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Le Maroc est en pleine mutation

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  • Le Maroc est en pleine mutation

    Mohamed-Sghir Janjar, docteur en anthropologie et directeur de "Prologues"

    "Le Maroc, que l'on décrit comme féodal et analphabète, est en pleine mutation"
    LE MONDE


    Quels sont, selon vous, les changements qui ont le plus affecté la société marocaine au cours des dix dernières années ?

    L'un des plus importants changements est lié à la démographie. D'ici cinq à dix ans, le pays aura un taux de fécondité comparable à celui des pays européens. En 1960, il était de 7,4 enfants par femme, il est aujourd'hui de 2,4 enfants ! Cela s'est fait en l'espace d'une génération seulement, alors qu'en Europe il a fallu des siècles. On est en train de passer de la famille élargie à la famille nucléaire. 34 % des femmes marocaines travaillent hors de leurs foyers. C'est le taux le plus élevé du monde arabe, après le Liban.

    De tout temps, les sociologues ont dit que la diminution du taux de fécondité allait de pair avec la scolarisation des femmes. Le Maroc contredit cette affirmation. La crise économique des années 1980, provoquée par les programmes d'ajustement structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale, a obligé les femmes à travailler. C'est le travail, et non la scolarisation, qui est à l'origine de la transition démographique au Maroc.

    L'analphabétisme reste très élevé.

    Il le reste chez les plus âgés, surtout en milieu rural (54 %) et féminin (46 %). Mais pour les moins de 10 ans, il y a eu au contraire une accélération de la scolarisation ces dix dernières années. Elle est maintenant de 93 %, et elle tend vers la parité. Dans les universités, les filles sont présentes à 47 %.

    Le Maroc que l'on persiste à décrire comme rural, féodal, analphabète, est en réalité en pleine mutation. 56 % de la population habite désormais en milieu urbain, contre 10 % au début du XXe siècle. Le pays est électrifié à 96 %. L'accès aux médias s'est généralisé (six ménages sur dix ont la télévision). Le modèle patriarcal s'écroule.

    Cette modernisation a été accélérée par la réforme de la Moudawana (le code de la famille), un choix politique courageux. Depuis 2004, les femmes n'ont plus besoin de tuteur pour se marier. Elles décident de leur mariage, mais aussi de leur divorce, alors que cette initiative était réservée aux hommes par le biais de la répudiation. Il est trop tôt pour faire le bilan de la Moudawana, d'autant qu'elle se heurte au manque de formation des juges, à la pauvreté et à l'insolvabilité du conjoint, mais ce texte, extrêmement moderne sur le plan juridique, joue un très grand rôle d'accélérateur de changement.

    La société marocaine est-elle très religieuse ?

    Contrairement aux apparences, la société marocaine se sécularise, profondément et rapidement. Jusque dans les années 1960, la religion encadrait le citoyen de la naissance à la mort. Aujourd'hui, elle n'occupe plus qu'une petite parcelle de sa vie. 67 % des Marocains font pourtant leurs cinq prières régulièrement. Ils les font d'autant plus qu'ils sont alphabétisés et scolarisés. Vous verrez plus de voiles dans les amphis que dans les champs ou les usines de textile ! De l'extérieur, ça paraît paradoxal, et même incompréhensible. C'est pourtant le réflexe de n'importe quelle société qui accède à l'écrit. L'individu qui s'alphabétise s'approprie d'abord le texte religieux. Pour lui, c'est le propre du savant. On a assisté au même phénomène en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. A cette époque, le best-seller, c'était la Bible !

    Au Maroc, dans la phase transitoire importante que nous traversons, la religion n'est qu'un symptôme. On a trop tendance, en Europe, à avoir une vision essentialiste de nos sociétés, sans comprendre les dynamiques très complexes qui les sous-tendent. Les sociétés musulmanes sont en train d'effectuer leur "sortie de la religion", pour reprendre l'expression du philosophe et historien Marcel Gauchet à propos des sociétés occidentales, mais chacune le fait à sa façon. Si, au Maroc, le discours moralisateur est très présent, c'est que l'islamisme tente de donner un sens à toutes les transformations en cours. Les islamistes s'évertuent à recréer le tissu social et à restaurer un ordre patriarcal en voie d'éclatement.

    L'islamisme politique a-t-il gagné du terrain au Maroc ces dix dernières années ?

    La société marocaine n'est pas encore installée dans le modèle occidental, qui privilégie l'individu, et elle a déjà quitté l'ancien système producteur de sens. C'est là qu'intervient l'islamisme, avec sa volonté de donner une signification à ce qui n'en a plus. D'où sa fixation sur les rapports entre les sexes, la morale, le tourisme, ou le voile... Les islamistes tentent de garder ou de reprendre le contrôle de l'évolution de la société, mais la machine est en marche et elle leur échappe. C'est leur drame. Ils savent, dans le fond, qu'ils ont déjà perdu la partie. L'Occident leur paraissant fort sur le plan technologique, mais faible sur le plan moral, ils ont cru pouvoir s'emparer d'un créneau. Mais le monde moderne ne peut pas se découper en morceaux ! L'occidentalisation du monde musulman en général, et du Maroc en particulier, est irréversible. Elle est déjà là...

    Propos recueillis par Florence Beaugé

  • #2
    Article connexe:

    La "movida" à la marocaine témoigne d'une nouvelle liberté de ton, par Driss El Yazami
    LE MONDE | 15.07.09


    C'est en écoutant les paroles des rappeurs marocains, les Fnair, Hoba Hoba Spirit, H-Kayne, Bigg, Darga... que l'on peut probablement saisir les avancées et les contraintes de la décennie écoulée. Dans une langue populaire qui n'hésite pas à faire des emprunts au français ou à l'anglais, avec des rythmes alliant le patrimoine musical national aux musiques du monde, ces jeunes parlent pour l'ensemble de la société. Leurs chansons disent à la fois l'amour du pays, les frustrations de la jeunesse, ses attentes et ses espoirs. Ce mouvement, les Marocains l'appellent nayda, littéralement "ça bouge", manière de désigner l'actuel bouillonnement culturel et social, une movida à la marocaine.

    C'est en premier lieu cette liberté de ton que l'on doit reconnaître. Elle se manifeste aussi dans la société civile comme dans une presse variée et dynamique.

    Ce sont ensuite trois réformes essentielles qui ont pris en compte des problématiques centrales pour un Maroc en transition : le pluralisme ethno-culturel, l'égalité des genres et les droits de l'homme.

    Pays musulman pluriel avec une composante amazigh (berbère) centrale et juive qui remonte à des temps immémoriaux, le Maroc assume aujourd'hui sans complexe sa diversité. L'Institut royal de la culture amazigh mène un programme d'intégration de l'enseignement de l'amazigh dans le primaire et de promotion de ce patrimoine en général. Il faut aussi signaler une initiative privée, unique sur cette rive : la création du Musée d'histoire du judaïsme marocain.

    Le code de la famille adopté en 2004 - le plus avancé du monde arabe après celui de la Tunisie du président Bourguiba - consacre, à l'exception de l'héritage, l'égalité homme-femme. Quatre ans durant, la société a vécu, sur ce sujet sensible, un débat d'une rare intensité, significatif de l'alchimie marocaine, et qui a culminé en mars 2000 avec deux grandes manifestations à Casablanca et à Rabat. La démocratie, de nos jours, n'est-ce pas de garantir la confrontation pacifique des points de vue, la gestion des dissensions et des intérêts contradictoires ?

    C'est, au fond, à une réhabilitation du politique qu'a procédé la commission marocaine pour la vérité, créée par le roi Mohammed VI en janvier 2004. Chargée de l'épineuse question des violations graves des droits de l'homme entre 1956 et 1999, l'Instance équité et réconciliation (IER) a effectué un travail considérable, consigné dans son rapport rendu en novembre 2005 et qui fait désormais partie du patrimoine universel de la justice transitionnelle. La mise en oeuvre des recommandations émises pour garantir la non-répétition desdites violations est aujourd'hui exigée, même par les adversaires de l'expérience. Outre l'indemnisation et la prise en charge sanitaire des victimes, un ambitieux programme de réparation communautaire, la diffusion des témoignages des anciennes victimes par les médias d'Etat, il y a eu un débat pluraliste qui perdure encore sur l'histoire controversée du Maroc indépendant.

    Cette capacité d'introspection a présidé aussi à l'élaboration, par 80 chercheurs marocains de toutes disciplines, du rapport du cinquantenaire sur un demi-siècle d'indépendance qui fut remis au souverain en même temps que le rapport de l'IER. Distribué dans les kiosques à un prix modique, disponible en cinq langues, le rapport dresse un bilan sans complaisance des réalisations, des échecs et des défis actuels du pays.

    C'est probablement ces dynamiques que l'Union européenne a voulu accompagner en accordant au Maroc un statut avancé, le premier de la zone euroméditerranéenne. C'est là un appui considérable. La consolidation d'un processus de réformes exige une volonté politique au sommet et une société dynamique, conditions qui paraissent réunies au Maroc, mais aussi un environnement international et régional favorable. La confiance des Européens étant acquise, les crises intramaghrébines risquent de handicaper pour longtemps le dynamisme marocain. Ce n'est pas le seul enjeu, loin s'en faut.

    Les défis sont nombreux et l'urgence de les relever est d'autant plus impérieuse que la crise mondiale n'épargne pas plus le Maroc que d'autres pays.

    L'indispensable réforme de la justice a été réaffirmée dans trois discours récents du souverain. Les projets de nouveaux codes - pénal et de procédure pénale - ont été soumis au Conseil consultatif des droits de l'homme, qui vient de préconiser de substantiels changements. Reste aussi la mise en oeuvre de la recommandation de l'IER relative au renforcement de l'indépendance de la justice par le changement de la composition et des prérogatives du Conseil supérieur de la magistrature.

    Le cadre légal et déontologique de l'exercice de la liberté de la presse pose toujours problème. Alors que les publications se multiplient et se diversifient avec une liberté de ton incontestable, que l'audiovisuel se libéralise - avec notamment l'émergence de nombreuses radios privées toniques -, le Maroc doit consacrer définitivement la liberté de la presse.

    La mise en oeuvre de l'ambitieuse charte de réforme de l'éducation et de la formation, adoptée depuis dix ans à la suite d'un vaste débat national, piétine toujours. Malgré une scolarisation généralisée à plus de 90 %, la qualité des apprentissages demeure pauvre, les déperditions scolaires massives et le chômage des diplômés endémique. Le taux d'analphabétisme dépasse toujours 40 %. On peut espérer que le récent plan d'urgence entrepris avec un budget public considérable permette d'apporter un nouveau souffle à la rénovation de ce domaine crucial.

    En dépit des acquis en termes de régularité et de transparence des consultations démocratiques, la faible participation électorale est préoccupante et interpelle l'ensemble des acteurs, notamment les partis politiques. L'équation marocaine est ainsi faite : une tension opiniâtre de l'Etat vers la réforme et la modernité politique, de nombreux défis, un profond bouillonnement de la société. "Nayda", en somme.

    Driss El Yazami est ancien membre de l'Instance équité et réconciliation, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

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    • #3
      allez ayoub un effort poste nous les articles principaux du journal le monde lol
      « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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      • #4
        on ne m'a pas attendu pour les poster ceux la.. ca a deja ete discuté... je poste justement ceux qui n'ont pas ete postés... Ceux dont tu parles c'est du pur JPT (jean pierre turquoi), pas ma tasse de thé vraiment. heureusement que Le Monde a enleve a ce monsieur l'exclusivite des articles "maroc" et qu'ils commencent a comprendre qu'il faut plusieurs avis pour faire un tout. JPT a un long "passif" avec le Maroc qu'il essaie de solder dans les colonnes du monde, rien de neuf.. j'ai deja dit ce que je pensais de ce monsieur il y a tres longtemps
        Dernière modification par ayoub7, 15 juillet 2009, 17h58.

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        • #5
          tres interessant , ils ont trouvé les mots justes pour donner un topo sur ce que le maroc traverse.

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          • #6
            ayoub citation
            je poste justement ceux qui n'ont pas ete postés...



            Grâce a toi ayoub les marocains qui vont sur ce forum ne reconnaissent
            plus leur pays un vrai paradis .... continue de les faire rêver

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            • #7
              Tant mieux. Mieux vaut tard que jamais. J espere que bientot vous vous soustrairiez de ce ridicule baise-main.
              Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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              • #8
                Mohamed-Sghir Janjar, docteur en anthropologie et directeur de "Prologues"
                Voila ce que j'appele une source, c'est pas ce JPT qui n'a de source que "le journal" et des "diplomates qui ne veulent pas dire leur nom".

                L'information sur le Maroc s'est beacoup balancee depuis que Florence Beauge traite le sujet sur Le Monde.

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                • #9
                  Je retiens dans cette article l'évolution de la condition féminine au Maroc

                  le changement est visible à vue d'oeil

                  la femme est entrain de s'accaparer l'espace publique (entreprises, administration, lieu de divertissement, etc)

                  Mais le plus marquant est la tendence lourde et confirmé de la domination des femmes dans l'éducation supérieure

                  dans les écoles supérieures les filles dominent largement (+60% en Médecine, ecole d'ingénieurs, facultés de droit etc...) les garçon preferent les études courtes, faire du call center, ou chercher à émigrer,

                  Il y a 30 ans elles étaient marginales 3 sur 100 voir moins

                  conséquence la classe dirigeante du pays sera à dominance feminine

                  et personne ne pourra s'opposer a cela car d'ici là les chiffres aurons donné leur sentence
                  .
                  .
                  ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
                  Napoléon III

                  Commentaire


                  • #10
                    transit

                    Grâce a toi ayoub les marocains qui vont sur ce forum ne reconnaissent
                    plus leur pays un vrai paradis .... continue de les faire rêver
                    -----------------------------
                    ------


                    Comme si nous vivions sur Mars !!
                    Le Maroc ! c'est notre quotidien... ce sont nous qui le font! s'il avance c'est grasse à dieu en premier, et puis nous! et notre travail!
                    Fais en donc autant pour ton pays qui en a plus besoin, au lieu de cette obsession béante de propagande antimarocanisme et de dénigrement.
                    A la fin ça ne nous touche en rien! notre développement, nous le travaillons, et nous assumons nos points faibles!
                    wa salam!

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