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Au lendemain de la fin de Festival panafricain

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  • Au lendemain de la fin de Festival panafricain

    Chronique

    La tristesse blanche du lendemain


    C’est très algérien. On a critiqué le Festival panafricain, l’Afrique, l’Etat, les largesses, la ministre de la Culture et même la culture. Sur la forme bien sûr et non sur le fond, aucune personne sérieuse ne pouvant remettre en cause la tenue d’un tel festival ouvert à tout le monde. Car, il se doit d’être juste, les critiques portaient surtout sur l’organisation chaotique et aléatoire, parce que confiée aux copains de salon et aux amis du sérail et non sur des critères d’efficacité. Ces critiques portaient aussi sur le choix d’une africanité un peu subjective, faite de plumes exotiques, de villages en paille, de réseaux parisiens, de cachets d’artiste à la tête du client et de musiciens un peu périmés venus sans escale du 19e arrondissement. Il faut, pourtant, se rendre compte qu’à partir de demain, comme Capri ou Tichy, c’est fini.

    Plus de concerts, moins de films et peu d’expositions ou de pièces de théâtre, plus de colloques et plus d’Afrique. A partir de ce soir, date de clôture du festival, l’ennui national va reprendre ses droits, avec au programme un festival de poterie, une exposition de l’art traditionnel de Bouchegouf et un séminaire sur l’apport du tapis naïli à la réconciliation nationale. A partir du 21 juillet, c’est-à-dire demain, les Algériens se retrouveront face à eux-mêmes, à leurs démons, leur malvie, leur moral quotidiennement à plat et leur inertie déconcertante. Les Algériens se retrouveront seuls, sans seins nus pour les choquer, sans rythmes africains pour les bouger et sans diversité pour les enrichir. Seuls ? Pas vraiment. Dans tous les cas, en dehors des clandestins subsahariens, on pourra toujours compter sur nos amis chinois qui, malgré les vraies fausses menaces d’Al Qaïda.dz, vont rester. Madame la ministre, pourquoi pas un festival panasiatique à partir de la semaine prochaine ? Et un autre dans 40 ans

    Par Chawki Amari.ElWatan
    Le jour se lève ! Les cœurs reprennent le fardeau des siècles, aller vers la nature ou se consumé dans la pénombre de sa tanière ?

  • #2
    Madame la ministre, pourquoi pas un festival panasiatique à partir de la semaine prochaine ? Et un autre dans 40 ans
    Pourquoi n'y aurait-il un festival tout les ans ou les quatre ans par exemple ce serait mieux et pourquoi avoir attendu autant de temps pour se décider à faire un 2ème festival panafricain ?
    C'était dans les années 70 si ma mémoire est bonne le premier ?
    Tous les fils d'Adam (paix sur lui) sont des pécheurs. Les meilleurs d’entre eux sont ceux qui se repentent.Hadith rapporté par Ahmad et Tirmidhî

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    • #3
      Pourquoi n'y aurait-il un festival tout les ans ou les quatre ans par exemple ce serait mieux et pourquoi avoir attendu autant de temps pour se décider à faire un 2ème festival panafricain ?
      Parce que la mode était plutôt au panarabisme ou à la francophonie..

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      • #4
        Le symposium des écrivains africains et les mythes

        Faut-il assassiner le père pour accéder aux libertés ?


        Le symposium des écrivains africains organisé depuis hier avec la participation de 75 hommes et femmes de lettres, a été ouvert en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi qui prononça à cette occasion une allocution de bienvenue aux invités du Panaf’.

        Elle a profité de cette tribune pour annoncer la création de la bibliothèque du lycéen qui comprendra un livret dans lequel figureront des auteurs africains. Cette initiative sera une tentative de consécration de la pratique de la lecture dans les milieux des jeunes. Lors de cette ouverture, Mme Nadjet Khada, commissaire du symposium a indiqué qu’une autre rencontre littéraire de la même ampleur se tiendra en novembre prochain à Alger. Le Congolais Caya Makhélé, responsable de la revue Continental a révélé pour sa part les noms des lauréats des prix littéraires dénommé Continental et décerné cette première fois à l’Ivoirienne Tanella Boni, la Sénégalaise Nafissatou Djatou et à celui qui n’est plus à présenter pour les Algériens, Rachid Boudjedra. Le prix attribué à ces écrivains est symbolique (pas financier) et récompense toute l’œuvre et la démarche intellectuelle des ces auteurs.

        Dans son adresse aux participants pour leur souhaiter la bienvenue, Rachid Boudjedra a mis le doigt sur un point douloureux pour l’ensemble des habitants du continent en rappelant son regret de ne pas connaître la jeune littérature subsaharienne. Il précise à ce propos que ce Panaf n’est pas seulement festif, « il devrait nous permettre de ne plus passer par Paris ou Londres pour nous connaître les uns les autres », a-t-il souhaité. Les travaux du symposium ont réellement commencé l’après-midi avec la première séance intitulée : Le travail de l’imaginaire : mythes ancestraux et modernité. La séance bénéficiait d’un panel de qualité composé de Noureini Tidjani-Serpos directeur de département de l’Unesco (président), Boniface Mongo M’Boussa (Modérateurs) et des intervenants (écrivains) : Anouar Benmalek, Eugène Ebode, Calixthe Beyala, Wacyni Laradj, Sami Tchak, Habib Tengour et Emanuel Matateyou. Il s’agissait de situer la place et le rôle du mythe, en d’autres termes de certaines traditions culturelles ancestrales dans l’acte d’écriture. La Camerounaise qui est intervenue en premier après une brève présentation du thème de la séance par Tidjani-Serpos, invoqua la manière avec laquelle mais de façon indirecte voire inconsciente, les mythes pénètrent les personnages des ses écrits. L’action du mythe est une « projection non consciente qui se retrouve dans ce que j’écris à travers les structures professionnelles des mes personnages parce que je me suis nourrie de ces mythes. Et alors on les retrouve par exemple dans la force de mes personnages ».

        Abordant la question sous un angle très différent et dans une brève intervention vigoureuse l’écrivain Anouar Benmalek n’hésite pas à remettre en cause certaines traditions en affirmant que les mythes sont nos alliés mais aussi nos ennemis. S’ils ont agit comme alliés en servant de base parfois à positiver les nobles causes libératrices, ils ont fonctionné également après les indépendances comme base de légitimation des pouvoirs des dictateurs et de justification d’actions politiques liberticides. Dans ce cas les mythes ont servi les dictatures à travers l’érection de la stature de la nation d’où là le devoir pour les écrivains » d’assassiner le père dans l’objectif évident de libérer le citoyen. Il en est de même pour certains mythes fondateurs que sont la religion et le nationalisme qui sont devenus selon lui les ennemis des écrivains dont beaucoup, pour pouvoir s’exprimer sans entrave sont obligés de s’exiler en terre étrangère pour pouvoir écrire sur leur propre pays. Benmalek donne pour illustrer ses propos toute la nocivité qu’a pris maintenant dans la bouche des nationalistes le terme « frère » qui nous « empêche d’être citoyens. » Pour sa part, le Malien Sami Tchak se pose la question de savoir de quels mythes on parle ? Et d’affirmer j’ai découvert à six ans à l’école la civilisation écrite avant les mythes. C’est donc par l’écriture que nous avons découvert les mythes véhiculés auparavant par l’oralité. Pour l’écrivain algérien Wacini Laradj, plus on descend profondément dans l’ancestralité on est dans la modernité parce que nous sommes aussi bien le produit du passé que du présent.

        Lardj rappellera comment il a utilisé le mythe de Chahrazed en faisant intervenir un autre personnage, sa sœur Douniazad pour lui faire jouer le rôle d’initiatrice de la liberté. Pour le Camerounais Eugène Ebodé emprunte le chemin inverse de son confrère malien Tchac en affirmant que le mythe ne provient pas uniquement de l’écriture mais aussi de l’oralité à l’exemple du mythe du revenant, celui-là même qui vient ou qu’on fait venir pour nous faire peur, tel celui qui dans le pays de cet auteur revient pour voler le sexe des hommes. Le mythe décisif dit-il n’est pas éloigné du revenant parce qu’il relie ce qui a été et ce qui sera. Habib Tengour, anthropologue, poète et écrivain algérien, est parti du mythe grec de l’odyssée qui renvoie au retour pour développer son argumentaire autour de l’identité. En fin d’après midi, interventions et débats se sont relayés pour soumettre à l’analyse les concepts de mythe et de modernité. Les divergences des visions, l’intensité des débats ont remis en cause ce qui pouvait être pris le matin pour argent comptant. Ce qui est apparu comme une nécessité absolue c’est que ce genre de rencontres se multiplie pour permettre aux intellectuels de ce continent de se rapprocher les uns des autres.


        A. Ancer. ELWATAN
        16 juillet 2009
        Le jour se lève ! Les cœurs reprennent le fardeau des siècles, aller vers la nature ou se consumé dans la pénombre de sa tanière ?

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        • #5
          pourquoi avoir attendu autant de temps pour se décider à faire un 2ème festival panafricain ?
          C'était dans les années 70 si ma mémoire est bonne le premier ?
          je pense que certaines conditions devaient être réunies pour entreprendre une telle activité culturelle comme le rétablissement de la sécurité et d’un fonctionnement normal de l’Etat providence, ça peut être une réponse. J’en ai une autre, ce n’est qu’un cadeau de Boutref pour sa troisième réélection, il nous laisse soufflé comme des fous avec des animations de ouf qu’on n’a pas vu en Algérie depuis le début du processus électorale. Sérieusement ça reste de l’animation de pacotille, parce que ça fait des siècles qu’on dit « nous sommes des africains d’abord » sans espoir, mais eux ils nous disent le contraire ! aujourd’hui ils ressuscitent l’africanité de l’Algérien via un folklore de mauvais goût
          Parce que la mode était plutôt au panarabisme ou à la francophonie..
          Voilà pourquoi !
          Le jour se lève ! Les cœurs reprennent le fardeau des siècles, aller vers la nature ou se consumé dans la pénombre de sa tanière ?

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          • #6
            pourquoi avoir attendu autant de temps pour se décider à faire un 2ème festival panafricain ?
            C'était dans les années 70 si ma mémoire est bonne le premier ?
            la reponse.

            Festival culturel panafricain d'Alger vs Festival mondial des arts nègres

            Au-delà du spectacle : enjeux idéologiques et géopolitiques
            Ammar Kessab
            Le Sénégal et l'Algérie préparent chacun un événement culturel d'envergure panafricaine en référence aux festivals historiques des années 60. Le chercheur algérien Ammar Kessab propose ici une analyse des enjeux de cette confrontation.

            L'étude des rapports culturels entre le Maghreb et l'Afrique noire (1) démontre que les échanges en matière d'art et de culture entre les deux univers se caractérisent par une inertie palpable. En effet, si l'on prend les festivals comme baromètre du niveau de ces échanges, on constate que seulement trois festivals sont dédiés au Nord à la culture africaine : deux au Maroc (Festival du cinéma africain de Khouribga, Festival international des musiques africaines "Magic Draâ" à Zagora), et un seul en Algérie (Festival arabo-africain de danse folklorique de Tizi-Ouzou). Au sud, aucun événement n'est organisé dans le but de se rapprocher du Maghreb : les festivals dits "africains" sont réservés presque exclusivement aux artistes noirs. D'autre part, les échanges et les conventions culturelles interarabes ou intermusulmanes pour les pays du Maghreb, et intra Afrique noire pour ceux du Sud fleurissent.
            Il y a là support problématique pour une réflexion susceptible d'aider à comprendre ce constat paradoxal tant que les discours officiels des pays du Maghreb revendiquent une composante identitaire "africaine" infaillible, et que les pays de l'Afrique subsaharienne se disent pleinement convaincus que leurs "frères blancs" sont africains à part entière.
            Une explication généraliste considérant le Maghreb comme une entité politique homogène serait fondamentalement erronée. Les trois pays du Maghreb qui sont l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, et de par leurs parcours historiques et leurs politiques culturelles souveraines, maintiennent des rapports singuliers avec l'Afrique subsaharienne.
            Nous tenterons dans cet article de traiter du seul cas de l'Algérie tout en évoquant quelques aspects intéressants des deux autres pays.
            A l'époque des mouvements africains de résistance armée et intellectuelle, le fossé idéologique et culturel séparant une grande partie de l'Afrique noire de l'Algérie existait déjà : c'est qu'à l'origine, la définition de la résistance à la colonisation pour l'une et pour les autres n'avait pas la même signification. Dans l'Afrique de Léopold Sédar Senghor, la "négritude", notion qui fait référence à l'homme de couleur noire, était l'essence de tout combat, qui doit être de préférence intellectuel plutôt qu'armé. En Algérie, c'est du nationalisme arabe mélangé au communisme et à l'Islam que les dirigeants s'abreuvaient principalement pour mener leur lutte armée.
            Le sentiment d'appartenance au continent africain n'est venu qu'à l'indépendance : aucun des trois textes (2) fondateurs de la République Algérienne rédigés avant 1962 ne faisait allusion directe à l'appartenance du pays au continent africain. C'est une fois libérée que l'Algérie a connu et reconnu sa composante identitaire africaine en la constitutionalisant en 1963.
            La libération du joug colonial acquise, essentiellement à partir de la fin des années cinquante du siècle passé, les pays africains font plus ample connaissance entre eux et les divergences quant à la définition de la notion de résistance n'allaient pas tarder à se transformer en différent idéologique profond qui divisa le continent en deux blocs : une Afrique exclusivement noire qui faisait de la "négritude pacifiste" son cheval de bataille, et une Afrique plus diversifiée, révoltée et indomptable, qui ne se reconnaissait pas dans l'idéologie cultivée par Senghor. Le mouvement de la "négritude", avec une longueur d'avance sur ses détracteurs car appuyé par la France, organisera son premier Festival mondial des arts nègres à Dakar en 1966 et l'inscrit dans le thème "Fonction et importance de l'art nègre et africain pour les peuples et dans la vie des peuples". La manifestation se voulait être un événement historique pour inscrire la négritude dans les courants culturels mondiaux.
            Le Maroc et la Tunisie étaient avec les Emirats Arabes Unis les seuls pays arabes à avoir participé au festival. Le Maroc, en conflit sur les frontières avec l'Algérie, ne pouvait que soutenir un événement qui ne plaisait pas à son "frère ennemi". Cependant, les intellectuels marocains, en majorité de tendance communiste à l'époque, étaient farouchement hostiles au festival de Dakar. Les contemporains de l'événement se rappellent bien de la diatribe du journaliste Abdallah Stouky parue dans la revue Souffle en 1966, une revue qui sera d'ailleurs interdite quelques années plus tard et son fondateur jeté en prison par le Roi Hassan II.
            La Tunisie quant à elle, par son président El Habib Bourguiba, soutenait Senghor dans son projet de francophonie internationale. La complicité entre les deux hommes cachait en réalité un rapport d'intérêt. En effet, c'est le projet francophone qui intéressait Bourguiba et non Senghor. Georges Lapassade dans un entretien avec Olivier Barlet révèle une discussion avec Senghor où ce dernier avait affirmé que dans les yeux de Bourguiba, il n'était que "son petit nègre" (3).
            L'Algérie n'était pas présente au festival de Dakar. Seule la chanteuse Taos Amrouche qui résidait à Tunis avait représenté son pays contre vents et marrés et recevra le prix de la musicologie. Elle sera privée de participation au Festival panafricain d'Alger en 1969.
            En Afrique noire, le boycott viendra par la Guinée d'Ahmed Sékou Touré. Sur le plan international, c'est Cuba de Fidel Castro qui fera de même. Les deux pays étant communistes, ils manifestaient de fait leur solidarité avec le parti d'extrême gauche sénégalais PAI (Parti Africain d'Indépendance), interdit, et ses partisans malmenés à l'époque par Senghor. A l'instar de l'artiste noir américain Paul Robeson et la chanteuse algérienne d'origine sud-africaine Myriam Makeba, plusieurs autres personnalités refusaient de participer au festival. Les voix s'élèveront à l'intérieur même du Sénégal quand l'Union générale des étudiants de l'Afrique occidentale (UGEAO) et ceux de l'Union générale des étudiants sénégalais (UGES) appelleront au boycott. Les raisons de l'absence de l'Algérie étaient certes accentuées par le fait que Senghor réprimait les communistes (le pays étant profondément socialiste) mais les raisons principales sont ailleurs. En fait, la négritude ne correspondait pas à la vision que l'Algérie avait de la nature des relations que l'Afrique se devait d'entretenir avec les anciennes puissances coloniales. Sous le patronat du général de Gaulle, le premier Festival mondial des arts nègres de Dakar était considéré par le pays "d'un million et demi de martyrs" comme une insulte à l'ensemble des peuples qui ont souffert du colonialisme. Ainsi, l'Algérie devenue modèle de décolonisation et de résistance, découvrait soudainement son appartenance africaine. Mais elle ne pouvait se reconnaître dans un mouvement de négritude ethnocentriste et de surcroît asservi à la France.

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            • #7
              suite
              L'Algérie décide alors de ressusciter un mouvement qui correspondait à ses orientations. De tendance dure vis-à-vis du colonisateur et appelant à regrouper toutes tendances africaines au-delà des pigmentations, le panafricanisme constituait le mouvement idéal qui lui permettait d'attirer l'attention et d'asseoir son leadership sur les pays tiers-mondiste. Alger dépoussière le mouvement et lui conçoit un festival sur mesure : le premier Festival culturel panafricain d'Alger, appelé aussi "opéra du tiers-monde". Il est organisé en 1969 sous le signe de "Réalités de la culture africaine et rôle de la culture africaine dans la libération nationale, dans la consolidation de l'unité africaine et dans le développement économique et social de l'Afrique". La manifestation était une réponse à l'exclusion ressentie par l'Algérie de la part des organisateurs du Fesman mais aussi une réponse à la France pour lui signifier que l'indigène qu'elle a cru incapable de prendre son destin en main est désormais capable de la concurrencer sur l'ensemble d'un continent.
              Les mécontents du Festival mondial des arts nègres affluaient de tous bords vers Alger pour argumenter leur opposition à l'idée de la négritude. De la sorte, Henri Lopes, Stanislas Adotevi, Wole Soyinka, Amilcar Cabral, René Depestre et d'autres intellectuels encore feront du festival une tribune pour régler leur compte avec Senghor. A Dakar même, la conférence de Pathé Diagne intitulée "La négritude au Festival Panafricain d'Alger" au lendemain du festival, déconstruisait sans ménage la notion de "négritude". L'intellectuel sera menacé de mort et s'exilera en France puis aux Etats-Unis (4).
              Aujourd'hui, le Festival Panafricain continue à être une référence de politique culturelle en Algérie en général et dans la capitale en particulier. Cette brève plongée de type synchronique révèle qu'une partie de l'origine du problème de l'incompréhension entre l'Algérie et le continent noir prend sa source dans une dialectique historique complexe liée à une confrontation idéologique entre les teneurs de la "négritude" au Sud et les partisans du "panafricanisme" situés au Nord mais aussi dans le Sud. L'antagonisme est accentué par l'incapacité pour la plupart des pays d'Afrique noire d'imaginer le continent autrement que "noir", et pour les pays du Maghreb de se détacher de leur complexe de supériorité dans leurs rapports avec l'autre partie.
              L'Europe, à travers ses programmes sectoriels destinés à l'Afrique qui distinguent le Nord du Sud, appuie les disparités.
              On aurait pu en rester là, mais seulement voilà : presque quarante années plus tard, et au moment où tout le monde pensait que les vieux démons idéologiques séparant l'Afrique avaient disparu, voici que le gouvernement algérien décide d'organiser en juillet 2009 le deuxième Festival culturel panafricain d'Alger. Quelques mois plus tôt, Abdoulaye Wade avait annoncé la tenue à Dakar de la troisième édition du Festival mondial des arts nègres dans la ville qui l'a vu naître après une deuxième édition organisée à Lagos en 1977 mais qui n'a pas suscité un grand intérêt.
              Présenté auprès de l'Union Africaine (UA) en Afrique du Sud le 17 novembre 2007, le projet d'organiser une deuxième édition du festival panafricain a été révélé quelques mois après le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, discours qui a suscité l'émoi en Algérie. Déjà à l'époque du Festival mondial des arts nègres en 1966, le discours d'André Malraux à Dakar avait provoqué un tollé à Alger et le Manifeste du Festival panafricain émis 3 ans plus tard n'était qu'une réponse directe à ce discours.
              Aussi, est-il intéressant de constater que le Maroc, n'étant pas membre de l'Union Africaine et toujours en conflit avec son voisin algérien, fait partie du comité d'organisation du Fesman 2009.
              La coïncidence de l'organisation des deux festivals en 2009, et à quatre mois d'intervalle, ne laisse pas de doute pour affirmer que l'Algérie ne voulait pas rester les mains croisées face à un Fesman 2009 où elle allait être mise à l'écart. Un Fesman sous le signe de la francophonie alors qu'elle ne fait toujours pas partie de l'organisation internationale de francophonie. Avec son "contre festival", Alger veut réaffirmer sont refus de l'hégémonie française sur l'Afrique, au moment même où l'ancien colonisateur refuse toujours de reconnaître ses crimes commis pendant la colonisation. Même si le président Wade a vidé le Festival Mondial des Arts Nègres 2009 de sa "négritude" pour en faire une "Renaissance de l'Afrique", le festival demeure le protégé de la France qui participe, avec le Maroc, à son orientation et son organisation. La production et la direction générale du Fesman 2009 sont assurées par deux Français : Jean-Pierre Bloch et Gad Weil.
              Le Festival culturel panafricain d'Alger ne pourra inviter des panafricains convaincus comme autrefois étant donné que la plupart ont disparu ou se sont convertis par la force des choses en théoricien au bord des facultés européennes et américaines. De ce fait, le conflit idéologique d'autrefois qui opposait le mouvement de la négritude au mouvement du panafricanisme s'est considérablement affaibli. Le conflit s'est transformé en enjeu géopolitique entre l'Algérie d'un côté, le Maroc et la France de l'autre.

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              • #8
                C'est l'Union Africaine qui a confié l'organisation du Panaf à l'Algérie lors du sommet de Khartoum en 2006 , ça n'a rien à voir avec la réelection de Bouteflika et les 40 années entre les deux festivals sont dues essentiellement au retard accusé par notre pays dans tous les domaines depuis l'arrivée de Chadli au pouvoir tout simplement.

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                • #9
                  Les africains sont tellement convaincus que seule l'algerie s'est occupée de l'orgravisation du Panaf une seconde fois;.
                  Coucher du soleil à Agadir

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