La crise algérienne entamée ‘’symboliquement’’ par les émeutes d’Octobre 1988, les transformations technologiques à l’échelle planétaire, le défi environnemental, la mondialisation des échanges et l’interdépendance des économies ont complètement chamboulé la notion, la valeur et les implications du travail en Algérie.
L’entrée en vigueur du nouveau repos hebdomadaire fixé à vendredi-samedi à partir du 14 août prochain, l’émergence de syndicats libres qui s’imposent de plus en plus dans le monde de l’entreprise, la prise en charge des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), y compris l’Internet, par le monde de l’entreprise et de l’administration, l’introduction de règles de la compétence et de la qualification dans le recrutement et la promotion des cadres et des agents, la gestion de l’aspect social et ergonomique des travailleurs et des conséquences du chômage, tous ces paramètres et bien d’autres encore sont en train d’installer progressivement une nouvelle culture du travail chez les Algériens.
Les règles du travail, héritées des lois sur la ‘’gestion socialiste des entreprises’’ et du ‘’statut général du travailleur’’ ont fait long feu. Elles sont obsolètes de facto et n’ont sans doute pas besoin de décret d’abrogation pour les faire remplacer par une nouvelle réglementation.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a annoncé en février dernier qu’un nouveau code du travail sera soumis à débat avant la fin de l’année 2009.
Il est décidément temps, au vu des profondes transformations qui ont affecté le monde du travail en Algérie et des configurations des relations de travail induites par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, que le champ d’action du concept du travail soit redéfini et que, dans la foulée, soient gérées rationnellement les implications pratiques d’une telle redéfinition.
Presque dans tous leurs aspects, l’exercice du travail et les contraintes qui lui sont inhérentes se présentent sous un jour nouveau en Algérie.
En effet, depuis le début de la décennie 2000, la plus grande proportion d’employeurs revient au secteur privé. C’est lui qui crée de l’emploi à la faveur de l’émergence de l’entreprise privée encouragée par la nouvelle législation du pays. De même, le monde syndical a, lui aussi, subi une évolution, du moins dans son appréhension par les travailleurs. Quant au prolongement pratique sur le terrain, seule la pression et la persévérance pourront rendre légales ces nouvelles formes de lutte.
Cependant, l’exercice du travail ne se limite pas à ces deux ‘’innovations’’.
Comme au début de l’ère de la mécanisation et de l’automation sur les continents américain et européen, une certaine mise à niveau de l’administration et des entreprises leur a fait acquérir d’autres moyens de travail (micro-ordinateur, Internet, réseaux d’entreprises,…) qui font l’économie de certains postes de travail pléthoriques. L’entreprise moderne par exemple, y compris en Algérie, fait de moins en moins appel à l’agent de saisie sur micro tant l’ingénieur qui prépare son compte-rendu n’a plus le temps de le rédiger à la main et de le confier ensuite à l’agent. De là, découle une nouvelle conception de la gestion du temps qui n’a aucun rapport avec celle en cours dans les années 70 ou 80 du siècle dernier.
Un environnement qui appelle de nouvelles règles
L’entrée en scène des entreprises étrangères sur nos chantiers d’autoroute ou de tramway ou bien encore dans certaines représentations commerciales a indubitablement charrié une nouvelle discipline du travail à laquelle les travailleurs algériens ne peuvent que se soumettre. Il est même des entreprises qui ont adopté, plusieurs mois avant sa promulgation, le week-end semi-universel (vendredi-samedi) contrairement à la majorité des structures administratives et entreprises du pays.
La santé dans l’entreprise, les œuvres sociales et d’autres droits n’ont jamais été aussi sollicités qu’au cours de ces dernières années, même si les prestations ne répondent pas toujours aux exigences de l’ergonomie, de la psychologie du travail et de la dignité des travailleurs.
Dans cette période de transition qui touche le monde du travail sur tous les plans (flexibilité de la relation de travail, précarisation par des contrats CDD, gestion moderne du temps et de l’outil de travail, impératifs de la formation continue…), le bouillonnement du front social apparaît dans ses jours les plus ‘’fastes’’. Pour mieux cerner les motivations, la dimension et les retombées de ces mouvements, il importe de jeter un regard sur les conditions sociales des travailleurs algériens, le chômage, la précarité et les inégalités entre les différentes couches de la société. Dans le sillage de la mondialisation des échanges et de la division internationale du travail, les analystes, les pouvoirs publics, les syndicats et d’autres acteurs ont, chacun sous le bout de la lorgnette qui est la sienne, essayé de caractériser et de qualifier la nouvelle situation qui est en train de se mettre en place en Algérie. Signe des temps, une tendance semble lourdement se dessiner : on parle de moins en moins de ‘’masses laborieuses’’.
Ce dernier concept faisant partie de la langue de bois du parti unique, n’est actuellement utilisé par aucune partie, y compris la gauche radicale. Signe des temps ? En tout cas, le triomphe du capital après la chute du mur de Berlin a charrié avec lui l’éloignement, voire la mort, des illusions sociales. Il est vrai que la nouvelle configuration des forces sociales n’a pas encore atteint sa maturité ; d’où les incertitudes qui pèsent sur le monde du travail, incertitudes renforcées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui bouleversent un peu plus chaque jour la relation entre le travailleur et son outil de production et qui situent dans une dimension nouvelle les facteurs de productivité.
En matière de compétence censée ouvrir la voie vers l’exercice d’un métier, le problème se pose désormais en termes d’adéquation entre le système d’enseignement et le marché du travail. Cette dernière notion a, il est vrai, fait défaut par le passé du fait que l’ensemble des diplômés avaient leurs débouchés pris en charge par l’État, principal employeur du pays. Les analystes les plus indulgents ont conclu à la faillite du système de la formation professionnelle en Algérie..
Les symptômes ont commencé à apparaître au grand jour dés l’émergence de l’entreprise privée comme nouvel acteur de la vie économique du pays: les ateliers et usines privés ayant vu le jour au cours des dernières années ne trouvent pas le personnel technique et d’exécution sur le marché du travail. Les offres d’emploi par lesquelles des employeurs cherchent des ouvriers spécialisés, des contre-maîtres et agents de maîtrise (charpentiers, chauffagistes, plombiers, …) traînent pendant des semaines sur les pages publicitaires des journaux sans pouvoir mettre la main sur le profil désiré ou la compétence voulue. C’est que depuis longtemps, la formation professionnelle est vue par la société et même par les pouvoirs publics comme « simple réceptacle des exclus du système éducatif ».
Au lieu qu’elle soit un choix dicté par les préférences d’un cycle court ou par des prédispositions et aptitudes particulières- comme cela se passe dans les autres pays du mode-, la formation professionnelle est vécue plutôt comme un moindre mal par rapport à l’exclusion scolaire et un morose stand-by avant le service national et l’âge adulte. Il faut dire aussi que cette médiocrité et cette faillite sont les conséquences d’un système rentier qui avait plutôt besoin d’un personnel docile que d’un personnel qualifié. Aujourd’hui, les données sont en train de changer radicalement. Face à une vague sans précédent de techniciens, personnels d’exécution, cadres et même ouvriers étrangers ramenés ou recrutés par les sociétés étrangères travaillant en Algérie (chantiers des bâtiments, de l’autoroute, des barrages, du tramway,…), les responsables de la formation sont plus que jamais interpellés pour révolutionner le secteur par de nouvelles méthodes de formation et une nouvelle pédagogie qui allient la nécessité de qualification aux besoins de l’économie nationale.
L’entrée en vigueur du nouveau repos hebdomadaire fixé à vendredi-samedi à partir du 14 août prochain, l’émergence de syndicats libres qui s’imposent de plus en plus dans le monde de l’entreprise, la prise en charge des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), y compris l’Internet, par le monde de l’entreprise et de l’administration, l’introduction de règles de la compétence et de la qualification dans le recrutement et la promotion des cadres et des agents, la gestion de l’aspect social et ergonomique des travailleurs et des conséquences du chômage, tous ces paramètres et bien d’autres encore sont en train d’installer progressivement une nouvelle culture du travail chez les Algériens.
Les règles du travail, héritées des lois sur la ‘’gestion socialiste des entreprises’’ et du ‘’statut général du travailleur’’ ont fait long feu. Elles sont obsolètes de facto et n’ont sans doute pas besoin de décret d’abrogation pour les faire remplacer par une nouvelle réglementation.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a annoncé en février dernier qu’un nouveau code du travail sera soumis à débat avant la fin de l’année 2009.
Il est décidément temps, au vu des profondes transformations qui ont affecté le monde du travail en Algérie et des configurations des relations de travail induites par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, que le champ d’action du concept du travail soit redéfini et que, dans la foulée, soient gérées rationnellement les implications pratiques d’une telle redéfinition.
Presque dans tous leurs aspects, l’exercice du travail et les contraintes qui lui sont inhérentes se présentent sous un jour nouveau en Algérie.
En effet, depuis le début de la décennie 2000, la plus grande proportion d’employeurs revient au secteur privé. C’est lui qui crée de l’emploi à la faveur de l’émergence de l’entreprise privée encouragée par la nouvelle législation du pays. De même, le monde syndical a, lui aussi, subi une évolution, du moins dans son appréhension par les travailleurs. Quant au prolongement pratique sur le terrain, seule la pression et la persévérance pourront rendre légales ces nouvelles formes de lutte.
Cependant, l’exercice du travail ne se limite pas à ces deux ‘’innovations’’.
Comme au début de l’ère de la mécanisation et de l’automation sur les continents américain et européen, une certaine mise à niveau de l’administration et des entreprises leur a fait acquérir d’autres moyens de travail (micro-ordinateur, Internet, réseaux d’entreprises,…) qui font l’économie de certains postes de travail pléthoriques. L’entreprise moderne par exemple, y compris en Algérie, fait de moins en moins appel à l’agent de saisie sur micro tant l’ingénieur qui prépare son compte-rendu n’a plus le temps de le rédiger à la main et de le confier ensuite à l’agent. De là, découle une nouvelle conception de la gestion du temps qui n’a aucun rapport avec celle en cours dans les années 70 ou 80 du siècle dernier.
Un environnement qui appelle de nouvelles règles
L’entrée en scène des entreprises étrangères sur nos chantiers d’autoroute ou de tramway ou bien encore dans certaines représentations commerciales a indubitablement charrié une nouvelle discipline du travail à laquelle les travailleurs algériens ne peuvent que se soumettre. Il est même des entreprises qui ont adopté, plusieurs mois avant sa promulgation, le week-end semi-universel (vendredi-samedi) contrairement à la majorité des structures administratives et entreprises du pays.
La santé dans l’entreprise, les œuvres sociales et d’autres droits n’ont jamais été aussi sollicités qu’au cours de ces dernières années, même si les prestations ne répondent pas toujours aux exigences de l’ergonomie, de la psychologie du travail et de la dignité des travailleurs.
Dans cette période de transition qui touche le monde du travail sur tous les plans (flexibilité de la relation de travail, précarisation par des contrats CDD, gestion moderne du temps et de l’outil de travail, impératifs de la formation continue…), le bouillonnement du front social apparaît dans ses jours les plus ‘’fastes’’. Pour mieux cerner les motivations, la dimension et les retombées de ces mouvements, il importe de jeter un regard sur les conditions sociales des travailleurs algériens, le chômage, la précarité et les inégalités entre les différentes couches de la société. Dans le sillage de la mondialisation des échanges et de la division internationale du travail, les analystes, les pouvoirs publics, les syndicats et d’autres acteurs ont, chacun sous le bout de la lorgnette qui est la sienne, essayé de caractériser et de qualifier la nouvelle situation qui est en train de se mettre en place en Algérie. Signe des temps, une tendance semble lourdement se dessiner : on parle de moins en moins de ‘’masses laborieuses’’.
Ce dernier concept faisant partie de la langue de bois du parti unique, n’est actuellement utilisé par aucune partie, y compris la gauche radicale. Signe des temps ? En tout cas, le triomphe du capital après la chute du mur de Berlin a charrié avec lui l’éloignement, voire la mort, des illusions sociales. Il est vrai que la nouvelle configuration des forces sociales n’a pas encore atteint sa maturité ; d’où les incertitudes qui pèsent sur le monde du travail, incertitudes renforcées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui bouleversent un peu plus chaque jour la relation entre le travailleur et son outil de production et qui situent dans une dimension nouvelle les facteurs de productivité.
En matière de compétence censée ouvrir la voie vers l’exercice d’un métier, le problème se pose désormais en termes d’adéquation entre le système d’enseignement et le marché du travail. Cette dernière notion a, il est vrai, fait défaut par le passé du fait que l’ensemble des diplômés avaient leurs débouchés pris en charge par l’État, principal employeur du pays. Les analystes les plus indulgents ont conclu à la faillite du système de la formation professionnelle en Algérie..
Les symptômes ont commencé à apparaître au grand jour dés l’émergence de l’entreprise privée comme nouvel acteur de la vie économique du pays: les ateliers et usines privés ayant vu le jour au cours des dernières années ne trouvent pas le personnel technique et d’exécution sur le marché du travail. Les offres d’emploi par lesquelles des employeurs cherchent des ouvriers spécialisés, des contre-maîtres et agents de maîtrise (charpentiers, chauffagistes, plombiers, …) traînent pendant des semaines sur les pages publicitaires des journaux sans pouvoir mettre la main sur le profil désiré ou la compétence voulue. C’est que depuis longtemps, la formation professionnelle est vue par la société et même par les pouvoirs publics comme « simple réceptacle des exclus du système éducatif ».
Au lieu qu’elle soit un choix dicté par les préférences d’un cycle court ou par des prédispositions et aptitudes particulières- comme cela se passe dans les autres pays du mode-, la formation professionnelle est vécue plutôt comme un moindre mal par rapport à l’exclusion scolaire et un morose stand-by avant le service national et l’âge adulte. Il faut dire aussi que cette médiocrité et cette faillite sont les conséquences d’un système rentier qui avait plutôt besoin d’un personnel docile que d’un personnel qualifié. Aujourd’hui, les données sont en train de changer radicalement. Face à une vague sans précédent de techniciens, personnels d’exécution, cadres et même ouvriers étrangers ramenés ou recrutés par les sociétés étrangères travaillant en Algérie (chantiers des bâtiments, de l’autoroute, des barrages, du tramway,…), les responsables de la formation sont plus que jamais interpellés pour révolutionner le secteur par de nouvelles méthodes de formation et une nouvelle pédagogie qui allient la nécessité de qualification aux besoins de l’économie nationale.
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