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Oran pôle touristique sous haute protection

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  • Oran pôle touristique sous haute protection

    En accueillant plus de trois millions de visiteurs chaque été, Oran est l’un des principaux pôles touristiques d’Algérie. Au-delà de l’esprit festif qui règne durant la saison estivale, la capitale de l’Ouest doit faire face à un sérieux problème d’insécurité.

    C’est une tradition à Oran : les automobilistes klaxonnent toujours lorsqu’ils passent sous le tunnel de la Pêcherie. «C’est une vieille coutume ici, les gens font ça pour chasser les mauvais esprits. Mais pour moi, ce sont des balivernes. Je pense que cette histoire remonte au début du siècle dernier, lorsque le chauffeur de l’unique autobus qui reliait Oran à Aïn-Turk actionnait son klaxon pour indiquer qu’il arrivait en ville», explique Mounir, taximan de son état. Le jeune homme emprunte la route de la corniche en pestant contre les cortèges nuptiaux, une autre tradition bien ancrée dans la vie oranaise. «C’est de la folie, certains soirs on met jusqu’à deux heures pour rallier le complexe des Andalouses. Je veux bien croire que les gens fassent la fête, mais pourquoi dérangent-ils les autres ?» «Finalement, je les comprends, Oran est la plus belle, la plus vivante des villes d’Algérie. On sait faire la fête. Et l’été, la fièvre atteint son paroxysme.» Mais derrière cette ambiance festive, se cache un sérieux phénomène d’insécurité.

    Mounir le reconnaît. Il s’avère que les chauffeurs de taxi figurent parmi les catégories professionnelles qui sont les plus ciblées par les agressions. «La nuit, je fais en sorte de travailler avec un ami à mes côtés. De nos jours, on peut avoir les pires ennuis si l’on ne fait pas attention. Alors, je prends mes précautions en étant accompagné et, surtout, en évitant de transporter n’importe qui.» La situation est telle que les chauffeurs de taxi oranais ont demandé à ne plus mettre la ceinture de sécurité. Les agresseurs s’en servent pour étrangler leurs victimes. En fait, à Oran, tout le monde est tenu de prendre ses précautions. «Aujourd’hui, un jeune peut tuer pour un simple téléphone portable», regrette Mouloud, gérant d’un bar sur les hauteurs de la corniche. «Les temps ont bien changé. Avant, il existait une sorte de code d’honneur qui régissait le milieu. C’était le temps des véritables gangsters. Les petits caïds d’aujourd’hui n’ont plus de principes», note le vieil homme. Un constat que l’on peut confirmer à la lueur du bilan de la gendarmerie. «En l’espace d’un mois et demi, soit depuis l’entrée en vigueur du Plan Delphine, nous avons arrêté 38 personnes impliquées dans des crimes commis dans le cadre d’association de malfaiteurs. 22 d’entre elle ont été écrouées», indique le colonel Aïssa Bidel, commandant du groupement de gendarmerie nationale d’Oran. Pour assurer la sécurité dans les lieux placés sous la compétence de la gendarmerie, l’officier a vu ses effectifs renforcés à l’occasion de la saison estivale. «Dans le cadre du Plan Delphine, nous sommes chargés de surveiller une vingtaine de plages. Cette mission de proximité est assurée par 135 jeunes stagiaires. Pour ce qui est de la circulation routière, nos effectifs ont été renforcés avec 120 motocyclistes», souligne le colonel Bidel. Ces renforts peuvent paraître dérisoires au vu du nombre impressionnant d’estivants qui prennent d’assaut l’été la corniche oranaise.

    «En l’espace de quelques semaines, les communes situées dans la daïra de Aïn-Turck reçoivent plus de 3 millions estivants. Nous devons être sur les routes, les plages et dans tous les lieux où notre présence est nécessaire», assure, pour sa part, le commandant Mohamed Rédha Kebaïli, chef de la compagnie de gendarmerie de Aïn-Turck. Son souci principal tient en quelques mots : «Occuper le terrain. » Mercredi dernier, au cours d’une opération coup de poing menée dans les quartiers de Aïn- Turck, les hommes du commandant Kebaïli passent au peigne fin la dizaine de kiosques de la plage des Dunes. Construites dans le cadre de l’emploi des jeunes, les petites boutiques se sont transformées en lieux de débauche. L’une d’elle a même été aménagée en maison close. Au cours d’une descente opérée au mois de juin, les gendarmes ont procédé à plusieurs arrestations. Le wali d’Oran a finalement décidé de clore ce dossier en signant un arrêté de démolition de ces kiosques.

    L’été prochain, Aïn-Turck devrait avoir un nouveau front de mer. Mais le roi des nuits oranaises est sans conteste l’alcool. Bars, restaurants, cabarets, dépôts, revendeurs clandestins… L’alcool est partout. Des milliers d’hectolitres de bière, de vin et autres boissons enivrantes sont avalées chaque nuit. Récemment, le wali d’Oran a pris un arrêté pour interdire la vente d’alcool au-delà d’une certaine heure de la nuit. Finalement, la décision ne sera pas appliquée pour des raisons de «conformité» aux textes réglementaires. Oran peut continuer à s’enivrer et à faire la fête.

    Par Le Soir
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