Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le druide, philosophe précepteur

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le druide, philosophe précepteur

    Ce village est une cour d'école. Il y a le souffre-douleur, le barde Assurancetourix. Il y a le querelleur, le forgeron Cétautomatix qui cherche constamment noise au poissonnier, Ordralfabétix. Il y a les bons, les mauvais élèves. Et, bien sûr, il y a le druide Panoramix - le vieux sage. La IIIe République est passée par là. Dans son Histoire de France populaire publiée en 1875, l'historien et homme politique Henri Martin (1810-1883) "représente les druides comme des philosophes-précepteurs", écrit Nicolas Rouvière dans Astérix ou la parodie des identités (Flammarion, 2008). "Dans l'enseignement laïc de la IIIe République, ajoute-t-il, (...) le druide atténue la barbarie de la religion (...), il est dépositaire du savoir, ancêtre de l'instituteur."

    Plus que celle du magicien barbare, c'est donc cette figure du druide en enseignant laïc que choisiront Goscinny et Uderzo. Les druides, précurseurs de l'école républicaine ? Voire. Le poète romain Lucain (39-65), les décrit comme habitant "au fond des forêts dans des bois reculés" et, surtout, leur reproche leurs "rites barbares et leur sinistre coutume des sacrifices" humains. Quant à l'historien Suétone (70-130 environ), il fustige la sauvagerie de leur "religion atroce". Mais il est vrai que tous deux écrivent à une époque où le druidisme est, déjà, entré dans la légende...

    Qui croire ? Pour l'historien et archéologue Jean-Louis Brunaux (CNRS), les druides ne sont ni de gentils professeurs ni de sombres sacrificateurs sanguinaires. Il faut, selon lui, voir le druidisme comme une école philosophique "à la grecque". Un mouvement qui aurait littéralement régné sur la Gaule entre le Ve et IIe siècle avant notre ère, avant de décliner pour disparaître tout à fait au tournant de l'ère chrétienne. Ainsi, lorsque César (100-44 avant J.-C.) part en campagne, en 58 avant notre ère, "il ne reste déjà presque plus de druides en Gaule, les derniers se font discrets et ne sont que des produits de l'institution pédagogique", assure Jean-Louis Brunaux.

    Chose étrange. Car César est aussi l'auteur de l'Antiquité qui s'étend le plus sur les druides et le druidisme. Dans La Guerre des Gaules -, le récit, mené tambour battant, de ses opérations diplomatiques et militaires entre le Rhin et l'Atlantique - il consacre au sujet quelques pages des plus célèbres. Mais à aucun moment de son récit il ne narre la moindre rencontre avec l'un de ces mystérieux mages gaulois. "En réalité, la majorité des passages ethnographiques de La Guerre des Gaules, sont recopiés de l'oeuvre de Poseidonios d'Apamée (135-51 avant J.-C.), un philosophe grec qui a voyagé en Gaule une quarantaine d'années avant César", explique M. Brunaux. Injustement méconnu, Poseidonios d'Apamée est une puissance intellectuelle. Il est scolarque (directeur) de l'école du Portique. Il est astronome et géomètre. Il est peut-être l'inventeur du prodigieux mécanisme d'Anticythère, machine antique permettant de calculer les positions astronomiques. Il est géographe et historien. Il est grand reporter.

    Que diable va-t-il faire dans la lointaine Gaule ? "Il cherche l'Age d'or, il veut observer un monde dans lequel les gouvernements sont encore tenus par les savants, comme cela avait été le cas quelques siècles avant lui, lorsque des écoles philosophiques administraient des cités grecques, dit Jean-Louis Brunaux. C'est, entre autres choses, ce qu'il pense trouver en Gaule avec les druides." Un siècle et demi avant Lucain et Suétone, les druides gaulois pouvaient donc aussi être considérés par les philosophes grecs comme des alter ego.

    Hélas ! Le récit complet de Poseidonios est perdu ; il faut se fier à ce qu'en laissent filtrer les auteurs ultérieurs qui l'ont lu, dont César. Les druides, écrit le proconsul, "apprennent par coeur, à ce qu'on dit, un grand nombre de vers : aussi certains demeurent-ils vingt ans à leur école. Ils estiment que la religion interdit de confier ces cours à l'écriture, alors que pour le reste en général, pour les comptes publics et privés ils utilisent l'alphabet grec". César ajoute qu'ils "discutent abondamment sur les astres et leur mouvement, sur la grandeur du monde et de la Terre, sur la nature des choses" ; qu'ils cherchent à "établir que les âmes ne meurent pas mais passent après la mort d'un corps dans un autre".

    Il les crédite donc d'un pouvoir politique exorbitant, excédant de loin la seule régulation des pratiques religieuses. Ces druides, "commandés par un chef unique" et qui se réunissent une fois l'an, "dans un lieu consacré, au pays des Carnutes" (près d'Orléans), arbitrent les différends entre particuliers ou entre la soixantaine de peuples qui forment cette mosaïque bigarrée qu'est alors la Gaule. "Si un particulier ou un Etat ne défère pas à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices et cette peine est chez eux la plus grave de toutes", précise César. Mais tout cela était bel et bien révolu au moment de la Guerre des Gaules : sinon, César se serait inquiété des druides lors de ses opérations. Il n'en a rien été.

    Croyance dans la transmigration des âmes, prohibition de l'écriture pour conserver le secret de l'enseignement, initiation, pratique de l'astronomie, implication dans la vie de la cité : pour un esprit grec formé à la philosophie, ce qui est décrit là ne peut faire penser qu'à la doctrine du grand Pythagore (vers 580-497 avant J.-C.), le "premier philosophe". "De nombreux auteurs grecs se sont interrogés sur ces ressemblances frappantes entre les idées pythagoriciennes et celles des druides, explique Jean-Louis Brunaux. Certains se sont même demandés si Pythagore n'avait pas été instruit par des druides !" L'inverse est vrai, comme en témoigne saint Hippolyte qui, au IIe siècle de notre ère, écrit que "les druides chez les Celtes se sont appliqués avec un zèle particulier à la philosophie de Pythagore". De même, Ammien Marcellin (vers 330-395), dernier grand auteur païen de l'Antiquité, dit à propos des druides qu'ils sont "formés en communautés dont les statuts étaient l'oeuvre de Pythagore" et que leur esprit est "toujours tendu vers les questions les plus abstraites et les plus ardues de la métaphysique".

    e lien pressenti entre les premiers cercles pythagoriciens et le druidisme pourrait-il être réel ? Pourquoi pas. Dès les plus hautes époques, les contacts entre le monde celte et la Méditerranée sont fréquents. "Via la colonie grecque de Phocée (Marseille), fondée au VIe siècle avant notre ère, les Gaulois du Sud étaient en contact quasi permanent avec le monde hellénique, dit M. Brunaux. Des influences ont pu transiter par là."

    La conquête de la Gaule méridionale, quelque quatre siècles plus tard, en 122 avant J.-C., marquera le déclin du pouvoir druidique. C'est d'ailleurs depuis cette base arrière que César achèvera, soixante-dix ans plus tard, de soumettre tout le reste. Avec l'influence romaine croissante et le déclin des anciennes institutions, les connaissances des savants gaulois, transmises oralement, tombent peu à peu dans un oubli irrémédiable.

    Avouons-le : voilà qui est bien pratique ! Car il nous est bien difficile de croire à cette histoire de savants celtes dissertant sur la longueur du méridien ou sur la course des astres. Les images forgées par la bande dessinée, autant que par les manuels scolaires, sont trop fortes.

    Veut-on une preuve de l'étendue de ce savoir ? Il en existe - peut-être ! - une. Elle pourrait être inscrite sur le fond d'un chaudron cultuel d'argent daté entre le IIe siècle avant J.-C. et le tout début de notre ère. C'est le chaudron de Gundestrup, du nom de la commune danoise où il est retrouvé en 1891. Les scènes représentées sur ses plaques latérales l'identifient sans aucun doute comme gaulois. En particulier, la présence de carnyx - longues trompes de guerre verticales - est sans équivoque. Sur le fond de cette cuve d'argent est figuré un grand taureau, entouré d'un lézard, d'un ours et d'un homme tenant une épée et talonné par un chien.

    De ces tableaux, il existe autant d'interprétations que de spécialistes. Mais la plus enthousiasmante est celle imaginée par l'ancien recteur d'académie Paul Verdier, l'astronome Jean-Michel Le Contel (observatoire de Nice) et l'archéologue Christian Goudineau (Collège de France). Pour eux, le fond du chaudron pourrait être une représentation du ciel ; il pourrait figurer une conjonction de constellations.

    Il y aurait celles d'Orion et du Petit Chien (l'homme armé suivi par le chien), du Taureau, du Dragon (le lézard), etc. Une telle conjonction astrale est-elle possible ? "Oui, répond Christian Goudineau. L'utilisation d'un logiciel ad hoc a montré qu'elle était visible depuis les latitudes moyennes de l'hémisphère nord autour de 2 200 avant J.-C."

    Or, à cette période, on sait qu'il s'est joué dans le ciel un événement capital pour les civilisations méditerranéennes : le Soleil cessa de se lever, à l'équinoxe de mars, dans la constellation du Taureau. L'ère astrologique commencée autour de 4400 avant J.-C. s'achevait, laissant la place à l'ère du Bélier. Dans, le chaudron, l'animal est d'ailleurs représenté agonisant. "A mon sens, le chaudron de Gundestrup figure la date à partir de laquelle les Celtes comptent le temps, dit Paul Verdier. L'origine de leur calendrier, en somme." Le chaudron représenterait donc l'aspect du ciel près de vingt siècles avant sa fabrication ! Venant d'astronomes grecs ou mayas, de telles prouesses n'étonnent pas. Venant de druides, elles soulèvent l'incrédulité. Ces mages gaulois ne seraient-ils pourtant pas, en définitive, des savants comme les autres ?

    A lire :"Les Druides" de Jean-Louis Brunaux, Seuil, 2006.
    "César et la Gaule" de Christian Goudineau, Seuil, "Points histoire", 2000.
    "Un calendrier celtique. Le calendrier de Coligny" de Paul Verdier et Jean-Michel Le Contel, éd. Errance, 1998.


    Par Stéphane Foucart; Le Monde

  • #2
    Les Druides" de Jean-Louis Brunaux, Seuil, 2006
    Tiens ! Je l'ai lu dernièrement ! Livre très intéressant. Ce qu'il dévoile sur Pythagore est vraiment suprenant. Entre autre.

    Commentaire


    • #3
      Druidisme et pythagorisme

      La comparaison entre druidisme et pythagorisme ne peut être réalisée systématiquement car les exposés que l'on possède des deux doctrines ne répondent à aucune logique, n'obéissent à aucun plan d'ensemble. Il s'agit de catalogues désordonnées de croyances, de détails sur le mode de vie, de descriptions brèves du rôle social. Il arrive que les différents auteurs recopiant les exposés anciens se contredisent ou, par imprécision, paraissent le faire (Ainsi à propos de l'interdiction chez Pythagore de consommer la viande animale). Enfin l'usage des "symboles", signalés plus haut, par les pythagoriciens -des sentences au caractère énigmatique- ne rend pas toujours claires les croyances qu'elles cachent et qui paraissent être demeurées elles-mêmes mystérieuses aux auteurs tardifs qui les ont retranscrite. On se contentera donc de noter les principales convergences entre les deux doctrines, puis d'en chercher les différences de fond.

      Ce qui dès l'antiquité à rendu légitime la cmparaison entre druides et Pythagore, ce sont à l'évidence un certain nombre de croyances métaphysiques. Celle en la réincarnation où en la métempsychose, occupe la première place. Chez Pythagore et ses disciples, elle s'inscrit à l'intérieur d'un système philosophique complexe lié à la théorie des nombres. Résumons-en simplement quelques aspects.

      L'âme est immortelle parce qu'elle se meut elle-même. C'est ce mouvement perpétuel qui justifie la théorie de la métempsychose, un retour cyclique à la vie à travers différentes enveloppes corporelles. Pythagore prétendaient lui-même connaître parfaitement ses vies antérieures (Porphyre : "Par des preuves irrécusables, il démontrait qu'il réincarnait Euphorbe, fils de Phantoos"), et se disait capable de découvrir celles de certains hommes qu'il rencontrait.

      La croyance, partagée par les Orphiques, admise par Pythagore lui-même, mais différemment interprétée par ses disciples et surtout par les dernières générations de pythagoriciens, avait en tout cas des vertus morales. Les orphiques et Empédocle en particulier, pensaient que l'âme pensaient que l'âme pouvait échapper ainsi au cycle des réincarnations. Pour cela il fallait qu'elle devienne pure, au cours d'une vie sans faute. Alors comme le pensait Philoaos, l'âme allait vivre une "vie incorporelle dans le cosmos".

      Pythagore, même si le témoignage de ses disciples ne conserve pas explictement cette croyance en la sortie du cercle des réincarnations, ne devait guère penser différémment. Une grande partie de son enseignement portait en effet sur la purification, un ensemble de pratiques souvent ascétiques, devaient permettre à l'âme de devenir pure et plus proche des dieux.

      L'ensemble de ces croyances était donc marqué par deux considérations éthiques étroitement liées : l'âme peut devenir meilleure par une vie occupée à la recherche du bien, et le salut (la sortie du cycle des renaissances donnant droit à un séjour immortel) est promis à ceux dont l'âme est devenue pure.

      Ces idées reposaient sur la croyance répandue par les Orphiques selon laquelle l'âme est de nature divine et qu'elle est appelée à jouir d'une vie pure et libre, libérée des contraintes corporelles. Elles étaient relativement étrangères (Boyancé : "La croyance en l'immortalité de l'âme n'a jamais été le centre, la pensée dominante d'une religion grecque") aux plus anciennes conceptions grecques, celles que l'on peut voir illustrées par les poèmes d'Homère.

      Etaient-elles originaires de Grèce, devaient-elles tout à l'influence barbare ? Depuis un siècle et demi, historiens de la religion grecque et philosophes se disputent sur leur origine topographique, sur la proportion de l'influence étrangère, mais tous s'accordent à reconnaître en elles ce qu'Erwin Rohde a si bien qualifié "une goutte de sans étranger courant denas les veines des Grecs".

      Hérodote voulait y voir des croyances égyptienne, mais il est vrai qu'il avait tendance à surestimer l'influence de cette civilisation sur les grecs; par ailleurs on doute maintenant que les Egyptiens avaient eu une claire conception de la métempsychose. D'autres ont voulu y voir une origine perse ou orientale. Récemment, le professeur Eric R. Dodds a proposé une hypothèse plus séduisante et tenant mieux compte des recherches ethnographiques. D'après lui, l'orphisme serait une forme de chamanisme. Les Grecs en effet étaient entrés en contact en Scythie et peut être en Thrace avec des peuplades qui étaient influencées par la culture des chamanes, dont l'une des croyances principales est que l'âme est disctincte du corps, qu'elle peut s'en évader pendant le sommeil ou au moment de la mort et que certains hommes disposant de pouvoirs particuliers peuvent l'accompagner, voire la guider.

      La théorie de Dodds n'est pas seulement stimulante, elle s'accorde avec la croyance antique, que nous avons évoquée plus haut, qui voulait que Pythagore ait partagé son savoir non seulement avec les druides mais aussi avec les Thraces qui furent les premiers représentant de l'orphisme. Saint Hippolyte, reprenant l'oeuvre d'Alexandre Polyhistor, rapporte en effet que Zalmoxis, esclave et élève de Pythagore, avait formé les druides et les Thraces. Cette légende ont on a vu le caractère éthiologique, n'avait d'autres buts que d'expliquer aux Grecs que les théories sur l'individualité de l'âme, son caractère divin, son immortalité, étaient partagées par trois gransd groupes de sages : les Orphiques de Thraces, les druides de Gaule et les Pythagoriciens.

      Il ne s'agissait donc pas de doctrines largement répandues dans le monde antique et sur les bords de la Méditérannée.

      En Gaule, précisémment, ces théories [pythagoriciennes] avaient atteint, grâce aux recherches et à l'enseignement des druides, un développement qui n'avait pas grand chose à envier à ce qu'il connut en Grèce. Des conceptions que les druides se faisent de l'âme nous n'avons que peu de témoignage directs, puisqu'ils n'ont pas eux-mêmes laissé d'écrits et que de telles considérations n'ont guère passionné leurs observateurs étrangers. Poseidonios avait cependant noté deux caractères qui nous sont transmis par César ("les âmes ne périssent pas après la mort") et par Diodore de Sicile ("les âmes sont indestrucibles"). Autrement dit elles étaient conçues comme immortelles. La croyance en la transmigration des âmes nous oblige à en déduire que pour eux, l'âme était également dotée d'une motricité propre. La concevaient-ils explicitement comme de nature divine ? On ne saurait le dire mais il est sûr qu'ils la pensaient perfectible et susceptible d'atteindre un état de pureté qui pouvait lui permettre de quitter le cycle des réincarnations et de gagner un séjour paradisaique auprès des dieux célestes.

      Comme chez les Pythagoriciens, cette doctrine était dotée d'une formidable capacité à développer le sens éthique chez les fidèles. Les âmes vertueuses étaient en effet appelées à gagner le ciel et à rejoindre les divinités qui l'habitent. Grâce à Lucain nous savons que c'est le sort qui était réservé aux guerriers héroïques ("les âmes vaillantes de ceux qui périssent à la guerre sont conduitent à un séjour immortel"). Mais certainement le même destin était promis à ceux qui avaient une conduite irréprochable et honoraient les dieux, car le seul principe druidique, à but purificatoire, qui soit conservé [aujourd'hui] indique qu' "il faut honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure" (Diogène Laërce).

      Les Gaulois se faisaient également des idées très précises des différents mondes par où transitaient les âmes avant de pouvoir quitter leur enveloppe charnelle, mais sur ce point nous ne disposons pas d'indications équivalentes chez lesPythagoriciens.

      Les druides liaient intimement l'immortalité de l'âme et fin du monde. Les deux conceptions si on en croit Strabon, ne leur paraissaient pas incompatibles : "les âmes et l'univers sont indestructibles, mais un jour la feu et l'eau prévaudront sur eux", écrit-il. Cette échéance finale était probablement dans leur esprit, repoussée très loin dans le temps, au delà même de ce qui est imaginable. Mais il est vraisemblable que cette destruction obéissait elle aussi à un mouvement cyclique, car il est remarquable que l'eau et le feu soient couramment considérés par les Présocratiques comme les éléments premiers de la matière. Ma naissance d'un nouveau monde, à partir de ces deux éléments, devait donc être envisagée.

      Les écrits sur Pythagore et son enseignement, ceux de Jamblique, de Porphyre et de Diogène Laërce, ne conservent pas la théorie du maître sur la destruction finale de l'univers. Mais l'un de ses disciples les plus fidèles, Philolaos, imaginait la fin du monde de deux façons : "ou bien le feu tombe du ciel, ou bien l'eau tombe de la région lunaire, ce qui provque un tourbillonnement de l'air. Ce sont d'ailleurs leurs exhalaisons qu alimentent le monde."

      Les deux écoles de pensées, Pythagorieciens et druides, avaient donc développé, plus que sur tout autre sujet, les recherches sur la nature profonde de l'univers, c'est à dire sur ses composants premiers. Dans les deux cas, on ne dispose pas d'exposé raisonné des résultats auxquels ils étaient parvenus. Ce sont les disciples de Pythagore, et précisémment une personnalité telle que Philolaos, qui étaient alls le plus loin dans ce domaine. Ce dernier avait accompli une révolution pré-copernicienne en établissant que la Terre tournait sur elle-même et avec les autres planètes (y compris le Soleil), se mouvaient autour d'un feu central.

      Les druides étaient également parvenus à des résultat tout aussi remarquables et utilisables dans la pratique, comme le prouvent les calendriers extrêmement savants qu'ils avaient établis et qui étaient basés sur d'iincroyables connaissances astronomiques. Leurs recherches touchaient tous les domaines de la nature, ce que les Grecs appellent physiologia, précisémment le mot qu'emploie Cicéron pour décrire le savoir du druide Diviciac, qui lui avait déclaré connaître, "les raisons des phénomènes naturels".

      ... à suivre ...

      (Les Druides de Jean-Louis Brunaux)

      Commentaire


      • #4
        L’une des singularités et de l’enseignement même de Pythagore réside dans l’harmonie qu’il parvient à établir entre une sagesse où l’esprit scientifique est partout en germe et le respect pour les dieux ancestraux aux caractères et aux mœurs archaïques voire immoraux.

        Jambilque écrit : "Pythagore regardait comme extrêmement utile pour l'établissement de la justice, le pouvoir des dieux […]. Croire à propos du divin qu'il existe et ainsi disposé à l'égard du genre humain, qu'il le surveille attentivement et ne se désintéresse pas de lui, les pythagoriciens, l'ayant appris de Pythagore, regardait cela comme étant utile"

        A l'évidence, ces philosophes posaient sur les dieux hérités d'Homère et d'Hésiode un regard critique mais le taisaient et préféraient "utiliser" leur pouvoir sur les hommes; on pourrait même dire qu'ils détournaient la puissance divine pour en faire la caution des nouvelles institutions politiques (Jamblique : "C'est en commençant à partir du pouvoir des dieux qu'il a institué la constitution et les lois, la justice et les actes justes") qu'ils plaçaient sous leur égide.

        Ils avaient bien compris qu'il était inutile voire dangereux de détourner le peuple des dieux simples et auxquels ils croyaient et qui les rassuraient, qu'il était plus habile d'en faire des alliés. Au point même de parfois les concurrencer. Pythagore avait laissé se développer une rumeur selon laquelle il était l'incarnation d'Apollon Hyperboréen. Après sa mort, sa maison de Métaponte fut même transformée en temple.

        Face à leurs dieux, les druides adoptent un comportement tout à fait similaire. Ces dieux ont des personnalités plus terribles encore que celles des divinités grecques, ils ont soif de sacrifices, de guerres et de toutes formes de violence. Ils sont l'antithèse des valeurs dispensées par les druides, amour du bien, respect de l'autre, exaltation de la vertu. La perception qu'en ont les peuples gaulois est confuse : chaque peuple a les siens, souvent héritées d'une lointaine préhistoire. Nombreux, confondus avec les héros et les esprits naturels, on les voit resurgir juste après la conquête romaine de la Gaule : dieux à figure d'animaux, déesses mères issues des temps les plus anciens.

        Les druides auraient pu vouloir les réformer ou les remplacer par des divinités plus civilisées, ne garder peut être que les quelques dieux grecs qui avaient réussi à s'installer en Gaule. Il n'en fut rien. Comme Pythagore l'avait recommandé aux habitants de Grande-Grèce, ils préconisent avant tout aux gaulois de les respecter. Ce qui ne veut pas dire qu'ils demeurent impuissants et inactifs envers ces divinités rebelles.

        Le célèbre panthéon gaulois que César décrit dans son livre VI de la Guerre des Gaules, si surprenant pour les historiens de la religion qui s'étonnent d'y reconnaître une organisation fonctionnelle assez similaire à celle du panthéon romain, n'est pas celui que le plus humble habitant de la Gaule aurait pu communiquer à un voyageur grec. Il a été mûrement repensé et réorganisé par ceux même qui prétendaient repenser la langue des dieux, les druides.

        Et l'on doit croire que c'est assurément un druide qui en fait la description précise soit à Poseidonios d'Apamée, soit à un auteur plus ancien dans l'ouvrage duquel ce dernier aurait pu la puiser.

        Les druides se vantaient en effet d'être quasi les égaux des dieux : ils comprenaient leur langue, ils interprétaient leur volonté, ils procédaient aux sacrifices et aux principales cérémonies religieuses, comme s'ils se situaient au dessus du vulgaire commerce que les hommes entretenaient avec leurs dieux. Nous verront plus bas qu'ils transformèrent plus qu'ils ne réformèrent les pratiques religieuses, promouvant le sacrifice animal afin qu'il remplaçât toute forme de sacrifice humain, et surtout utilisant le pouvoir formidable des transactions sacrificielles.

        Diodore de Sicile écrit naïvement : "Les druides pensent que c'est seulement par eux que les bienfaits doivent être demandés aux dieux.". A-t-il mal lu ce qu'en disait sa source, Poseidonios ? Ou se met-il à la place des Gaulois, simple fidèle ? Il eût mieux valu qu'il écrivît : les druides persuadent les Gaulois que toute demande aux dieux doit se faire par leur intermédiaire. Autrement dit -et c'est bien ce que confirme César- ce sont les druides qui décident quels hommes ont le droit de faire des vœux, d'offrir des dons, d'organiser un sacrifice. On imagine la puissance que pouvait leur octroyer cette faculté d'accorder ou non la simple communication matérielle avec le divin.

        ... à suivre ...

        Commentaire


        • #5
          Aux dieux imaginés comme des personnes, voire des hommes, les Pythagoriciens préfèrent les nombres, expression la plus près du divin, à la fois vecteur de son message adressé aux hommes et explication de l'univers dans sa totalité. Nous n'avons aucun témoignage assuré qui indique que Pythagore ait lutté directement contre l'iconolâtrie. Cependant l'interdiction qu'il faisait à ses disciples de porter des figures divines sur les anneaux qu'ils avaient au doigt semble bien refléter une forme de lutte contre l'anthropomorphisme religieux.

          C'est à nouveau un point très important sur lequel les druides paraissent suivre les Pythagoriciens. Pendant tout le temps où leur pouvoir spirituel règne sur la Gaule du 5ème au 1er siècle avJC, les images divines qui avaient paru devoir s'épanouir avec la naissance de la sculpture hallstattienne sont absentes de tous les supports où elles auraient pu paraître, figuration statuaire, bijoux, monnaies, céramiques. Les seules représentations anthropomorphiques ou zoomorphiques que nous connaissons pour cette époque se dissimulent dans des décors abstraits d'où elles se font signe que pour mieux nous indiquer où il faut chercher ce qu'elles évoquent, derrière la matière, dans un domaine qui n'est accessible qu'à l'esprit et où l'art est un bon guide.

          Or c'est précisément aux 5 et 6ème siècle avJC, aussi bien en Grèce continentale, que dans la péninsule italique, que la représentation sous forme humaine des divinités se généralise et acquiert des lettres de noblesse : des modèles pour les Etrusques, déclinés par les artistes hellénistiques, enfin copiés par l'art romain.

          Adeptes de Pythagore et druides durent alors aux yeux des autres hommes faire figure de censeurs rétrogrades et leur entreprise aurait été irrémédiablement vouée à l'échec s'ils n'avaient proposé pour la remplacer une autre forme de représentation, l'abstraction mathématique. Parce qu'elle se révélait apte à résoudre les problèmes les plus complexes pour l'entendement humain (la course des astres, l'établissement de calendrier, les notations musicales, entre autres), elle fascina les esprits les plus éclairés et en fit les disciples de ces deux mouvements de pensée.

          Mais c'est dans le domaine de l'art que l'utilisation des nombres et de la géométrie savante fut la plus remarquable. Dès le milieu du 5ème siècle avJC, en Gaule et dans les régions limitrophes apparaissent en nombre des pièces décorées qui témoignent d'un travail préalable de dessin époustouflant, généralement exécuté à l'aide du compas. Sur des pièces de harnachement en bronze (phalères, plaque de harnais, etc.) de quelques centimètres de diamètre, ce sont des dizaines de cercles qui ont été tracés afin de délimiter les zones à découper pour créer un motif en réserve. L'analyse de ces décors où la complexité de la construction géométrique n'a d'égale que la virtuosité de l'artisan qui l'a mise en œuvre nécessite aujourd'hui l'utilisation de l'outil informatique.

          A l'évidence de telle pièce sont le produit d'une étroite collaboration entre les experts en géométrie et de véritables orfèvres. Elles répondaient à un besoin spécifique, justifiant une telle dépense d'énergie, et qui n'avait rien à voir avec une simple mode. Apparus tout d'abord dans le foyer champenois, ces décors se diffuseront en effet largement dans le monde celtique, d'où ils ne disparaitront jamais, comme si le style plastique du IIIème siècle avJC et celui, réaliste, des II et Ier siècle avJC n'avaient aucune prise sur lui.

          L'utilisation des nombres fut aussi étendue aux domaines les plus divers, aux recherches les plus conjecturales ainsi que, rapidement, aux activités les plus matérielles, telles que le commerce et la politique.

          La religion qui a besoin pourtant d'une matérialisation assez primaire quand elle s'adresse aux plus incultes n'échappa pas non plus à l'emprise des nombres. Druides et Pythagoriciens les utilisèrent pareillement dans la divination, pratique religieuse la plus productrice de pouvoir, un pouvoir, désormais, qui n'appartiendrait plus qu'à des savants.

          ... à suivre ...

          Commentaire


          • #6
            Ammien Marcellin, compilateur de Timagène, est, dans l'Antiquité, l'un des auteurs qui ont le plus accrédité la parenté des druides et de Pythagore. "Les druides, supérieur sur le plan de l'intelligence et, comme le veut la doctrine de Pythagore, étroitement liés en confréries communautaires, se sont élevés par leurs recherches dans les domaines les plus obscurs et les plus profonds et, dédaignant la réalité humaine, ils proclamèrent que les âmes sont immortelles". Ecrit-il.

            Ces lignes ont fait couler beaucoup d'encre de la part des celtisants des 19 et 20ème siècle, mais pas dans la direction qu'on attendrait aujourd'hui. La comparaison avec Pythagore, pour des raisons qui restent mystérieuses, est passée totalement inaperçue; en revanche les druides ont été comparé à des moines vivant à l'écart de la communauté humaine.

            Cette interprétation en terme monacaux des druides témoigne cependant d'une double ignorance.

            C'est tout d'abord celle des textes majeurs sur les druides, notamment celui de Cicéron donnant son identité au seul druide connu par l'histoire, Diviciac, sénateur; homme politique et allié de César et de Strabon. Ils précisent le rôle des druides dans le fonctionnement de la justice, de l'éducation et dans la législation, et ceci permet d'écarter la représentation des druides coupés du monde et seulement occupés à leurs recherches.

            L'autre ignorance concerne le mode vie de Pythagore et de ses disciples. Comme les druides, ils éprouvaient le plus grand intérêt pour la vie sociale et politique et cherchaient à en améliorer les institutions. La vie communautaire qu'ils pratiquaient ne concernait donc, selon toute vraisemblance, que les cycles d'enseignement.

            __________________________________________________ _______________

            L'insertion des membres des deux groupes dans la vie séculaire les obligeait à se distinguer du commun des mortels. Leur apparence physique et vestimentaire y contribuait. Ils soignaient leur corps afin qu'il restât pur et sobre. Druides et Pythagoriciens étaient vêtus de vêtements blancs et immaculés. L'effet sur la population devait être considérable, sur les gaulois surtout qui raffolaient de tissus bariolés et colorés, au point d'être criards.

            La prédilection pour l'or était également partagée par les deux groupes. Ce métal était censé être pur, permettant le contact avec les choses divines, et avoir des vertus purificatrices.

            Enfin, la cohabitation avec les non-initiés nécessitait une protection du savoir, aux prix des plus grands efforts. Le secret sur les croyances et le contenu des réunions était la règle de base dans les deux écoles de pensée, avec les conséquences que l'on imagine. L'enseignement se faisait dans des lieux interdits aux hommes et après une série d'épreuves permettant de sonder les convictions des nouveaux venus.

            L'écriture était prohibée, de façon à ce qu'aucun écrit ne tombât aux mains d'un profane. On s'n remettait entièrement à la mémoire qui ne laisse de trace que dans les esprits. Enfin, les conversations entre adeptes en milieu public étaient codées : druides et Pythagoriciens parlaient par énigmes.

            L'aspect probablement le plus remarquable du druidisme, qui le distingue des religions antiques, est l'engagement de ses représentant dans la vie sociale et politique.

            En Grèce et à Rome, l'exercice du pouvoir est nettement séparé de la pratique religieuse, même si certains sacerdoces sont réservés à des magistrats. Les deux activités demeurent autonomes, la religion conservant pieusement ses archaïsmes pour mieux favoriser l'émancipation du politique.

            Les druides, au contraire, ne se situent ni dans un camp ni dans l'autre, mais au dessus d'eux. Ils valident les cérémonies religieuses et en règlementent l'accès aux citoyens. Dans le même temps, ils ont le monopole de l'éducation de ceux qui sont appelés à obtenir le pouvoir politique et disent le droit, là où la justice habituelle est défaillante. Le savoir et les pratiques intellectuelles dont ils se réservent strictement l'usage leur permettent de mettre au point la constitution des Etats, d'en conserver la mémoire et de l'amender au besoin. Ce sont eux aussi qui valident l'obtention des magistratures suprêmes.

            L'exemple du druide Diviciac montre qu'ils s'autorisent la participation directe aux affaires de la cité, aucune fonction ni magistrature ne leur est spécialement réservée. Leur domaine de prédilection en politique paraît être la réflexion sur les constitutions et les rapports entre les différents Etats gaulois. Les assises annuelles au pays des Carnutes on pour but politique principal l'examen des questions internationales.

            Cette position particulières des druides est très exactement celle qu'occupent les Pythagoriciens en Grande-Grèce : leur sagesse les situe à mi-chemin entre religion et politique, il serait plus juste de dire qu'elle les place, comme les druides, au dessus de ces deux pratiques sociales, suffisamment haut pour en neutraliser les effets pervers, mais pas au point qu'ils s'interdisent toute action sur elles. Pythagore, comme les druides, aurait donné des constitutions et des lois aux villes de Grande-Grèce et aurait fait disparaître les discordes entre elles (cf Jamblique).

            __________________________________________________ _______________


            Face à ces convergences, y a-t-il entre les deux corps de doctrine des différences fondamentales ?

            Les différences culturelles sont importantes. Les Pythagoriciens, dont nombre d'entre eux sont issus de Ionie, s'étaient installés dans l'extrême sud de la péninsule italique, demeurent des grecs. Les druides, tout attirés qu'ils sont par la culture hellénique, sont avant tout des Celtes.

            Les uns et les autres montrent cependant une attirance étonnante pour les cultures étrangères accueillent les dieux de leurs voisins adoptent leurs croyances qui paraissent très éloignés de celles de leur congénères.

            La seule opposition marquante s'exprime sur les plans sacrificiel et alimentaire. Pythagore professait l'interdiction de la consommation de nourritures animales il préconisait de ne pas sacrifier d'animaux aux dieux tout au moins de ne pas tuer les animaux dotés d'une âme pour la raison évidente que cette dernière pourrait auparavant avoir appartenu à un homme ou serait susceptible de redevenir humaine.

            Il ne semble pas que les druides aient diffusé de telles idées. Pour eux les âmes n'investissaient que des corps humains et il leur était déjà suffisamment difficile de réduire l'usage du sacrifice humain pour ne pas être tentés de faire disparaître le sacrifice animal.

            La différence parait philosophiquement fondamentale : Pythagore professait le respect de toute forme de vie tandis que les druides, au dire de César, imaginaient que la vie d'un homme pouvait être "rachetée" par la vie d'un autre homme.

            Cependant, les propos de Jamblique sur le refus par Pythagore du sacrifice animal comme ceux de César sur la sacrifice humain sont certainement trop catégoriques, voire quelque peu caricaturaux. Pythagore tentait d'imposer le végétarisme, les druides s'efforçaient de réduire une pratique du sacrifice humain qui avait été auparavant quasi généralisée.

            Ce qui séparait surtout les seconds du premier c'est le retard que l'on constate à tous les niveaux entre la civilisation celtique et celle des Grecs puis de Romains un retard de deux ou trois siècles. La comparaison antique entre pythagorisme et druidisme n'était donc ni fortuite ni injustifiée.



            "Les Druides" de Jean Louis Brunaux. p 175-188


            That's all folks !
            Dernière modification par Alain, 28 juillet 2009, 22h15.

            Commentaire


            • #7
              Merci Alain pour l'exposé. j'ai une question a te poser

              L'écriture était prohibée, de façon à ce qu'aucun écrit ne tombât aux mains d'un profane. On s'n remettait entièrement à la mémoire qui ne laisse de trace que dans les esprits. Enfin, les conversations entre adeptes en milieu public étaient codées : druides et Pythagoriciens parlaient par énigmes.
              Il me semble avoir lu quelque part, que ces courants, de façon générale, sont les premières sociétés "francs-maçons"?
              البعره تدل على البعير

              Quand l’injustice devient la loi, la Résistance est un Devoir !✊🏼DZ

              Commentaire


              • #8
                Tout à fait, les francs maçons se sont inspirés des écrits de Pythagore.

                Sur le site on trouve ceci http://www.fm-fr.org/fr/spip.php?article25 :

                C'est un code de bonne conduite qui inspirera le Code Maçonnique.

                Les Vers d’Or de Pythagore

                Honore en premier lieu les Dieux Immortels dans l’ordre qui leur fut assigné par la Loi.
                Respecte le Serment. Honore ensuite les Héros glorifiés.
                Vénère aussi les Génies terrestres, en accomplissant tout ce qui est conforme aux lois.
                Honore aussi et ton père et ta mère et tes proches parents.
                Entre les autres hommes, fais ton ami de celui qui excelle en vertu.
                Cède toujours aux paroles de douceur et aux activités salutaires.
                N’en viens jamais, pour une faute légère, à haïr ton ami,
                Quand tu le peux : car le possible habite près du nécessaire.
                Sache que ces choses sont ainsi, et accoutume-toi à dominer celles-ci :
                La gourmandise d’abord, le sommeil, la luxure et l’emportement.
                Ne commets jamais aucune action dont tu puisses avoir honte, ni avec un autre,
                Ni en ton particulier. Et, plus que tout, respecte-toi toi-même.
                Pratique ensuite la justice en actes et en paroles.
                Ne t’accoutume point à te comporter dans la moindre des choses sans réfléchir.
                Mais souviens-toi que tous les hommes sont destinés à mourir ;
                Et parviens à savoir tant acquérir que perdre les biens de la fortune.
                A l’égard de tous les maux qu’ont à subir les hommes de par le fait des arrêts augustes du Destin,
                Accepte-le comme le sort que tu as mérité ; supporte-les avec douceur et ne t’en fâche point.
                Il te convient d’y remédier, dans la mesure que tu peux. Mais pense bien à ceci :
                Que la Destinée épargne aux gens de bien la plupart de ces maux.
                Beaucoup de discours, lâches ou généreux, tombent devant les hommes ;
                Ne les accueille pas avec admiration, ne te permets pas de t’en écarter.
                Mais si tu vois qu’on dit quelque chose de faux, supporte-le avec patience et douceur.
                Quand à ce que je vais te dire, observe-le en toute circonstance.
                Que jamais personne, ni par ses paroles ni par ses actions, ne puisse jamais
                T’induire à proférer ou à faire ce qui pour toi ne serait pas utile.
                Réfléchis avant d’agir, afin de ne point faire des choses insensées,
                Car c’est le propre d’un être malheureux de proférer ou de faire des choses insensées.
                Ne fais donc jamais rien dont tu puisses avoir à t’affliger dans la suite.
                N’entreprends jamais ce que tu ne connais pas ; mais apprends
                Tout ce qu’il faut que tu saches, et tu passeras la vie la plus heureuse.
                Il ne faut pas négliger la santé de ton corps,
                Mais avec mesure lui accorder le boire, le manger, l’exercice,
                Et j’appelle mesure ce qui jamais ne saurait t’incommoder.
                Habitue-toi à une existence propre, simple ;
                Et garde-toi de faire tout ce qui attire l’envie.
                Ne fais pas de dépenses inutiles, comme ceux qui ignorent en quoi consiste le beau.
                Ne sois pas avare non plus : la juste mesure est excellente en tout.
                Ne prends jamais à tâche ce qui pourrait te nuire, et réfléchis avant d’agir.
                Ne permets pas que le doux sommeil se glisse sous tes yeux,
                Avant d’avoir examiné chacune des actions de ta journée.
                En quoi ai-je fauté ? Qu’ai-je fait ? Qu’ai-je omis de ce qu’il me fallait faire ?
                Commence par la première à toutes les parcourir.
                Et ensuite, si tu trouves que tu as omis des fautes, gourmande-toi ;
                Mais, si tu as bien agi, réjouis-toi.
                Travaille à mettre ces préceptes en pratique, médite-les ; il faut que tu les aimes,
                Et ils te mettront sur les traces de la vertu divine,
                J’en jure par celui qui transmit à notre âme le sacré Quaternaire,
                Source de la Nature dont le cours est éternel.
                Mais ne commence pas à prendre à tâche une oeuvre,
                Sans demander aux Dieux de la parachever.
                Quand tous ces préceptes te seront familiers,
                Tu connaîtras la constitution des Dieux Immortels et des hommes mortels, tu sauras
                Jusqu’à quel point les choses se séparent, et jusqu’à quel point elles se rassemblent.
                Tu connaîtras aussi, dans la mesure de la Justice, que la Nature est en tout semblable à elle-même,
                De sorte que tu n’espéreras point l’interprétable, et que plus rien ne te sera caché.
                Tu sauras encore que les hommes choisissent eux-mêmes et librement leurs maux,
                Misérables qu’ils sont ; ils ne savent ni voir ni entendre les biens qui sont près d’eux.
                Peu nombreux sont ceux qui ont appris à se libérer de leurs maux.
                Tel est le sort qui trouble les esprits des mortels. Comme des cylindres,
                Ils roulent ça et là, accablés de maux infinis.
                Innée en eux, en effet, l’affligeante Discorde les accompagne et leur nuit sans qu’ils s’en aperçoivent ;
                Il ne faut point la provoquer, mais la fuir en cédant.
                O Zeus, notre père, tu délivrerais tous les hommes des maux nombreux qui les accablent,
                Si tu montrais à tous de quel Génie ils se servent !
                Mais toi, prends courage, puisque tu sais que la race des hommes est divine,
                Et que la nature sacrée leur révèle ouvertement toutes choses.
                Si elle te les découvre, tu viendras à bout de tout ce que je t’ai prescrit ;
                Ayant guéri ton âme, tu la délivreras de ces maux.
                Mais abstiens-toi des aliments dont nous avons parlé, en appliquant ton jugement
                A tout ce qui peut servir à purifier et à libérer ton âme. Réfléchis sur chaque chose,
                En prenant pour cocher l’excellente Intelligence d’en-haut.
                Et si tu parviens, après avoir abandonné ton corps, dans le libre éther,
                Tu seras dieu immortel, incorruptible, et à jamais affranchi de la mort.

                Commentaire


                • #9
                  merci Alain

                  Le Coran est considéré par la Franc-Maçonnerie comme un Volume de la Loi Sacrée, au même titre que la Bible ou les Védas.

                  La Bible La Bible est l’un des Volumes de la Loi Sacrée de la Franc-Maçonnerie. Cette version est libre de droit.

                  Le Livre D’Énoch (ou l’Énoch) Le livre d’Enoch fait partie des textes apocyphes. Enoch est un personnage qui apparaît dans certains hauts grades de la Franc-Maçonnerie. Ce texte est présent à ce titre.
                  C'est " l'Internationale Religieuse" apparemment. On y trouve de tout.

                  البعره تدل على البعير

                  Quand l’injustice devient la loi, la Résistance est un Devoir !✊🏼DZ

                  Commentaire

                  Chargement...
                  X