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La singularité du Kurdistan irakien

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  • La singularité du Kurdistan irakien

    Près de six mois après les élections provinciales tenues dans 15 des 18 gouvernorats d'Irak, les trois régions restantes qui forment la province du Kurdistan se rendent à leur tour aux urnes dans un contexte tendu avec le pouvoir central de Bagdad. Un peu plus de 2,5 millions d'électeurs kurdes, y compris ceux qui résident hors de la province, devaient choisir, samedi 25 juillet, parmi 24 listes celles qui domineront la prochaine assemblée régionale.

    Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (PUK), les deux grands partis qui règnent en maître depuis des décennies sur la politique kurde, ont renouvelé leur accord de partage du pouvoir et se présentent à nouveau sur une liste unique.

    Malgré l'absence de sondages fiables, mais compte tenu du fort clientélisme et des puissantes solidarités claniques qui existent au Kurdistan, ces deux formations qui sont dirigées, l'une par Massoud Barzani, actuel président de la province, l'autre par Jalal Talabani, président de la République d'Irak, devraient conserver une majorité à l'Assemblée.

    Ils occupent à présent 80 sièges sur 111, dont 11 sont réservés aux minorités : Turkmènes, Yezidis et chrétiens.

    Si la liste PUK-PDK l'emporte, c'est en principe l'actuel vice-premier ministre kurde du gouvernement fédéral de Bagdad, Barham Saleh, un modéré de 49 ans proche de Jalal Talabani, qui devrait succéder à Nechirvan Barzani, neveu de Massoud, à la tête du gouvernement régional d'Erbil.

    Pour la première fois dans leur histoire, les Kurdes, qui représentent autour de 20 % de la population irakienne et détiennent à peu près la même proportion de sièges au Parlement fédéral de Bagdad, vont élire, le même jour au suffrage universel, leur président. A 63 ans, Massoud Barzani, élu en 2005 par l'assemblée des représentants locaux, a de bonnes chances d'emporter un nouveau mandat de quatre ans.

    Parmi les 24 listes électorales en course, une seule, dénommée Goran ("changement") et dirigée par Noshirvan Mustapha - richissime homme d'affaires de 65 ans qui fut cofondateur du PUK en 1975 et numéro deux du parti de Jalal Talabani jusqu'en 2006 - semble avoir quelques chances de bousculer l'ordre établi. Des commentateurs locaux lui pronostiquent une quinzaine de sièges. Comme tous les Kurdes ou presque, M. Mustapha, qui possède un petit empire médiatique local, soutient les efforts de M. Barzani pour obtenir l'agrandissement du Kurdistan en lui adjoignant Kirkouk et d'autres localités du nord habitées par des Kurdes . Mais il affirme qu'il ferait "un bien meilleur travail".

    "Eliminer la corruption" Avec la question, toujours non résolue, du partage des revenus pétroliers entre le Kurdistan et le gouvernement fédéral, les revendications territoriales kurdes font l'objet de vives tensions entre Erbil, où siège M. Barzani, et Bagdad où commande Nouri Al-Maliki. Mais le thème principal de la campagne de Goran est de nature plus interne au Kurdistan. "Pour être efficace à Bagdad, résume son chef de file, nous devons d'abord mettre notre maison en ordre. Le temps du pluralisme, de la transparence et de la responsabilité est venu au Kurdistan." "Modernisation" et "réforme" de la gouvernance sont les maîtres mots de sa campagne.

    Mis en place dès avant le statut de quasi-autonomie, offerte de facto aux Kurdes en 1992 par les Etats-Unis et le Royaume-Uni avec la mise en oeuvre d'une no fly zone interdite aux avions et hélicoptères de Saddam Hussein - selon une ligne qui correspond à l'actuelle frontière de la "région du Kurdistan" -, le système de clientélisme, de népotisme et de corruption généralisée qui sévit dans les trois provinces est devenu insupportable à beaucoup de citoyens kurdes. "Pour obtenir un emploi public, une licence, un permis voire un simple document administratif au Kurdistan, explique un professeur à la retraite d'Erbil, il faut être inscrit au PDK ou au PUK, ou alors posséder beaucoup d'argent."

    Le clan Barzani, qui s'est enrichi depuis dix-sept ans, a pris tardivement conscience du problème en s'adjoignant, la semaine passée, les services de la compagnie américaine Price Waterhouse pour, a dit le chef du gouvernement local, l'aider "à éliminer la corruption administrative et financière des institutions gouvernementales régionales". Amnesty International et Reporters sans frontières, qui ont fustigé, ces derniers mois, "les atteintes répétées aux droits de l'homme perpétrées par les forces de sécurité kurdes " puis les arrestations et les intimidations des journalistes locaux qui osent dénoncer les abus de pouvoir et la corruption des élites, demandent d'autres progrès.

    M. Obama soutient l'Irak pour annuler les sanctions


    Le président américain Barack Obama a exprimé, le 22 juillet, son soutien aux efforts de l'Irak auprès de l'ONU pour annuler les sanctions imposées après l'invasion du Koweït en 1990.

    M. Obama a évoqué le sujet lors de la visite à Washington du premier ministre irakien,

    Nouri Al-Maliki, qui a déposé à cette occasion une gerbe sur la tombe du soldat inconnu au cimetière militaire d'Arlington, près de Washington. - (AFP.)

    Chronologie politique

    Mai 1992 Premières élections législatives au Kurdistan irakien, qui a obtenu une autonomie partielle après la guerre du Golfe de 1991. Le Parti démocratique du Kurdistan et l'Union patriotique du Kurdistan se partagent le pouvoir.

    Mars 2003 Invasion de l'Irak par l'armée américaine. La loi sur la période de transition entre en vigueur le 28 juin 2004 et reconnaît officiellement l'autonomie du gouvernement régional du Kurdistan. La Constitution irakienne en fait autant en 2005.

    Janvier 2005
    L'Alliance démocratique et patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani et Massoud Barzani remportent 104 des 111 sièges de l'Assemblée nationale kurde. M. Barzani est désigné président pour quatre ans.

    Par le Monde
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