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Détournement de fonds, scandale familial, nouvelle grossesse ? Préparatifs pour l'élection présidentielle de 2012 ? Toutes les hypothèses ont été avancées pour expliquer la démission de Sarah Palin du poste de gouverneure de l'Alaska, qui lui avait servi en 2008 de tremplin national. Pour Marjorie Dannenfelser, l'explication est simple : "Personne n'a jamais été autant persécuté que Sarah Palin." Mme Dannenfelser est l'une des fondatrices de Team Sarah, un groupe de soutien à l'ancienne colistière du candidat républicain John McCain dans la course à la Maison Blanche.
Comme tout le monde, elle a été prise de court par la décision de l'égérie républicaine de novembre 2008. "J'ai été surprise, mais j'ai totalement compris ses raisons, dit-elle. Elle a été victime d'un matraquage obsessionnel. Ses enfants ont été attaqués. Elle avait un poste obscur de gouverneur dans un Etat obscur. Tout à coup, il lui est devenu impossible de travailler et sa vie a totalement changé." La militante, et mère de cinq enfants – "comme Sarah" – n'est pas la seule à défendre sa candidate injustement vilipendée.
Depuis le 3 juillet, date à laquelle la gouverneure a annoncé son départ – "un suicide politique", selon nombre de commentateurs – plusieurs milliers de fans ont rejoint Team Sarah,. "Elle représente un nombre grandissant de femmes qui ne se sentent pas représentées dans ce pays", assure Mme Dannenfelser.
Fondée en septembre 2008, Team Sarah compte maintenant 70 000 membres. Elle espère être un jour pour Sarah Palin ce que barackobama.com a représenté pour le président : un outil de "networking" (réseau) social. L'association chapeaute une centaine de clubs ; des "poètes pour Palin" aux mères d'enfants trisomiques en passant par les "postiers non syndiqués pour Sarah". Les membres du groupe "Qu'est-ce que j'ai fait pour Sarah aujourd'hui ?" sont priés d'afficher des résultats : "J'ai prié pendant deux jours", "J'ai envoyé une rose à Sarah pour son départ".
Dans les messages reviennent les mêmes revendications. L'Amérique de Sarah Palin est celle qui se sent méprisée par "l'élite de la côte Est". "Vous n'avez pas fait vos études à Brown University. Vous avez cinq enfants. Comment pouvez-vous avoir l'audace de vous présenter aux élections !", résume Marjorie Dannenfelser.
Avant d'être choisie par M. McCain, Mme Palin était la gouverneure la plus populaire des Etats-Unis. Dix-sept mois avant la fin de son mandat, elle fait ses adieux d'élue à l'Alaska après avoir attiré sur l'Etat beaucoup plus de publicité qu'il n'en réclame. Vendredi 24juillet, plus d'un millier de personnes sont venues la voir servir des hot-dogs au pique-nique de sa ville de Wasilla (soit l'équivalent d'un habitant sur sept !). Dimanche, elle doit transmettre officiellement ses responsabilités à son adjoint, le lieutenant gouverneur Sean Parnell, lors d'un autre pique-nique, à Fairbanks, où est attendu un nombre de journalistes qui plonge son staff dans la consternation.
En annonçant son départ, dans une conférence de presse mélodramatique à Wasilla, Sarah Palin a expliqué qu'elle ne faisait plus rien d'autre que de se défendre contre les diverses poursuites engagées contre elle, alors qu'elle devait déjà 500 000 dollars de frais d'avocat (son mari Todd a préféré retourner travailler dans une compagnie pétrolière). Dix-neuf enquêtes pour violations du code de l'éthique ont été ouvertes, dont deux alors qu'elle avait déjà annoncé sa démission. Toutes ont été classées sans suite, sauf deux, qui sont toujours en examen.
Une ancienne amie – républicaine –, Andree McLeod, a déposé six requêtes. Il est reproché à MmePalin d'avoir arboré un blouson au nom du sponsor des courses de motoneige de son mari; d'avoir touché son salaire de gouverneure alors qu'elle faisait campagne avec John McCain, d'avoir oublié en 2007 de prononcer la traditionnelle proclamation de la célébration de la libération des esclaves… La plainte la plus sérieuse concerne le Fonds de défense légale, qui a été établi pour elle, et qui n'est pas autorisé par la législation en Alaska. Mais elle affirme n'y avoir pas prélevé d'argent.
La décision n'a pas dû être facile. Lors de sa conférence de presse, il lui a fallu 13 minutes pour se résigner à annoncer qu'elle n'allait pas se représenter en 2010. Elle a évoqué la déclaration d'indépendance du 4-Juillet, la grande mission de l'Alaska, porte "stratégique" pour l'ensemble du monde, et sa fierté d'avoir refusé une partie des crédits du plan de relance du président Barack Obama, pour ne pas ajouter à "l'obscénité de la dette nationale" (l'assemblée locale compte vite revenir sur cette décision). Puis, ayant enfin dit qu'elle n'allait même pas attendre 2010, elle a livré que c'était le choix unanime de ses enfants. Là-dessus, elle a conclu en citant le général McArthur : "Il ne s'agit pas d'une retraite. Nous avançons dans une autre direction." Sur ses intentions, elle n'a pas levé l'ambiguïté pour sa candidature contre M.Obama s'il se représente en 2012. Mais elle n'a pas caché qu'elle ferait campagne pour "tous ceux qui ont les mêmes valeurs" qu'elle, quel que soit leur parti. Dans une interview au Washington Times, elle a indiqué partager l'idée de l'ancien responsable du parti Newt Gingrinch sur la nécessité de reconstruire une majorité de centre droit, au besoin en soutenant des démocrates modérés.
Sarah Palin a de l'argent (730 millions sur son Fonds électoral Sarah-PAC). Les sondages la donnent en faible estime dans l'ensemble de la population (40 %) mais au mieux dans la base conservatrice. Et même si l'enthousiasme a faibli par rapport à 2008, 70 % des républicains ont encore une bonne opinion d'elle, selon une enquête Washington Post/ABC News. En cas de primaires, elle arriverait en deuxième ou troisième position derrière les anciens gouverneurs Mitt Romney et Mike Huckabee.
Les républicains espèrent que l'état de l'économie et la crainte des déficits publics vont les aider à remonter la pente avant les élections de mi-mandat en 2010. Mais l'ex-candidate pense qu'il est urgent de rénover le parti. "Même mon fils [Track, 20 ans, soldat en Irak] ne s'est pas inscrit comme républicain", dit-elle. Sarah Palin a 45 ans et continue de donner des interviews à la descente de son bateau de pêche. Elle a signé un lucratif contrat d'édition, et s'en remet pour le reste à sa "foi" : "Et si je meurs politiquement, qu'il en soit ainsi."
Par le Monde
Comme tout le monde, elle a été prise de court par la décision de l'égérie républicaine de novembre 2008. "J'ai été surprise, mais j'ai totalement compris ses raisons, dit-elle. Elle a été victime d'un matraquage obsessionnel. Ses enfants ont été attaqués. Elle avait un poste obscur de gouverneur dans un Etat obscur. Tout à coup, il lui est devenu impossible de travailler et sa vie a totalement changé." La militante, et mère de cinq enfants – "comme Sarah" – n'est pas la seule à défendre sa candidate injustement vilipendée.
Depuis le 3 juillet, date à laquelle la gouverneure a annoncé son départ – "un suicide politique", selon nombre de commentateurs – plusieurs milliers de fans ont rejoint Team Sarah,. "Elle représente un nombre grandissant de femmes qui ne se sentent pas représentées dans ce pays", assure Mme Dannenfelser.
Fondée en septembre 2008, Team Sarah compte maintenant 70 000 membres. Elle espère être un jour pour Sarah Palin ce que barackobama.com a représenté pour le président : un outil de "networking" (réseau) social. L'association chapeaute une centaine de clubs ; des "poètes pour Palin" aux mères d'enfants trisomiques en passant par les "postiers non syndiqués pour Sarah". Les membres du groupe "Qu'est-ce que j'ai fait pour Sarah aujourd'hui ?" sont priés d'afficher des résultats : "J'ai prié pendant deux jours", "J'ai envoyé une rose à Sarah pour son départ".
Dans les messages reviennent les mêmes revendications. L'Amérique de Sarah Palin est celle qui se sent méprisée par "l'élite de la côte Est". "Vous n'avez pas fait vos études à Brown University. Vous avez cinq enfants. Comment pouvez-vous avoir l'audace de vous présenter aux élections !", résume Marjorie Dannenfelser.
Avant d'être choisie par M. McCain, Mme Palin était la gouverneure la plus populaire des Etats-Unis. Dix-sept mois avant la fin de son mandat, elle fait ses adieux d'élue à l'Alaska après avoir attiré sur l'Etat beaucoup plus de publicité qu'il n'en réclame. Vendredi 24juillet, plus d'un millier de personnes sont venues la voir servir des hot-dogs au pique-nique de sa ville de Wasilla (soit l'équivalent d'un habitant sur sept !). Dimanche, elle doit transmettre officiellement ses responsabilités à son adjoint, le lieutenant gouverneur Sean Parnell, lors d'un autre pique-nique, à Fairbanks, où est attendu un nombre de journalistes qui plonge son staff dans la consternation.
En annonçant son départ, dans une conférence de presse mélodramatique à Wasilla, Sarah Palin a expliqué qu'elle ne faisait plus rien d'autre que de se défendre contre les diverses poursuites engagées contre elle, alors qu'elle devait déjà 500 000 dollars de frais d'avocat (son mari Todd a préféré retourner travailler dans une compagnie pétrolière). Dix-neuf enquêtes pour violations du code de l'éthique ont été ouvertes, dont deux alors qu'elle avait déjà annoncé sa démission. Toutes ont été classées sans suite, sauf deux, qui sont toujours en examen.
Une ancienne amie – républicaine –, Andree McLeod, a déposé six requêtes. Il est reproché à MmePalin d'avoir arboré un blouson au nom du sponsor des courses de motoneige de son mari; d'avoir touché son salaire de gouverneure alors qu'elle faisait campagne avec John McCain, d'avoir oublié en 2007 de prononcer la traditionnelle proclamation de la célébration de la libération des esclaves… La plainte la plus sérieuse concerne le Fonds de défense légale, qui a été établi pour elle, et qui n'est pas autorisé par la législation en Alaska. Mais elle affirme n'y avoir pas prélevé d'argent.
La décision n'a pas dû être facile. Lors de sa conférence de presse, il lui a fallu 13 minutes pour se résigner à annoncer qu'elle n'allait pas se représenter en 2010. Elle a évoqué la déclaration d'indépendance du 4-Juillet, la grande mission de l'Alaska, porte "stratégique" pour l'ensemble du monde, et sa fierté d'avoir refusé une partie des crédits du plan de relance du président Barack Obama, pour ne pas ajouter à "l'obscénité de la dette nationale" (l'assemblée locale compte vite revenir sur cette décision). Puis, ayant enfin dit qu'elle n'allait même pas attendre 2010, elle a livré que c'était le choix unanime de ses enfants. Là-dessus, elle a conclu en citant le général McArthur : "Il ne s'agit pas d'une retraite. Nous avançons dans une autre direction." Sur ses intentions, elle n'a pas levé l'ambiguïté pour sa candidature contre M.Obama s'il se représente en 2012. Mais elle n'a pas caché qu'elle ferait campagne pour "tous ceux qui ont les mêmes valeurs" qu'elle, quel que soit leur parti. Dans une interview au Washington Times, elle a indiqué partager l'idée de l'ancien responsable du parti Newt Gingrinch sur la nécessité de reconstruire une majorité de centre droit, au besoin en soutenant des démocrates modérés.
Sarah Palin a de l'argent (730 millions sur son Fonds électoral Sarah-PAC). Les sondages la donnent en faible estime dans l'ensemble de la population (40 %) mais au mieux dans la base conservatrice. Et même si l'enthousiasme a faibli par rapport à 2008, 70 % des républicains ont encore une bonne opinion d'elle, selon une enquête Washington Post/ABC News. En cas de primaires, elle arriverait en deuxième ou troisième position derrière les anciens gouverneurs Mitt Romney et Mike Huckabee.
Les républicains espèrent que l'état de l'économie et la crainte des déficits publics vont les aider à remonter la pente avant les élections de mi-mandat en 2010. Mais l'ex-candidate pense qu'il est urgent de rénover le parti. "Même mon fils [Track, 20 ans, soldat en Irak] ne s'est pas inscrit comme républicain", dit-elle. Sarah Palin a 45 ans et continue de donner des interviews à la descente de son bateau de pêche. Elle a signé un lucratif contrat d'édition, et s'en remet pour le reste à sa "foi" : "Et si je meurs politiquement, qu'il en soit ainsi."
Par le Monde