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Henry Louis Gates Jr ravive la question raciale aux Etats-Unis

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  • Henry Louis Gates Jr ravive la question raciale aux Etats-Unis

    Les Américains n'ont pas fini d'entendre parler du 16 juillet, jour où Henry Louis Gates Jr., l'un de leurs professeurs les plus connus, titulaire de la chaire d'études africaines-américaines à Harvard, grand spécialiste de l'histoire du racisme et de la ségrégation, a été arrêté chez lui comme un vulgaire malfrat par un policier blanc du commissariat de Cambridge, dans le Massachusetts. La victime a promis d'en tirer toutes les leçons. "J'en ferai un documentaire, a-t-il juré. Le système de justice pénale est vraiment pourri."

    Le professeur revenait d'un séjour en Chine, où il était allé enquêter sur les origines familiales du violoncelliste Yo-Yo Ma. Depuis que le recours à l'ADN s'est banalisé, Henry Louis Gates s'est spécialisé dans les recherches généalogiques. Avec l'écrivain Maya Angelou, il est remonté jusqu'en Sierra Leone. Avec l'acteur Don Cheadle, jusqu'à la tribu indienne des Chikasaw. A chaque fois, il en rapporte un documentaire vu par des millions de téléspectateurs. Il a aussi fondé un site Internet "black", financé par le Washington Post, The Root. A Cambridge, où il habite sur Ware Street, dans une maison à quelques blocs de l'université, les gens le saluent dans la rue.

    Ce 16 juillet, la serrure de la porte de sa maison était un peu grippée, la clef tournait mal. Avec son chauffeur de taxi, M. Gates a forcé la porte. Voyant deux Noirs à l'ouvrage de ce quartier bourgeois, une femme (dont l'identité n'a pas été révélée) a appelé la police. C'était le début de l'après-midi. L'appel fait mention de "deux grands Noirs" munis de sacs à dos.

    A ce stade, les versions divergent. Le professeur Gates a montré ses papiers, prouvé qu'il était chez lui, et à son tour, a demandé à son interlocuteur de justifier de son identité. Le sergent James Crowley, onze ans de métier, aurait refusé et le professeur Gates aurait dénoncé un délit de faciès.

    La discussion s'est terminée au poste, où l'universitaire, un homme de 58 ans et d'allure plutôt chétive, est arrivé menotté. Il n'est ressorti qu'au bout de quatre heures et après l'intervention de Charles Ogletree, alias "Tree", célèbre professeur de droit de Harvard et mentor du président Barack Obama au début de sa campagne.

    L'incident, qui s'est déroulé suivant un scénario bien connu des Noirs américains, a réveillé les réflexes classiques. "Les seules personnes qui vivent dans un monde post-racial sont les quatre habitants" de la Maison Blanche, a commenté M. Gates, amer. Dans le Washington Post, le journaliste Wil Haygood a raconté d'expérience ce moment où, quel que soit le statut social, les individus reproduisent des comportements qui les dépassent : "Oubliez Harvard, (M. Gates) est dans cette zone délicate où se rencontrent la peau noire et les forces de l'ordre (...) Ce moment où l'homme noir porte une éternité pour bagage."

    Le sergent Crowley a refusé de présenter ses excuses. Il n'a probablement pas fini non plus d'entendre parler de l'incident. Le professeur Gates compte en faire l'emblème des contradictions de l'Amérique à l'heure de son premier président noir. L'élection de novembre 2008 n'a pas été suivie de "changements structurels", a-t-il constaté. Vu la popularité des démocrates à Cambridge, le policier a "probablement voté pour Barack. Cela ne m'a pas été d'un grand secours".

    Pendant sa conférence de presse, mercredi à la Maison Blanche, le président Obama a été interrogé sur l'incident. "Skip est un ami, a-t-il dit, en utilisant le surnom du professeur. Je risque d'être partial." Toujours extrêmement prudent dès qu'il aborde la question raciale, pour ne pas apparaître comme l'homme d'une communauté, il a cette fois-ci pris parti. "D'abord, je crois qu'on peut dire, que nous serions tous assez en colère (dans cette situation). Deuxièmement, la police de Cambridge a été stupide d'arrêter quelqu'un alors que la preuve était établie qu'il était dans sa propre maison. Troisièmement, cet incident nous rappelle qu'il y a une longue habitude dans ce pays de contrôler les Africains-américains et les latinos de manière disproportionnée."

    Par Le Monde


  • #2
    USA: Le racisme extra ordinaire !

    Jusqu'à son nom – Gates – qui rappelle une incarnation du rêve américain, plutôt sa réussite que sa décadence, il a tout pour être digne du plus grand respect de ses compatriotes. Il s'appelle donc henry Louis Gates, il est professeur à Harvard, la plus prestigieuse université américaine, intellectuel émérite, connu et reconnu, brillant spécialiste des questions africaines et afro-américaines, et pour compléter le tout, c'est un ami très proche de Barack Obama que l'Amérique vient de porter aux nues en l'intronisant à la tête des Etats-Unis dans une rupture tectonique. Mais voilà. Il est noir, il habite un quartier chic de Cambridge, a un chauffeur du même teint et il a eu une très mauvaise idée d'oublier ses clefs quelque part avant de rentrer chez lui. Et deux noirs dans un quartier huppé de Cambridge tentant de forcer une porte, même s'ils ne prennent aucune précaution de discrétion, même en éclatant de rire pendant qu'ils multipliaient les tentatives, même si le célèbre professeur n'a à aucun moment abandonné sa canne, c'est forcément suffisant pour alerter la police et crier au voleur.

    Bien sûr, la brave voisine qui l'a fait peut toujours dire qu'il n'y avait aucune arrière-pensée raciale dans son réflexe. Après tout, elle peut très bien avoir agi avec de bonnes intentions. Ce n'est pas le cas des policiers qui ont mis les menottes à l'éminent professeur qui leur criait désespérément qu'il était chez lui, avant de le conduire manu militari au poste du coin.

    Et la police américaine ne s'en arrêtera pas là. La meilleure défense étant toujours l'attaque, le président d'un syndicat d'officiers s'est déclaré «choqué» par la réaction du président Obama qui a pourtant été très conciliant en déclarant en marge d'une conférence de presse sur son programme d'assurances maladie que les agents avaient agi avec stupidité en arrêtant un éminent universitaire noir et ami.

    Cela n'a pas été dit mais c'est comme si : la preuve étant faite, et de la plus spectaculaire des manières, que l'Amérique a définitivement tourné le dos au racisme, Barack Obama devrait donc être le dernier américain à avoir quelque soupçon de cet ordre-là envers ses concitoyens. Il serait même bien venu pour le président de faire preuve d'un peu de zèle en fermant les yeux sur quelques manifestations de la bête immonde pour prouver qu'il est l'élu de tout le monde.


    Un célèbre professeur de Harvard a bien été obligé d'aller s'expliquer dans un commissariat sur le fait de rentrer chez lui sans ses clefs, et c'est la réaction de son ami de président qui choque. L'Amérique n'a peut-être pas totalement tourné le dos au racisme. Toute la question est de savoir si on peut encore le dire.

    Slimane Laouari
    \n [email protected]
    Le Temps d'Algérie

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    • #3
      La morale de cette histoire, un Afro-Américain ne doit jamais oublié ses clefs chez l'oncle Sam.
      Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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