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Canicule et feux de forêts en Kabylie

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  • Canicule et feux de forêts en Kabylie

    Outre la canicule naturelle, les feux de forêt ont fait vivre aux habitants de la wilaya de Béjaïa l’enfer ces deux derniers jours. 24 départs de feu ont été enregistrés dont 13 ont occasionné des dégâts estimés à plus de 180 hectares de forêt et broussaille dont 100 d’arbres fruitiers en Kabylie.

    L’incendie le plus important et qui a ravagé 120 hectares de maquis dont 30 hectares d’arbres fruitiers a été signalé à Tala-Ouaghrasse dans la commune de Tala-Hamza. Il a débuté dans la journée du lundi vers 10 heures et les pompiers n’ont pu en venir à bout que le lendemain à six heures du matin.

    Cette série d’incendies a touché notamment les communes de Tala-Hamza. Oued Ghir, Fenia II Maten, Timezrit, Tichy Ouzellaguen, Seddouk, Darguina, Tizi-N’berber. Adelkader, Beni K’Sila, Amizour et Tinebdar, soit un quart des communes de la wilaya de Béjaïa. Tôt dans la matinée d’hier (mardi), quarante pompiers dépêchés de l’unité principale, des unités secondaires d’Aokas et d’Amizour ainsi que de la colonne mobile, se sont rendus à bord de véhicules sur les lieux pour s’attaquer aux feux non encore éteints. Au moment où nous mettons sous presse, la quasi-totalité des incendies au niveau de la wilaya ont été éteints.

    En prévision de ces feux justement, la direction de la Protection civile a organisé au début du mois courant plusieurs manœuvres de simulation de feux de forêt afin de concrétiser sur le terrain les différentes techniques d’extinction enseignées pour arriver à garder les capacités d’intervention des agents, de tester le degré de préparation et d’améliorer la coordination entre les services. Ceci rentre bien sûr dans le cadre de l’application des dispositions réglementaires relatives à la préservation du patrimoine forestier et sa pérennité notamment contre les incendies qui détruisent chaque année plusieurs hectares de forêt.

    Durant le mois de juillet de l’année passée, environ 256 hectares de végétation (broussailles, chênes lièges, chênes verts, pins d’Alep, maquis, herbes sèches) avaient été ravagés par 51 incendies de forêts dont des centaines d’arbres fruitiers ainsi que 39 ruches d’abeilles détruites par les mêmes incendies. Durant la même période, 8 feux de récoltes ont également occasionné 18 hectares de dégâts en chaume et en récolte sur pied ainsi que des dizaines de bottes de foin ou de paille. En tout, durant l’année écoulée, près de deux cents départs de feu avaient été enregistrés ayant occassionné des dégâts estimés à 129 hectares de broussailles, 42 d’herbes sèches, 1700 arbres fruitiers, 289 bottes de foin et 10 hectares de récolte. L’année d’avant, il y eut moins d’incendies, étant donné qu’il n’avait été dénombré que 39 départs de feu qui avaient détruit 24 hectares de forêt, 530 arbres fruitiers et 1 180 bottes de foin.

    En 2007, une cinquantaine d’incendie avaient ravagé une cinquantaine d’hectares de forêt et de broussaille ainsi que 449 arbres fruitiers et 590 bottes de foin. Pour la saison en cours, la direction de la Protection civile a procédé à l’installation d’une colonne mobile de lutte contre les incendies de forêtsau niveau de l’unité principale. Ce détachement composé de moyens humains affecté des wilayas de Béjaïa. Sétif et Mila dispose de 7 véhicules d’incendie de type 4x4, d’un camion citerne de 12 000 litres, d’une ambulance médicalisée, d’un camion de transport de troupes et d’un véhicule de liaison. Cette unité viendra en renfort si la situation l’exige au niveau des 11 autres unités secondaires implantées à travers le territoire de la wilaya, comme elle l’a si bien fait lors du combat mené contre la série de feux de forêt durant les journées d’hier et d’avant-hier.

    Les récoltes de figues menacées

    Par ailleurs, les figuiers affichent un état de santé qui fait peine à voir. Les fruits se détachent, même sans un moindre souffle de vent, de ces arbres qu’on donne pour les plus résistants du terroir avec les oliviers. Jaunis ou roussis, on ne sait pourquoi, force est de constater qu’ils forment un amas de déchets végétaux par terre qui n’échappent pas au regard. La situation peu enviable que laissent voir les figuiers jette le doute sur le devenir de ce patrimoine ancestral.

    Dame nature ne semble pas lever toutes les ambiguïtés qui pèsent sur l’évolution de la stratosphère de plus en plus malmenée par toutes sortes de pollutions. Explication : ces arbres centenaires qui ont toujours supporté l’aridité du climat semblent très mal en point.

    Serait-ce dû aux pics de chaleur légendaires qui prévalent ou aux interactions du climat que l’on dit altéré par les fameuses émissions de gaz à effet de serre ? Le mystère demeure entier, même si quelques agriculteurs interrogés tentent de fournir quelques explications. Pour l’un d’entre eux, le climat est frappé d’une pollution atmosphérique sans précédent d’où les figuiers peinent à s’adapter, car ils sont mis à mal par les gaz à effets de serre.

    Autre son de cloche chez un autre paysan qui exclut toute relation des dégâts infligés en ce moment aux figuiers, avec le climat. «Le figuier dispose d’une résistance naturelle inébranlable contre la chaleur et l’aridité», explicite-t-il. Les récoltes tombent parce que l’incontournable phase de pollinisation ne s’est pas faite. Conséquence, ajoute-t-il, l’absence de caprification (fécondation du fruit femelle par un fruit mâle: eddoukar, de l’arabe edhakar) compromet partiellement ou entièrement les récoltes.
    Et dans la foulée, il ajoute que mêmes les rares fruits épargnés par le phénomène sont tout petits et d’une moindre qualité gustative.

    Selon notre interlocuteur, c’est une étape incontournable dans l’évolution harmonieuse du figuier qui est escamotée, voire négligée par l’homme qui ne se préoccupe du verger de figuiers qu’en période de récolte. De nombreux vergers sont en décrépitude et demandent à être régénérés. La figue est un fruit délicieux qui fait partie de la gastronomie de la région et un produit du terroir qui porte le sceau culturel de la Kabylie. Non renouvelé voire abandonné, ce verger décline en matière de production et la qualité semble de dégrader au fil des années.

    En outre, la figue sèche qui reste la deuxième ressource des agriculteurs après celle que prodigue le verger oléicole. Délaissés à cause de l’exode rural ou du manque de moyens de travailler la terre ou décimés par les incendies, qui se succèdent à un rythme infernal, les figuiers de différentes variétés implantés sur les massifs montagneux de Kabylie ne risquent-ils pas l’extinction à long terme ? Autre grande inconnue, la production sera-t-elle aussi abondante que l’an dernier ? Si le fruit venait à se faire rare cette saison, on se dirigerait inévitablement vers un crash de la production d’où plane le risque de voir flamber le prix d’un kilo de figues sèches vendu l’hiver passé 200 DA en moyenne.

    par la Dépêche de Kabylie
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