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Piétons recherche désespérément trottoirs à Sétif

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  • Piétons recherche désespérément trottoirs à Sétif

    Des piétons sans trottoirs… des trottoirs sans piétons ! Un véritable paradoxe et un casse-tête pour les nombreux habitants de la ville de Sétif. Etat des lieux.

    A Sétif, les terrasses de certains restaurants, cafés et autres estaminets envahissent tout l’espace, jusque sur la chaussée. Des véhicules stationnent impunément sur les trottoirs. Des boutiques et des échoppes sont érigées sur les voies piétonnes, les transformant en dépôts provisoires de de marchandises. Avec des étals de commerce informel ou, encore, des vendeurs de fruits et légumes et autres commerces en tous genres.

    Des matériaux de construction qui bloquent la circulation piétonne. Sur certaines rues et artères principales de la capitale des Hauts Plateaux, les rares trottoirs existants ne semblent pas répondre à l’usage pour lequel ils ont été aménagés. Et l’été semble être la saison de tous les abus, par excellence !

    Et à chaque «envahisseur», ses propres motifs. Bien que la législation soit très stricte en ce qui concerne l’occupation de l’espace public, certains commerçants — par ignorance ou par défiance — continuent d’investir des espaces strictement réservés aux piétons. Alors, face à ces trottoirs bloqués, occupés par des consommateurs qui prennent un malin plaisir à contempler les passagers, les citoyens sont obligés de se faufiler entre les chaises et les tables.

    Pis encore, pour pouvoir passer, certains piétons prennent des risques, en empruntant la chaussée, tout en subissant les injures des automobilistes. «Nous occupons les trottoirs en vertu d’autorisations délivrées par l’APC. Il y a toute une réglementation à respecter », nous a confié, avec assurance, un cafetier dont le commerce est implanté sur l’avenue du 8-Mai-1945, à quelques mètres de la mythique fontaine de Aïn-El- Fouara. Les restaurants ne sont pas en reste. Ils occupent le devant de la scène, plaçant leurs rôtissoires sur les trottoirs, invitant, à leur manière, les passagers à consommer.

    Occupation anarchique des trottoirs

    A chacun sa façon de conquérir l’espace et l’utiliser à des fins personnelles. Pour certains vendeurs, les trottoirs peuvent remplacer provisoirement les dépôts ou servir d’espace d’exposition de marchandises. Il n’est un secret pour personne que les trottoirs de la ville de Sétif sont occupés par de nombreuses personnes qui se disent revendeurs, mais exerçant sur le marché informel. Ils étalent leurs marchandises au bord des voies, sans aucun égard envers la circulation automobile et piétonne. Leur souci n’est rien d’autre que de trouver un emplacement pour exercer leur petit commerce. L’espace est ainsi réduit pour les usagers de la voie. Ce qui est une grave entorse à la réglementation. Ce qui, également, provoque des accidents et occasionne des dégâts matériels voire des pertes en vies humaines. Tout ceci sous le regard des autorités locales qui ne prennent aucune précaution pour pallier à la situation. Jeune universitaire, Djamel C. nous a avoué qu’il a d’énormes problèmes pour circuler en ville. «Flâner dans la ville n’est jamais une mince affaire. Cela exige beaucoup de concentration. Il faut faire attention pour savoir où mettre les pieds et éviter ce qui peut vous tomber sur la tête», nous a confié le jeune homme. Devrions-nous alors chausser des brodequins et porter des casques pour nous prémunir des dangers ? De quel droit les autorités concernées se permettent de priver les piétons d’un droit absolu ? Pour pouvoir circuler, devrions-nous être de bons athlètes ? Avoir le talent d’un gymnaste ou d’une danseuse étoile dans un ballet classique ? Swinguer, valser, sauter… des connaissances qui vous seront très utiles en passant sur les quelques trottoirs encore existants à Sétif. Ce qui est sûr, c’est que les contrevenants aux règlements sont multiples.

    Marcher dans la rue, une véritable expédition

    Les trottoirs de Sétif sont en mauvais état, et c'est bien peu de le dire. Les vieillards, qui n'ont plus le pas souple, et les femmes, qui traînent leur poussette, se voient obligés de slalomer entre les crevasses et les obstacles. Il faut dire que hormis les avenues du 8- Mai-1945 et celle du 1er- Novembre 1954, le reste, non concerné par les itinéraires officiels, est bien souvent en piteux état. Partout où l’on pointe nos regards, c'est la même désolation qui nous agresse. Il n’y a pratiquement pas de trottoirs accessibles. La plupart sont craquelés, présentant de multiples fissures. On y trouve des trous béants qui engendrent un sentiment d'insécurité chez les usagers. Cela dure depuis des lustres. Les différentes APC, qui se sont succédées n'ont jamais songé à les aménager, alors qu'une commune a le devoir d'entretenir les trottoirs de sa circonscription. Conséquence, beaucoup de gens pâtissent de l’état des trottoirs. Les familles, avec des petits enfants, ont des difficultés à faire avancer leurs poussettes. Les personnes en fauteuil roulant éprouvent beaucoup de gêne. Pour ceux qui n'ont pas une bonne vue, les surfaces inégales des trottoirs les exposent à de grands dangers.

    La municipalité devrait être en mesure d'agir efficacement

    «C'est l’APC qui est responsable de l'état des trottoirs. Nous devons savoir pourquoi elle ne fait rien pour les faire retaper et nous voulons lui faire savoir à quel point cette situation expose les piétons à des dangers », souligne avec une pointe de colère un homme en fauteuil roulant. Par crainte de chuter, certaines personnes préfèrent marcher sur la chaussée parce que les trottoirs sont soit impraticables, soit inexistants par endroits. Beaucoup de Sétifiens estiment qu'une partie des fonds du contribuable devrait être investie directement dans les infrastructures urbaines destinées aux piétons. «Il faut sans arrêt regarder où l'on marche sinon on risque de poser le pied dans un trou et faire une chute terrible», lance une femme âgée. Les risques de chute sont énormes. Plusieurs piétons affirment avoir été victimes d’au moins une chute à cause de trottoirs fissurés et mal nivelés. Cette situation suscite des critiques assez vives de la part des usagers. D'ailleurs, nombre de Sétifiens estiment que la ville n'a pas de véritable stratégie d'ensemble cohérente et systématique puisque elle n'inclut pas l’aménagement des trottoirs dans ses plans d’actions. Pourtant, un bon état des trottoirs est indispensable à un bon cadre de vie.

    Circulation saturée

    La circulation à Sétif est en train de devenir une véritable épreuve pour tous, surtout aux heures de pointe et pendant la saison estivale. Devenu exigu, le centre-ville est en train d'être carrément asphyxié par ces flots de véhicules qui, chaque jour, l'investissent de toutes parts. Il est arrivé que des embouteillages paralysent, durant de longs moments, certaines de ses avenues les plus fréquentées. Les spectacles auxquels on assiste alors sont des plus navrants. Même les services d'ordre s'avouent, dans de tels cas, impuissants à maîtriser la situation comme par le passé. Non pas par manque de volonté, ni par indifférence, mais tout simplement parce que les choses ont atteint un degré de saturation tel qu'on imagine mal une action efficace et surtout rapide. C'est un constat qui s'impose de lui-même : il y a trop de voitures pour peu d'avenues. Résultat, les agents de l’ordre désertent certains points névralgiques tels que la placette de Aïn-El- Fouara, le boulevard des 600-Logements ou encore l’intersection de l’avenue Abacha-Amar, un véritable point noir de la ville de Sétif. La police est devenue laxiste en ces endroits, comme l’atteste cette scène vécue près du marché informel de Abacha-Amar. Un véhicule de police actionnant son gyrophare pour se frayer un chemin dans ce capharnaüm en faisant déplacer des charrettes de vendeurs ou des voitures arrêtées n’importe où sur la chaussée, mais uniquement pour pouvoir passer… et les laisser reprendre leurs places, s’éloignant tels des héros fatigués, loin de ces infractions, ne représentant sûrement que de légères incivilités sans conséquences à leurs yeux, mais que personne, à part eux, ne peut sanctionner. Les Sétifiens sont donc obligés de patienter encore pour pouvoir prétendre à un cadre de vie meilleur.

    Par Le soir
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