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Le tabou du viol des femmes pendant la guerre d'Algérie commence à être levé

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  • Le tabou du viol des femmes pendant la guerre d'Algérie commence à être levé

    Les anciens appelés interrogés par "Le Monde" témoignent du caractère massif de l'humiliation des femmes entre 1954 et 1962. Selon l'un d'eux, les détenues subissaient ce sort "en moyenne neuf fois sur dix". Un homme né en 1960 du viol d'une Algérienne par des soldats français demande aujourd'hui réparation.
    De toutes les exactions commises par l'armée française pendant la guerre d'Algérie, le viol est la plus cachée, la plus obstinément tue depuis quarante ans, par les auteurs autant que par les victimes. Certains commencent pourtant à lever ce tabou, confirmant peu à peu ce que l'écrivain Mouloud Feraoun dénonçait autrefois dans son journal comme étant une pratique courante, du moins en Kabylie. Il apparaît que, loin d'avoir constitué de simples "dépassements", les viols sur les femmes ont eu un caractère massif en Algérie entre 1954 et 1962, dans les villes mais surtout dans les campagnes, et plus encore vers la fin de la guerre, en particulier au cours de "l'opération Challe", menée en 1959 et 1960 sur le territoire algérien pour venir à bout de l'Armée de libération nationale (ALN). L'ouverture de la totalité des archives et la lecture de tous les "journaux de marche" des soldats ne donneraient sans doute qu'une très petite idée de l'ampleur du phénomène, parce qu'il n'y eut jamais d'ordres explicites de viol, et encore moins d'ordres écrits. En outre, rares sont les hommes qui se seront vantés, dans leurs carnets personnels, de tels comportements.
    Tous les appelés interrogés le disent : "Tout dépendait du chef." Si l'officier, ou le sous-officier, affichait des positions morales sans équivoque, il n'y avait ni viol ni torture, quel que soit le sexe des détenus, et quand une "bavure" se produisait la sanction était exemplaire. D'une compagnie à l'autre, on passait donc du "tout au rien". "Donner l'ordre, comme cela a été fait, de toucher le sexe des femmes pour vérifier leur identité, c'était déjà ouvrir la porte au viol", souligne l'historienne Claire Mauss-Copeaux, pour qui deux facteurs au moins expliquent que ce phénomène ait pris de l'ampleur. D'une part, l'ambiance d'extrême racisme à l'encontre de la population musulmane. D'autre part, le type de guerre que menait l'armée française, confrontée à une guérilla qui l'obligeait à se disperser et à laisser une grande marge de manœuvre aux "petits chefs", lesquels, isolés sur le terrain, pouvaient s'attribuer droit de vie et de mort sur la population.
    "PIRE QUE DES CHIENS"
    "Dans mon commando, les viols étaient tout à fait courants. Avant les descentes dans les mechtas (maisons en torchis), l'officier nous disait : "Violez, mais faites cela discrètement"", raconte Benoît Rey, appelé comme infirmier dans le Nord constantinois à partir de septembre1959, et qui a relaté son expérience dans un livre, Les Egorgeurs. "Cela faisait partie de nos "avantages" et était considéré en quelque sorte comme un dû. On ne se posait aucune question morale sur ce sujet. La mentalité qui régnait, c'est que, d'abord, il s'agissait de femmes et, ensuite, de femmes arabes, alors vous imaginez…" Sur la centaine d'hommes de son commando, "parmi lesquels des harkis redoutables", précise-t-il, une vingtaine profitait régulièrement des occasions offertes par les opérations de contrôle ou de ratissage. A l'exception de deux ou trois, les autres se taisaient, même si ces violences les mettaient mal à l'aise. La peur d'être accusé de soutenir le Front de libération nationale (FLN) en s'opposant à ces pratiques était si vive que le mutisme était la règle.
    "Les prisonniers qu'on torturait dans ma compagnie, c'étaient presque toujours des femmes, raconte de son côté l'ancien sergent Jean Vuillez, appelé en octobre 1960 dans le secteur de Constantine. Les hommes, eux, étaient partis au maquis, ou bien avaient été envoyés dans un camp de regroupement entouré de barbelés électrifiés à El Milia. Vous n'imaginez pas les traitements qui étaient réservés aux femmes. Trois adjudants les "interrogeaient" régulièrement dans leurs chambres. En mars 1961, j'en ai vu quatre agoniser dans une cave pendant huit jours, torturées quotidiennement à l'eau salée et à coups de pioche dans les seins. Les cadavres nus de trois d'entre elles ont ensuite été balancés sur un talus, au bord de la route de Collo."
    Affecté comme appelé en 1961 à la villa Sesini (nommée aussi par erreur Susini), Henri Pouillot révèle avoir assisté à une centaine de viols en l'espace de dix mois, dans ce qui était le plus célèbre des centres d'interrogatoire et de torture de l'armée française à Alger. De ses souvenirs, il vient de faire un livre douloureux mais au ton juste, La Villa Susini (Ed. Tirésias). "Les femmes étaient violées en moyenne neuf fois sur dix, en fonction de leur âge et de leur physique, raconte-t-il. On s'arrangeait, lors des rafles dans Alger, pour en capturer une ou deux uniquement pour les besoins de la troupe. Elles pouvaient rester un, deux, ou trois jours, parfois plus." Pour Henri Pouillot, il y avait deux catégories de viols : "Ceux qui étaient destinés à faire parler, et les viols "de confort", de défoulement, les plus nombreux, qui avaient lieu en général dans les chambrées, pour des raisons de commodité." Il se souvient que la quinzaine d'hommes affectés à la villa Sesini avait "une liberté totale" dans ce domaine. "Il n'y avait aucun interdit. Les viols étaient une torture comme une autre, c'était juste un complément qu'offraient les femmes, à la différence des hommes."
    Suite...
    Dernière modification par fumeurdethé2, 02 août 2009, 19h07.

  • #2
    Suite Et Fin

    "UN ANÉANTISSEMENT"
    Mesuraient-ils alors la gravité de leurs actes ? La plupart n'ont pas de réponse très tranchée. "On savait que ce que nous faisions n'était pas bien, mais nous n'avions pas conscience que nous détruisions psychologiquement ces femmes pour la vie, résume l'un d'eux. Il faut bien vous remettre dans le contexte de l'époque : nous avions dans les vingt ans. Les Algériens étaient considérés comme des sous-hommes, et les femmes tombaient dans la catégorie encore en dessous, pire que des chiens… Outre le racisme ambiant, il y avait l'isolement, l'ennui à devenir fou, les beuveries et l'effet de groupe." Certains ne se sont jamais remis d'avoir commis ou laissé faire ce qu'ils qualifient avec le recul de "summum de l'horreur". La psychologue Marie-Odile Godard en a écouté quatorze pour faire une thèse de doctorat sur les traumatismes psychiques de guerre. "Ils m'ont parlé des viols comme quelque chose de systématique dans les mechtas, et c'est souvent à l'occasion de telles scènes d'extrême violence que leur équilibre psychique a basculé", raconte-t-elle.
    L'avocate Gisèle Halimi, l'une des premières à avoir dénoncé, pendant la guerre d'Algérie, les multiples viols en cours – en particulier dans un livre écrit avec Simone de Beauvoir, Djamila Boupacha –, estime elle aussi que neuf femmes sur dix étaient violées quand elles étaient interrogées par l'armée française. Dans les campagnes, dit-elle, les viols avaient pour objectif principal "le défoulement de la soldatesque". Mais, lors des interrogatoires au siège des compagnies, c'est surtout l'anéantissement de la personne qui était visé. L'avocate rejoint ainsi l'idée exprimée par l'historienne Raphaëlle Branche, dans son livre La Torture et l'armée (Gallimard), à savoir que la torture avait moins pour objet de faire parler que de faire entendre qui avait le pouvoir. "Ça commençait par des insultes et des obscénités : "******, ******, ça te fait jouir d'aller dans le maquis avec tes moudjahidins ?", rapporte-t-elle. Et puis ça continuait par la gégène, et la baignoire, et là, quand la femme était ruisselante, hagarde, anéantie, on la violait avec un objet, une bouteille par exemple, tandis que se poursuivait le torrent d'injures. Après ce premier stade d'excitation et de défoulement, les tortionnaires passaient au second : le viol partouze, chacun son tour."

    Contrairement à l'idée répandue, les viols ne se sont presque jamais limités aux objets, ce qui achève de détruire l'argument selon lequel les sévices sexuels visaient à faire parler les suspectes. Gisèle Halimi révèle aujourd'hui que, neuf fois sur dix, les femmes qu'elle a interrogées avaient subi successivement tous les types de viols, jusqu'aux plus "classiques", mais que leur honte était telle qu'elles l'avaient suppliée de cacher la vérité : "Avouer une pénétration avec une bouteille, c'était déjà pour elles un anéantissement, mais reconnaître qu'il y avait eu ensuite un ou plusieurs hommes, cela revenait à dire qu'elles étaient bonnes pour la poubelle."
    Saura-t-on un jour combien de viols ont eu lieu ? Combien de suicides ces drames ont provoqués ? Combien d'autres victimes, souvent encore des enfants, ont subi des agressions sexuelles (fellations, masturbations, etc.) devant leurs proches pour augmenter encore le traumatisme des uns et des autres ? Il faudra aussi se pencher sur la question des "Français par le crime", comme se définit Mohamed Garne, né d'un viol collectif de sa mère, Khéira, par des soldats français, alors qu'elle était âgée de quinze ans. Il reste de nombreuses pistes à explorer, et tout d'abord à écouter la parole qui se libère d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée. "Il faudrait aussi travailler sur l'imaginaire des anciens d'Algérie, souffle l'historien Benjamin Stora. Ils ont écrit plus de trois cents romans, où presque tous "se lâchent" et relatent des scènes de viols terrifiantes. C'est alors qu'on prend la mesure de ce qu'a dû être l'horreur."
    Florence Beaugé, Le Monde
    ALGERIA WATCH

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    • #3
      Dégeulasse :22:

      Certains commencent pourtant à lever ce tabou, confirmant peu à peu ce que l'écrivain Mouloud Feraoun dénonçait autrefois dans son journal comme étant une pratique courante, du moins en Kabylie

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      • #4
        Guerre d’Algérie Henri Pouillot : l’enfer des femmes à la villa Susini

        Incorporé en juin 1961 dans l’un des centres de collecte de renseignements d’Alger, cet ancien appelé témoigne des violences sexuelles et des viols infligés aux femmes algériennes par les militaires français. Entretien.
        Appelé en Algérie en juin 1961, incorporé au 184e bataillon du train, une unité disciplinaire réservée, dit-il, " aux fortes têtes ou aux condamnés ", Henri Pouillot révélait en janvier dernier aux lecteurs de l’Humanité comment il fut contraint de servir dix mois durant à la sinistre villa Susini d’Alger. La torture et l’avilissement systématique des prisonniers y constituaient - plusieurs années après la bataille d’Alger - le moyen ordinaire de la recherche et de l’obtention de " renseignements " pour l’armée française. Au-delà de la collecte d’informations, souligne Henri Pouillot - qui était l’un des invités, hier soir, de Mots croisés, l’émission d’Arlette Chabot sur France 2 -, la torture, les exécutions sommaires, le viol furent les instruments d’une guerre totale, d’une politique organisée de terreur visant à faire entendre et imposer le pouvoir de l’occupant à toute la population algérienne. Entretien.
        Y avait-il des femmes retenues à la villa Susini et qu’elles étaient leurs conditions de détention ?
        Henri Pouillot. Il y en avait nettement moins que d’hommes, ne serait-ce qu’en raison de leur nombre moins important dans les éléments agissants du FLN. Néanmoins celles qui se trouvaient là à la suite d’une rafle sur tel ou tel site d’attentat, d’une opération de représailles ou simplement pour avoir des liens familiaux avec tel ou tel suspect étaient traitées aussi violemment que les hommes. On peut même dire plus violemment à cause de la promiscuité qui leur était infligée : elles étaient enfermées dans les mêmes cellules, mises dans l’impossibilité de préserver leur intimité. Lorsqu’elles étaient considérées ou soupçonnées d’être, elles-mêmes, des activistes, elles subissaient les mêmes outrages physiques que les détenus masculins : coups, privations de nourriture, mise à nu, torture à l’électricité sur les parties génitales, viol à l’aide d’objets et autres horreurs.
        Lorsqu’il s’agissait a priori de simples témoins, elles pouvaient subir toute une graduation d’agressions à la fois physiques et morales - arrachage du voile, déshabillage, caresses et attouchements sur la poitrine etc. -, cela en présence d’autres détenus, voire de membres de la famille. Pour ces malheureuses, de telles humiliations ou la perspective de telles humiliations étaient un traumatisme aussi lourd de conséquences qu’un viol. Dans la culture et la société musulmanes de l’époque, elles devenaient inévitablement des proscrites, risquaient la répudiation ou de ne pouvoir jamais se marier. Les militaires français en étaient parfaitement conscients, ils en jouaient constamment comme d’une menace : c’était un moyen de pression psychologique, une arme redoutable entre leurs mains.
        Pour les militaires, le viol était une sorte d’instrument ordinaire de torture ?
        Henri Pouillot. D’autant plus banal que dans les conceptions sexistes de l’époque, le viol n’était absolument pas considéré comme un crime, a fortiori s’il s’exerçait contre des populations jugées " inférieures " et qui plus est soupçonnées d’en vouloir à votre vie, de comploter contre vous. Malheur donc à la jeune fille, plutôt bien faite de sa personne, qui, embarquée dans une simple opération de police, se retrouvait entre les mains des locataires de la villa. Certaines même n’ont été arrêtées que pour être livrées comme objets sexuels à ces soldats vivant en vase clos, n’osant plus se rendre au ****** et passant leurs seuls moments de loisirs entre les interrogatoires à boire plus que de raison.
        À la villa, il était courant que ces femmes, arrêtées quasiment au hasard, passent la journée dans la cave et la nuit dans les chambrées, subissant une trentaine de rapports à chaque fois avant d’être relâchées au bout de quelques jours. Il arrivait même que des soldats basés dans un autre cantonnement, et qui se trouvaient là pour une raison quelconque, " profitent " de ce " défoulement ". Pendant les dix mois de mon séjour à la villa, c’est donc entre une soixantaine et une centaine de femmes qui ont dû subir ces viols collectifs. Je ne crois pas qu’une d’entre elles ait été envoyée à la " corvée de bois ". Ça n’était pas nécessaire : pour les réduire au silence, il suffisait de les relâcher. La seule perspective d’avoir à se rendre à la police pour porter plainte, d’avoir donc à en parler à leurs parents, dans leurs familles, de courir le risque d’être ramenées à la villa en cas d’enquête, les murait dans la honte : les soldats ne risquaient aucune sanction ni de leurs supérieurs, ni de la justice.
        Comment expliquez-vous que ces militaires, souvent des appelés aient pu s’abandonner à de tels comportements ?
        Henri Pouillot. Il fallait être moralement très fort pour résister de front à la pression qui s’exerçait sur nous : un climat de haine raciste, de mépris de l’autre, soigneusement entretenu et cultivé par la stratégie militaire, qui incitait chacun à prendre sa part du système présenté comme la seule solution naturelle. Ceux qui étaient choqués par cette inhumanité, comme moi qui réussis à me faire affecter à un service administratif, résistaient en silence en s’efforçant d’en faire le moins possible. C’est pourquoi je crois indispensable aujourd’hui que l’occasion arrive de témoigner, comme d’autres, de dire et de réclamer la vérité : je ne voudrais pas que demain mes petits-enfants puissent connaître de telles horreurs.
        Entretien réalisé par
        Lucien Degoy

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        • #5
          Les vaillants soldats de l'armée des droits de l'homme...

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          • #6
            Ce sujet a été tabou pendant longtemps, trop longtemps.
            Il a fallu attendre les années 2000 pour qu'enfin nos valeureuses moudjahidates brise l'omerta.
            Ces femmes "courages" étaient belles - intelligentes, grace à elles j'ai encore espoir en ce "BLED"

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            • #7
              comme dans toutes les guerres.........les femmes ont payé aussi.......
              on fait avec..........

              Commentaire


              • #8
                Je n'ai pas pu lire l'ensemble des articles... Le summum de la bestialité:22:

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                • #9
                  on appelle les habitants d'un village pret de BBA les fils du colonel machin (j'ai oublié le nom du colonel, c'etait un colonel français biensur) à cause de leur couleurs de peau et de cheveux

                  Commentaire


                  • #10
                    A lire l’émouvant témoignage de Mohamed Garne, séparé de sa mère à sa naissance, il decouvre 30 ans après qu’il est né d'un viol commis par un groupe de soldats français sur sa mère.




                    Mohamed Garne
                    Lettre à ce père qui pourrait être vous

                    Auteur : Mohamed Garne
                    Adhérent : Lattès
                    Date de parution : 02/02/2005
                    EAN : 9782709626804


                    Présentation de l'éditeur
                    Voici le cri de colère et d'espoir d'un homme dont le destin tragique épouse celui de notre mémoire collective.Mohamed Garne est un enfant abandonné dans un orphelinat d'Alger. Sa naissance, son enfance et son adolescence ne sont qu'une série de violences ininterrompues : élevé dans un placard, puis adopté par une femme qui le ramène à l'orphelinat au bout de dix ans. S'ensuivent des années de délinquance et de prison.Puis, Mohamed décide de s'en sortir. Marié et vivant en Algérie, il entame des recherches pour connaître l'identité de ses véritables parents Il n'oubliera jamais le jour où, après trois ans d'enquête, il retrouve à Alger sa vraie mère, surnommée «la louve», qui vit recluse dans un cimetière. Après des retrouvailles d'une intense émotion, il entame une action en justice pour obtenir le nom de son père. Le 22 mars 1994, le monde s'écroule pour Mohamed : «français par le crime», il est né d'un viol commis pendant la guerre d'Algérie par un groupe de soldats.Depuis, une seule chose le tient en vie : la reconnaissance de ce crime. Pour lui, pour sa mère et pour tous les enfants nés des mêmes viols. Pour laver cette souillure dans son histoire, et dans celle de la France.

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                    • #11
                      Merci Fumeur de thé pour le sujet.

                      Merci Sako aussi pour la référence du livre, je vais tâcher de me le procurer.

                      C'est un sujet oh combien douleureux et l'abcès n'est pas prêt d'être crevé.

                      A part ça, il nous est demandé de ne plus être tournés vers le passé, d'effacer l'ardoise alors même que nombre de nos compatriotes souffrent encore dans leur chair de cette atrocité.

                      Les viols de guerre sont monnaie courante depuis que le monde est monde. On a toujours considéré qu'il n'avait pas d'effets sur les résultats de la guerre et traité comme une chose normale en temps de guerre.

                      Ce n'est que depuis une petite quarantaine d'années que des études sont consacrées au sujet et mettent en exergue les immenses dommages, souvent irréparables, que les viols de guerre engendrent.
                      « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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                      • #12
                        [Les viols pendant la guerre d'Algérie]

                        Envoyé spécial - 07/02/2002 - 35min45s

                        Pendant la guerre d'Algérie des viols ont été commis par les soldats de l'armée française. Après quarante ans de silence, les femmes violées et les témoins de cette guerre parlent. - le 26 novembre 2001 le général Paul AUSSARES comparait devant la justice pour avoir vanter les crimes de guerre pendant la guerre d'Algérie dans un ouvrage écrit. Lors de son interrogatoire, il nie les viols de l'armée française pendant les interrogatoires.

                        - Louisa IGHILAHRIZ, a été torturée et violée pendant la guerre d'Algérie. Elle explique pourquoi elle parle aujourd'hui.

                        - Annick CASTEL PAILLER , marièe à un français communiste et sympatisant de l'indépendance de l'Algérie a été arrêtée et violée. Elle a porté plainte devant la justice en 1958. Le parachutiste violeur a été condamné à une peine de deux ans de prison avec sursis

                        - Henri POUILLOT, ancien soldat de la guerre d'Algérie, a parlé dans son livre "La villa Susini" des viols commis dans les centres de tortures. Revenu à Alger dans cette villa, il rappelle les faits. Il dit que le viol était aussi bien un moyen de défoulement que de torture pour l'armée française.

                        - L'historien Benjamin STORA ne pense pas que le viol a été planifié et organisé par la hiérarchie militaire. - Images d'archives de l'armée française dans les djebels.

                        - Jacques DUQUESNE , auteur du livre "Pour comprendre l'Algérie" montre une photo remise par un soldat à la fin de la guerre d'Algérie. Une femme algérienne est nue entre deux soldats français.Il parle des violences qu'elle a subit.

                        - Jean VULLIEZ qui a été soldat en Algérie parle des viols tournants

                        - Le 22 novembre 2001, la cour d'appel a accordé une pension et le statut de victime civile de guerre à Mohammed GARNE nait d'un viol collectif. Il parle de son histoire.

                        - Deux anciens combattants algériens, Abdelkader AHMANE et Abdelkader DJEBARI expliquent pourquoi les Algériens n'ont pas pardonné à la femme violée, même si elle a été une victime.

                        - Le docteur SIGG psychanaliste et auteur du livre "Le silence et la honte" explique la raison du silence des soldats français sur leur actions pendant la guerre d'Algérie.

                        - Louisa IGHILAHRIZ, Henri POUILLOT et Abdelkader AHMANE se rejoignent devant la ville Susini. Ils n'apparaissent dans aucun registre, ne figurent pas dans les archives. Rien, jamais ne permettra de les comptabiliser. Et pourtant, en Algérie, de 1954 à 1962, de nombreux viols ont été commis par certains soldats de l'armée française.

                        En France, les aveux du général AUSSARESSES ont permis qu'un débat s'engage enfin au plus haut niveau sur la torture et les exécutions sommaires. Mais le débat sur le viol n'est pas encore ouvert.

                        Tabous des tabous, l'histoire du viol reste à écrire. Pour Envoyé spécial, des victimes et d'anciens bourreaux ont accepté de témoigner. Ensemble, ils lèvent un coin du voile sur l'un des derniers tabous à la guerre d'Algérie.

                        ina.fr

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                        • #13
                          Témoignages. Moi, Annick, violée à Alger en 1957

                          Une Française opposée à la guerre, et un soldat, présent à la villa Susini, évoquent cette autre horreur : le viol.

                          Elle habite aujourd’hui la banlieue parisienne. Elle n’a pas oublié. Elle a retrouvé Malika, une Algérienne, elle aussi meurtrie dans sa chair.

                          " Qu’est-ce que l’on ressent après "ça" ? Un mélange de honte et de révolte, l’impression de ne plus être. Le vide. " Annick Castel-Pailler se souvient encore et toujours de cette nuit du 26 au 27 juillet 1957. Alger est en pleine bataille. Massu et ses hommes font la loi. La jeune Française de vingt-quatre ans est arrêtée, le 9 juillet, par quatre parachutistes, qui l’emmènent à Birtraria, à l’entrée d’El Biar, dans l’un des centres de torture. Pendant les dix-huit jours de détention elle ne subit pas la gégène, mais elle est meurtrie, blessée moralement, traumatisée. " C’est plus dur d’avouer d’avoir été violée que d’avoir été torturée. "

                          Seule face à une feuille de papier, Annick Castel-Pailler retranscrit noir sur blanc cette nuit de cauchemar. La veille, un jeune parachutiste la met en garde contre des soldats déchaînés, qui savent qu’une femme se trouve dans une cellule du centre. Le lendemain, la jeune prisonnière est réveillée en sursaut par le bruit fait par la chute du tabouret qu’elle a coincé contre le mur. Elle raconte : " Je suis couchée dans un angle de la pièce, allongée entre deux couvertures. J’entends quelqu’un qui s’approche et qui s’agenouille. C’est un para, il m’ordonne de me taire, m’assure qu’il ne me fera pas de mal. "Enlève tes couvertures et déshabille-toi", dit-il. " Annick refuse, tente d’alerter les CRS qui dorment dans ce lieu qu’ils doivent surveiller. " L’homme me plaque la tête contre le mur, met sa main sur ma bouche. Je résiste. Je crie encore. Il brandit son poing près de mon visage : " Si tu ne te tais pas, tous mes camarades vont venir après moi. " Je m’épuise. J’invoque ma faiblesse, mon peu de santé, mon mari, ma petite fille. Naïvement et vainement. Bientôt les couvertures que je serre contre moi sont arrachées. L’homme sort de la pièce et se vante de son " exploit " auprès des CRS, qui ne viennent me voir qu’après son départ. "
                          ¶gée aujourd’hui de soixante-sept ans, Annick Castel-Pailler avait quitté sa Bretagne natale en 1953 pour se rendre en Algérie, où son mari, André Castel, est nommé instituteur. Quand la guerre éclate, un an plus tard, ce dernier, membre du PCA, prend les armes contre le colonialisme. L’épouse n’est pas communiste. Qu’importe, les hommes du lieutenant Charbonnier l’arrêtent le 9 juillet 1957, quatre jours après avoir embarqué son mari. Torturé dans le centre Birtraria, André Castel sera condamné aux travaux forcés à perpétuité. De sa cellule, Annick Castel-Pailler entend les injures, les cris, les hurlements provenant de la cave, " et les hommes torturés appelaient leur mère ".

                          Une semaine après son incarcération, on introduit une femme dans l’endroit où se trouve Annick. " Je vois arriver une jeune, une Algérienne, une loque humaine que l’on a remontée de la cave. Ses vêtements en désordre, soutenue par un policier, Malika - c’est son nom - s’abattit raide sur le lit de camp. Les yeux hagards, le visage décomposé, elle ne pouvait parler. Elle grelottait malgré la chaleur torride. Ses lèvres violettes étaient affreusement enflées. Ses mâchoires ne se desserraient pas. Je pus seulement lui presser deux grains de raisins entre les lèvres. " Torturée à l’électricité et à l’eau savonneuse qu’on lui a fait ingurgiter, Malika continue aujourd’hui encore à en subir les séquelles. Elle vit en Algérie. Annick a eu de ses nouvelles il y a seulement cinq ans de cela. Un jour, Elle reçoit un coup de fil chez elle, en France : " Je suis Malika, tu te souviens de moi ? " Annick ne se fait pas répéter deux fois le nom : " Je ne connaissais qu’une seule Malika. Depuis, on se téléphone régulièrement. Quand j’ai su que l’Huma voulait me rencontrer pour parler du viol, j’ai appelé Malika. Je voulais savoir si elle aussi avait été violée. Elle m’a dit que deux parachutistes avaient commis cette atrocité. Elle avait caché ça parce que, me disait-elle, "chez nous, tu sais ce que cela représente"… En fait, je me rends compte que sur les quatre femmes que j’ai vues dans ce centre, toutes ont été violées. Et Malika, à qui je pense souvent, je n’ai su que ces derniers jours qu’elle avait été torturée aussi de cette manière. Moi-même, j’ai beaucoup de mal à nommer cette chose. Je peux plus facilement l’écrire que la dire publiquement. "

                          Après trois semaines de détention au centre de Birtraria, Annick Castel-Pailler est transférée dans la prison de Barberousse. Là, elle fait la connaissance de prisonnières politiques à qui elle raconte son viol. On l’incite à porter plainte. " Je ne savais même pas que c’était possible. Je l’ai fait, bien évidemment. " Le parachutiste a été condamné, avec sursis, le 18 avril 1958. L’un des rares militaires à être passé au tribunal en ces temps-là. Annick Castel-Pailler écopa de trois mois de prison ferme. Trois jours après sa sortie de taule, elle est expulsée d’Algérie.

                          Mina Kaci
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                          • #14
                            Né d’un viol pendant la guerre d’Algérie, il réclame des dommages à l’État français.

                            L’enfant de la guerre demande réparation

                            Mohammed Garne " victime indirecte " d’un acte de guerre ? La cour des pensions militaires a bien du mal à statuer sur la question et a différé, hier, sa décision au 22 novembre prochain.

                            Tout commence en août 1959 durant " l’opération Challe ", menée jusqu’en 1960 pour venir à bout de l’Armée de libération nationale (ALN), dans le massif de l’Ouarsenis, maquis d’une Algérie en pleine guerre d’indépendance. Pour fuir les combats et les bombardements ordonnés par le général de Gaulle et exécuté par le général Challe, Khéïra Garne, quinze ans et demi, se réfugie dans un arbre calciné. C’est là que des militaires français ramassent l’adolescente. Direction le camp de regroupement de Theniet el-Had, près de Tiaret, à l’ouest d’Alger. Ces centres sous contrôle de l’armée française, qui ont " accueilli " près de deux millions d’Algériens et essentiellement des femmes et des enfants, " regroupent des populations évacuées des zones interdites ou qui spontanément y ont cherché refuge ", indique un article du Monde le 12 mars 1959, précisant que le procédé vise surtout à soustraire " certaines populations de la rébellion " et à exercer " plus aisément (une) action psychologique " par " la mise en condition ".

                            Un rapport officiel rendu public en avril 1959, commandé par le délégué général de France en Algérie, Paul Delouvrier, sur ces centres bâtis par l’armée française sur tout le territoire algérien, a mis en exergue la vie tragique des regroupés, laissés dans le plus grand dénuement, sans être alimentés ni soignés, vivant dans une situation sanitaire déplorable. L’ouverture de certaines archives à certains historiens a permis d’appréhender plus précisément le recours et l’usage de la torture et de mettre en lumière la responsabilité des plus hautes autorités de l’État de l’époque. Cette nouvelle réalité historique concerne également les exactions commises dans certains camps de regroupement, qui restent cependant encore largement méconnues. Torturée à l’eau et à l’électricité, violée par un " tas " de soldats du camp, il lui a fallu des mois à Khéïra pour se rendre compte qu’elle était enceinte. À ce titre, le sort qui lui fut réservé ne fait pas figure d’exception. Depuis quelque temps, les langues se délient, certes difficilement, mais des anciens d’Algérie reconnaissent avoir pratiqué régulièrement des viols collectifs. Henri Pouillot, appelé en juin 1961, qui témoignait hier encore sur plusieurs chaînes de télévision et qui vient de faire paraître un livre sur la villa Susini, révélait dans nos pages, le 22 mai 2001, comment le viol se pratiquait ordinairement dans ce lieu à Alger. Un soldat affirmait à son tour dans le Monde du 12 octobre dernier que les femmes détenues subissaient ce sort " neuf fois sur dix ". Malgré les tentatives d’avortement par les coups et les viols répétés des militaires français, Khéïra accouche le 19 avril 1960 d’un garçon nommé Mohammed. Envoyés tous les deux à l’orphelinat Saint-Vincent-de-Paul d’Alger, la mère et le fils, alors séparés arbitrairement, ne se reverront plus durant trente ans.

                            Soustrait à sa génitrice, l’enfant, " rachitique et anorexique ", est très rapidement placé chez une nourrice qui le bat. À tel point qu’il est hospitalisé à l’âge d’un an avec deux fractures du crâne. À sa sortie de l’hôpital, Mohammed est confié à une deuxième famille jusqu’à l’âge de cinq ans, puis à une troisième. Mais le mari bat sa femme (une écrivaine devenue célèbre), fait dormir l’enfant et sa mère adoptive dans la cave. En 1975, le divorce est prononcé. ¶gé de quinze ans, Mohammed retourne à l’orphelinat d’Alger car aucun de ses parents ne veut le garder. Ce rejet incite l’adolescent à se poser des questions, déjà exprimées, sur ses origines. Alors qu’il continue à le voir, un jour de dispute, son père lui lance : " Tu es le fils d’une **** ! "

                            Littéralement rongé par le problème de sa filiation, Mohammed fait deux tentatives de suicides, sombre dans l’alcool, la drogue, séjourne en prison. En 1985, il se marie et donne naissance au premier de ses quatre enfants, ce qui réveille ses angoisses sur son ascendance. À vingt-huit ans, il finit par retrouver sa mère après trois années de recherche. Un soir de septembre 1988, il se rend dans les quartiers d’Hydra sur les hauteurs d’Alger. Là, on lui indique que cette dernière, dont tout le monde ignorait qu’elle avait un fils, a déménagé. Il finit par la découvrir vivant dans une grotte entre deux tombes d’un cimetière. Elle l’accueille une hache à la main et finit par l’embrasser quand il lui avoue être son fils. Ils se revoient mais finissent par se brouiller quand Mohammed cherche à savoir qui est son père. Khéïra prétend qu’il s’agit de son ancien mari, un moudjahid décédé en 1959. Mohammed veut obtenir une reconnaissance en paternité et un nom. En 1991, il entame une procédure judiciaire en Algérie contre sa mère et sa belle-famille, qui lui refuse ce à quoi il estime avoir droit. Il lui faudra trois procédures étalées sur quatre ans pour que la vérité sur les circonstances de sa conception éclate. Le 22 mars 1994, en plein tribunal, sa mère, acculée dans ses derniers retranchements, du fait de la stérilité avérée du prétendu père, lâche dans un souffle : " Ils m’ont violée " avant de s’effondrer sur le sol évanouie.

                            Depuis cette révélation, Mohammed Grane lutte pour obtenir une pension de l’État français, considérant qu’il est une victime indirecte de la guerre (lire ci-dessous). Arrivé en France en 1998, il continue de vivre un cauchemar. Les psychiatres le récupèrent après des nuits d’errance durant lesquelles il se taillade le torse et les bras au rasoir, avec une idée fixe, faire reconnaître son histoire au seul père qui lui reste : " l’État français ".

                            Sophie Bouniot

                            Article paru le 9 novembre 2001

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                            • #15
                              au pays du droit de se taire ,

                              il n y a pas beaucoup de " moudjahida " en algerie pourquoi ?
                              on ne sait pas et pourtant il aurai du y avoir autant que les hommes si ce n'est pas plus , chaque fois que le mari ou le frere ou un membre de la famille s'engageait dans la resistance , les femmes subissaient les pires traitements ( entre les viols et les tortures ) les harcelement permanents.
                              - des proches sont traumatisées. jusqu'a nos jous elles n'arrivent pas a dormir tte une nuit sans les cauchemars qu'elles avaient vecu , elle peuvent pas fermer l'oeil sans lumiere ,
                              - c'est tellement grave ce qu'elle a fait cette foutu " france " pendant cette periode là , que sans etre personnellement et directement torturer " psychologiquement je le ressent a travers les vraies victimes ,
                              -quand ils claironnent les bienfaits de la colonn,,,, t'a envi de vom,,,,
                              la chaleur me monte a la tete ,stop,
                              Dernière modification par mar.o, 03 août 2009, 15h45.
                              ___________________________________
                              < si tu n'as pas ce que tu aimes , aimes ce que tu as .>

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