Maroc : l'optimisme d'un pays émergent
31 juillet 2009 -
Immuable, la cérémonie d'allégeance à Mohammed VI, qui se tenait hier à Tanger, traduit la continuité d'un régime féodal. Lequel confond pouvoir temporel et spirituel, puisque le Roi du Maroc est aussi Commandeur des croyants. Dans un pays où 50% des habitants restent analphabètes, un tel viatique constitue une garantie de pérennité pour la dynastie alaouite en place depuis le XVIe siècle.
Si les fondamentaux du pays ont faiblement évolué, en dix ans de règne, Mohammed VI aura au moins réussi à imposer son style et à solidifier son assise. Le pari n'était pas évident tant la personnalité charismatique d'Hassan II était écrasante. Timide et fuyant les médias que son père aimait cajoler, M6, précédé d'une réputation de «glandeur», a d'abord démontré qu'il n'était pas dépourvu de caractère. En limogeant le grand vizir du régime précédent, le ministre de l'Intérieur, Driss Basri, exécuteur des basses oeuvres. Mais en confortant le système sécuritaire mis en place par HassanII et légitimé par les attentats islamistes de 2003 à Casablanca. En plaçant aux postes-clés des technocrates de sa génération, qui maintiennent le palais au centre de tout, contrairement aux souhaits de ceux qui prônaient une évolution vers une monarchie résiduelle à l'espagnole. Enfin, en modernisant le statut des femmes à travers le code de la Moudawana. Bref, après la dureté du père, adoucie en fin de règne, le fils s'est donné une image plus libérale. Il reste que ce «roi des pauvres», selon l'habile communication ayant accompagné cette révolution culturelle, demeure l'un des hommes les plus riches du monde.
Quant aux fonds d'aide sociale, tout comme les chantiers d'infrastructures, ils n'ont pas fait régresser la pauvreté à hauteur des ambitions affichées. Surtout, la classe moyenne, tiraillée entre deux mondes, l'Orient et l'Occident, manifeste une certaine schizophrénie. Il n'empêche, avec 5% de croissance malgré la crise, le Maroc est un pays émergent, certes encore sous-développé dans de nombreux domaines (absence de redistribution, corruption, atteinte à la liberté de la presse...), mais confiant dans son avenir.
Hubert Coudurier
31 juillet 2009 -
Immuable, la cérémonie d'allégeance à Mohammed VI, qui se tenait hier à Tanger, traduit la continuité d'un régime féodal. Lequel confond pouvoir temporel et spirituel, puisque le Roi du Maroc est aussi Commandeur des croyants. Dans un pays où 50% des habitants restent analphabètes, un tel viatique constitue une garantie de pérennité pour la dynastie alaouite en place depuis le XVIe siècle.
Si les fondamentaux du pays ont faiblement évolué, en dix ans de règne, Mohammed VI aura au moins réussi à imposer son style et à solidifier son assise. Le pari n'était pas évident tant la personnalité charismatique d'Hassan II était écrasante. Timide et fuyant les médias que son père aimait cajoler, M6, précédé d'une réputation de «glandeur», a d'abord démontré qu'il n'était pas dépourvu de caractère. En limogeant le grand vizir du régime précédent, le ministre de l'Intérieur, Driss Basri, exécuteur des basses oeuvres. Mais en confortant le système sécuritaire mis en place par HassanII et légitimé par les attentats islamistes de 2003 à Casablanca. En plaçant aux postes-clés des technocrates de sa génération, qui maintiennent le palais au centre de tout, contrairement aux souhaits de ceux qui prônaient une évolution vers une monarchie résiduelle à l'espagnole. Enfin, en modernisant le statut des femmes à travers le code de la Moudawana. Bref, après la dureté du père, adoucie en fin de règne, le fils s'est donné une image plus libérale. Il reste que ce «roi des pauvres», selon l'habile communication ayant accompagné cette révolution culturelle, demeure l'un des hommes les plus riches du monde.
Quant aux fonds d'aide sociale, tout comme les chantiers d'infrastructures, ils n'ont pas fait régresser la pauvreté à hauteur des ambitions affichées. Surtout, la classe moyenne, tiraillée entre deux mondes, l'Orient et l'Occident, manifeste une certaine schizophrénie. Il n'empêche, avec 5% de croissance malgré la crise, le Maroc est un pays émergent, certes encore sous-développé dans de nombreux domaines (absence de redistribution, corruption, atteinte à la liberté de la presse...), mais confiant dans son avenir.
Hubert Coudurier
Commentaire