Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Zanzibar, l’île aux parfums

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Zanzibar, l’île aux parfums

    Le nom de Zanzibar vient de la juxtaposition de deux mots arabes : «Zenj» (les Noirs) et «bar» qui désigne la côte. Littéralement, Zanzibar signifie donc «le littoral des Noirs». Pendant près d'un siècle, cette île fut tristement célèbre pour être l'île aux esclaves noirs, son gouverneur achetant la main d'œuvre nécessaire à la culture du giroflier.

    Une île à l’histoire mouvementée


    Une source grecque datant du Ier siècle de l'ère chrétienne mentionne déjà l'existence de relations régulières entre l'Arabie et cette partie de l'est africain. L'«île Ménouthias» des Grecs, pense-t-on, pouvant être Zanzibar. Depuis le Yémen au Nord jusqu'au Mozambique au sud, la région formait un seul monde commercial, religieux et culturel. Sur le littoral africain, la civilisation swahilie, véritable mosaïque arabe, perse, indienne et africaine, s'étendait de la Somalie au nord jusqu'à l'île de Mozambique au sud, englobant les Comores et une partie du littoral de Madagascar. L'île de Zanzibar en a longtemps été le véritable cœur.

    Les Arabes connaissaient, donc, bien les routes de l'océan Indien occidental bien avant l’apparition de l'Islam. Cependant, à partir des VIIe et VIIIe siècles de l'ère chrétienne que commencèrent les grands voyages d'exploration qui devaient aboutir à la constitution d’un empire économique et commercial musulman dans toute la région.

    Les causes de cette expansion sont multiples. Aux raisons commerciales, s'ajoutent les événements politiques ou religieux qui secouèrent la péninsule Arabique et les régions voisines entre les VIIe et XIIIe siècles. Durant cette période, les conflits religieux entraînèrent le départ de nombreux proscrits, dissidents ou fuyards, qui allèrent tenter fortune sur la côte africaine. Ils y constituèrent de petites entités autonomes, sortes de cités-États ayant, parfois, leurs dépendances, sans parvenir à un Etat centralisé.
    Car, dès le VIIIe siècle, certains princes de la région d'Oman s'établirent sur l'île de Zanzibar comme en témoignent les fouilles archéologiques entreprises dans ce territoire.

    Au Xe siècle, vinrent des chiites qui s'installèrent à Mogadiscio, puis des Persans s'emparèrent de Zanzibar, de Pemba et d'une partie des Comores.
    Le commerce d'exportation de l'Afrique orientale, dont une partie importante transitait par Zanzibar, se faisait à destination de la Péninsule arabique, de la mer Rouge, d'Egypte, du golfe Persique et vers l'Inde. Il comportait l'ivoire, le bois de charpente, l'encens, les peaux de léopard, les écailles de tortue, les plumes ainsi que sur les esclaves. Les importations portaient sur les productions artisanales asiatiques comme les produits de forge, les étoffes, les soieries, le verre, les perles, la céramique chinoise, les épices...

    La traite des esclaves


    A partir du XVIIIe siècle, le commerce des esclaves acquit une importance accrue avec la création d'un marché aux esclaves sur l'île. Quelques années auparavant, la culture du giroflier à Zanzibar et dans ses autres possessions insulaires d'Afrique de l'Est fut introduite. Nécessitant une importante main-d'œuvre, l'importation d'esclaves noirs depuis le continent avait alors augmenté.

    Les contacts et le contrôle sur les voies de communication de l'intérieur étaient aux mains des populations qui vivaient à l’intérieur du continent. Citons : les Yao du Mozambique septentrional, les Kamba de l'actuel Kenya et, surtout, les Nyamwezi (sud du lac Victoria) détenaient le monopole commercial.

    A la première moitié du XIXe siècle, les populations arabes se mirent à contrôler les pistes menant aux terres continentales à la recherche surtout de l'ivoire et des produits précieux. Malheureusement, la traite des esclaves prit de l’ampleur. En effet, les captifs noirs étaient transportés à Zanzibar. Tirant une grande partie de ses revenus de la vente des esclaves, son gouverneur avait constitué un corps de fonctionnaires chargé de tenir un compte précis du nombre de captifs débarqués sur son île. Pour chaque esclave, la taxe que devaient acquitter les capitaines était une pièce d'argent le thaler allemand. Cette monnaie, en effet, faisait office de monnaie officielle à Zanzibar, dans tout l'océan Indien et sur le littoral de l'Afrique orientale. C’est ainsi qu’entre six cent mille et sept cent quarante mille esclaves furent vendus sur le seul marché de Zanzibar entre 1830 et 1873, date à laquelle le marché fut fermé.

    Ce dernier était quotidien et se tenait à partir en fin d’après-midi. Le vendeur et ses crieurs vantaient la qualité des hommes, des femmes et des enfants présentés. Lorsqu'un spectateur était attiré par l'un d'entre eux, celui qui avait suscité l'intérêt de l'éventuel acheteur était examiné en détail.
    Les profits de la traite étaient importants. Entre la zone de sa capture et sa vente à Zanzibar, la valeur d'un esclave pouvait être multipliée par cinq ou six et même beaucoup plus.

    La fin d’un commerce inhumain


    En 1822, les Britanniques – qui étaient passés maîtres de ce commerce honteux – se mêlèrent des affaires du sultanat de Zanzibar et lui imposèrent la limitation de cette activité (opinion publique oblige) tout en pensant à une occupation territoriale de toute la région.
    Pendant plus d’un demi-siècle, ils procédèrent par étapes successives. Au mois d’octobre 1845, un traité fut signé avec les autorités de l’île interdisant l'exportation d'esclaves hors des terres africaines du sultanat. Puis, en 1871, le gouvernement de Londres intervint directement et sa marine instaura un blocus provisoire de l'île. Deux ans plus tard, ils imposèrent la fermeture du marché des esclaves, l'abandon de la traite et menacèrent d’arraisonner tout bateau négrier. Dans les terres continentales, néanmoins, cette activité se poursuivit encore.

    Le protectorat britannique

    En 1890, l'île de Zanzibar devint un protectorat britannique et elle le resta jusqu'en 1961, année de l'indépendance du pays. Cela fut suivi, en 1963, de l’union avec l'ex-colonie allemande du Tanganyika sur laquelle la Grande-Bretagne avait exercé, d'abord, un mandat de la SDN (1922), puis une tutelle de l'ONU (1945). Un nouvel État, la Tanzanie, naquit de cette union (la contraction de Tanganyika et de Zanzibar donna le nom du pays).

    La population insulaire se distingue par un ensemble particulièrement original façonné par une histoire riche et mouvementée. Culturellement tournée vers l'océan Indien et les terres qui le bordent, Zanzibar est un curieux mélange arabo-asiatique mais aussi africaine.

    Par La nouvelle République




Chargement...
X