Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les vacances scolaires en Algérie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les vacances scolaires en Algérie

    En Algérie, bien avant la fin officielle de l’année scolaire, dès l’arrivée des premières chaleurs du mois de mai, les rêveries relatives aux grandes vacances d’été occupent totalement l’esprit des élèves, des professeurs et même des responsables qui font même des concessions aux potaches, en les autorisant à chantonner à longueur de journée, mettant leurs encadreurs dans des situations gênantes.

    L’essentiel finalement est de laisser les élèves s’amuser, exprimer leur joie, même si quelquefois les nerfs sont mis à rude épreuve. Puisque c’est la fin de l’année, les enfants auront suffisamment de temps pour s’assagir et se ressaisir. A la rentrée, les choses rentreront dans l’ordre et la discipline finira inévitablement par se réinstaller pour l’année scolaire.

    C’est de cet angle que les enseignants voient la chose, d’où l’autorisation de certaines attitudes, comme laisser chanter librement : “Gai, gai l’écolier. C’est demain les vacances ! Nous passerons par la fenêtre et casserons la gueule du maître !”

    Certains enseignants surtout les plus anciens et les plus autoritaires, grincent de dents, quant aux jeunes enseignants, ils finissent souvent par s’oublier, s’adonner à des démonstrations festives et se noyer dans la foule au grand dam des responsables qui ferment leurs yeux.

    Après tout, ce sont les vacances, tout le monde a le droit de se défouler surtout lorsque les résultats obtenus aux différents examens sont satisfaisants, comme c’est le cas cette année. Alors faire un peu la fête avant de se séparer pour plus de deux mois n’est finalement pas si mauvais !

    A préciser que certaines écoles bouclent leur année scolaire par l’organisation de cérémonie afin d’honorer les lauréats et les meilleurs élèves de chaque division. Des activités culturelles, artistiques et sportives sont également assurées et animées par les apprenants sous la direction et l’orientation des enseignants les plus actifs. Ce genre de manifestation doit être à notre sens élargi et généralisé, car il a un effet sur le rendement des écoliers qui donnent une importance capitale à ce genre de distinction. Une attestation d’encouragement offerte devant un grand public permet à l’enfant de s’affirmer et le poussera sans aucun doute à redoubler d’efforts. Signalons aussi que certaines écoles organisent même des excursions.

    Bref, l’année scolaire terminée, l’enfant et l’ensemble de la famille éducative sont en vacances.

    Sous d’autres cieux, le départ en vacances au moins pour une semaine est chose assurée pour tous les élèves. Les couches aisées le font d’elles-mêmes par leurs propres moyens. Là-bas, les vacances c’est synonyme de départ. Pas question de rester à la maison, de se rouler les pouces ou de se morfondre dans son village ou sa ville. Changer d’air, de visages et de mode de vie est une priorité pour se ressourcer et charger les accus, comme ils se plaisent à le dire. Ils ont raison, pleinement raison. Après une année de labeur, de travail et d’efforts, le repos et les balades sont tout indiqués. La vie n’est pas seulement synonyme de travail, elle est aussi faite de voyages, de distraction et de repos. Les gens se privent peut-être pendant toute l’année, mais durant les vacances il faut savoir lever le pied et offrir plus d’air à ses poumons, plus de belles et nouvelles images à ses yeux, de l’aventure et du repos à son esprit. Après tout, nous ne vivons qu’une seule fois, autant en profiter au grand maximum.

    Les plus aisés donc se prennent en charge, quant aux plus modestes, la prise en charge est assurée par le service social. Là on peut affirmer que tous les élèves sont égaux devant la loi. Ainsi, les plus démunis auront le droit de partir en vacances gratuitement, la prise en charge est totale. Quelle belle initiative ! Les pauvres aussi ont des droits. Brasser l’eau et construire des chateaux de sable, se promener dans une forêt à l’ombre des arbres, escalader une montagne et pouvoir scruter le ciel de plus près est désormais possible pour tout enfant ! Egalité, oblige. Oui, sous d’autres cieux, mais chez nous, tout cela est une illusion.


    Chez nous en Algérie...la monotonie règne

    Chez nous, le rêve tourne au cauchemar pour la plus grande majorité des vacanciers (enfants et adultes), à l’exception d’un nombre infime. Les plus riches peuvent se permettre un voyage à l’étranger ou à l’intérieur du pays et s’offrir par là même des moments de rêve digne des Mille et une nuits. Il faut dire qu’à l’extérieur du pays, les sites et les hôtels de luxe ne manquent absolument pas et l’argent peut tout acheter.

    Paris, Madrid, Londres, Rome sont des capitales prisées par nos touristes bourgeois. Ceux qui optent pour des vacances dans le pays ne voient leurs compatriotes qu’à travers les vitres fumées de leurs 4x4 blindés.

    Les meilleurs complexes touristiques de la côte algérienne leur servent d’arène pour s’extasier, s’empifrer et se rassasier de ce que l’Algérie a de meilleur.

    En Kabylie, la grande majorité des citoyens passe la saison estivale cloîtrée qui dans son village, qui dans sa ville. Le départ en vacances ne concerne pas tout le monde, simplement parce que les moyens n’existent pas. Les années précédentes, le CNOS de l’éducation organisait des camps de colonie de vacances au profit des enfants du secteur. Ainsi, l’enfant de chaque travailleur de l’éducation pouvait bénéficier d’un séjour. Même si les conditions d’accueil n’étaient pas satisfaisantes, les petits n’en faisaient pas cas, l’essentiel pour eux était de pouvoir aller à la plage, de profiter des bienfaits de la grande bleue, de bénéficier des différentes activités organisées par les encadreurs. Les potaches préféraient donc l’amusement et la distraction à tout autre chose. A la fin de la colonie, nos vacanciers bien bronzés bénéficiaient aussi de cadeaux, quand bien même symboliques, mais cela plaisait tant aux enfants qu’à leurs parents venus les récupérer après une courte séparation qui leur semblait trop longue. Hélas, cette année, cette opération est suspendue, pénalisant du coup les enfants et leurs parents qui ne peuvent offrir à leur progéniture une telle aventure.

    Ainsi Mehdi, un élève du primaire, se rappelle ses vacances : “L’année passée, j’ai bien profité de la colonie. C’était des vacances de rêve, la plage, les promenades, les activités en nocturne, c’était vraiment bien. Cette année, c’est la maison, la rue et la télé, ni ambiance, ni charme, ni rien du tout. C’est franchement dégoûtant, on aurait bien pu nous garder à l’école, là-bas au moins il y a tous les amis.”

    Quant aux enseignants, il n’y a malheureusement qu’une minorité qui s’en va en vacances. La raison ? L’absence de moyens financiers, ce qui est tout à fait compréhensible connaissant la réalité des salaires qui sont trop maigres pour oser s’offrir des vacances, surtout lorsque le conjoint ne travaille pas. Déjà que se nourrir, s’habiller et régler les différentes factures relève du miracle, alors songer à partir en vacances c’est carrément un sacrilège.

    Ceux qui s’aventurent sont généralement des couples, avec un salaire double. Ils peuvent prétendre à des vacances, surtout les voyages organisés par le CNOS à l’intérieur du pays.

    Ainsi, les Belharet se sont permis un séjour à l’intérieur du pays. “L’année passée, racontent-ils, nous sommes allés à Aïn Témouchent, avec nos deux enfants. Franchement, c’était des vacances de rêve, nous y avons profité pleinement, on en a eu pour notre argent. Cette année nous comptons refaire la même chose.”

    Pour M. Belaïd, enseignant d’arabe, les vacances c’est pour les autres : “Ecoutez, les vacances ce n’est pas pour moi, d’ailleurs l’idée de partir n’a jamais effleuré mon esprit. Avec mon unique salaire, je n’arrive même pas à vivre décemment, ajouter à cela que je suis père d’un enfant malade, son traitement me coûte une bonne partie de mon salaire. Quequefois je me retrouve sans le sou, surtout lorsque le virement connaît un retard comme c’est le cas pour ce mois de juillet. Alors imaginez un peu ma situation, c’est un cauchemar. Un vendeur de cacahuettes vit mieux et gagne plus que nous, les profs. Dans ce pays, tout va de travers, de grâce ne me parlez plus de vacances. Allez voir du côté des commerçants.”

    Quant aux enfants issus d’autres secteurs, le constat est à peu près le même, sinon pire car nombre d’enfants sont de familles modestes. Pour eux, les vacances ne sont pas pas du tout d’actualité ou plutôt elles riment avec le travail pour aider la famille et pouvoir s’acheter son trousseau à la rentrée scolaire.

    Le cas de Hocine, un collégien des Ouadhias, est édifiant : “Mon père est au chômage depuis déjà des années, certes il travaille par-ci par-là, il arrive quand même à assurer notre subsistance, mais nous offrir des congés, c’est impossible. C’est pour cela que je suis ici dans la rue à essayer de gagner quelques dinars pour alléger un peu son fardeau. Tous les autres sont à la plage et moi au bord de cette route à essayer de vendre des bonbons, des cacahuettes, les petites choses que vous voyez là. Comme ça à la rentrée, je pourrai m’offrir surtout de beaux habits.” Yazid, un lycéen du côté de Boghni, rêve de séjours inoubliables : “Partir en vacances, j’aimerai bien. Mais que voulez-vous, mon père ne me laisse même pas me rendre à la plage avec mes amis pour une journée. Le risque est trop grand me dit-il. Ce n’est pas normal, il est trop sévère avec moi. Je crois que je devrais lui parler, il finira par se rendre à l’évidence, il m’aime bien je crois. Sinon tant pis, il faut bien respecter son père. J’ai tout le temps devant moi.”

  • #2
    Le rêve qui tourne au cauchemar

    Nous avons pourtant sillonné plusieurs villages et villes de la Kabylie pour connaître et savoir comment les écoliers passent leur saison estivale, nous sommes arrivés à établir un constat peu reluisant puisque la quasi-majorité de ceux et celles que nous avons apostrophés confirment nos doutes. Effectivement, nos écoliers ainsi que leurs enseignatns ne partent pas en vacances dans leur grande majorité.

    A notre sens, les vacances doivent être consacrées pour tous les scolarisés, comme cela se fait dans d’autres pays. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? L’inscription du droit aux vacances au profit de tous les élèves, dans la charte des droits de l’enfant est tout indiquée. Ces élèves, pour ne parler que d’eux, que nous poussons pendant toute l’année à travailler, à redoubler d’efforts et à persévérer pour réussir doivent être récompensés par au moins une petite semaine de congé pour non seulement souffler, se distraire, se promener et se ressourcer mais aussi pour les préparer à affronter la nouvelle année scolaire qui sera faite surtout de travail et de compétition.

    Chacun doit apporter sa pierre, les parents, les responsables de l’éducation et les pouvoirs publics doivent s’unir et conjuguer leurs efforts pour garantir à nos chérubins des vacances, surtout avec l’embellie financière que connaît le pays. L’argent ne doit pas pourrir dans les caisses.

    Reportage réalisé par Hocine Taib, la Dépêche de kabylie

    Commentaire

    Chargement...
    X