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La dévaluation du dinar ne profite pas aux ménages algériens

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  • La dévaluation du dinar ne profite pas aux ménages algériens

    Dans une contribution à la presse, l'expert international en économie, Abderrahmane Mebtoul, critique la décision de la Banque centrale de recourir à la dévaluation du dinar algérien afin de limiter les importations. Pour lui, la raison essentielle de la non répercussion de la baisse des prix de la matière première, au niveau mondial est que la Banque centrale d'Algérie a dévalué simultanément le dinar face au dollar et à l'euro et c'est un paradoxe puisque la cotation de ces monnaies n'évolue pas dans le même sens. Mais comme le montrent les dernières statistiques douanières du second semestre 2009 cela n'a pas eu d'impact évident sur la valeur des importations. Selon les explications de Mebtoul, " pour le gouvernement, le taux d'inflation a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008 et allant vers 5% pour 2009, avec des prévisions de subventions pour la farine, la semoule et le lait et une somme colossale des transferts sociaux représentant plus de 10 % du produit intérieur brut, mais non maîtrisées, non ciblées et ne s'adressant pas aux plus défavorisés pour assurer la paix sociale. " Or, selon un document important relatif à une étude sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient du centre de recherche américain, Casey Research, en date du 6 mars 2008, le taux d'inflation en Algérie serait de 12 % en 2007 et supérieur pour l'année 2008 selon cette étude, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena. Car le besoin est historiquement daté et doit tenir compte de la structuration sociale, les ménages algériens ne mangeant pas des chiffres erronés mais étant confrontés à la dure réalité quotidienne.

    Ce processus inflationniste est amplifié par l'emprise de la sphère informelle, produit de la bureaucratie centrale et locale qui entretient des relations diffuses de corruption avec cette sphère, (expliquant que les rapports internationaux des trois dernières années 2005/2008 classent l'Algérie à un niveau de corruption élevé), qu'il s'agit d'intégrer intelligemment, loin des mesures bureaucratiques peu efficaces, contrôlant 40 % de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle. Tout se traite en cash, alors que la base de l'économie moderne se fonde sur le crédit, et qu'au-delà de 100 dollars, la carte de crédit est souvent exigée par des entités étatiques. On ne peut invoquer, pour expliquer l'inflation, uniquement les effets des augmentations au niveau de la Fonction publique en 2008, (le montant étant estimé à environ 170 milliards de dinars annuellement, soit environ 1,8 milliard d'euros, somme dérisoire), la baisse du cours du pétrole ; pour preuve, le pétrole a atteint un cours entre 110 /140 dollars, les salaires ayant stagné. Or, avec la crise mondiale nous constatons une déflation (baisse de l'activité, chômage, baisse des prix ) alors qu' en Algérie nous assistons à une stagflation ( récession , chômage et hausse des prix ).

    Se pose la question face à la déflation (baisse des prix au niveau mondial,) pourquoi le consommateur algérien n'en bénéfice-t-il pas ? Evoquant le pouvoir d'achat des Algériens, Mebtoul, estime que si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, cette situation " accélèrera la détérioration du pouvoir d'achat dont le SMIG est à environ 120 euros et la stabilité politique. " Pour preuve, "la mensualité d'une manière générale d'un enseignant du primaire au supérieur, supposé former les cadres de demain, en fin de carrière, est d'environ un tiers de celles de ses collègues marocain et tunisien, avec les nouvelles augmentations de 2008 " sans compter les conditions de travail bien plus meilleures. Car, contrairement à la déclaration de certains politiques, la Banque mondiale et la CEE ont recommandé au gouvernement algérien de revaloriser, outre les cadres compétents, deux segments : ceux de la Santé et de l'Education. A ce titre, le processus inflationniste aura également des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport au taux d'inflation réel, si elles veulent éviter la faillite. Où alors l'Etat devra recourir à nouveau à leur assainissement qui a coûté entre 2002/2008 au Trésor plus de 5 milliards de dollars US. Cela freinerait à terme le taux d'investissement utile. La plupart des opérateurs économiques préférant se réfugier dans les activités spéculatives à court terme actuellement dominantes. Ce qui implique d'analyser les liens dialectiques entre la concentration du revenu source d'injustice sociale au profit de couches spéculatives au détriment à la fois des producteurs de richesses.

    Comme conséquence de la nouvelle mesure du crédit à la consommation, de plus en plus de ménages algériens recourront au crédit informel face à leur endettement croissant en donnant des chèques différés auprès des fournisseurs mais à des taux d'intérêt composés plus élevés que ceux pratiqués par le système bancaire actuel, ou simplement iront à la bourse informelle à des taux d'usure. Dans cette optique, l'expert international préconise "d'améliorer le pouvoir d'achat des Algériens par un retour à une croissance et à l'exportation hors hydrocarbures qui relèvent essentiellement de l'entreprise et son fondement." Une gouvernance rénovée tant centrale que locale et la valorisation du savoir en levant toutes les contraintes d'environnement. Selon lui, le blocage est " d'ordre systémique devant forcément approfondir les mutations structurelles, notamment éviter cette instabilité juridique qui désécurise tout investisseur sérieux". Aussi, il s'agit de mettre en place de mécanismes transparents qui favorisent la création de valeur ajoutée interne loin des mesures administratives autoritaires de peu d'effets sur la société, ce qui suppose une autre culture économique propre du XXIe siècle.

    source : Le Maghreb
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