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Ce qui s’est réellement passé à Tibhirine

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  • Ce qui s’est réellement passé à Tibhirine

    Dans l’affaire des moines de Tibhirine, la vérité n’est vraie, pour ceux qui font semblant de la rechercher, que si et seulement si elle met en cause l’Armée algérienne ! Et toute autre version, pour eux, ne peut être que suspecte, d’autant plus qu’ils l’opposent aux seules thèses de ceux, Algériens ou étrangers et qui, pour une raison ou une autre, déclarée ou cachée, se sont spécialisés dans la désinformation. N’en déplaise aux uns et aux autres, voilà ce qui s’est réellement passé à Tibhirine.

    Pourquoi le GIA s’est attaqué aux moines

    Dès l’instant où les premiers religieux chrétiens ont été assassinés, le 8 mai 1994 à Alger, le sort des moines de Tibhirine était jeté, pour plusieurs raisons. La première est qu’ils étaient des ressortissants étrangers et le GIA avait, dès la fin octobre 1993, fixé un mois de délai à tous les expatriés pour quitter le pays sous peine de les exécuter, délai qui devait expirer vers la fin novembre. La deuxième est qu’ils étaient des religieux chrétiens, c'est-à-dire nécessairement des «croisés, ennemis de l’islam », aux yeux du GIA. La troisième raison est qu’ils avaient la malchance de vivre à Médéa, où les terroristes voulaient se distinguer par des assassinats d’étrangers. C’est là (à Berrouaghia) où fut donné l’exemple, à travers le premier assassinat d’un ressortissant étranger (un Espagnol), dès le 2 décembre 1993, c'est-à-dire juste après l’expiration du délai. Et c’est là également qu’a eu lieu, le même mois, le massacre le plus important contre des étrangers chrétiens (à Tamezguida), à un jet de pierre du monastère de Tibhirine, où ont été égorgés, sous les ordres de Sayah Attia, douze ressortissants croates. L’histoire retiendra que les premiers religieux chrétiens ont été assassinés par le GIA le 8 mai 1994 à Alger. C'est-à-dire au moment où le même GIA s’apprêtait à annoncer au monde entier que le FIS, conduit dans la clandestinité par l’un de ses courants, connu sous le nom de djaz’ara, auquel Mohamed Saïd et Abderrezak Redjam, avait prêté allégeance. Une fois leur «pacte d’unification» signé avec le GIA et annoncé, le 13 mai, les assassinats des prêtres et religieux allaient se poursuivre de plus belle.

    Tout autant que ceux qui ciblent les étrangers non musulmans avant de ne plus épargner personne, quelles qu’en soient l’origine ou la confession. La djaz’ara avait, après Alger, sa place forte à Médéa où elle était dirigée à l’époque par Ali Benhadjar.

    Ce premier attentat qui a ciblé des religieux n’a pas été le fait de l’«émir» sanguinaire du GIA dont la djaz’ara, suivie par d’autres milieux à l’étranger, tentera de faire accroire qu’il était «manipulé» par les «services » algériens, mais le fait de Cherif Gousmi dont pas une seule voix n’a vu en lui autre chose que l’exemple type du parfait terroriste.

    Ce même attentat est surtout révélateur de la nature du terrorisme de l’époque, du fait qu’il a été commis avec l’approbation du FIS djaz’ariste ou, à tout le moins, qui ne l’a pas désapprouvé alors qu’il finalisait au même moment son pacte d’«unification» avec le GIA avec qui il allait vivre main dans la main une autre série de meurtres de même type, jusqu’à leur divorce à la fin de l’année 1995.

    Autrement dit, tous les attentats qui ont ciblé des religieux chrétiens, mis à part les moines de Tibhirine et l’évêque d’Oran, ont eu lieu durant la période où la djaz’ara était totalement «fondue» dans le GIA. Cet attentat est d’autant plus ignoble qu’il a visé un prêtre et une sœur blanche, installés en plein quartier populaire de la Casbah, parmi le petit peuple, dont Henri Vergès et Paule Hélène. Mgr Clavérie, évêque d’Oran, écrira : «Le frère Henri et la sœur Paule- Hélène ont été assassinés à Alger, parce que sans doute, ils étaient religieux… Ceux qui les ont assassinés les considéraient comme des ennemis de l’islam… Leur islam était-il si fragile au point d’avoir peur d’un homme de soixante-cinq ans et d’une femme de soixante- sept ans ?...»

    De ce double crime, le GIA en a fait un haut fait d’armes qu’il a revendiqué à travers son bulletin El- Ansar : «Dans le cadre de la politique de liquidation des juifs, des chrétiens et des mécréants de la terre musulmane d’Algérie, une brigade du GIA a tendu une embuscade dans laquelle ont été tués deux croisés qui avaient passé de longues années à propager le mal en Algérie.» Cinq mois plus tard, les hordes criminelles récidivaient avec l’assassinat de deux autres religieuses à Bab-El-Oued (Alger). La liste continuera de s’allonger les mois et les années suivants. Dès lors, seul un miracle aurait pu sauver la vie des moines. Et il n’y en n’a pas eu.

    Les moines se savaient ciblés

    Le mois même de leur enlèvement, les moines de Tibhirine préssentaient le danger qui les entourait. Leur communauté avait envoyé une lettre prémonitoire à l’«Union des supérieurs majeurs» : «Assurer une présence, non pas missionnaire apostolique, mais contemplative et priante en milieu musulman, grâce à une communauté stable, fraternelle, unie et laborieuse. Présence discrète, mystérieuse, séparée du monde et en communion avec les personnes, humblement attentive aux besoins matériels et spirituels de ceux qui nous entourent. Présence de la mort. Traditionnellement, c’est une compagne assidue du moine. Cette compagne a pris une acuité plus concrète avec les menaces directes, les assassinats tout proches, certaines visites… Elle s’offre à nous comme un test de vérité utile et pas très commode. Après Noël 1993, tous, nous avons re-choisi de vivre ensemble. Ce choix avait été préparé par les renoncements antérieurs de chacun (à la famille, à la communauté d’origine, du pays…), et la mort brutale — de l’un de nous, de tous à la fois — ne serait qu’une conséquence de ce choix de vie à la suite du Christ (même si ce n’est pas directement prévu comme tel dans nos Constitutions).» Cette lettre, en faisant référence à «Noël 1993», marque avec précision le début des appréhensions. Il s’agit de la nuit où le groupe de l’«émir» Sayah Attia leur a rendu «visite» par effraction. Dans un hommage aux Croates assassinés par un groupe du même «émir», dix jours avant cette «visite», écrit Christian de Chergé (un des moines enlevés et assassinés), l’inquiétude n’est pas cachée : «Impossible également de ne pas nous sentir plus directement exposés. Mais si nous nous taisons, les pierres de l’oued encore baignées de sang sauvagement répandu hurleront la nuit.»

    Le danger qui pesait sur les moines de Tibhirine devenait évident après le massacre des Croates. D’autant plus qu’à la suite du départ des collègues survivants, les moines n’étaient plus que les seuls «étrangers» à être restés dans la région. Le père Christian de Chergé en était parfaitement conscient : «S'il m'arrivait un jour — et ça pourrait être aujourd'hui —d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays», avait-il écrit, à Tibhirine, le 1er janvier 1994, dans ce qui sera considéré comme son testament et qu’il a intitulé «Quand un dieu s’envisage».

    Plus tard, Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oran, parlant de l’assassinat des moines, montrera bien que ces religieux savaient parfaitement de quel côté venaient le danger et la menace qui pesaient sur eux. Il écrivait : «La mort des moines, qui étaient des frères et des amis de longue date, nous a meurtris encore une fois, mais a resserré nos liens avec des milliers d’Algériens épris de paix et lassés de la violence. Leur message silencieux a retenti dans des millions de cœurs partout dans le monde. Nous restons fidèles à ce cri d’amour et de réconciliation que le prieur (Christian de Chergé) exprimait dans son testament spirituel où il envisageait lucidement la mort. Je prends des précautions et je suis protégé par les forces de sécurité, mais Dieu reste le maître de l’Heure et c’est Lui qui peut donner un sens à notre vie et à notre mort.»

    par Mohamed Issami, Le Soir

  • #2
    Que dire après ça ?

    En lisant l'article, des images et des scènes me reviennent à l'esprit, c'est bouleversant, à l'époque je pensais que nous n'en sortirons jamais.

    Que du gâchis, que du gâchis.

    Allah yerham echouhada de la décennie obscure.
    .


    Nul n’est plus désespérément esclave, que ceux faussement convaincus d’être libres"-JWVG

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