Tunisie ou l'Afrique du Sud. Et il va de soi que le complexe Nador West Med lui permettra d'améliorer encore ce classement et de mesurer sa compétitivité à celle des pays avancés.
Cette politique agressive de positionnement ne doit cependant pas être mal interprétée. Le ministre Karim Ghallab l’a longuement expliqué. Interrogé sur les rivalités que les parts de marché que pourrait prendre le Maroc à ses voisins du pourtour méditerranéen (Espagne, Italie, Algérie…) risqueraient d’attiser, il a vivement rejeté cette approche.
Pour lui, même si le Maroc a le droit légitime de développer son économie avec les opportunités que lui offre son espace géographique, il ne le fait pas dans l’esprit de rafler la mise à ses voisins. Au contraire, soutient-il, ce genre de projets structurants crée une dynamique dont tout le monde peut profiter. Attirer les regards, les investissements, le commerce international et les circuits industriels vers cette région, c’est y faire naître des activités à cercles concentriques qui ne profitent pas seulement à l’intéressé (ici, le Maroc), mais à tous ceux qui se trouvent dans la région.
Qu’est ce que le complexe Nador West Med ?
C’est le 2 juillet dernier que le Roi présidait, à Nador, une séance de travail consacrée à la planification des aménagements portuaires du Royaume et au projet Nador West Med (NWM), un complexe intégré, portuaire, industriel, énergétique et commercial.
Le projet NWM sera érigé dans la baie de Betoya, située au niveau de l'estuaire de l'oued Kert, à 30 km à l'ouest de la ville de Nador. C’est un emplacement idéal pour plusieurs raisons : bonnes conditions topographiques et bathymétriques, bonne position sur les routes maritimes, disponibilité du foncier public et privé.
Le complexe comprendra, à terme, un grand port en eaux profondes, un pôle énergétique (production, conditionnement, stockage à), une plate-forme portuaire dotée de capacités importantes pour le transbordement des conteneurs, l'import export et le traitement des produits vrac et une plate-forme industrielle intégrée ouverte aux investisseurs nationaux et étrangers et destinée à abriter les métiers mondiaux du Maroc (MMM).
Les travaux de réalisation de ce projet débuteront l'année prochaine par la mise en place d'une plate-forme énergétique dédiée essentiellement à l'export. Ce port hydrocarbure, le premier noyau de NWM, dont les études techniques ont déjà débuté, sera fin prêt en 2015 avec une capacité de stockage variant entre 1 et 2 millions de tonnes et un quai long de 3.000 ml.
Le complexe pourra disposer d’un foncier public de 850 ha. Il sera réalisé par tranches, d’ici à 2025, mais pourra encore se développer au-delà de cette date. Le Maroc s'inscrivant, cette fois-ci, dans une logique de planification à moyen et long terme.
L’infrastructure port hydrocarbures n'est pas dédiée au seul marché intérieur. Au contraire, elle est orientée vers l'exportation, avec l’objectif de drainer vers le Maroc une partie du trafic international des produits énergétiques. Trafic qui est appelé à se développer vu la croissance de la demande européenne sur ces produits.
En effet, la consommation des hydrocarbures en Europe devrait augmenter de 10 à 20 millions de tonnes par an. Un besoin supplémentaire qui constitue une opportunité que le Maroc est déterminé à saisir par la mise en place d'installations de stockage répondant aux standards internationaux.
De même, le potentiel de transbordement dans le monde est appelé à passer de 130 millions d'EVP en 2006 à 230 millions d'EVP en 2015-2017, soit une capacité additionnelle de 100 millions d'EVP, dont 20 % à capter potentiellement en Méditerranée occidentale. Ce qui nécessite une capacité supplémentaire de 30 millions d'EVP.
Pour la réalisation de ce projet d'envergure, il faudra capitaliser sur l'expérience du port de Tanger-Med. Des liens –y compris institutionnels- seront d’ailleurs établis entre les complexes de Tanger et de Nador.
Ce n’est pas pour expliquer les données techniques du projet Nador West Med, aussi gigantesque soit ce projet, que Karim Ghallab, ministre de l'équipement et du transport, est allé à Casablanca, à la rencontre des responsables de la presse et que trois de ses collègues du gouvernement -la ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Amina Benkhadra, le ministre de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami et, last but not least, le ministre de l'économie et des finances, Salah Eddine Mezouar- étaient présents à cette rencontre. C’est pour en expliquer la portée.
Nador West Med, c’est le Maroc qui « sort la grosse artillerie » en Méditerranée.
Après Tanger Med 1 et Tanger Med 2, ce 3ème complexe portuaire intégré qui sera érigé dans le prolongement des deux autres, sur la façade méditerranéenne, côté oriental, confirme une vision globale, des ambitions et une démarche que quatre ministres n’étaient pas de trop à détailler.
Certes, le projet Nador West Med est encore plus ambitieux que Tanger Med 1 & 2, tant sur le plan des infrastructures que sur le plan des objectifs qu’il s’est assignés. Il est encore plus innovant, dans le sens où il prévoit -grandes nouveautés- un port hydrocarbure, des capacités de stockages et une activité export. Ce que ne prévoyaient pas les complexes Tanger Med. Mais au-delà de ces prouesses, propres au complexe, il y a des challenges propres, eux, au pays tout entier. C’est ce qu’ont expliqué les quatre ministres.
Les challenges ? « D’extrême intérêt », dira Karim Ghallab, « hautement stratégiques », ajoutera Amina Benkhadra, «déterminants pour notre compétitivité », renchérira Ahmed Reda chami, « vitaux pour notre positionnement », conclura Salah Eddine Mezouar. Résumons-les (pour le détail, voir, ci-contre, les explications de chaque ministre).
Le Maroc a d’abord l’intention d’exploiter sa façade maritime de façon optimale. Il a pour objectif de développer son économie en captant toutes les opportunités qu’il aurait pour attirer les investisseurs, créer de la valeur et créer de l’emploi. Or, non seulement les complexes portuaires de la Méditerranée le lui permettent, mais ils lui permettent également d’anticiper la sortie de crise internationale et d’améliorer substantiellement son positionnement, à l’échelle mondiale.
Ainsi par exemple, pour ce qui est du positionnement, après la réalisation du port Tanger Med, le Maroc est passé, selon l'indice de connectivité de la CNUCED, du 78ème rang mondial en 2004 au 33ème rang en 2008. Aujourd’hui, il se classe 2ème en Afrique (après l’Egypte), loin devant l'Algérie, la Tunisie ou l'Afrique du Sud. Et il va de soi que le complexe Nador West Med lui permettra d'améliorer encore ce classement et de mesurer sa compétitivité à celle des pays avancés.
Cette politique agressive de positionnement ne doit cependant pas être mal interprétée. Le ministre Karim Ghallab l’a longuement expliqué. Interrogé sur les rivalités que les parts de marché que pourrait prendre le Maroc à ses voisins du pourtour méditerranéen (Espagne, Italie, Algérie…) risqueraient d’attiser, il a vivement rejeté cette approche.
Pour lui, même si le Maroc a le droit légitime de développer son économie avec les opportunités que lui offre son espace géographique, il ne le fait pas dans l’esprit de rafler la mise à ses voisins. Au contraire, soutient-il, ce genre de projets structurants crée une dynamique dont tout le monde peut profiter. Attirer les regards, les investissements, le commerce international et les circuits industriels vers cette région, c’est y faire naître des activités à cercles concentriques qui ne profitent pas seulement à l’intéressé (ici, le Maroc), mais à tous ceux qui se trouvent dans la région.
Qu’est ce que le complexe Nador West Med ?
C’est le 2 juillet dernier que le Roi présidait, à Nador, une séance de travail consacrée à la planification des aménagements portuaires du Royaume et au projet Nador West Med (NWM), un complexe intégré, portuaire, industriel, énergétique et commercial.
Le projet NWM sera érigé dans la baie de Betoya, située au niveau de l'estuaire de l'oued Kert, à 30 km à l'ouest de la ville de Nador. C’est un emplacement idéal pour plusieurs raisons : bonnes conditions topographiques et bathymétriques, bonne position sur les routes maritimes, disponibilité du foncier public et privé.
Le complexe comprendra, à terme, un grand port en eaux profondes, un pôle énergétique (production, conditionnement, stockage à), une plate-forme portuaire dotée de capacités importantes pour le transbordement des conteneurs, l'import export et le traitement des produits vrac et une plate-forme industrielle intégrée ouverte aux investisseurs nationaux et étrangers et destinée à abriter les métiers mondiaux du Maroc (MMM).
Les travaux de réalisation de ce projet débuteront l'année prochaine par la mise en place d'une plate-forme énergétique dédiée essentiellement à l'export. Ce port hydrocarbure, le premier noyau de NWM, dont les études techniques ont déjà débuté, sera fin prêt en 2015 avec une capacité de stockage variant entre 1 et 2 millions de tonnes et un quai long de 3.000 ml.
Le complexe pourra disposer d’un foncier public de 850 ha. Il sera réalisé par tranches, d’ici à 2025, mais pourra encore se développer au-delà de cette date. Le Maroc s'inscrivant, cette fois-ci, dans une logique de planification à moyen et long terme.
L’infrastructure port hydrocarbures n'est pas dédiée au seul marché intérieur. Au contraire, elle est orientée vers l'exportation, avec l’objectif de drainer vers le Maroc une partie du trafic international des produits énergétiques. Trafic qui est appelé à se développer vu la croissance de la demande européenne sur ces produits.
En effet, la consommation des hydrocarbures en Europe devrait augmenter de 10 à 20 millions de tonnes par an. Un besoin supplémentaire qui constitue une opportunité que le Maroc est déterminé à saisir par la mise en place d'installations de stockage répondant aux standards internationaux.
De même, le potentiel de transbordement dans le monde est appelé à passer de 130 millions d'EVP en 2006 à 230 millions d'EVP en 2015-2017, soit une capacité additionnelle de 100 millions d'EVP, dont 20 % à capter potentiellement en Méditerranée occidentale. Ce qui nécessite une capacité supplémentaire de 30 millions d'EVP.
Pour la réalisation de ce projet d'envergure, il faudra capitaliser sur l'expérience du port de Tanger-Med. Des liens –y compris institutionnels- seront d’ailleurs établis entre les complexes de Tanger et de Nador.
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