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L'Italie découvre l'utilité sociale de ses sans-papiers

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  • L'Italie découvre l'utilité sociale de ses sans-papiers

    En Italie, le matin ou en fin d'après-midi, on les voit promener les personnes âgées dans le frais des jardins publics. Ce sont les badanti (de badare, "s'occuper" en italien), ces "aides à la personne" dont la société italienne ne semble plus pouvoir se passer. La plupart du temps, il s'agit de femmes étrangères, en provenance des pays de l'Est, et généralement sans papiers.

    Dans l'Italie qui vieillit et où les services de sécurité sociale et d'assistance pour personnes âgées ont toujours été quasi inexistants, ces femmes sont devenues indispensables au bon fonctionnement des familles. Tout comme les aides ménagères : les colf, en italien.

    Ces deux piliers de la société italienne ont bénéficié d'une exception au lendemain de l'adoption, début juillet, de la loi qui fait de la clandestinité un délit pénal. Parmi les centaines de milliers de sans-papiers présents dans le pays, chacun risque désormais, à chaque contrôle policier, une forte amende - jusqu'à 10 000 euros - et le passage devant un juge pour une expulsion sur-le-champ. Les badanti et les colf sont épargnés.

    Pour ces femmes et ces rares hommes, le gouvernement a concocté une régularisation ad hoc qui concerne, selon les estimations officielles, pas moins de 300 000 personnes.

    La disposition vient de passer devant la Chambre des députés et doit être adoptée définitivement par le Sénat avant la pause estivale. Les employeurs devront effectuer les démarches nécessaires du 1er au 30 septembre. Seule condition requise : un revenu conséquent qui justifie l'appel à une aide ménagère ou un certificat médical de la personne âgée ayant besoin d'une aide-soignante.

    Les sans-papiers, eux, ne devront pas avoir eu d'ennuis avec la justice. Ils ne seront pas inquiétés, en tout cas tout au long de la procédure, et seront régularisés s'ils ont été employés depuis trois mois au moins. Les employeurs devront verser 500 euros pour chaque régularisation demandée.

    Cette régularisation limitée a été accueillie avec joie par les intéressés. Moins par les associations d'aide aux immigrés. "Je ne comprends pas pourquoi on dit oui aux aides-soignantes et ménagères, et non à tant d'autres catégories de sans-papiers tout aussi utiles dans des secteurs productifs. Ceux qui travaillent dans le bâtiment, le commerce ou l'agriculture contribuent autant à la richesse du pays ! Mais on ne les prend pas en compte et on les rejette même en marge de la société", lâche, perplexe, Maurizio Quadrana, responsable du centre d'accueil des étrangers du syndicat CGIL de Rome.

    La question ne trouble pas l'auteur de l'amendement à la loi, le secrétaire d'état à la famille Carlo Giovanardi. "Dans le gouvernement, explique-t-il, je suis en charge de la famille et j'ai donc pris en compte cette situation qui concerne des millions de familles. D'autres ministres peuvent élargir cette régularisation à d'autres catégories."

    L'exception faite aux badanti et aux colf, "dont la société, dit M. Giovanardi, a besoin", n'atténue pas le durcissement de la législation à l'égard des clandestins. Il faut désormais montrer le permis de séjour pour tout acte d'état civil. "Quelle position adopter dans le cas de l'inscription des enfants des sans-papiers ?", ont demandé des employés des préfectures. L'application de la loi promet d'être un casse-tête.

    Par Le Monde
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