Il est encore temps M Hannieh

[aurassien]

Il est encore temps, M. Hanniyeh...
par K. Selim

Le président de la Cour suprême à Ghaza, pris d'une crise de pudibonderie inexplicable alors que la bande de Ghaza souffre d'encerclement au milieu des décombres laissés par le passage des assassins d'Israël, a décidé d'imposer le port du hidjab aux avocates palestiniennes.

La mesure comble d'aise Netanyahu, qui y voit une aubaine et appelle les Palestiniens de Ghaza à se révolter contre le pouvoir du Hamas. La mesure du juge est scandaleuse et inacceptable. Les dirigeants du Hamas, dont les positions sur la manière d'aboutir au rétablissement des droits nationaux palestiniens sont partagées, y compris par des chrétiens, sont comptables de la décision du juge. Et s'ils ne font rien pour annuler la décision, cela signifie qu'ils ont subitement décidé de correspondre, jusqu'à la caricature, à l'image qui leur est faite par leurs contradicteurs.

La bande de Ghaza connaît tous les problèmes du monde, en sus d'un encerclement. Même un intégriste obtus et passéiste aurait tellement de choses à faire ou à essayer de faire qu'il s'abstiendrait d'agir comme les islamistes des pays «normaux». Apparemment, c'est l'inverse qui se passe. Le Hamas ne se rend pas compte que ce genre de mesure, qui suscite l'indignation justifiée des défenseurs des droits de l'homme, casse son image de mouvement de libération nationale pour le réduire à un mouvement religieux et réactionnaire. C'est d'autant plus choquant que le mouvement qui dirige la bande de Ghaza sait que la société palestinienne n'est pas uniquement musulmane et qu'elle est également chrétienne. Cela aurait dû suffire pour éviter que l'on essaie d'imposer par la force des accoutrements particuliers.

Qu'y gagne en définitive le mouvement Hamas, à part de ternir son image et de semer le doute chez les forces politiques non-islamistes - et il y en a chez les Palestiniens - qui estimaient que, globalement, ses positions nationales sont bien plus fondées que celles de son rival, le Fatah ?

Beaucoup vont dire qu'à travers cette mesure, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Ghaza a dévoilé son « vrai visage». C'est qu'au moment où l'on cherche à imposer un marché de dupes aux Arabes, la normalisation avec Israël contre le « gel » des colonies de peuplement, la décision d'obliger les avocates palestiniennes à porter le hidjab est une excellente diversion offerte par le Hamas à ses pires ennemis...

Le président de la Cour suprême, Abdul-Raouf Halabi, qui a été nommé par le Hamas et qui a pris cette décision controversée, dessert la cause des Palestiniens. Il a développé comme justification un discours fruste se plaçant sur le registre de la lutte contre ceux qui «corrompent la morale» et a affirmé de manière incongrue que «ce code vestimentaire améliorera le travail de la justice». C'est absolument ridicule.

S'il reste encore du sens politique aux dirigeants du Hamas, ils devront, sans attendre, abolir ce règlement vestimentaire absurde et signifier au juge qu'il doit servir la justice et non imposer sa loi et ses humeurs... Il est encore temps, M. Ismaïl Hanniyeh...
Le quotidient d'Oran