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Le commerce lucratif des pensionnats en Algérie

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  • Le commerce lucratif des pensionnats en Algérie

    Les pensionnats clandestins en Algérie existaient depuis belle lurette, et plus précisément au niveau de la capitale où leurs activités sont devenues florissantes. Leur clientèle reste des filles qui travaillent, venues parfois de contrées lointaines. Cependant, elle vont être confrontées à une tout autre réalité. Livrées à elles-mêmes dans une ville aussi grande qu’Alger, elles n’ont guère le choix que de se rabattre sur les pensionnats. Or, le pensionnat est devenu un commerce où des appartements abritent jusqu’à 10 jeunes filles qui partagent deux à trois chambres exiguës.

    Les propriétaires profitent de la situation de ces filles qui ne peuvent pas verser un bail pour la location d’un studio pour une année, même la colocation leur revient cher, avec les autres dépenses (électricités, gaz, eau) sans oublier leurs familles qui attendent d’elles une aide. Alors il faut bien se loger après une longue et épuisante journée.

    Tout est permis mais tout a un prix…

    La vie dans ces pensionnats est loin d’être rose. Outre la promiscuité et l’absence de confort, les propriétaires imposent toujours des règlements intérieurs draconiens, à l’exemple de ce pensionnat qui appartient à âmi Yahia et khalti Kheira sur les hauteurs d’Alger. Les gérants de ce pensionnat sont de vieilles personnes qui ont décidé après le mariage de tous leurs enfants de transformer leur villa en un pensionnat composé de deux étages. Depuis 20 ans, âmi Yahia héberge des centaines de filles provenant de diverses wilayas d’Algérie. Depuis l’ouverture de cette auberge qui a été le théâtre du déroulement de plusieurs histoires de pensionnaires, âmi Yahia et Khalti Kheira partagent le quotidien de ces jeunes femmes venues de loin pour s’installer à Alger afin de travailler ou d’étudier. Ils hébergent même des sans-abri, des filles qui ont quitté le domicile parental pour des problèmes familiaux ou autres. Cette villa a été transformée en pensionnat, dont le prix du lit est estimé à 7500 DA entre le lit, l’électricité, l’eau et le gaz ; chaque fille doit verser cette somme le premier jour de son admission et chaque mois. Et comme le propriétaire est trop gourmand, il a été obligé de mettre dans chaque chambre 4, 5 filles, voire 6 filles qui doivent se partager aussi les différents travaux ménagers au pensionnat et doivent s’entendre. A leur disposition, une cuisine collective. Chacune prépare son repas. Elles ont aussi une salle de bains collective. Le passionnat ferme à 21h, et si l’une des filles doit sortir pour une raison ou une autre, elle doit payer 200 DA et si elle rentre après 21h, elle aura à payer aussi 200 DA, sinon, elle risque de passer la nuit dehors.

    Hanane d’Alger nous raconte sa jeunesse passée dans les pensionnats, devenus par la suite son chez-soi : “J’ai toujours vécu seule après le divorce de mes parents, mon père est parti en Libye, on était obligé de rentrer chez mes grands-parents ; je menais une vie ordinaire, mais mon oncle nous cherchait la petite bête, mon frère et moi. Je n’avais pas compris qu’on n’était pas les bienvenus chez lui. Un jour profitant de l’absence de toute la famille, il a essayé de me violer, j’ai crié et les voisins sont intervenus. Ma grand-mère a demandé à ma mère de quitter la maison car d’après elle, son fils était innocent et c’était moi qui cherchais les problèmes. Ma mère m’a demandé d’aller dans un pensionnat et de rester là-bas jusqu’à ce que tout soit rentré dans l’ordre, c’est là que mon histoire a commencé avec les pensionnats. J’avais 18 ans, quand j’ai atterri au pensionnat de khalti Djoher, j’avais du mal à m’adapter au début, mais je n’avais pas trop le choix. Au début ma mère se souciait de moi et me payait le loyer mais après, j’avais compris que je devais me prendre en charge moi-même. J’ai cherché du travail mais ce n’était pas suffisant pour une location de 6 000 DA ajouté à cela plusieurs dépenses, si je n’arrivais pas à amasser la somme nécessaire, la propriétaire me mettait dehors et si j’accusais un retard, je devais payer 200 DA de pénalité pour chaque jour de retard. Je passais des nuits entières à pleurer, dans une chambre où il y avait six filles, je vivais des cauchemars avec elles. Je devais surveiller mes affaires car je risquais à tout moment d’être volée ou battue quand l’une d’elles piquait une crise. Entr-temps, j’ai fait la connaissance de Nazim qui, conscient de ma situation, me demanda au mariage. La procédure a duré 2 ans, je me suis mariée et mes souffrances ont pris fin, je n’oublierai jamais ce que j’ai enduré dans les pensionnats.”

    Des conditions de vie déplorables

    “J’ai terminé mes études que j’ai effectuées ici à Alger, j’étais à la cité universitaire, et comme je n’avais plus droit à la chambre, après l’obtention de mon diplôme en comptabilité, une cousine me proposa de rester chez elle car je lui tenais compagnie, me soulageant ainsi d’un lourd fardeau car j’avais un stage que je devais faire pour une durée de 2 ans, pour que je puisse accéder au monde du travail. Au début, je m’entendais avec elle, mais elle commençait à me déranger. Ne pouvant supporter, j’avais pris la discision de me chercher une location, chez une famille ou autre, l’essentiel un abri. Au bout de quelque temps, je louai un lit pour

    6 500 DA dans un pensionnat. Nous sommes huit filles à nous partager un grand salon et une petite chambre. Nous avons le droit d’utiliser la cuisine et la salle de bains. A l’exception de quelques conflits entre filles que la propriétaire des lieux s’empresse de régler à coups de menaces de jeter les antagonistes dehors, l’atmosphère est, je dirais assez supportable", nous confie Samira, jeune femme originaire des hauteurs de Yemma Gouraya, vivant dans ce pensionnat depuis un an et demi déjà. Pour avoir effectué un véritable parcours du combattant, elle a adopté ce mode de logement depuis plus d’une année déjà,. Samira ajoute qu’elle a connu pire. "Des endroits où on vous volait votre argent, vos affaires, vos dessous et vos produits cosmétiques... Des endroits où la propriétaire recevait ses amis à des heures impossibles, organisait des réceptions jusqu’à des heures tardives."

    Elles sont nombreuses à avoir opté, comme Samira, pour le pensionnat et aussi, comme elle, ont dû en essayer plusieurs avant d’opter pour celui où ellent trouvent un semblant de confort et de paix.

    Le parcours Souad (20 ans) avec les pensionnats est très périlleux. Arrivant à Alger, elle loue un studio, à 10 000 DA. Jusque-là tout était normal, car Souad travaillait dans une pizzeria, elle rentrait le soir, sombrait dans le sommeil, après une journée fatigante. Au bout de quelques jours, elle découvre que la propriétaire de la maison fouillait dans ses affaires, lui volait même de l’argent. Quand elle réclamait son argent volé, elle recevait des insultes et des menaces de la propriétaire,car elle n’avait guère le choix. Ainsi, la propriétaire ne restait pas dans le vol, elle accusait Souad d’avoir mis l’œil sur son mari. "Cette femme n’est pas normale, elle me volait, fouillait mes affaires. Elle m’avait même imposé un prix tout autre que celui que je payais. Je devais payer ainsi 15 000 DA, sinon, je retrouverai mes affaires dehors. Je décidai de parler avec son mari lui expliquant que je ne pouvais pas payer cette somme? J’ai pu le convaincre de me laisser au moins le temps de chercher où aller. Je commençais mes petites recherches. Hélas, en rentrant le soir, j’ai trouvé toutes mes affaires devant la porte. Elle me lança aussitôt au nez, : tu n’as signé aucun papier et ce n’est pas a cause de toi que je perdrai mon mari. Tôt, je suis partie en quête d’un toit, obligée de m’installer dans un pensionnat, qui n’a de pensionnat que le nom. Un grand désordre, une anarchie totale, la propriétaire commença à me réciter les règlements intérieurs. Elle m’accompagnait dans ma chambre que je devais partager avec d’autres filles, tout était sale, c’était horrible. Après trois mois, je quittai cet enfer, pour un autre pensionnat qui n’était pas trop différent des autres…” Souad vit toujours dans un pensionnat, son travail comme serveuse dans une pizzeria lui rapporte des misères. Elle tente de mettre de côté un peu de sous, elle nous confie que son seul rêve aujourd’hui, est de partir, loin, très loin, de l’Algérie.

    Refuge ou lieu de souffrance !

    Hanane, Souad, Imane, Samira... ne sont qu’un exemple d’histoires de filles qui ont cherché un abri, un travail stable, continuer leurs études, leur formation, malheureusement, elles viennent à Alger, la tête pleine de projets, de rêves à réaliser, tant de promesses, tant de réalisation, mais finissent par être séquestrées moralement par des propriétaires qui exercent ce métier en noir. Ils veulent tout avoir, sans prendre en considération ces pauvres filles venues de loin pour s’abriter. Se réfugier. C'est un drame vécu quotidiennement par les pensionnaires. A peine le mois arrive qu’on pense au prochain, la peur au ventre de se retrouver à la rue, la peur du lendemain. Quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?

    Par la Dépêche de kabylie

  • #2
    C'est ce qu'on appelle les marchands de sommeil.

    C'est révoltant, honteux.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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