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Festival de Djoua à Béjaia

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    Béjaïa, par l’un de ses héroïques villages montagneux, s’apprête à vivre un événement digne des grandes festivités européennes. Il s’agit du festival de Djoua et le coup d’envoi de cette manifestation sera donné mercredi prochain. En tout cas, c’est tout un aârch qui s’est s’est mis de la partie pour ce challenge.

    Djoua, selon l’histoire racontée par ses fils, est un petit village kabyle perché sur un pic montagneux, qui domine le golfe de Béjaïa. Le village se trouve sur le territoire des Ath Bimoun. Il fait partie des quarante villages qui composent ce âarch. Là-bas, on y trouve le tombeau d’un marabout, Imma Djoua, sous la protection duquel sont placés le village et la fontaine que l’on y atteint par un chemin unique. Des pèlerinages au mausolée étaient traditionnellement organisés autrefois par les habitants de la région pour invoquer Imma Djoua. Ils donnaient lieu à de mémorables festivités.

    La légende dit que le saint réalisait des miracles. Les villageois de cet hameau habitaient sur les terres qu’ils possédaient et possèdent toujours sur les hauteurs du littoral qui longe la mer entre Béjaïa et Tichy.

    Pendant des siècles, ils y ont cultivé le chêne à glands doux, le chêne zen, l’orme, le blanc de Hollande (safsaf), la vigne, l’olivier, le miel, la cire, etc. Ils ont pratiqué l’élevage de bovins, de caprins et l’apiculture. Ils ont exercé les métiers de l’artisanat traditionnel tels que bûcherons, forgerons, cordonniers, fabrication de savon, de charbon de bois, vannerie, de tuiles, etc. Djoua se trouve dans l’immédiat de l’arrière-pays de la capitale régionale Béjaïa. De tout temps, le territoire a vécu au rythme des bouleversements qui ont secoué la ville.

    La capitale des Hammadites était la fenêtre de la région sur le monde. C’était un site stratégique exposé à la convoitise et aux agressions des conquérants.

    Face aux périls, la ville s’est de tout temps tournée vers l’arrière-pays pour trouver refuge ou puiser dans l’indomptable bastion de la résistance paysanne du territoire, les forces combattantes qui allaient donner l’assaut. C’est également dans ce territoire comme creuset du patrimoine culturel et linguistique de la région que se dissolvaient les influences personnalisantes. La région y a stimulé les activités de production et fourni les débouchés nécessaires.

    Ainsi a été la vie à Djoua, jusqu’aux bouleversements survenus durant la guerre de Libération en 1958, lorsque le territoire fut déclaré zone interdite par l’armée française.

    La région fut désertée et Djoua abandonné par ses habitants. La plupart ont rejoint Béjaïa, d’où ils ne sont jamais revenus. Lorsque la guerre prit fin, l’exode rural puis l’attrait de la ville et de la modernité ont définitivement fixé les populations dans les villes.

    Djoua fut définitivement abandonné. Il n’est plus que ruine.

    Par fierté d’appartenir à ce aârch d’Ath Bimoun justement, des hommes et des femmes vivant soit au village, soit ailleurs, ont, main dans la main, décidé de taper fort par l’organisation de ce gigantesque festival où toute l’Algérie est conviée.

    Plusieurs manifestations seront proposées durant le festival au public attiré sur le site. L’ouverture donnera lieu à un repas collectif solennel ( tatiafth ou waâdha) donné en offrande à la mémoire de Djoua. Un espace économique et culturel sous forme de souk constitué de stands animés par des artisans. Ceux-ci fabriqueraient, présenteraient et vendraient leurs produits aux visiteurs.

    C’est l’occasion pour ces producteurs de montrer leur art et d’en instruire les citoyens intéressés. Le visiteur pourra découvrir une variété de métiers qui feront tout l’intérêt de ce souk. Les métiers de l’artisanat berbère seront au cœur de cette espace. Ils témoigneront de l’art et des productions des artisans des régions d’Algérie mais aussi de régions d’autres pays du Maghreb ou du Sahara.

    Les visiteurs pourront apprécier les techniques modernes de production mais aussi le savoir-faire que nous ont transmis nos ancêtres Un grand espace aussi est réservé aux manifestations artistiques, entre autres la musique, poésie, contes, théâtre. Une scène équipée de moyens techniques nécessaires (sonorisation, éclairage, décors, etc.) accueillera les représentations de concerts de musique traditionnelle ou de variétés, de danses, de chants et de théâtre.

    Ces manifestations seront programmées de façon à ponctuer des moments de la journée en cohérence avec les autres activités du festival. Animées par des intervenants originaires du village ou de la région et des experts invités pour la circonstance, des conférences débats sont programmées lors ce festival. Le choix des thèmes privilégiera les questions relatives à l’histoire de la région, à la mise en valeur du littoral, à la promotion d’une offre touristique et plus généralement aux problématiques du développement local.

    Des animations telles que des expositions et des projections documentaires seront organisées. Les enfants ne seront pas privés d’animation lors de cette manifestation. En effet, ils seront particulièrement privilégiés par une vaste galerie d’activités à caractère ludique.

    Il est prévu un espace type «base-vie» pour environ 400 personnes comprenant 25 tentes de 4 personnes pour les invités, 30 tentes de 12 personnes pour les organisateurs. Il est envisagé de faire appel aux groupes scolaires à situés à proximité du site et à la résidence universitaire de Béjaïa pour l’hébergement des invités. Une trentaine de chambres seront réservées dans les hôtels pour les VIP. Un espace d’hébergement, des tentes, pour les femmes sera spécialement aménagé sur une esplanade en retrait. La restauration du personnel et des intervenants sera assurée dans une cantine. Les repas de saison seront cuisinés sur place dans un espace cuisine adapté. Salle ouverte, tables, chaises. Desserte pour service de type self. Un responsable de la restauration entouré du personnel nécessaire sera chargé de l’ensemble de la tâche, y compris les approvisionnements. Il y a lieu de veiller au respect du cahier des charges et des procédures en matière d’hygiène alimentaire : décartonnage, conditionnement froid, stockage, préparation, service, évacuation des déchets.

    Le premier jour du festival donnera lieu à l’organisation d’un repas collectif (thatiafth ou waâdha). La restauration des visiteurs sera assurée par une dizaine de sandwicheries.

    Des concessions seront accordées à des personnes qui devront se conformer aux règles d’hygiène alimentaires en vigueur. Le comité d’organisation prépare depuis janvier 2009 à Paris et à Béjaïa cette grandiose manifestation, en prévoyant des moyens matériels et humains pour sa réussite. L’idée d’un tel projet n’est pas fortuite d’autant plus qu’on vise surtout l’avenir de cette région où les programmes publics de développement régional rencontrent peu de succès dans cette région reculée de Béjaïa. «En tout cas insuffisamment au regard des besoins», nous dit-on . «Quel avenir, donc, pour ces régions montagneuses sans activités si ce n’est les maigres retraites que perçoivent de France les vieux émigrés qui y trouvent encore refuge. La situation n’est pas meilleure dans les villes de la région.

    Avec le temps, l’insatisfaction de la demande en matière d’emploi et de besoins socioéconomiques et culturels s’aggrave du fait notamment d’une démographie encore forte et de changements accélérés dans les modes de vie et de consommation. Cela conduit à des impasses déstabilisantes pour la jeunesse de la région qui, comme celle de bien d’autres contrées, est tentée de chercher sous d’autres cieux une issue à ses espérances inassouvies. Ce constat quelque peu affligeant nous conduit à rechercher des issues» , nous dira un responsable de l’association locale.

    La région de Béjaïa dispose d’atouts importants pouvant donner lieu à des projets dans divers domaines. On s’intéresse ici aux prodigieuses potentialités que recèle le territoire qui surplombe le golfe de Béjaïa. On mentionnera : le site naturel exceptionnel qui réunit tous les ingrédients d’une valorisation économique réelle de la région. Le soleil, la mer, la montagne, des sites archéologiques, un relief favorable, un environnement sain, propre et accueillant, etc.

    Ce retour à la tradition est, selon les organisateurs, bien utile pour éclairer et guider leur action dans une société désarticulée et inégalitaire dans laquelle se dissolvent peu à peu des pans entiers de leur mémoire, de leur identité, et leurs valeurs et de leur savoir-faire ancestral. «Ne faut-il pas, dans cet esprit, jeter un regard rétrospectif à travers les siècles passés sur les conceptions et les pratiques que nos ancêtres avaient de leur relation à la nature et les hommes dans leur société ?» s’interrogent-ils.

    Par Le soir
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