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Quitus Au Putschiste

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  • Quitus Au Putschiste

    par K. Selim

    Le général putschiste Mohamed Ould Abdelaziz a été «élu» au premier tour d'une élection présidentielle qualifiée par l'opposition mauritanienne de «coup d'Etat électoral». Les courageux opposants au putsch, qui réclamaient un retour à la légalité constitutionnelle, ont été pratiquement contraints d'entrer dans une opération électorale dont le déroulement et le contrôle ne pouvaient que leur échapper. Cette opposition a dû composer avec une «communauté internationale», Union africaine en tête, qui, après avoir fait preuve d'une intransigeance démocratique, a exigé que l'opposition compose avec les putschistes pour une sortie «électorale» de la crise.

    Autant dire que les dés étaient pipés dès le départ et que le général Abdelaziz, adoubé de manière ostentatoire par le président en exercice de l'UA, Mouammar Kadhafi, avait reçu les «quitus» nécessaires. L'Union africaine a accepté de facto que le colonel Kadhafi «révise» le principe de non-reconnaissance des gouvernements putschistes. Elle vient d'offrir un nouveau moyen opératoire aux futurs coups d'Etat. Il y a eu le modèle Vall de transmission du pouvoir des militaires aux civils, on a désormais le modèle Abdelaziz de prise du pouvoir par les militaires.

    Ceux qui en Afrique croyaient que les coups d'Etat étaient passés de mode doivent déchanter. La méthode Abdelaziz est désormais diffusible : on prend le pouvoir par la force, on fait le dos rond devant les dénonciations internationales, on négocie et on se prépare une élection qui légitime le coup d'Etat. Si cela marche pour la Mauritanie, pourquoi cela ne marcherait-il pas ailleurs ?

    Une nouvelle recette est donc offerte aux apprentis putschistes d'Afrique : le coup d'Etat confirmé par le « vote». Tous les principes démocratiques laborieusement mis en place par l'Union africaine s'effritent. L'organisation continentale n'en finit pas d'avaler les couleuvres et d'être toujours en retard dans la prévention des crises.

    Les opposants mauritaniens sont amers et on les comprend. Des observateurs, qui ne voient pas grand-chose, vont affirmer que le scrutin s'est déroulé normalement, alors que tout le processus est anormal et vicié à la base. Ely Ould Mohammed Vall, le putschiste qui a renversé Ould Tayaa et organisé une transition démocratique exemplaire, a parlé de «vastes opérations de fraude». Mais que pèse une opposition mauritanienne, il est vrai dispersée, devant les arrangements extérieurs destinés à favoriser une sortie de la crise en veillant sur les «formes» ? Le général putschiste n'avait qu'à donner une élection à ceux qui, à l'extérieur, faisaient mine de défendre la démocratie et le respect de l'ordre constitutionnel. Il le leur donne.

    Suffisant pour que le ministère des Affaires étrangères français, sans attendre que l'on statue sur les accusations de fraude de l'opposition, décrète que l'élection a été correcte et «n'a pas donné lieu à des anomalies majeures». Donner sans attendre le «quitus» démocratique à un putschiste est plus qu'une anomalie, surtout de la part d'un gouvernement qui s'est retrouvé en pointe dans la dénonciation de la «fraude» en Iran
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