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A380, le palace des airs nargue la crise

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  • A380, le palace des airs nargue la crise

    Malgré le drame de l’Airbus d’Air France et la crise économique, l’A380 continue de fasciner. El Watan Vendredi était sur le vol inaugural entre Singapour et Paris. C’en est presque choquant ! A l’intérieur, pas un bruit. Un silence de cathédrale.

    L’énorme A380 vient de s’élancer sur la piste de l’aéroport international de Changi, au nord de Singapour, pour son vol inaugural vers Paris en ce début juin. Chacun des quatre réacteurs de ce gigantesque oiseau d’acier crache une puissance équivalente à celle de 1500 voitures...

    Le superjumbo de la Singapore Airlines prend de la vitesse alors que ses 471 passagers se regardent, étonnés de pouvoir continuer à se parler sans entendre le vrombissement des moteurs ou les vibrations de la carlingue. Et en quelques secondes, le dernier-né de la famille Airbus, un des plus gros avions de l’histoire de l’aviation, quitte le plancher des vaches pour son élément : l’air.

    Paquebot de huit étages

    Il ne lui faut ensuite que quelques minutes pour s’élancer sur la mer de Chine et pour atteindre son altitude de croisière. Les passagers décrochent leur ceinture, presque déçus que le décollage n’ait duré que quelques instants. Commence alors la découverte de ce paquebot des airs haut de huit étages. Les uns s’enthousiasment pour ces « sièges qui ne sont pas collés les uns aux autres ». Les autres pour la hauteur du plafond. « Tu t’imagines, on peut presque jouer au basket-ball », plaisante l’un d’eux.

    L’avion pourrait avaler plus de 800 personnes, mais pour le moment, les compagnies aériennes préfèrent jouer la carte du charme en n’accueillant que 400 à 500 passagers. « Nous ouvrons des lignes sur Sydney, Tokyo, Londres et Paris pour séduire de nouveaux clients qui souhaitent découvrir le dernier cri de l’aviation », souligne Peter Tomasch, responsable des relations publiques à la Singapore Airlines.

    En vol, l’avion est très stable. En fait, nous n’avons pas l’impression de filer à 900 km/h, et les coupes de champagne du vol inaugural restent bien vissées sur les tablettes. A la différence des passagers qui veulent partir dare-dare à l’exploration de la machine. « Avec les pyramides d’Egypte, l’A380 est aussi considéré comme une merveille », s’enthousiasme Sylvia, confortablement installée dans son siège.

    Mais attention, à chacun sa classe. Les 399 passagers de la classe éco doivent y rester. Idem pour les 60 voyageurs de la classe affaires. « Même s’il est plus grand qu’un terrain de foot, ça reste quand même un avion. L’A380 n’est pas fait pour faire du footing », dit en souriant une hôtesse. Dans son sarong exotique, dessiné par le couturier français Balmain, elle bloque l’accès à l’escalier qui relie les deux étages du monstre et qui donne accès aux douze suites de luxe. Tiens, il rappelle celui du Titanic...

    Airbus doit vendre 450 appareils pour rentabiliser son investissement, mais il n’y arrive pas. En fait, seuls les journalistes ont accès aux suites griffées Givenchy, de la brosse à dents à la couverture. Il s’agit de pièces de 10 m2 avec un écran de télé, un lit, un fauteuil en cuir, une table... Sur la compagnie Emirates, il y a même une douche ! Les passagers de ce compartiment fermé par des cloisons coulissantes doivent tout de même débourser 10 000 euros (1 000 000 DA) pour un vol de 12 heures.

    En first et business, l’ambiance est tout aussi feutrée. On se croirait dans un palace. Les sièges se transforment en un clin d’œil en un lit très confortable. Les écrans de télévision sont énormes. Les repas sont dignes des meilleures tables du monde. Au menu : caviar, coquilles Saint-Jacques, champagne...

    En économique, c’est plutôt taboulé et eaux minérales. L’endroit est plus classique avec ses rangées de sièges alignés. « Mais au moins, je peux m’allonger sans déranger mon voisin », lâche une dame. Et petit luxe tout de même : « Les toilettes sont une vraie salle de bains », glisse une passagère tandis que l’avion survole la mer Caspienne.

    Ce confort et ce faste suffiront-ils à relancer les compagnies aériennes qui ont déboursé plus de 200 millions d’euros (20 milliards de dinars) pour s’offrir l’A380 ? Chez Singapore Airlines dont le chiffre d’affaires est parti en vrille ces derniers mois, on y croit dur comme fer. « L’A380 ne va pas nous sauver à lui tout seul », nuance Peter Tomasch. « Mais cet appareil est un produit d’appel hors normes qui attire les curieux. »

    L’ombre du Concorde

    Et il est une bonne affaire à plus d’un titre pour Singapore Airlines. L’engouement suscité par le plus gros avion de ligne du monde devrait contribuer à doper les ventes et le taux de remplissage. Mais l’A380 va également permettre de réduire les coûts. Chez Airbus aussi, on compte sur l’A380 pour relancer des ventes catastrophiques cette année. Un calcul risqué : l’avionneur européen qui doit vendre 450 appareils pour rentabiliser son investissement n’y arrive pas. Seules 176 commandes fermes ont été enregistrées jusqu’à présent.

    Au salon du Bourget, qui s’est tenu du 15 au 21 juin dernier à Paris, aucun appareil n’a été commandé.Bref : l’ombre du Concorde, qui fut un des plus grands accidents industriels de l’histoire, plane désormais sur l’A380. Une perspective qui n’intéresse personne dans le vol SK334. Ses passagers veulent juste rêver alors que le pilote annonce que Paris n’est plus qu’à 30 minutes de vol. Rêver et remettre à plus tard les sujets qui fâchent.

    Par Sid Ahmed Hammouche
    El Watan
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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