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L'opposition iranienne en exil se mobilise

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  • L'opposition iranienne en exil se mobilise

    À travers le monde, des milliers de personnes vont célébrer samedi la journée internationale de soutien au peuple iranien. Traditionnellement divisée, l'opposition en exil se retrouve, pour la première fois, unie sous la bannière de la «vague verte».

    Les yeux collés au téléviseur de cette maison de production parisienne, Mohsen Makhmalbaf scrute avec nostalgie les images de la campagne électorale iranienne. L'espoir y vibre, en grandeur nature : rassemblés sur une avenue de Téhéran, des milliers d'Iraniens, un ruban vert autour du poignet, crient à la caméra leurs désirs de changement. Le documentaire a été tourné par sa propre fille, Hanah, qui a dû quitter précipitamment le pays, après la réélection contestée d'Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Depuis, la petite famille du cinéaste iranien, internationalement connu pour ses films défiant la censure, est réunie au complet, en France, leur nouvelle terre d'accueil. Du front culturel au front politique, la mobilisation est à son maximum. «Cette vidéo, c'est une preuve du “coup d'État”. Elle montre que de nombreuses personnes qui avaient boycotté les élections de 2005, se sont mobilisées pour Mir Hossein Moussavi - principal rival d'Ahmadinejad. À l'étranger, les Iraniens ont voté en masse. Aujourd'hui, ils se posent la question, “Où est mon vote ?”, et demandent au monde entier de ne pas reconnaître Ahmadinejad comme nouveau président», martèle Makhmalbaf, en fronçant les sourcils.

    De l'hémicycle du Parlement européen - où il a déjà été reçu à deux reprises - aux studios des très regardés programmes persans de Voice of America, en passant par la manifestation géante de samedi, à Paris, ce porte-parole à l'étranger de la «vague verte» ne s'accorde aucun répit. Une mobilisation inédite suivie par des dizaines de milliers de ses compatriotes à travers la planète fait pour la première fois, le pont entre les Iraniens de l'intérieur et de l'extérieur.

    Conseils de «désobéissance civile»


    En apparence, la contestation souffre pourtant d'un manque de leadership. En Iran, les passions se cristallisent autour de Mir Hossein Moussavi, nouveau chef de l'opposition. Mais ses moyens sont limités. La plupart des ténors du camp réformateur sont toujours en prison. De nombreux activistes sont sous surveillance rapprochée. Les familles des jeunes manifestants tués vivent sous la menace d'être arrêtées si elles osent parler à la presse. À l'étranger, l'opposition traditionnelle à la République islamique n'a jamais été très unie. De Washington, où vit le fils de l'ancien chah d'Iran à Auvers-sur-Oise, la base des moudjahidins du peuple, les divergences sont criantes. Et leurs messages, souvent jugés trop poussiéreux. «Ces gens-là n'ont pas remis les pieds en Iran depuis trente ans. Ils ne savent rien de nos vraies aspirations», souligne, sans concession, Taraneh, une activiste iranienne, contactée à Téhéran. Mais, pour la première fois en trente ans, les événements de ces dernières semaines ont *soudé l'opposition en exil.

    «Nous sommes tous les maillons d'une grande chaîne humaine verte», s'enthousiasme Makhmalbaf, pour qui l'absence de véritable «tête» constitue, en fait, la force de la nouvelle opposition. «Aujourd'hui, chaque citoyen iranien est à la fois un manifestant et un ambassadeur de la cause iranienne», dit-il. Un simple détour sur YouTube permet de saisir l'étonnante portée de ce mouvement. Entre vidéos saisies sur le vif lors des manifestations téhéranaises et enregistrements clandestins de meetings entre bassidjis, un ambassadeur bien atypique y donne rendez-vous aux Iraniens. Il s'appelle Mohsen Sazegara. Cet ex-gardien de la révolution, entré en dissidence, et exilé depuis 2003 aux États-Unis, s'adresse quotidiennement à ses compatriotes, en leur donnant, durant dix minutes, des conseils en «désobéissance civile» : porter des masques lors des manifestations pour éviter d'être identifiés, ne pas lancer des pierres, offrir des fleurs aux policiers … Sur le mur de son studio d'enregistrement, on peut distinguer le «V» de la victoire. «Notre mouvement est avant-tout pacifique», insiste-t-il.

    Dernière technique en vogue : l'identification, par des opposants en exil, de certains miliciens bassidjis, principaux acteurs de la répression, par diffusion de leurs photos, adresses et numéros de téléphone. C'est Amir Farshad Ebrahimi, un opposant réfugié en Allemagne, qui vient de lancer la mode, en postant, sur son blog, une multitude de détails embarrassant pour ces soldats de l'ombre. «Un jour, l'un d'entre deux m'a appelé à Berlin en m'accusant de manquer d'éthique. Je lui ai répondu : “Tuer des innocents, n'est-ce pas manquer d'éthique ?”. Aujourd'hui, notre force, c'est de refuser de nous taire», confie-t-il.

    par le figaro


    Paris -8 Juillet
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