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La Slovaquie interdit les langues minoritaires

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  • La Slovaquie interdit les langues minoritaires

    Nem értem ("je ne comprends pas" en hongrois) sera désormais banni des conversations dans les administrations en Slovaquie. Il faudra dorénavant utiliser le slovaque et dire nerozumiem.

    La nouvelle version de la loi sur la langue d'Etat, adoptée début juillet par le Parlement de Bratislava, interdit l'utilisation orale et écrite des langues minoritaires dans les administrations et oblige à l'utilisation prioritaire du slovaque partout dans les espaces publics. Sont aussi exclus les termes anglais ayant des équivalents slovaques. Les contrevenants seront passibles d'amendes de 100 à 5 000 euros.

    Cette nouvelle mouture reprend et durcit certains traits de la loi adoptée une première fois en 1995 aux heures sombres de la Slovaquie alors dirigée par le populiste Vladimir Meciar, partenaire de l'actuel premier ministre, Robert Fico. Elle a, comme à l'époque, provoqué un tollé dans la forte minorité hongroise de Slovaquie (10 % des 5,6 millions d'habitants) et une vive réaction de la classe politique en Hongrie. Les relations entre la Hongrie et la Slovaquie, difficiles depuis la chute du communisme en 1989, sont exécrables depuis 2006 et l'arrivée au gouvernement d'une coalition de populistes et de nationalistes. Elles se sont encore dégradées récemment.

    DISCRIMINATION

    Les formations politiques du Parlement de Budapest ont appelé le Conseil national slovaque (Parlement) à abroger cette loi jugée "discriminatoire" envers la minorité hongroise de Slovaquie. M. Fico a rétorqué que "le temps du royaume de Hongrie (qui incluait les territoires slovaques) était terminé et que la Slovaquie ne se laisserait pas dicter sa conduite par Budapest".

    Ces propos peu amènes entre deux voisins membres de l'Union européenne (UE) embarrassent la Commission qui n'a fait aucun commentaire. Des députés européens veulent la saisir pour qu'elle se prononce sur le caractère "discriminatoire" de la loi envers les citoyens d'un pays de l'UE. Le président tout juste élu du Parlement européen, le Polonais Jerzy Buzek, a estimé que "cette loi nuit non seulement aux Hongrois, mais aussi à l'esprit de l'intégration européenne et aux idéaux de démocratie".

    Seule institution européenne à s'être mêlée au différend magyaro-slovaque, l'Organisation pour la sécurité et le développement en Europe (OSCE) a entrepris une médiation entre les deux pays. Son haut commissaire aux minorités nationales, Knut Vollebaek, a reçu séparément, mardi 21 et mercredi 22 juillet, les délégations slovaque et hongroise, et exprimé des recommandations, a indiqué l'OSCE, basée à Vienne, dans un communiqué. Le ministère hongrois des affaires étrangères "regrette profondément l'adoption de cette loi". Le chef de la diplomatie slovaque, Miroslav Lajcak, a déclaré que "l'OSCE n'avait pas condamné la loi sur la langue slovaque".

    Selon le politologue slovaque Grigorij Meseznikov, "cette loi ne résout rien et sera difficile à appliquer, sinon de manière sélective pour punir ceux qui ne plaisent pas au régime". Il met en garde : "Son adoption relève de la provocation et crée un climat de surenchère nationaliste. Elle alimente le discours des extrémistes de droite du parti Jobbik en Hongrie et du SNS (Parti national slovaque, au pouvoir) en Slovaquie."

    source : Le Monde
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