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L'hygiène au service de la santé en Algérie

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  • L'hygiène au service de la santé en Algérie

    Des insectes et des animaux dangereux deviennent presque familiers dans les campagnes comme dans les grandes villes. En Algérie, les plages sont envahies par des insectes, les appartements par des cafards, les rues par des rats…

    Indifférence et irresponsabilité

    Des citoyens rient de leurs malheurs. «Quoi donc ? Ce n’est qu’un cafard ! Un gros cafard mais tout de même un cafard. Il n’est pas dangereux», des propos tenus par une femme pour calmer une voisine en pleurs à cause de l’intrusion de ces bêtes dans sa petite maison. «Que veux-tu ? C’est cela, Alger !» insiste-t-elle, non sans lui rappeler que tout le bâtiment est entouré de saletés. Des immondices qui s’envolent entre les murs et atterrissent, sans prévenir, dans la cour d’un voisin ou d’un autre, si ce n’est carrément sur sa tête. C’est un fait récurrent. Permanent.

    A qui parler ? A qui dire d’arrêter son insolence ? Parce qu’il s’agit vraiment d’insolence, d’irresponsabilité et de manque de respect flagrant.

    L’on ne sait pas. Cela descend de partout et va dans tous les sens. L’émetteur du joli colis reste inconnu. Et ne vous risquez surtout pas d’accuser quelqu’un sans en avoir la preuve ! «Je ne jette jamais quoi que ce soit», répondra le suspect.

    Un coup d’œil sur les deux cours du bâtiment témoigne, pourtant, d’une situation de laisser-aller total. Les hommes de Netcom sont dépassés. L’intérieur de l’immeuble ne fait pas partie de leur territoire. Les concierges sont partis depuis des années. Eux aussi, sans prévenir.

    Les femmes de ménage, du moins pour les escaliers, ne semblent pas intéressées.

    Les habitants du bâtiment s’organisent-ils d’abord pour s’assurer les services de ces bonnes dames ? Pas du tout. Chacun nettoie à sa porte et c’est tout. Le reste, ce n’est pas son affaire. «Tu t’en fous», dit l’un à l’autre. Des mots qui blessent le cœur plus qu’ils ne l’apaisent.

    Et, oui ! C’est la règle. Il ne faut pas trop se casser la tête. Les habitants de tout le bâtiment ont d’autres problèmes à régler : le paiement des factures de
    l’électricité et du gaz, celles de l’eau, la scolarité des enfants, le chômage de l’aîné de la famille, etc. L’hygiène du milieu est une question secondaire. Un homme bien portant, bien habillé, parlant un français impeccable, descend voir celui qu’il considère pour l’occasion un ami.

    Après un court échange d’amabilités, il lui demande tout bonnement de lui tuer une souris. Une souris découverte dans l’une des pièces de sa maison. «Cela m’a vraiment choqué. Je croyais au début qu’il me disait où était mon sourire. Je lui ai dit que je l’ai perdu, cela fait des années. Il me parlait d’une souris et m’appelle, moi, pour la tuer…» raconte l’homme. C’est dire que ce problème d’hygiène concerne aussi bien les gens instruits que les autres.

    Des malades arrivent dans les services des urgences des hôpitaux. Parfois, pour des problèmes minimes (petites allergies cutanées, démangeaisons…) et, parfois, pour des problèmes assez sérieux : lésions cutanées, infections des yeux, intoxications alimentaires… Il y a aussi ce problème de trachome dans le sud du pays, les envenimations du scorpion, la leishmaniose cutanée, la leptospirose, etc.

    Communication et sensibilisation

    Ces services prennent en charge les malades, leur donnent des conseils pour prévenir de nouveaux risques… sans, toutefois, les alarmer. Les études statistiques sur ces problèmes de santé n’existent pas. Il n’y a aucun suivi réel de ces problèmes. Les services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière organisent des rencontres sur les intoxications alimentaires, la leishmaniose (une maladie provoquée par des piqûres d’insectes) qui entraîne des lésions du visage, le trachome (maladie des yeux), fréquent dans le sud du pays, les envenimations du scorpion… mais sans effet réel sur le comportement des citoyens.

    Car, devrions-nous le reconnaître, les campagnes organisées dans ce sens ne manquent jamais d’évoquer la nécessité de veiller à l’hygiène du corps et du milieu. Cela tombe dans l’oreille d’un sourd.

    Les mauvaises habitudes ont la peau dure.

    Il n’y a qu’à faire un tour dans les plages de l’est comme celles de l’ouest de la capitale pour se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe : eaux usées, déchets ménagers… et insectes pour accompagner les estivants.

    Imaginons les conséquences sur les enfants et les personnes prédisposées. «Il avait plein de boutons sur tout le corps», raconte un homme qui croyait bien faire d’emmener sa petite famille dans une plage de Réghaïa. Un de ses enfants a eu une allergie qui l’a vraiment terrifié. «On part à la plage pour passer des moments agréables ou pour être malade ?» interroge-t-il, hors de lui.

    Les éléments de la Protection civile font un travail intéressant en matière de sensibilisation mais cela aussi reste insuffisant. C’est à la société civile d’agir dans le sens d’une amélioration sérieuse des choses. Tout commence par une prise de conscience des dangers de son indifférence. Les structures de santé viennent en dernier pour faire face aux problèmes inévitables.

    Par la Tribune
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