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Le Japon se dirige vers l'alternance politique

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  • Le Japon se dirige vers l'alternance politique

    La dissolution de la Chambre basse, mardi, ouvre la voie à des législatives pour lesquelles l'opposition est donnée favorite. Le sort en est jeté. La Chambre des représentants japonaise a été dissoute mardi par le premier ministre Taro Aso, ouvrant la voie à des élections législatives le 30 août ; 480 sièges sont en jeu. La compétition aura lieu selon les règles hybrides de ce pays, qui ne fait jamais les choses simplement : 300 circonscriptions au scrutin majoritaire, et 180 à la proportionnelle. Ces élections, sauf coup de théâtre, devraient voir la victoire du Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale formation de l'opposition. «Lorsqu'il a créé le PDJ en 1998, Ichiro Ozawa avait promis de sortir le PLD en dix ans. C'est presque chose faite» , dit la jeune Miho Takai, députée DPJ de Shikoku (sud du Japon).

    Difficile de sous-estimer l'am*pleur de l'événement : le Parti libéral démocrate (PLD) a été au pouvoir de façon quasiment in*interrompue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certes, il a cédé le pouvoir une fois, en 1993 : mais, à l'époque, l'opposition n'était qu'un amalgame de petits partis incapables d'adopter une ligne claire, et qui explosa en vol au bout de dix petits mois d'exercice. Cette fois, le PDJ pourrait remporter à lui seul la majorité absolue et disposer d'une solide assise politique (avec 118 voix au Sénat, il est à 3 voix de la majorité, complétée par des alliés de circonstance).

    Cette élection pourrait ouvrir une nouvelle ère politique pour le pays, car elle mettrait fin à cette aberration de «démocratie à parti unique» qu'était devenu le Japon depuis cinquante ans.

    Avec cette euphorie pour le changement qui n'a d'égale que leur attachement pour le conservatisme, les Japonais semblent enfin s'enticher de ce parti, longtemps peu populaire, à mesure que le scrutin s'approche : selon un sondage publié mercredi par le quotidien Mainichi, 56 % d'entre eux souhaitent la victoire du PDJ. Son secrétaire général, le terne Yukio Hatoyama, prend un peu plus de couleurs chaque jour : «Nous allons faire campagne dans un esprit historique. Cet événement marquera la reconstruction du Japon, et ce sont les hommes politiques qui la mèneront !» affirme-t-il.

    Cette deuxième phrase est cruciale : car si le PDJ est désormais assuré de gagner face au PLD, son principal adversaire est debout : Kasumigaseki, le quartier des mi*nistères, qui conserve la mainmise sur les affaires, tant l'exécutif, instable (le Japon a connu 15 premiers ministres en vingt-trois ans), financièrement démuni, est entre les mains des bureaucrates. En 2007, le PDJ a publié un programme politique dans lequel il jurait d'envoyer 100 responsables de son parti dans chaque ministère pour les mettre au pas.

    Le vent du changement

    Sentant le vent du boulet, les hauts fonctionnaires multiplient les entrevues en coulisses avec le PDJ. En particulier le tout-puissant ministère des Finances. C'est que l'hiver sera chaud à Kasumigaseki : l'encre du budget 2009-2010 établi par l'administration Aso n'est pas encore sèche que le PDJ promet de le récrire dès son arrivée au pouvoir. «Ça sera le chaos. Le pouvoir est entre les mains des bureaucrates ici», prédit Dan Harada, un lobbyiste proche du PLD. Seuls quatre membres du PDJ ont déjà été membres d'un gouvernement. «Je rentre de Londres, où je suis allé voir comment font les Anglais», explique le député Motohisa Furukawa, autre jeune recrue du parti.

    En coulisses, loin du peuple, le changement a débuté. L'in*dustrie européenne de l'aéronautique et de l'armement, qui piaffe d'impatience depuis cinquante ans devant la mainmise américaine sur l'immense marché japonais, se sent pousser des ailes. Elle est allée en ordre de bataille courtiser les hiérarques du PDJ. «Ils nous ont promis qu'ils allaient tout changer», se réjouit l'un de ses représentants à Tokyo.

    source : Le Figaro
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