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    Les requins et les sirènes
    par K. Selim
    Barack Obama trouve que Wall Street n'a pas changé ! Quelle surprise ! Les spéculateurs, sans remords, n'ont pas fait leur mea- culpa ! La sentence délivrée sur un ton faussement naïf par Obama ne peut être prise pour un canular ou une bourde. Le «grand nouveau Président qui va tout changer, au-dedans comme au dehors», plaisante souvent mais pas dans ce cas.

    Il faut donc écarter d'emblée l'idée que le président Barack Obama puisse espérer que les acteurs des marchés financiers et monétaires fassent d'eux-mêmes pénitence et procèdent spontanément à un changement de comportement. Ces gens ont gagné beaucoup à la dérégulation. Ils ont été puissamment encouragés à envisager des opérations inconsidérées par la modification du Reinvestment Community Act en 1995, entreprise par le président démocrate Clinton, dont la pensée est toujours présente à travers Tim Geitner, du secrétariat au Trésor.

    Ces risques totalement spéculatifs ont été largement transmis, pendant les deux mandats de Bush, à des clientèles, riches et pauvres, qui se sont retrouvées dépouillées et sans recours. L'argent gagné à partir de ces pyramides financières malhonnêtes a largement contribué à la récession américaine puis mondiale. L'administration Bush a choisi sans états d'âme de sauver le système en puisant dans les réserves et les poches des classes populaires et des classes moyennes partout dans le monde.

    Dans ce schéma, les plus démunis sont les plus durement touchés. Obama a continué de faire de même, sauver les financiers en les renflouant mais en proclamant son mécontentement. La théorie démocrate, dès avant l'élection, répétée ensuite plusieurs fois, est qu'on ne peut pas se passer des banquiers-spéculateurs. Ce qui sous-entend qu'il n'est pas nécessaire de chercher à savoir si on peut faire leur métier de manière différente et autrement qu'avec eux. Tout est dit ou presque.

    Que reste-t-il en effet ? L'espoir caressé par le Président dans son programme et ses discours, que l'argent donné aux riches - et que Morgan Stanley et Goldman Sachs commencent à afficher cyniquement en tant que profits - soit partiellement reversé, après gavage, aux pauvres dans un accès soudain de moralité et de générosité, fait long feu. S'ils ne se repentent pas, on leur forcera la main en menaçant de réguler..., mais sans dire quoi ni comment. Au bout du compte, la machine à fabriquer des bulles financières est intacte, l'illusion du retour de Keynes et du New Deal semble avoir vécu.

    Il y a dans le dépit de Barack Obama deux autres frustrations. La première, lourde de conséquences, est que le pari de redistribution engagé avec l'argent des contribuables ne se réalise pas, le chômage demeurant important et la croissance éloignée. La seconde, c'est de voir la base démocrate, le coeur de son électorat, lui tourner progressivement le dos. Il est donc nécessaire de hausser le ton. Mais si d'aucuns attendaient Roosevelt et les règles mises en place en 1929 - régulation contraignante, sanctions pénales assorties de mises en faillite protégeant les biens publics -, ils devront se résigner à voir le retour de Clinton.

    Espérer que des requins se transforment en sirènes est l'expression d'une naïveté dont on ne fera pas le crédit à l'intellectuel de la Maison-Blanche.
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