Bippili
par El-Guellil
L'usage du téléphone offre à chacun un bouquet de nerfs, surtout lorsque chez nous le « bippili» se démocratise. Si tu as besoin de moi, je te « bip » et toi tu me rappelles. Cela veut juste dire que je suis disponible à te parler mais pas à dépenser mon forfait pour toi. C'est très différent. par El-Guellil
Tu as besoin de moi donc tu paies. Le journal des appels en absence devrait s'appeler le journal des appels à refacturer. Il faut une dextérité incroyable pour faire sonner le portable de son interlocuteur une seule et unique fois. Mais des petits malins connaissent ce système et la leur de dextérité est doublée d'une réactivité à toute épreuve. C'est celui qui dégaine le premier qui gagne.
On comprend mieux pourquoi la plupart se baladent avec le portable serré dans leur main. Prêts à le décrocher.
Il y a aussi les profiteurs qui appâtent leurs interlocuteurs en leur adressant un sms avec « urgent, aple-moi » et là en s'adressant à la curiosité de leur interlocuteur, il faut à tous les coups « mouche ». Le forçant à prendre contact. Avant de satisfaire la curiosité, on prend le temps de régler nos problèmes et ensuite l'autre tenu en haleine attend jusqu'au bout l'exposition de notre requête puis s'entend dire : voilà l'urgence de mon appel, tu comprendras que je devais t'avoir au téléphone le plus vite possible.
Les formules des opérateurs de téléphonie suivent les comportements sociaux au plus près. Ainsi, ils offrent une multitude de produits. Presque « un » pour chaque cas. Le fauché, le bavard, l'argenté, le patient, le silencieux, le pressé, l'exceptionnel, le mcouli, le bien encore de choses. Une gamme de produits qui devrait embrouiller le plus cartésien des hommes. Mais la nécessité plus encore que la raison prend place. Ces téléphones libèrent aussi nos sentiments. On n'ose plus parler et capter l'anonyme avec aplomb. Certains taxiphones remettent votre numéro à un célibataire qui via le cellulaire saura entreprendre auprès d'une célibataire. Cela commence par un « Allo » pour aboutir à ce « alors c'est quand que tu viens demander ma main ? ». Si déception, en fin de course, il y a, la sonnerie se transforme alors en... « mériouli addebni... ».
Le Quotidien d'Oran .
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