« … chez nous, l’anniversaire du mariage ne se fête pas. Pour les uns ce n’est pas une fête, pour les autres, c’est un mauvais souvenir, pour les derniers, ce n’est pas dans nos traditions. Les maris n’offrent presque rien à l’occasion, pas même une photocopie colorée du livret de famille. Les femmes n’offrent rien en retour, pas même un plat japonais cuisiné avec attention. C’est que le problème est compliqué: il s’agit de fixer la date avant de fixer le cadeau. La date du mariage est encore floue dans notre société. S’agit-il de la date de la Fath’a? De la date du contrat dans la mairie? De la date de la bague? De la date du contact entre les parents? Ou de la date du premier contact avec les yeux, dans la rue ou de par-dessus les balcons ? Le calendrier du mariage dure longtemps chez nous pour que l’on puisse fixer une date fixe. C’est comme pour l’indépendance : tout le monde sait que c’est le 05 juillet officiellement, mais tout le monde sait que cela a commencé bien avant et a duré bien longtemps après. Du coup, personne ne fête son mariage comme une vraie date, mais comme le souvenir d’une longue cuisson au soleil. Les hommes ne se rappellent pas combien leurs femmes étaient belles, mais combien cela leur a coûté. Les femmes se rappellent plus de leur premier accouchement que de leur date de mariage. De leur dernière dispute que de leur premier sourire. C’est ainsi. La mémoire est féminine, le souvenir est masculin.
M.M
M.M
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