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Les militants iraniens des droits de l'Homme vivent dans la peur

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  • Les militants iraniens des droits de l'Homme vivent dans la peur

    Les militants des droits de l'Homme iraniens vivent aujourd'hui dans la peur permanente du coup de sonnette nocturne, de la voiture qui freine à leurs côtés dans la rue, d'être à leur tour emportés dans la tourmente de la répression post-électorale.

    "Nous craignons pour notre vie. Nous pouvons être arrêtés à chaque instant", explique la militante Zahra Saeidzadeh, interrogée par téléphone depuis Téhéran. Eviter le téléphone, détruire les courriels après lecture, changer de mot de passe, ne se déplacer que par deux ou trois... "Nous ne pouvons pas faire beaucoup plus", ajoute-t-elle. Le gouvernement veut "nous faire taire".

    Car la répression déclenchée après le scrutin du 12 juin et la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence va au-delà des jeunes manifestants descendus crier leur colère dans la rue: le gouvernement en profite pour s'en prendre aussi à tous ceux qui le dérangent depuis belle lurette, politiciens réformateurs, écrivains engagés, et la communauté de ceux qui se battent depuis des années pour les droits des femmes ou les droits civiques.

    Plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées depuis le début de la répression. Le chiffre officiel était de 500 il y a quelques semaines, mais les arrestations se poursuivent. Les autorités ont procédé également à plusieurs vagues de libérations et annoncé la tenue des premiers procès.

    Ce n'est pas nouveau pour les militants des droits de l'Homme, qui subissent depuis toujours le harcèlement et les pressions: surveillance, intimidations, parfois emprisonnement. Les dirigeants et militants du groupe "Un million de signatures", militant pour la révision des lois restreignant les droits des femmes, se font par exemple régulièrement arrêter, imposer de lourdes cautions pour être relâchés, interdire les déplacements à l'étranger.

    Mais cette fois-ci, les choses sont différentes, l'atmosphère inquiétante: les militants craignent que le gouvernement ne tente désormais à les écraser totalement. "Ils cherchent à instiller la peur, pour nous faire renoncer au combat", juge Mahboubeh Abbasgholizadeh, militante des droits des femmes souvent arrêtée par le passé. "Il font irruption après minuit et emmènent les gens. Quand vous allez vous coucher, vous vous dites que c'est peut-être votre tour, vous attendez qu'on frappe à la porte", dit-elle.

    "Nous ne savons pas si nous allons gagner ou perdre cette bataille. Nous avons un grand sentiment d'insécurité. Et aussi une immense colère", ajoute Mahboubeh Abbasgholizadeh.

    Pour leur sécurité, les militants ont parfois deux ou trois portables avec des cartes SIM provisoires, mais ne communiquent que rarement par téléphone, par crainte des écoutes. Ils préfèrent le courrier électronique, sur des serveurs sécurisés.

    Lorsqu'ils participent aux manifestations, ils prennent des précautions particulières: ils mettent des lunettes de soleil et se tiennent à des coins de rue, pour pouvoir s'enfuir plus facilement. Ils portent des vêtements ordinaires et des sacs à provisions, pour éviter d'avoir trop ostensiblement l'air de participer à la manifestation.

    Selon une autre militante s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, avant chaque manifestation, il faut changer de nom d'utilisateur Facebook, s'assurer que les boîtes mail sont vide, les ordinateurs reformatés et vides de tout document suspect. Les militants laissent des procurations à leurs proches ou amis pour accéder à leurs comptes bancaires en cas de besoin. Car les activistes arrêtés sont souvent obligés à donner leurs mots de passe informatiques afin que les forces de sécurité puissent éplucher leurs contacts.

    En outre, plusieurs avocats spécialistes connus, qui défendent régulièrement des militants emprisonnés, ont eux-mêmes été arrêtés depuis le 12 juin.

    Comme Shadi Sadr, avocate spécialiste des droits de l'Homme, arrachée à la rue pendant une manifestation: une voiture s'est arrêtée à sa hauteur, et des hommes en civil l'ont frappée et traînée dans le véhicule, raconte sa mère. Shadi Sadr a été libérée le 28 juin. A ses amis, elle a raconté que son emprisonnement avait été beaucoup plus dur que des détentions précédentes. Mais elle refuse de parler aux journalistes. Signe de la peur qui s'est emparée des militants.

    source : AP
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