Nicolas Sarkozy hospitalisé au Val-de-Grâce. Son état ne prêterait pas à inquiétude selon…
Le fait même de les appeler «confrères» m’est insupportable. Les affubler du vocable de journalistes est un supplice à mes yeux. Pourtant, ils sont là. Et en cet été caniculaire, comme lors des précédents étés, comme lors de toutes les saisons où ils exercent ce journalisme-là, ils récidivent dans une pratique qui leur est «propre». Celle de lister les «pratiques déviantes» de leurs compatriotes. A les lire – pour ceux qui arrivent encore à les lire — tout couple surpris dans un recoin de Riadh El-Feth est à ajouter aux statistiques galopantes de la prostitution. Dans leur logique lapidaire, on ne peut se tenir la main dans un endroit public sans verser dans le racolage et la débauche. A quelques encablures du Ramadan, mes «confrères» redoublent de zèle dans leur énoncé des «endroits chauds». Ils développent même une faculté étonnante, extraordinaire. Ils comptent le nombre de canettes de bière qui jonchent les bords de route et arrivent ainsi à tracer des cartes détaillées du degré d’éthylisme de chaque région du pays, en concluant à un partage du territoire en zones croyantes et en zones mécréantes. L’arrestation du plus petit réseau de prostitution devient motif à décréter l’alerte nationale face à une pandémie d’atteintes mortelles aux bonnes mœurs et à la sainte religion. L’odeur des bûchers n’est déjà plus très loin. Et je suppose que ce genre de journalisme inquisiteur espère beaucoup de monde aux exécutions publiques. Sinon, pourquoi de telles campagnes ? Des campagnes qui s’accompagnent presque toujours des mêmes supports photos censés marquer l’opinion : des filles court vêtues se déhanchant sur des pistes de discothèques qualifiées sans ambages de bordels géants. Il n’y a jamais d’acte gratuit. En tout. Et donc, en journalisme aussi. Lorsque des journaux à grands tirages font credo quasi exclusif de ce marché-là de la morale, organisent la traque au loisir comme d’autres menaient des raids assassins contre des villages entiers, il ne faut pas s’étonner ensuite qu’à Alger, à Draria plus exactement, des artistes africains se fassent sauvagement agresser. Quoi de plus normal lorsque juste avant, les rubriques culturelles des torchons à grand tirage réduisaient le Panaf’ à un vaste et intolérable défilé de seins nus. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Par Hakim Laâlam
Source : Le soir d'Algérie
… le chanteur Faudel
Le fait même de les appeler «confrères» m’est insupportable. Les affubler du vocable de journalistes est un supplice à mes yeux. Pourtant, ils sont là. Et en cet été caniculaire, comme lors des précédents étés, comme lors de toutes les saisons où ils exercent ce journalisme-là, ils récidivent dans une pratique qui leur est «propre». Celle de lister les «pratiques déviantes» de leurs compatriotes. A les lire – pour ceux qui arrivent encore à les lire — tout couple surpris dans un recoin de Riadh El-Feth est à ajouter aux statistiques galopantes de la prostitution. Dans leur logique lapidaire, on ne peut se tenir la main dans un endroit public sans verser dans le racolage et la débauche. A quelques encablures du Ramadan, mes «confrères» redoublent de zèle dans leur énoncé des «endroits chauds». Ils développent même une faculté étonnante, extraordinaire. Ils comptent le nombre de canettes de bière qui jonchent les bords de route et arrivent ainsi à tracer des cartes détaillées du degré d’éthylisme de chaque région du pays, en concluant à un partage du territoire en zones croyantes et en zones mécréantes. L’arrestation du plus petit réseau de prostitution devient motif à décréter l’alerte nationale face à une pandémie d’atteintes mortelles aux bonnes mœurs et à la sainte religion. L’odeur des bûchers n’est déjà plus très loin. Et je suppose que ce genre de journalisme inquisiteur espère beaucoup de monde aux exécutions publiques. Sinon, pourquoi de telles campagnes ? Des campagnes qui s’accompagnent presque toujours des mêmes supports photos censés marquer l’opinion : des filles court vêtues se déhanchant sur des pistes de discothèques qualifiées sans ambages de bordels géants. Il n’y a jamais d’acte gratuit. En tout. Et donc, en journalisme aussi. Lorsque des journaux à grands tirages font credo quasi exclusif de ce marché-là de la morale, organisent la traque au loisir comme d’autres menaient des raids assassins contre des villages entiers, il ne faut pas s’étonner ensuite qu’à Alger, à Draria plus exactement, des artistes africains se fassent sauvagement agresser. Quoi de plus normal lorsque juste avant, les rubriques culturelles des torchons à grand tirage réduisaient le Panaf’ à un vaste et intolérable défilé de seins nus. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Par Hakim Laâlam
Source : Le soir d'Algérie
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