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En visite à Bangkok, où elle doit participer à un forum régional de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) sur la sécurité, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a affirmé, mercredi 22 juillet, que les Etats-Unis s'"inquiètent" d'un transfert de technologie nucléaire de la Corée du Nord vers la Birmanie.
Ces craintes de liens nucléaires entre deux pays naguère classés dans l'"axe du mal" ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains selon lesquelles un bateau nord-coréen aurait transporté des armes vers la Birmanie. Elles ont encore été renforcées par des images, diffusées fin juin sur le site Democratic Voice of Burma (DVB), montrant un immense réseau de tunnels construits sur le territoire birman par des experts nord-coréens. Le réseau birman, comprenant de six cents à huit cents tunnels et pouvant servir d'abris en cas d'attaque, serait assez vaste pour abriter un arsenal militaire (ci-dessous, une vidéo d'Al-Jazeera reprenant des images de DVB) :
"PARANOÏAQUE"
Pour Laurent Amelot, enseignant à l'Institut libre d'étude des relations internationales et spécialiste de la Birmanie, les craintes américaines sont néanmoins à prendre avec prudence. "Il existe des soupçons de transfert de missiles balistiques entre les deux pays, admet-il. Mais il est difficile d'affirmer que la junte veut réellement se doter de l'arme nucléaire. Certes, le régime birman, paranoïaque et nationaliste, vit dans le fantasme de se défendre par lui-même contre une éventuelle intervention américaine, mais il n'a ni la technologie ni les moyens financiers d'acquérir l'arme nucléaire. Sans compter que ce pays se trouve sur une zone sismique qui rend extrêmement délicate l'exploitation de ce type d'installations."
Le programme nucléaire birman, interrompu par la junte lors de sa prise de pouvoir en 1962, a pourtant bel et bien été réactivé en février 2001, rapporte le site Yale Global. A en croire ce communiqué d'un haut responsable militaire birman daté de 2002, il s'agit d'un programme civil, visant à doter le pays des "technologies modernes dont il a besoin". Dans la foulée, le ministère de l'énergie atomique russe avait même annoncé un projet de construction en Birmanie d'un réacteur nucléaire destiné à la recherche médicale.
"INVESTISSEMENTS AMÉRICAINS"
"Il existe un faisceau d'indices qui peuvent inquiéter Washington, convient Laurent Amelot. Mais Hillary Clinton sait bien qu'un pays ne se dote pas comme ça de l'arme nucléaire. Cette déclaration vise sans doute davantage à mettre la pression sur la junte avant les élections législatives de 2010 en s'adressant à l'aile la plus modérée du régime." Les élections de 2010, présentées comme "démocratiques et multipartites" par la junte, doivent théoriquement permettre de nommer un nouveau gouvernement et de mettre en application la nouvelle Constitution votée l'an dernier.
Dans la perspective de ces élections, les Etats-Unis tentent également d'obtenir la libération de l'opposante Aung San Suu Kyi, actuellement en procès et qui risque cinq ans de prison. Mercredi, Hillary Clinton a ainsi ouvert la voie à des "investissements américains" en Birmanie si Aung San Suu Kyi était libérée. Selon Laurent Amelot, cette proposition marque un profond changement de politique à Washington : "Les Américains continuent de faire pression, explique-t-il, mais ils se sont aperçus que les sanctions seules ne fonctionnaient pas, et s'orientent désormais vers des mesures incitatives en échange d'une ouverture politique."
Par Le Monde avec AFP
Ces craintes de liens nucléaires entre deux pays naguère classés dans l'"axe du mal" ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains selon lesquelles un bateau nord-coréen aurait transporté des armes vers la Birmanie. Elles ont encore été renforcées par des images, diffusées fin juin sur le site Democratic Voice of Burma (DVB), montrant un immense réseau de tunnels construits sur le territoire birman par des experts nord-coréens. Le réseau birman, comprenant de six cents à huit cents tunnels et pouvant servir d'abris en cas d'attaque, serait assez vaste pour abriter un arsenal militaire (ci-dessous, une vidéo d'Al-Jazeera reprenant des images de DVB) :
"PARANOÏAQUE"
Pour Laurent Amelot, enseignant à l'Institut libre d'étude des relations internationales et spécialiste de la Birmanie, les craintes américaines sont néanmoins à prendre avec prudence. "Il existe des soupçons de transfert de missiles balistiques entre les deux pays, admet-il. Mais il est difficile d'affirmer que la junte veut réellement se doter de l'arme nucléaire. Certes, le régime birman, paranoïaque et nationaliste, vit dans le fantasme de se défendre par lui-même contre une éventuelle intervention américaine, mais il n'a ni la technologie ni les moyens financiers d'acquérir l'arme nucléaire. Sans compter que ce pays se trouve sur une zone sismique qui rend extrêmement délicate l'exploitation de ce type d'installations."
Le programme nucléaire birman, interrompu par la junte lors de sa prise de pouvoir en 1962, a pourtant bel et bien été réactivé en février 2001, rapporte le site Yale Global. A en croire ce communiqué d'un haut responsable militaire birman daté de 2002, il s'agit d'un programme civil, visant à doter le pays des "technologies modernes dont il a besoin". Dans la foulée, le ministère de l'énergie atomique russe avait même annoncé un projet de construction en Birmanie d'un réacteur nucléaire destiné à la recherche médicale.
"INVESTISSEMENTS AMÉRICAINS"
"Il existe un faisceau d'indices qui peuvent inquiéter Washington, convient Laurent Amelot. Mais Hillary Clinton sait bien qu'un pays ne se dote pas comme ça de l'arme nucléaire. Cette déclaration vise sans doute davantage à mettre la pression sur la junte avant les élections législatives de 2010 en s'adressant à l'aile la plus modérée du régime." Les élections de 2010, présentées comme "démocratiques et multipartites" par la junte, doivent théoriquement permettre de nommer un nouveau gouvernement et de mettre en application la nouvelle Constitution votée l'an dernier.
Dans la perspective de ces élections, les Etats-Unis tentent également d'obtenir la libération de l'opposante Aung San Suu Kyi, actuellement en procès et qui risque cinq ans de prison. Mercredi, Hillary Clinton a ainsi ouvert la voie à des "investissements américains" en Birmanie si Aung San Suu Kyi était libérée. Selon Laurent Amelot, cette proposition marque un profond changement de politique à Washington : "Les Américains continuent de faire pression, explique-t-il, mais ils se sont aperçus que les sanctions seules ne fonctionnaient pas, et s'orientent désormais vers des mesures incitatives en échange d'une ouverture politique."
Par Le Monde avec AFP
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