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Les milliards du Qatar déferlent sur la France

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  • Les milliards du Qatar déferlent sur la France

    En quelques années, le Qatar, petit pays du Golfe, est devenu un acteur économique majeur en Europe et en France. Dernier exemple en date, des négociations sont en cours avec Eurocopter (filiale à 100 % d’EADS basée à Marignane) pour l’achat d’hélicoptères militaires. Montant du marché : presque 1,5 milliard d’euros.

    Si depuis 1971, date de l’indépendance du Qatar, la France a toujours entretenu des liens avec cet Etat francophile, Nicolas Sarkozy a ouvert une ère nouvelle. Trois semaines après son élection en 2007, le premier chef d’Etat arabe convié à l’Elysée fut l’émir du Qatar, le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani. Un mois et demi plus tard, il assiste avec sa seconde épouse, la cheikha Mozah, au défilé du 14 Juillet dans la tribune officielle aux côtés du président français. Enfin, il y a quelques semaines, avec l’appui du chef de l’Etat, la femme de l’émir a été installée à l’Académie des beaux-arts.

    Le cas de l’Hôtel Lambert

    La relation qui unit le président français et le monarque qatari, « c’est d’abord une histoire d’amitié », explique un proche. « Leurs liens sont tellement étroits que rien ne passe par l’ambassadeur de France. Qu’il s’agisse de contrats ou de partenariats, l’émir appelle directement l’Elysée », glisse un diplomate français à Doha. Cette amitié serait née à l’époque où Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, les deux hommes signant alors plusieurs accords de coopération en matière de sécurité intérieure ou de lutte contre le terrorisme.

    « Auparavant, nous avions des relations très fortes en matière de défense. Aujourd’hui, nos liens sont également commerciaux et culturels », commente Michel Dhé, conseiller économique à l’ambassade de France à Doha. Nicolas Sarkozy a même fait du Qatar « un levier essentiel de la politique arabe de la France », ajoute Monique Papon, responsable du groupe d’amitié franco-qatari au Sénat. Résultat : le Qatar est un partenaire diplomatique essentiel et ses investissements en France ne cessent de croître.

    Mais les relations politiques entre les deux pays ne se limitent pas à Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Rachida Dati, Philippe Douste-Blazy, Hervé Morin, Elisabeth Guigou, Jack Lang ont pris l’habitude de se rendre à Doha et participent régulièrement aux dîners de l’ambassadeur du Qatar, Al-Kuwari.

    Bertrand Delanoë aussi. Après une vive polémique autour des travaux de rénovation de l’hôtel Lambert, l’un des plus beaux hôtels particuliers de la capitale, propriété du frère de l’émir, le maire de Paris veut inciter les Qataris à investir dans des quartiers en cours d’urbanisation, moins prestigieux que les Champs-Elysées.

    Emeline Cazi
    Le Parisien
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Le pactole des entreprises françaises

    «PAS UN MOIS ne passe sans qu’un gros contrat ne soit signé avec une société française », déclare la mission économique à Doha. Alcatel-Lucent, Alstom, Areva, GDF Suez, Total et Veolia ont déjà décroché des contrats. Vinci construit le plus grand pont du monde entre Doha et Bahreïn (43 km). Pour 700 millions d’euros, EDF Suez va installer une centrale de dessalement d’eau de mer en plein désert.

    Areva négocie l’extension de l’accord de distribution d’électricité décroché l’an dernier pour 475 millions de dollars. Par ailleurs, l’ouverture d’une école Saint-Cyr au Qatar serait pour bientôt. Enfin, ce pays veut devenir une plate-forme hospitalière mondiale et a démarché l’Institut Pasteur, l’Inserm et l’Institut Gustave-Roussy.

    Le Parisien
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    • #3
      Quatre questions pour des millions

      Pourquoi le Qatar investit en France ?

      Le Qatar a créé en 2005 un fonds souverain (c’est-à-dire un fonds de placements financiers détenus par un Etat), la Qatar Investment Authority (QIA), pour diversifier une économie tournée exclusivement vers le gaz et le pétrole. Présidée par le Premier ministre, beau-frère de l’émir, la société a un seul but : faire fructifier ses liquidités en investissant dans l’immobilier et en entrant au capital de sociétés.
      Estimé entre 60 et 80 milliards de dollars, « le fonds n’est pas le mieux doté de la péninsule, mais il est celui à qui l’on promet le plus bel avenir », commente Barah Mikaïl, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques.

      L’Europe représente un tiers des investissements de Qatari Diar, la société chargée de réaliser les opérations financières pour le compte du fonds souverain. Si les investissements qataris sont plus importants à Londres, Paris a les faveurs de la famille régnante.

      Comment se décident ces investissements ?

      Une société dénommée Elypont SA, présidée par Guy Delbès, étudie les dossiers et les transmet à Doha. « Les Qataris ne s’intéressent pas à ce qui se trouve au-dessous de 100 millions d’euros », dit-il. Le cabinet Deloitte conseille également la famille régnante.
      Mais ce sont l’émir et le Premier ministre, président du QIA, qui donnent les instructions.
      Le rachat d’un vaste ensemble de bureaux entre Opéra et Madeleine, estimé à plus de 300 millions d’euros, et un autre sur les Champs-Elysées pour 160 millions d’euros sont à l’étude.

      Pourquoi l’immobilier est-il prioritaire ?

      « C’est ce qu’ils connaissent le mieux », répond Guy Delbès. Longtemps, les Qataris n’ont juré que par le triangle d’or (Champs-Elysées, avenue Montaigne, avenue George-V). L’immobilier leur assure des rendements à 5 % ou 5,5 %.
      « Il y a quelques années, ils ont racheté l’immeuble Fauchon à la Madeleine, et l’ont revendu à un groupe espagnol avec un bénéfice de 30 % », se souvient un professionnel.

      Le maire de Paris travaille à leur faire connaître d’autres arrondissements. « On les a beaucoup dragués lors du déplacement du maire à Doha, confie l’entourage de Delanoë, pour leur présenter les dossiers de Paris nord-est et de Paris rive gauche (NDLR : deux quartiers en cours d’urbanisation).
      » Les Qataris ont aussi soutenu Jean Nouvel pour boucler le projet de la tour Signal à La Défense.

      Quels sont les intérêts de la France ?

      Les fonds du Golfe représentent une manne financière considérable pour les pays occidentaux. La crise ne les a pas épargnés, mais, au plus gros de la tempête, ils détenaient avec les fonds asiatiques les dernières réserves de cash de la planète. Accueillir les Qataris en France, c’est aussi entretenir les liens avec un pays dont les échanges commerciaux sont de plus en plus importants. A l’Elysée, on explique : « Le Golfe, c’est stratégique sur le plan économique. Leurs fonds sont bienvenus car ils ne sont pas spéculatifs. Les Qataris veulent investir à long terme dans un but productif. »

      Le Parisien
      Dernière modification par zek, 02 août 2009, 08h14.
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      • #4
        Un marché militaire très juteux

        LES DISCUSSIONS sont menées dans le plus grand secret. Eurocopter, filiale à 100 % d’EADS, négocie avec le Qatar la vente d’une vingtaine d’hélicoptères pour un montant d’un peu moins de 1,5 milliard d’euros. « Les discussions ont lieu dans le cadre du renouvellement de la flotte qatarienne », confirme un proche du dossier.
        Doha n’a pas définitivement arrêté ses besoins, mais les échanges portent sur les Tigre, des appareils de combat, et les NH-90, des transporteurs de troupes.

        Une participation dans le capital d’Areva ?

        Au regard de l’importance considérable de ce marché, le premier constructeur européen d’hélicoptères a sollicité un appui politique pour conclure l’opération. A l’Elysée, on reconnaît d’ailleurs qu’il arrive, dans le cadre de négociations sensibles, qu’« on donne un petit coup de pouce ». Dans ce cas précis, il semblerait que le dossier ait été abordé fin juin lors de la visite de l’émir à Paris.

        Outre Eurocopter, les grands industriels français de l’armement redoublent d’efforts pour faire face à la concurrence des Américains installés à Doha. EADS a ainsi vendu aux Qataris son système d’information de surveillance des frontières pour 240 millions d’euros et Thales, ses radars, contre 60 millions d’euros. L’émir parle aussi de s’offrir le système antimissiles de MBDA.
        Autres exemples: lors du dernier Salon du Bourget, l’émirat a acheté pour 2 milliards d’avions de ligne à Airbus, alors qu’en 2007 quatre-vingts A-350 avaient été vendus pour 17 milliards de dollars. Enfin, cinq A-380 auraient été commandés par le Qatar pour être livrés en 2012.

        Comme un prolongement de ces relations commerciales, le Qatar avait cherché, il y a quelques années, à entrer au capital d’EADS. En vain. De la même façon, il vient de se positionner pour prendre une participation dans le capital d’Areva. Mais de l’avis de spécialistes, la famille Al-Thani ne serait pas la mieux placée. Les Emirats arabes unis, qui coopèrent de manière plus étroite avec la France dans le domaine du nucléaire civil, tiendraient la corde pour prendre des parts dans Areva.

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        • #5
          Acteur clé sur la scène internationale

          LE 24 JUILLET 2007, jour de la libération des infirmières bulgares, le Qatar apparaît comme un partenaire diplomatique essentiel. L’Elysée évoque alors le rôle crucial joué par ce petit pays, sans pour autant révéler la nature exacte de l’intervention de l’émir auprès de Kadhafi pour qu’il laisse les infirmières quitter la Libye.
          Nul ne dira si une rançon a été versée au pouvoir libyen par les Qataris.

          « Ils ont les arguments financiers pour convaincre »

          Quoi qu’il en soit, le petit pays du Golfe met alors le pied sur la scène internationale. « L’objectif était, pour le Qatar, de se faire connaître, mais aussi de montrer qu’il peut réussir là où les puissances du monde échouent », explique Barah Mikaïl, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Ces dernières années, l’émir al-Thani s’est d’ailleurs fait une spécialité des médiations impossibles : il est déjà intervenu pour régler un conflit au Yémen et depuis l’épisode de Tripoli, il multiplie les médiations.

          Ainsi la conférence de Doha, en mai 2008, a permis de dénouer une situation inextricable au Liban sur le choix du nouveau président. La France avait lancé le processus mais s’est retrouvée face à un mur. « Nous étions arrivés à la limite de notre capacité de médiation. Les Qataris ont pris le relais. Nous avons fait les soixante premiers mètres, ils ont transformé l’essai », commente un fin connaisseur du dossier.

          Pourquoi ces succès ?

          « Ils sont arabes, ils invitent tout le monde à Doha et ils ont les arguments financiers pour convaincre », explique une source diplomatique qui affirme qu’au Darfour, c’est encore l’émir qui mène actuellement les négociations.

          « Une diplomatie du paradoxe »

          Barah Mikaïl évoque de son côté une « diplomatie du paradoxe ». « Le Qatar peut parler avec un acteur et son ennemi et tenter de les rapprocher », dit-il. Le pays joue de ces contradictions à domicile. Sur un territoire aussi grand que la Corse, il accueille en même temps : la chaîne Al-Jazira, l’une des plus grosses basses américaines, la femme et les enfants de Saddam Hussein et l’ancien patron du FIS algérien.

          Paris a très vite compris l’intérêt qu’il pouvait trouver à entretenir des relations étroites avec un tel ami. « Le Qatar est un pays utile pour une France qui cherche à composer avec des acteurs sur lesquels elle n’a pas forcément prise directement. Le Hamas palestinien par exemple, poursuit le chercheur de l’Iris. Car il ne faut pas oublier que le Qatar finance le Hamas. »

          Le Parisien
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