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Femmes potières en Kabylie: Merci

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  • Femmes potières en Kabylie: Merci

    Ce sont quatre vieilles potières, visiblement usées par le travail de l’argile et de toutes les activités relatives à la vie quotidienne, que nous avons rencontrées à l’occasion de la 11ème édition de la Fête nationale de la poterie.

    Ces femmes artistes aux mains meurtries par l’argile et les différents travaux manuels qu’elles ont accomplis tout au long de leur vie résistent encore aujourd’hui à la fatigue et poursuivant leur mission avec autant de patience, de passion et de courage.

    Nna Ouerdia (Mme Challal) Nna Yamina, Nna Fatima et l’autre Nna Ouerdia se sont confiées à nous et nous ont livré chacune à sa façon ce que fut la vie de la femme kabyle par le passé.

    Nna Yamina sur sa lancée, avec un regard presque absent, scrute l’horizon et essaye se pencher sur son passé, ce passé fait d’efforts, de travail, de misère mais aussi de joie. “Mon fils, me disait-elle dans un langage simple, autrefois, nous n’avions pas une minute à nous car tout se faisait à la main, ce n’est pas comme aujourd’hui.

    De bon matin, il fallait des fois aller chercher l’argile à des kilomètres de chez-nous, une fois à la maison il fallait faire toutes les corvées : se rendre à la fontaine pour puiser l’eau, préparer le petit-déjeuner et le déjeuner qui nous prenaient des heures et des heures. Et oui ! (un long soupir) allumer le feu et mettre le couscoussier, en attendant la cuisson, il y’a toujours quelque chose à faire : laver le linge avec de l’eau, et de la cendre —le savon était réservé aux gens aisés — passer derrière le métier à tisser, les tapis, les burnous et les haïks nous les tissons nous-mêmes. Certes c’était fatiguant et pénible mais la joie que nous ressentions lorsque nous achevons nos œuvres effaçait largement nos peines”.

    Le tissage se faisait surtout le soir, après avoir endormi les petits racontait des histoires et parfois, on les faisait dormir sans qu’ils aient dîné. C’était la vie d’autrefois ; la pauvreté était généralisée c’était aussi aux femmes d’aller chercher du bois dans les forêts avoisinantes et nous revenions avec de lourds fagots sur le dos, il faut bien cuisiner et préparer le ughud pour la poterie”.

    Nna fatima conclura : “C’était difficile de s’en sortir, la femme doit être au four et au moulin car les hommes sont généralement absents : soit ils sont au maquis, soit en France ou à Alger pour gagner quelques misérables sous. C’était ça notre vie dans le temps”.

    Nna Ouerdia la plus en forme, sans doute la plus jeune aussi, poursuit : “Notre vie était dure mais on mettait du goût dans ce que nous faisions, ça n’a rien à voir avec la vie d’aujourd’hui. Les jeunes femmes des temps présents doivent s’estimer heureuses, tout se fait en appuyant sur un bouton : cuisinières, machine à laver, chauffage, climatiseur et les différents robots mais avec tout ça, elles ne sont jamais satisfaites et toujours malades. C’est peut être dû au changement du régime alimentaire avec les produits chimiques et tout le reste. Autrefois c’était du bio, de l’huile d’olive, des figues sèches, de l’orge et du blé nature”.

    Que dire de ces bonnes potières ! Que dire à ces braves mères qui ont su élever leurs enfants, qui ont résisté aux affres de la vie, qui ont préservé nos valeurs, nos coutumes, notre art malgré la dureté de la vie, disons leurs simplement merci, merci infiniment.

    Bas tous les chapeaux devant toutes ces mères de l’honneur et du nif.

    Par la Dépêche de Kabylie
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